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Un mot, une piste de réflexion : RENIEMENT (Roger et Joëlle GAUD)

RENIEMENT

– Le mot « reniement »… Alors, disons-le tout de suite ! Voila un mot qu’on n’aime pas trop croiser tant il est lourd de connotations négatives ! … Mais il faut quand même s’y arrêter …

– Oui ! D’abord parce que, pendant la Semaine Sainte, les textes de la liturgie évoquent le reniement de Pierre, et nous invitent à réfléchir  en quoi ça nous concerne, nous aussi. Et puis parce que ce mot, si chargé négativement, peut nous permettre de mieux réaliser la grandeur de l’Amour de Dieu pour nous.

   Alors : Voyons déjà un premier point. Il part d’une constatation, c’est que la société occidentale européenne a basculé, depuis quelques décennies, dans une déchristianisation contre laquelle l’Eglise a bien du mal à lutter, malgré tous ses efforts. La pratique religieuse est devenue un phénomène marginal en France. Et je dirai même que, dans certains milieux, des Chrétiens hésitent parfois à s’afficher comme tels, de peur de passer pour des simples d’esprit !

–   Là : Tu exagères !

–   Pas tant que ça ! Combien de nos contemporains adoptent envers nous une attitude, sinon agressive, du moins condescendante, et nous regardent avec un petit sourire ironique ! Mais … je te l’accorde, ici, à La Réunion, les choses se passent mieux : Beaucoup de personnes ont une pratique religieuse régulière, qu’elle soit chrétienne ou autre. Et nous vivons tous en bonne intelligence.

–  Bon ! Admettons que ton analyse n’est pas totalement fausse … mais je persiste à penser que ceux qui nous regardent de haut …, dans le fond, nous envient d’avoir la foi !

–  Oui ! C’est vrai ! Et à titre personnel, je peux témoigner qu’il m’est arrivé plus d’une fois que ceux-là mêmes qui m’avaient moucaté(e), quand je leur avais dit que j’étais Chrétien(ne), sont venus par la suite me dire, on ne peut plus clairement, qu’ils m’enviaient !

–  Ça a dû te faire plaisir, non ?

–  Bien sûr ! Non seulement ça m’a fait plaisir, mais en plus ça m’a encouragé(e) à continuer à témoigner, dès que l’occasion m’en était donnée ! Parce qu’il ne faut se faire aucune illusion : Je sais bien que le Christ, je le renie cent fois par jour. Je lui dis que je veux le suivre, mais à la première difficulté, je le renie ! Alors, si de temps en temps, j’arrive à témoigner de ma foi, j’essaye de saisir l’occasion !

–  J’ai l’impression que tu es en train de nous dire que tu es (que nous sommes !) un peu tous comme Saint Pierre : tout feu, tout flamme … mais capables de craquer à la première occasion !

– Oui ! C’est ça ! Notre bonne volonté ne suffit pas ! Et il est infiniment plus facile de renier, ou du moins de taire notre foi que de l’affirmer ! Mais ce n’est sans doute pas ce que le Seigneur attend de nous !!

– Entre taire sa foi et renier le Christ, il y a quand même une différence !

– Oui ! Oui ! Mais à une époque où le monde qui nous entoure est de plus en plus déchristianisé, à une époque où notre Pape exhorte chaque chrétien à être non seulement disciple, mais disciple-missionnaire, je crois qu’on ne peut pas faire l’impasse de réfléchir à ce problème du reniement.

–  Humm ! J’ai l’impression que tu cherches presque à nous culpabiliser !

–  Non pas du tout ! Ce que je cherche, c’est à nous faire prendre conscience du fait que nous pouvons tous, même si ce n’est pas aussi flagrant que Saint Pierre, nous pouvons tous renier notre Seigneur. Et que… si ça nous arrive, il serait absurde d’entrer dans un excès de culpabilité.

–  Selon toi, qu’est-ce qu’il faudrait faire dans ce cas-là ?

– Je crois que ce qu’il faut faire dans ce cas-là, c’est bien sûr prendre conscience du mal qu’on a fait, de la blessure qu’on a infligée à Dieu qui nous aime infiniment… Et ensuite le regretter de façon sincère…. Et enfin demander à Dieu de nous pardonner ! Si on arrive à faire ça, ça nous évitera de rester bloqués dans un remords qui serait totalement stérile.

–  Et ça nous permettra peut-être de mesurer la grandeur de la miséricorde de Dieu ?

– Exactement ! D’un mal (de notre reniement), Dieu peut toujours tirer un bien : en l’occurrence nous aider à comprendre que son amour pour nous est infini … et qu’aucun péché ne pourra l’empêcher de nous aimer et de nous pardonner ! Face à ce problème d’un éventuel reniement de notre part, je pense qu’on peut demander au moins deux choses à Dieu : de nous protéger pour que nous ne tombions pas dans un tel péché. Et puis Lui demander que, s’il nous arrivait de tomber, nous ne doutions jamais de sa miséricorde, si nous l’implorons sincèrement !