« Une foule immense au ciel chante le triomphe du Christ » (Ap 19,1-10)

            Ap 19,1-10 : Après quoi j’entendis comme un grand bruit de foule immense au ciel, qui clamait :

                        Alleluia ! Salut et gloire et puissance à notre Dieu,

(2)                   car ses jugements sont vrais et justes :

                        il a jugé la Prostituée fameuse

 

                        qui corrompait la terre par sa prostitution,

                        et vengé sur elle le sang de ses serviteurs.

(3)       Puis ils reprirent :

                        Alleluia !

                        Oui, sa fumée s’élève pour les siècles des siècles !

(4)       Alors, les vingt-quatre Vieil

 

lards et les quatre Vivants se prosternèrent pour adorer Dieu, qui siège sur le trône, en disant :

                        Amen, alléluia !

(5)       Puis une voix partit du trône :

                        Louez notre Dieu, vous tous qui le servez,

                        et vous qui le craignez, les petits et les grands.

(6)      Alors j’entendis comme le bruit d’une foule immense, comme le mugissement des grandes eaux, comme le grondement de violents tonnerres ; on clamait :

    

jésus christ 1

                    Alleluia ! Car il a pris possession de son règne,

                        le Seigneur, le Dieu Maître-de-tout.

(7)                  Soyons dans l’allégresse et dans la joie,

                        rendons gloire à Dieu,

                        car voici les noces de l’Agneau,

                        et son épouse s’est faite belle :

(8)                  on lui a donné de se vêtir de lin d’une blancheur éclatante

                        – le lin, c’est en effet les bonnes actions des saints.

(9)       Puis il me dit : Écris :

                        Heureux les gens invités au festin de noce de l’Agneau.

                        Ces paroles de Dieu, ajouta-t-il, sont vraies.

(10)    Alors je me prosternai à ses pieds pour l’adorer, mais lui me dit :

            Non, attention, je suis un serviteur comme toi et comme tes frères

            qui possèdent le témoignage de Jésus. C’est Dieu que tu dois adorer.

            Le témoignage de Jésus, c’est l’Esprit de prophétie.

 

117

  Christ Roi, Mosaïque de la Basilique St Marc (Venise)

          « Après avoir consacré deux chapitres à la chute de Babylone (Ap 17 et 18), dont la contrepartie positive (le salut de Jérusalem) en compte autant (Ap 21 et 22), Jean a placé au centre de la dernière section deux autres chapitres (Ap 19 et 20), dédiés à la victoire totale et absolue du Christ ressuscité sur les forces du mal. La symétrie est parfaite, et entier le renversement de perspective : tout est orienté désormais vers la contemplation et l’acclamation du salut final » (PRÈVOST Jean-Pierre, « L’Apocalypse » (Bayard Éditions / Centurion ; Paris 1995) p. 146).

            « Trois » catégories de personnes s’étaient lamentées sur la chute de Babylone qui, ne l’oublions pas, représente ici Rome et son empire : « les rois de la terre » (Ap 18,9), « les trafiquants » (18,15) et les marins (18,17). Et cette chute, bien que non encore arrivée, est considérée comme déjà accomplie… Ce n’est plus qu’une question de temps… D’où cette louange «  au ciel »», une perspective qui ne peut qu’encourager l’espérance des chrétiens qui souffrent encore, au moment où Jean écrit, de cette persécution déclenchée par les romains…

            A ces « trois » lamentations vont succéder « trois » louanges : « la foule immense au ciel » (Ap 19,1-3.6.8), puis « les vingt quatre Anciens et les quatre Vivants » (19,4) et enfin « une voix qui venait du trône » (19,5). Ce chiffre « trois » reviendra souvent par la suite : il renvoie dans la Bible à Dieu en tant qu’il agit, et souligne ainsi que cette victoire sur le mal est Son Œuvre… « La foule immense au ciel » des saints et des anges « clamait » ainsi : « Alléluia ! », c’est-à-dire en hébreu « Louez Dieu ! ». Ce mot n’intervient qu’ici dans tout le Nouveau Testament, et quatre fois (Ap 19,1.3.4.6), un chiffre qui est symbole d’universalité (les quatre points cardinaux : le nord, le sud, l’est et l’ouest) : toute la création, visible et invisible, est invitée à chanter les louanges du Dieu Sauveur, une louange est elle-même constituée de « trois » termes : « Salut, gloire et puissance à notre Dieu ». C’est donc bien Dieu qui a agi et fait naître cette louange…

alléluia louange

« Le salaire du péché, c’est la mort » (Rm 6,23), écrit St Paul, au sens d’absence de Plénitude de vie. Or « Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive » (Ez 18,23.32 ; 33,11). Pour lui permettre ce changement, Dieu ne va pas cesser de lui manifester son Amour, sa Tendresse, et sa Miséricorde en lui offrant inlassablement son pardon pour toutes les fautes qu’il a pu commettre. Il l’aidera ainsi à prendre conscience, petit à petit, que ce mal le tue et le prive d’une qualité de vie incomparable, celle de Dieu lui-même… Or Dieu nous a tous créés pour sa vie : son seul désir est donc de la voir régner en nos cœurs en Plénitude… 

Christ Rédempteur (Rio de Janeiro)

« Repentez-vous donc et convertissez-vous, afin que vos péchés soient effacés… Repentez-vous et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez alors le don du Saint Esprit », « l’Esprit qui vivifie » (Ac 3,19, 2,38 ; Jn 6,63). Voilà le seul et unique désir de Dieu pour chacun d’entre nous, sans exception, Lui qui « veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,3).  Il luttera donc inlassablement avec les pécheurs et pour les pécheurs contre le mal qu’ils commettent, un mal qui finalement les détruit… 

C’est ainsi qu’il faut comprendre le thème du jugement… Dieu ne juge jamais au sens de « condamner »… En effet, « il a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3,16-17 ; 8,11 ; 6,37-40). Tous les pécheurs sont en effet toujours et avant tout ses enfants : il les regarde avec amour et ne désire que leur bien… Et c’est justement parce qu’il ne désire que leur bien qu’il ne peut supporter ce qui les opprime, les blesse et les détruit… « Souffrance et angoisse pour toute âme humaine qui commet le mal » (Rm 2,9 ; 5,12 ; 6,23)… Christ Rédempteur (Rio de Janeiro, de nuit)Aussi va-t-il se battre avec la toute Puissance de son Esprit de Tendresse, de Douceur et de Paix contre ce mal qui sème la désolation parmi ses enfants, aussi bien au cœur de tous ceux et celles qui le commettent que dans la vie de tous ceux et celles qui le subissent… Et en Jésus Christ, son Amour va le vaincre… Ainsi, le mal est-il irrémédiablement condamné, dès maintenant et pour toujours : « C’est maintenant le jugement de ce monde ; maintenant le Prince de ce monde va être jeté dehors ; et moi, une fois élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jn 12,31-32), pour leur proposer le salut, le pardon et la paix…

Ainsi, « le salut est donné par notre Dieu, lui qui siège sur le Trône, et par l’Agneau » (Ap 7,10). « Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont Il nous a aimés, alors que nous étions morts par suite de nos fautes, nous a fait revivre avec le Christ – c’est par grâce que vous êtes sauvés! –, avec lui Il nous a ressuscités et fait asseoir aux cieux, dans le Christ Jésus » (Ep 2,4-6). Mais si, du côté de Dieu, tout est donné gratuitement, par amour, en surabondance (Jn 10,10 ; Rm 5,20 ; 2Co 1,5 ; 7,4 ; 9,10.14 ; 1Th 1,5 ; 1Tm 1,14 ; 1P 1,2) encore faut-il de notre côté consentir à recevoir ce don de Dieu… C’est la foi (cf. Ep 2,8)… Croire, c’est recevoir et finalement obéir à Celui qui veut tout nous donner…

Christ Rédempteur-Rio-de-Janeiro

Jn 1,12 :         A – « A tous ceux qui l’ont accueilli (le Verbe, le Fils Unique),

                                                                 B – il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu,

                        A’ – à ceux qui croient en son nom ».

 

 Esprit Saint           On le voit bien avec ce verset de St Jean : « croire au Nom de Jésus Christ », c’est « l’accueillir »… Or le Christ ne cesse de donner, dans sa Miséricorde, ce pardon qui nous permet jour après jour de nous détacher de tout ce qui nous prive de la Plénitude de la Vie … Ainsi, accueillir le Christ Miséricordieux, c’est recevoir de lui « la possibilité de devenir enfants de Dieu », vivants pleinement de sa Vie par « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; Ga 5,25)…

           Mais accueillir le pardon du Christ Sauveur, c’est tout à la fois accepter de reconnaître le mal que nous avons pu faire, et le regretter de tout cœur… Alors, ce repentir sincère pourra recevoir en vérité le pardon de Dieu, et avec lui la Paix, la Lumière et la Vie dont nous étions privés par suite de nos fautes… « Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Rm 3,23) ? « Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée » (Jn 17,22)… Alors, « salut, gloire et puissance à notre Dieu » (Ap 19,1)…

            Nous l’avons dit, « s’il a jugé la prostituée fameuse qui corrompait la terre de sa prostitution » (Ap 19,2), Rome et son empire, ce jugement est « condamnation du mal commis » et « volonté de sauver les pécheurs »… « Je ne te condamne pas. Va, désormais, ne pèche plus » dit Jésus à la femme surprise en flagrant délit d’adultère (Jn 8,11). Il en est 

Christ bénissant (Icône copte)

de même ici : condamnation du mal et des persécutions menées par l’empire romain, et volonté de sauver tous ceux qui ont participé à ces persécutions… Et si vraiment « le sang des serviteurs » de Dieu tombe sur eux, mêlé à Celui du Christ, le Serviteur par excellence, il sera « le sang de l’Alliance répandu pour une multitude en rémission des péchés » (Mt 26,28 ; 27,25). Heureux alors seront-ils s’ils acceptent de se repentir en vérité de tout le malqu’ils ont pu commettre… Par ce repentir, ils recevront les fruits de la Croix, le nouvel « arbre de vie » (Gn 2,9 ; Jn 6,51-58 ; Ep 1,7 ; 2,13 ; Col 1,20 ; Hb 9,14 ; 1P 1,18-20 ; 1Jn 1,7), car « c’est pour eux que le Père a ressuscité son Serviteur et l’a envoyé les bénir, du moment que chacun d’eux se détourne de ses perversités » (Ac 3,26)… 

 

            Par sa mort et sa résurrection, le Christ a donc vaincu le mal et la mort… D’une manière ou d’une autre, tôt ou tard, ces persécutions cesseront, c’est une certitude… Aussi, « la foule immense du ciel » chante déjà : « Alléluia ! Oui, la fumée de Rome et de son empire s’élève pour les siècles des siècles ! » Alors, « les vingt quatre Vieillards » qui représentent toute la communion des saints au ciel, ceux de l’ancienne Alliance et ceux de la Nouvelle, et « les quatre Vivants » qui eux renvoient à l’action de Dieu sur toute la terre, soulignent à quel point la victoire revient à « celui qui siège sur le Trône » et à lui seul : « Amen », « oui, c’est vrai » en hébreu, « Alléluia ! », « louez Dieu » ! 

Vézelay, fraternité monastique de Jérusalem en prière

  Fraternité monastique de Jérusalem, Vézelay.

          « Et une voix partit du trône : « Louez notre Dieu, vous tous qui le servez, et vous qui le craignez, les petits et les grands. » » « Trois » verbes servent à décrire l’attitude des serviteurs de Dieu… Nous avons vu que le chiffre « trois » renvoie à Dieu en tant qu’il agit : cette attitude sera donc avant tout, en eux et dans leur vie, le fruit de la grâce reçue de Dieu… « Ils le craignent », c’est-à-dire ils tiennent compte de lui, ils l’écoutent, ils lui obéissent, ils gardent sa parole, en un mot, ils l’aiment… Et tel est bien le fruit de « l’Esprit de crainte du Seigneur », un des multiples dons de l’Esprit décrit en Isaïe 11,1‑3. « Moi, je vais les rassembler de tous les pays » où ils furent dispersés par suite de leurs fautes, écrit le prophète Jérémie. « En ce lieu je les ramènerai et les ferai demeurer en sécurité. Alors ils seront mon peuple et moi, je serai leur Dieu (formule de l’Alliance). Je leur donnerai un seul cœur et une seule manière d’agir, de façon qu’ils me craignent toujours, pour leur bien (« Bien, bon, bonheur » est un seul et même mot en hébreu.) et celui de Paris Surréalistes+annexesleurs enfants après eux. Je conclurai avec eux une alliance éternelle : je ne cesserai pas de les suivre pour leur faire du bien et je mettrai ma crainte en leur cœur pour qu’ils ne s’écartent plus de moi. Je trouverai ma joie à leur faire du bien et je les planterai solidement en ce pays, de tout mon cœur et de toute mon âme » (Jr 32,37-41). Si Dieu est « Source d’Eau Vive » (Jr 2,13 ; 17,13), si nous avons tous été créés pour cette Eau Vive de l’Esprit qui, seule, peut nous apporter le vrai et profond bonheur du cœur, alors, le plus grand cadeau que Dieu peut offrir aux pécheurs que nous sommes, est de faire en sorte que nous ne nous écartions plus jamais de cette Source de Vie… C’est la prière du prêtre juste avant la communion : « Seigneur Jésus Christ, Fils du Dieu vivant, selon la volonté du Père et avec la puissance du Saint Esprit, tu as donné, par ta mort, la vie au monde ; que ton corps et ton sang me délivrent de mes péchés et de tout mal ; fais que je demeure fidèle à tes commandements et que jamais je ne sois séparé de toi », une prière qui rejoint le désir de Dieu pour chacun d’entre nous… « Je mettrai ma crainte en leur cœur pour qu’ils ne s’écartent plus de moi »…

 Sourds-muets-et-aveugles-en-fete-avec-le-pape-Francois_article_popin           Les serviteurs de Dieu « le craignent et le servent » (Ap 19,5). Or, dit Jésus, « là où Je Suis, là aussi sera mon serviteur » (Jn 12,26). Or Jésus est « dans le Père » (Jn 14,10), uni au Père dans la Communion d’un même Esprit (Jn 10,30), qui est Plénitude de Vie et de Joie… Aussi, « louez notre Dieu, les petits et les grands », c’est-à-dire tous les serviteurs de Dieu qui, par le « oui ! » de leur foi, un « oui ! » de tout cœur et qui engage toute leur vie, sont entrés dans « la joie de leur Seigneur » (Mt 25,21.23)…

            Et c’est bien ce qui arrive… Ils vont louer Dieu, source de leur joie profonde, une joie reçue gratuitement de la Miséricorde de Celui qui ne désire que leur joie… Pour décrire cette louange, l’auteur va employer à nouveau « trois » expressions, pour souligner à nouveau combien tout est don de Dieu… « Le bruit d’une foule immense » est celui de la communion des saints (Souvenons-nous des « 144 000 », un chiffre qui apparaît « trois » fois dans le Livre de l’Apocalypse : Ap 7,4 ; 14,1.3… Ils représentent la multitude des sauvés de tous les temps : 12 (tribus d’Israël : tout le temps de l’ancienne Alliance, avant le Christ) x 12 (Apôtres : tout le temps de la Nouvelle Alliance, après la mort et la st jeanrésurrection du Christ) x 1000 (symbole d’une multitude innombrable, la culture hébraïque n’ayant pas la notion d’infini)…) et des anges déjà évoquée en 19,1. Puis « le mugissement des grandes eaux » évoque « la voix de Dieu » (cf. Ap 1,15), « la voix de l’Esprit » (Jn 3,8), un Esprit auquel participe la multitude des sauvés ; poussés par cet Esprit, leur voix se joint donc à celle de Dieu pour exprimer une seule et même Joie : la Joie de Dieu (Ap 14,1-5)… Enfin, le « grondement de violents tonnerres » renvoie aux manifestations divines (Ex 19,16-25 ; 20,18 ; Ap 4,5 ; 6,1 ; 8,5 ; 11,19 ; 16,18)… Tout le ciel chante donc la Joie d’un bonheur donné, la Joie d’un bonheur reçu… « Alléluia ! » 

« Alleluia ! Car il a pris possession de son règne, le Seigneur, le Dieu Maître-de-tout ». Or, que veut dire pour Dieu « prendre possession de son Règne » ? C’est la Lumière qui vient régner dans les ténèbres, pour tous ceux et celles qui étaient dans ces « régions sombres de la mort » (Mt 4,16-17 ; Lc 1,76-79)… C’est la vie qui vient arracher tous ceux et celles qui étaient pris dans les filets du péché et de la mort (Ps 25(24),15 ; 31(30),3-9 ; 124(123))… C’est la Miséricorde qui vient toujours dire le dernier mot dans sa rencontre avec notre misère (Ps 130(129),4 ; 103(102),1-13)… C’est la force qui vient relever et soutenir notre faiblesse (2Co 12,7-10 ; Ph 4,13)… En un mot, c’est le salut, le bonheur retrouvé et la paix pour tous ceux et celles qui étaient perdus par suite de leurs Visage de Jésusfautes… « Qu’ils sont beaux, sur les montagnes, les pieds du messager qui annonce la paix, du messager de bonnes nouvelles qui annonce le salut, qui dit à Sion : « Ton Dieu règne. » C’est la voix de tes guetteurs : ils élèvent la voix, ensemble ils poussent des cris de joie, car ils ont vu de leurs propres yeux le Seigneur qui revient à Sion. Ensemble poussez des cris, des cris de joie, ruines de Jérusalem ! car le Seigneur a consolé son peuple, il a racheté Jérusalem. Le Seigneur a découvert son bras de sainteté aux yeux de toutes les nations, et tous les confins de la terre ont vu le salut de notre Dieu » (Is 52,7-10). Nous le voyons avec ce texte d’Isaïe, « ton Dieu règne » est synonyme pour Israël pécheur de bonne nouvelle, de salut, de rachat, de consolation, de joie et de paix… Alors, « que ton Règne vienne, sur la terre comme au ciel ! »

            « Il a pris possession de son règne » ? « Soyons donc dans l’allégresse et la joie » car Dieu a remporté la victoire en Jésus Christ sur tout ce qui s’oppose au plein épanouissement de la vie ! « Rendons gloire à Dieu, car voici les noces de l’Agneau, et son épouse s’est faite belle : on lui a donné de se vêtir de lin d’une blancheur éclatante – le lin, c’est en effet les bonnes actions des saints. Puis il me dit : « Écris : Heureux les gens invités au festin de noce de l’Agneau. Ces paroles de Dieu, ajouta-t-il, sont vraies » (Ap 19,6-9). Nous avons ici un résumé de l’Evangile… « Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé son Fils dans le monde »… « Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous »… « Le Christ Jésus ayant la condition de Dieu ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes, reconnu homme à son aspect » (Jn 3,16 ; 1,14 ; Ph 2,6-11), il s’est pleinement christ-souriant-04uni à notre condition humaine pour nous donner, à nous pécheurs, d’être pleinement unis à sa condition divine. Telles sont les Noces de l’Agneau. Avec son Fils et par son Fils, Dieu nous a rejoints, par amour. Si nous l’acceptons, il vient s’unir à nous pour nous arracher à toutes nos ténèbres et nous donner de pouvoir partager sa Lumière et sa Vie (cf. Col 1,12-14 ; Jn 8,12 ; 12,46). Tout ceci se réalise très concrètement par le don de l’Esprit Saint… « Aussi bien est-ce en un seul Esprit que nous tous avons été baptisés pour former un seul corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, et tous nous avons été abreuvés d’un seul Esprit » (1Co 12,13). Alors, quiconque le reçoit par le « oui » de sa foi, donné librement au jour de son baptême ou de sa confirmation, « s’unit ainsi au Seigneur : il est avec lui un seul Esprit » (1Co 6,17). Il était « impudique, idolâtre, adultère, dépravé, ivrogne, insulteur, rapace » ? « Il a été lavé, il a été sanctifié, il a été justifié par le nom du Seigneur Jésus Christ et par l’Esprit de notre Dieu » (1Co 6,9-11). Car dans le mystère de ses noces, « le Christ a aimé l’Eglise », son épouse. « Il s’est livré pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant par le bain d’eau qu’une parole accompagne ; car il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée » (Ep 5,25-27). Grâce à Lui, « son épouse s’est donc faite belle » (Ap 19,8)… 

Feuille lumière vieEt « c’est bien par la grâce qu’elle est sauvée, moyennant la foi. Ce salut ne vient pas de vous, il est un don de Dieu ; il ne vient pas des œuvres, car nul ne doit pouvoir se glorifier. Nous sommes en effet son ouvrage, créés dans le Christ Jésus en vue des bonnes œuvres que Dieu a préparées d’avance pour que nous les pratiquions » (Ep 2,8‑10). Les bonnes œuvres ne nous méritent donc pas la grâce : elles en sont la conséquence ! Ce n’est pas parce que nous accomplissons des bonnes œuvres que Dieu nous donne sa grâce, mais gratuitement, par amour. Et en nous comblant de grâce, il nous donne de pouvoir accomplir des bonnes œuvres. « On lui a donné de se vêtir de lin d’une blancheur éclatante – le lin, c’est en effet les bonnes actions des saints » (Ap 19,8), c’est-à-dire des pécheurs sanctifiés gratuitement, par amour, par le don de l’Esprit Saint.

Les bonnes œuvres sont donc le fruit de la Présence en nous de l’Esprit Saint reçu dans la foi… « Jadis vous étiez ténèbres, mais à présent vous êtes lumière dans le Seigneur ; conduisez-vous en enfants de lumière ; car le fruit de la lumière consiste en toute bonté, justice et vérité » (Ep 5,8‑9). « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5). « Le fruit de la lumière » est donc « le fruit de l’Esprit », une expression reprise par St Paul en Ga 5,22s : « le fruit de l’Esprit est amour, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soiPuisque l’Esprit est notre vie, que l’Esprit nous fasse aussi agir ». Ainsi, « il ne s’agit pas de l’homme qui veut et qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde » (Rm 9,16), et qui « selon sa grande miséricorde, efface notre péché, nous lave tout entier de nos fautes, nous purifie de nos offenses » et « crée en nous un cœur pur ». Notre « esprit, au fond de nous est alors renouvelé, raffermi ». « L’Esprit généreux nous soutient » (Ps 51(50)) et nous donne de pouvoir accomplir de « bonnes actions », dans la joie de l’Esprit. « Que celui qui donne le fasse sans calcul ; celui qui préside, avec diligence ; celui qui exerce la miséricorde, en rayonnant de joie » (Rm 12,8 ; 14,17 ; 15,13 ; Ac 13,52)… « Heureux donc les gens invités au festin de noce de l’Agneau », quatrième béatitude d’un Livre qui en compte sept en signe de perfection et de plénitude (Ap 1,3 ; 14,13 ; 16,15 ; 19,9 ; 20,6 ; 22,7.14)… Le seul bonheur vrai, profond et plénier vient de Dieu et de Dieu seul…

ESPRIT SAINT 1

Alors St Jean se prosterne aux pieds de l’ange, mais tout de suite ce dernier le reprend : « Non, attention, je suis un serviteur comme toi et comme tes frères qui possèdent le témoignage de Jésus. C’est Dieu que tu dois adorer ». Et, précise-t-il, « le témoignage de Jésus, c’est l’Esprit de prophétie » (Ap 19,10), l’Esprit Saint qui rend témoignage à Jésus au plus profond des cœurs (Jn 15,26 ; 1Jn 5,6.10), un témoignage qui est de l’ordre de la Vie (1Jn 5,11). Cet « Esprit de prophétie » permet de « connaître le Mystère de la volonté de Dieu, ce dessein bienveillant qu’il a formé en lui par avance pour le réaliser quand les temps seraient accomplis : ramener toutes choses sous un seul Chef, le Christ, les êtres célestes comme les terrestres ». En illuminant les yeux du cœur, il nous donne de pressentir « l’à-venir » que Dieu prépare à tous les hommes ses enfants, « les trésors de gloire de son héritage parmi les saints » (Ep 1,9-10 ; 1,17‑23)…

                                                                                               D. Jacques Fournier

 

 

AP – SI – Fiche 30 – Ap 19,1-10 : Cliquer sur le titre précédent pour accéder au document PDF pour lecture ou éventuelle impression.

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