Un temps d’accompagnement spirituel par mail…

Les frères dominicains de La Réunion vous proposer de vivre un temps d’accompagnement spirituel par mail en ce temps de confinement : www.dominicains.re

Réflexions sur l’accompagnement spirituel par le Fr. Manuel Rivero O.P.

1)    Avant tout, nous rappeler que l’Esprit Saint demeure le grand maître spirituel et le véritable accompagnateur spirituel. L’accompagnement spirituel relève de la synergie de la liberté humaine et de l’amour de l’Esprit Saint. Il s’agit de favoriser l’ouverture du cœur à l’Esprit Saint pour accomplir la volonté du Père en disciple de Jésus. Loin de tout pélagianisme qui pourrait faire penser à la personne accompagnée qu’elle peut réussir par ses propres forces, l’accompagnement spirituel vise la croissance dans la foi en Jésus-Christ, sans qui l’homme ne peut rien faire (cf. Jn 15,5).

2)    L’accompagnement varie selon les personnes et les circonstances. Ce serait une erreur que de pratiquer une méthode systématique qui ferait obstacle à la liberté de l’Esprit Saint qui « souffle où il veut » (cf. Jn 3,7) et « qui fait toutes choses nouvelles » (Ap 21,5).

3)    Se mettre à l’écoute et au diapason de l’Esprit Saint par un bref temps de prière à partir d’un texte biblique.

4)    Il est bon d’annoncer le temps dont on dispose pour la rencontre.

5)    Il revient à l’accompagnateur spirituel de laisser la parole à la personne accompagnée et de l’aider à partager sa recherche et son expérience de Dieu. L’accompagné est autre que l’accompagnateur. Sa différence mérite le respect. L’accompagnateur doit apprendre à se taire pour accueillir la parole et les événements de la personne accompagnée : « Bien écouter c’est presque répondre ». C’est la personne accompagnée qui a en vérité et dernier lieu les réponses à ses questions. Quand elle partage ses besoins, ses souffrances, son angoisse, ses doutes et ses joies, elle trouve de fait un début de libération.  La personne accompagnée est toujours plus grande que ses problèmes et si son cœur le condamne, « Dieu est plus grand que son cœur » (I Jn 3,20). L’accompagnateur respecte la liberté de l’autre.

6)    À l’exemple de la sage-femme, l’accompagnateur pratique avec respect la maïeutique, aidant la personne accompagnée « à accoucher » de ce qu’elle porte au plus profond d’elle-même.

7)    Par la confiance en l’autre et par la prière, l’accompagnateur aide l’accompagné à ouvrir son cœur : « ce qui est fermé fermente ». Le cœur fermé devient « un enfer ». « La patience obtient tout », disait sainte Thérèse d’Avila. Il ne sert à rien de « vouloir faire pousser les laitues en les tirant vers le haut ». La personne a besoin de temps. Dieu donne du temps à l’humanité pour se convertir.

8)     Chaque rencontre a lieu dans un contexte personnel et social différent. Il importe de rester à l’écoute de la personne accompagnée avec sa problématique du moment.

9)    S’il s’agit d’une première rencontre, accompagnateur et accompagné se présentent. L’accompagné se présente et il évoque son histoire personnelle, son contexte familial et social, à condition évidemment qu’il le souhaite. L’accompagnateur veille à ne pas être intrusif.

10)    L’accompagnateur peut proposer à l’accompagné de partager et de commenter les événements marquants depuis la dernière rencontre, ce qui comporte spontanément un acte de relecture et de discernement spirituel pour distinguer les mouvements qui viennent des passions, du mal et du diable et les motions qui proviennent de Dieu. Dans son épître aux Galates (cf. Gal 5, 16s), saint Paul présente les fruits de l’homme égocentrique, qui replié sur lui-même cherche son bonheur coupé de Dieu (discordes, colère, jalousie, envie, débauche, sorcellerie …), et les fruits de l’Esprit Saint : amour, joie, paix, patience, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi …

11)    L’accompagnateur peut alors inviter la personne accompagnée à rendre grâce pour les grâces reçues et pour le bien accomplie avec l’aide de Dieu.

12)    Il est souvent bénéfique de reprendre et de reformuler ce que la personne accompagnée a exprimé. Cela lui donne de se sentir écouté. L’accompagnateur fait exister l’autre. La reformulation permet aussi de vérifier l’exactitude de qui a été partagée et d’affiner sa présentation. Il arrive que la personne accompagnée ait peur et qu’elle se mente à elle-même. La reformulation favorise alors la correction par l’accompagné lui-même de ce qui n’était pas exact.

13)    Au terme de la rencontre, l’accompagnateur fait un bref résumé de qui a été partagé. Il invite à la prière de manière que tout ce qui a été évoqué soit confié à Dieu dans une démarche de foi et d’abandon entre les mains du Seigneur. L’accompagné et l’accompagnateur prient ensemble. La prière purifie et illumine alors les problèmes, les relations et les joies vécus par l’accompagné.

14)    Il importe de clore la rencontre par du positif partagé par l’autre. Il est possible aussi d’offrir une image de prière qui laissera une trace de la rencontre.

15)    L’accompagnateur peut demander à l’accompagné s’il souhaite une autre rencontre et éventuellement prendre rendez-vous.

16)    La durée de l’accompagnement ne doit pas excéder habituellement de 50 minutes. Il ne s’agit pas de résoudre toutes les difficultés d’un seul coup mais de cheminer pas à pas, étape par étape.

17)    L’accompagnement apporte joie et soutien fraternel à la personne accompagnée qui compte sur la prière et la bienveillance de l’accompagnateur.

18)    L’accompagnateur doit se méfier de l’esprit de possession et de domination : « mes pauvres », « mes fils et filles spirituels », « mes étudiants » … La gratuité et le dépouillement doivent inspirer ces relations sans avoir peur de devenir « le chemin que l’on emprunte et que l’on oublie ». Jésus aime et il rend libre au lieu de provoque la dépendance.

19)    Les médecins gagnent à consulter d’autres confrères quand ils sont malades. Il en va de même pour l’accompagnateur spirituel qui nécessite la supervision de sa pratique auprès d’autres accompagnateurs.

20)    L’accompagnement spirituel porte ses fruits quand l’accompagné se reconnaît incapable de ses sauver lui-même et de bien faire sans la grâce de Jésus-Christ, au lieu de se féliciter des progrès.

21)    Blessé par le mal et le péché, l’accompagné peut devenir « guérisseur » à son tour ayant fait l’expérience de la miséricorde de Dieu qui le rend sensible au malheur d’autrui. Il agit alors en « blessé-guérisseur », « disciple-missionnaire ».

22)    Accompagné et accompagnateur vivent « la Pentecôte de la relation ».

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