« Et vous, que dites-vous ?
Pour vous, qui suis-je ? »
TA PAROLE SOUS NOS YEUX
Situons le texte et lisons (Mc 8, 27-35))
Dès le premier verset, St Marc nous donne le plan de son Evangile : « Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le Fils de Dieu ». « Jésus », en ce qu’il est, ce qu’il dit et ce qu’il fait est donc tout entier « Bonne Nouvelle ». Dans la première partie, St Marc nous montrera que Jésus est « le Christ », un mot qui vient du grec, la langue du Nouveau Testament et qui signifie : « Celui qui a reçu l’onction ». Et à l’époque, les rois étaient les premiers concernés. « Messie » vient de l’hébreu, la langue de l’Ancien Testament, et signifie la même chose… Avec la réponse de Pierre, « Tu es le Messie », nous sommes donc ici à la fin de cette première partie. Dans la seconde, Marc nous présentera Jésus comme étant « le Fils de Dieu ». Et elle se terminera par la confession du Centurion romain au pied de la Croix : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu » (Mc 15,39).
Remarque
Nous gardons la méthode que nous avons suivie depuis quelques rencontres : la contemplation de Jésus. Nous sommes invités à fixer notre attention d’abord sur lui (ce qu’il fait, ce qu’il dit…) afin d’entrer dans ses pensées, son intention, selon le projet de l’évangéliste qui a écrit pour évangéliser catéchiser les lecteurs.
Le sens des mots
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Césarée de Philippe, est une ville païenne proche des sources du Jourdain, située à une trentaine de kilomètres au nord de la frontière avec la Galilée… Jésus commencera ici son ultime voyage qui l’amènera à traverser du Nord au Sud toute la Palestine, jusqu’à Jérusalem… Et il fait un bilan : « Pour les gens, qui suis-je ? » Mais que s’est-il passé pour Jean-Baptiste (Mc 6,17-29), et pour Elie (2R 2,9-12) ? Quelle est donc la croyance qui apparaît indirectement ici, et qui existait en Israël depuis le 2°‑3° siècle avant JC ? Quel est le point commun entre toutes les personnes évoquées ? Comment Jésus avait-il donc été reconnu (cf. Lc 24,19 ; Jn 4,19) ?
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Les disciples, eux, répondent par la bouche de Pierre : « Tu es le Messie »… Mais après sa mort et sa résurrection, ils lui demanderont : « Seigneur, est-ce maintenant, le temps où tu vas restaurer la royauté en Israël ?» (Ac 1,6). Que voulait donc dire pour eux « être le Messie » (cf. Lc 24,21 ; Mc 10,35-37) ?
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C’est pourquoi Jésus « leur défendit vivement de parler de lui à personne »… Et il leur annonce les souffrances de sa Passion, sa mort… et sa Résurrection ! Mais cette vision n’est vraiment pas celle des disciples. Pourquoi, à votre avis, Jésus réagit-il ainsi en appelant Pierre « Satan» ? Se souvenir de ce qu’il a vécu au tout début de l’Evangile (Mc 1,13), et de ce qu’il vivra à la fin (Mc 1,36)…
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Puis Jésus leur présente les exigences fondamentales pour être son disciple. La première était déjà apparue lors de l’appel (Mc 1,16-20 ; 2,14). Que signifie « renoncer à soi-même » et « perdre sa vie » ? Et pour ce qui est de « prendre sa croix », à quoi doivent s’attendre les disciples (cf. Mc 10,30) ?
Pour l’animateur
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« Pour les gens, qui suis-je ? ». Que d’imprécisions dans les réponses ! Le Roi Hérode lui-même disait : « Celui que j’ai fait décapiter, Jean, le voilà ressuscité ! » (Mc 6,14-16). Cela prouve au moins que la croyance en une possible résurrection d’entre les morts était déjà solidement implantée en Israël.
Jean-Baptiste était un prophète, c’est-à-dire un homme appelé par Dieu pour transmettre sa Parole. Elie était considéré comme l’un des plus grands de toute l’Histoire d’Israël. N’avait-il pas eu l’honneur d’être emporté vivant au ciel ? Pris pour Jean-Baptiste, Elie ou un des prophètes, Jésus, de toute façon, était au moins reconnu en sa qualité de prophète. Mais il est bien plus que cela !
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Les disciples voyaient en Jésus un Messie « terrestre » qui libèrerait Israël de l’occupant romain, et rétablirait en Israël cette royauté légitime issue de la Maison de David qui régna de 1010 à 970 avant JC. Dieu ne lui avait-il pas promis : « Je maintiendrai après toi le lignage issu de tes entrailles et j’affermirai pour toujours son trône royal » (2M 7,12 et 7,16) ?
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Jésus veut éviter une telle méprise, mais il sait que renoncer à cette vision d’une réussite purement humaine, matérielle, politique, sera difficile pour eux. Néanmoins, il se doit, petit à petit, de leur ouvrir les yeux. Cette première annonce de ce qui leur apparaît comme un terrible échec va être un choc pour eux tous. Certes, il leur parle aussi de sa « résurrection », mais ils n’ont jamais vu de ressuscité ! Il leur répètera tout cela, mais ils ne comprendront toujours pas (Mc 9,30-32 ; 10,32-34). Leur réaction lors des premières apparitions (Ac 1,6) montrera qu’à ce moment-là, ils n’avaient toujours pas compris…
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Satan a tenté Jésus au début de sa mission en l’invitant justement à être ce Messie terrestre, glorieux, triomphant que tous attendaient… En lui montrant tous les royaumes de l’univers, il lui avait dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, si tu te prosternes devant moi » (Lc 4,5-8). Mais Jésus restera fidèle à son désir d’accomplir la volonté de son Père qui ne raisonne pas en termes de ‘pouvoir’ et de ‘gloire’, mais en termes de ‘service’, de ‘don de soi pour l’autre’, ‘d’humilité’, ‘d’amour’… Pierre tente donc ici Jésus comme Satan l’avait fait autrefois, et ceci doublement… En effet, d’un seul point de vue humain, comme Jésus aurait aimé que Pierre ait raison ! Mais il acceptera sa Croix, par amour de son Père et de chacun d’entre nous…
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Être disciple de Jésus, c’est tout d’abord le suivre. « Renoncer à soi-même » c’est renoncer à toute recherche de soi, à tout égoïsme, pour se tourner vers Dieu et vers les autres. Pour le monde qui ne pense qu’argent, prestige, biens matériels, quel gâchis ! Une vie perdue. Mais pour Dieu, c’est tout le contraire. Même lorsqu’il s’agira de prendre sa croix, d’accepter pour le Christ toutes sortes d’épreuves, rien ne pourra leur enlever le Bonheur d’aimer !
TA PAROLE DANS NOS CŒURS
« Je suis venu pour qu’on ait la Vie, et qu’on l’ait en surabondance… Je vous laisse la Paix, je vous donne ma Paix… Je vous ai dit cela pour que ma Joie soit en vous et que votre joie soit parfaite » (Jn 10,10 ; 14,27 ; 15,11). Le Chemin que tu nous proposes, Seigneur Jésus est un Chemin de Bonheur, le Tien. « Heureux les pauvres de cœur, le Royaume des Cieux est à eux… Heureux les doux, ils obtiendront la Terre Promise… Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur » (Mt 5,3-12 ; 11,29). « Si quelqu’un me sert, qu’il me suive, et là où je suis, là aussi sera mon serviteur » (Jn 12,26). Tel est ton seul désir : que nous soyons là où tu es, dans la Maison du Père, que nous vivions ce que tu vis, cette Plénitude d’Esprit, de Lumière et de Vie que tu reçois du Père de toute éternité… Apprends-nous, en t’écoutant jour après jour, à nous détourner, par ta grâce, de tout ce qui nous empêche de la recevoir !
TA PAROLE DANS NOTRE VIE
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Et si tu nous posais aujourd’hui cette même question, « Pour vous, qui suis-je ?», que te dirions-nous ? T’avons-nous reconnu comme notre « frère », notre serviteur, toujours offert à nos cœurs pour que le meilleur triomphe dans notre vie, pour notre seul vrai Bien ?
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« Qu’ai-je fait au Bon Dieu pour qu’il m’arrive tout cela » ? « J’ai la foi, je vais à la Messe, pourquoi m’envoie-t-il toutes ces épreuves » ? Nous l’entendons parfois, et à travers ces questions, se révèle un désir légitime de bonheur puisque Dieu nous a créés pour cela ! Mais de quel bonheur parle-t-on ? Comme les disciples ici qui ne cherchaient qu’une réussite purement terrestre ? Pensons-nous que notre foi fera disparaître, comme par un coup de baguette magique, toutes les épreuves de la vie, les souffrances, les maladies ? Jésus ne nous dit pas que nous ne vivrons jamais de croix, il nous invite à la prendre ! Et si nous l’acceptons avec son aide, nous ne pourrons que constater qu’il est là, avec nous, pour la porter. Et sa Présence sera Joie, envers et contre tout !
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Comme nous avons du mal à « renoncer à nous-mêmes », à « perdre notre vie »… Mais sommes-nous toujours prêts à repartir, à tout offrir au Christ Sauveur qui ne cesse de « frapper à la porte » de nos cœurs (Ap 3,20) pour nous pardonner, nous purifier, nous fortifier, nous relancer ?
ENSEMBLE PRIONS
Tu nous invites, Seigneur Jésus, à prendre notre croix et à marcher à ta suite, car c’est toi-même qui te proposes de la porter avec nous. Aide-nous à te dire ‘oui’ et nous goûterons, au cœur même de nos épreuves, à ce Bonheur d’Aimer que tu veux nous offrir dès maintenant et pour toujours. Amen