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2e dimanche de Pâques – Dimanche de la Divine Miséricorde – par Claude WON FAH HIN

Commentaire d’Evangile du samedi 23/04/2022 et Dimanche 24/042022

 

Actes 5.12–16 ; Apocalypse 1.9–13, 17–19 ;

Jean 20.19–31

Jésus est ressuscité, trois jours après sa mort. Et « le soir, ce même jour, le premier de la semaine » ( c’est-à-dire « dimanche »), onze de ses disciples rassemblés se sont enfermés dans un lieu par peur de la persécution faite par les autorités juives. Disons tout de suite que huit jours après, il y a une nouvelle assemblée. Il est fort probable que ce rassemblement régulier tous les huit jours soit à l’origine de nos rassemblements à la messe chaque samedi ou dimanche. « Les portes étant closes, là où se trouvaient les disciples, Jésus vint au milieu d’eux ». A cause de la résurrection, Jésus peut venir dans une pièce verrouillée. On ne dit pas qu’il traverse les murs ou les cloisons, mais il peut apparaître là où sont ses disciples. Le corps glorifié de Jésus ressuscité est un corps, le même qu’avant sa mort, mais avec un « plus », avec de nouvelles spécificités. Il peut apparaître où il veut, comme il veut et parfois sans même que ses disciples ne puissent le reconnaître. Ainsi, Marie de Magdala, alors qu’elle est à deux pas de Jésus ressuscité, le prend pour un jardinier. Elle ne le reconnait pas d’elle-même. Il a fallu que Jésus se fasse reconnaître pour qu’elle réalise que c’est bien Jésus.

De même, les disciples d’Emmaüs ne le reconnaissent pas alors qu’ils les accompagnent et discutent avec eux. Il a fallu un signe de Jésus, la fraction du pain, pour qu’ils le reconnaissent mais il a déjà disparu. Même aujourd’hui, il est difficile à certains catholiques pratiquants d’affirmer que l’hostie est réellement corps du Christ, alors que Jésus l’affirme lui-même en disant : « ceci est mon corps », pas le symbole de son corps, mais son corps réel vivant. – Voilà donc Jésus au milieu de ses disciples. En premier lieu, Jésus leur montre ses mains et son côté pour bien leur faire comprendre que c’est bien le Jésus mort sur la croix qui est de nouveau avec eux, et qu’il ne s’agit pas d’un fantôme ou d’un esprit comme il est dit en Luc 24,37, car un esprit n’a pas de corps. Jésus est donc bien ressuscité, il a encore les stigmates de la crucifixion. Et la joie éclate parmi les disciples. Rappelons que tous, nous ressusciterons. Peu importe que certains corps restent introuvables, que d’autres ont fini en mer, ou brûlés, tous ressusciteront, mais n’auront pas tous le même destin. – Jésus vient parmi ses disciples pour leur envoyer en mission : « comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». L’envoi en mission est fait par Jésus. De nos jours, dans un diocèse, celui qui envoie en mission, et selon l’importance de la mission, c’est le représentant du Christ, l’évêque ou au niveau de la paroisse, le curé qui envoie en mission. C’est pour cela que les chrétiens ne doivent pas suivre les personnes qui décident d’eux-mêmes, d’aller prêcher le Christ, de faire des enseignements, des prières collectives ou encore des soi-disant exorcismes à leur manière, en dehors de l’Eglise, sous prétexte qu’ils sont des catholiques alors qu’elles n’ont reçu aucune mission de ce genre par l’évêque. C’est comme cela que se crée ce qui va devenir des sectes, à partir de personnes qui se disaient catholiques, mais non envoyées et non reconnues par l’évêque pour telle ou telle mission.

Après, chaque chrétien, dans sa vie quotidienne essaie de mettre en pratique les commandements et les enseignements donnés par Jésus : aimer, pardonner, servir, partager, aider, secourir, évangéliser, baptiser etc…Ce sont des missions du niveau de chaque chrétien sans besoin d’un envoi spécial de l’évêque. Mais de tout cela, nous avons besoin de ce que le Christ nous donne : l’Esprit Saint, sans qui nous ne pouvons rien faire. L’Esprit Saint nous est donné pour toutes sortes de raisons dont la liste pourrait être très longue, mais on peut citer quelques raisons : Il est notre défenseur face à l’Esprit du mal, face à nos contradicteurs, il est l’Esprit de vérité, il nous enseigne toute chose, nous permet de rendre témoignage au Christ, il nous rappelle ce que nous connaissons déjà du Christ, Il est souffle de vie, il nous fait tourner vers le Christ, Il est donné à ceux qui le demandent, Il parle pour nous le moment venu et nous aide à prier comme il faut, Il habite en nous et nous sommes temples de Dieu, il vient au secours de nos faiblesses etc… Le souffle de l’Esprit Saint nous anime en tant qu’envoyés de Dieu et nous associe à son œuvre de salut. Les disciples deviennent en quelque sorte des intimes du Seigneur et tout en étant dans l’imperfection, ils poursuivent la mission divine, ils peuvent le faire car leur autorité vient de Dieu : « donnez-leur vous-mêmes à manger » (Mt14,16) ; « faites ceci en mémoire de moi » (1Co11,24-25) – A ses disciples, Jésus leur dit : « Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus ». Remettre les péchés, c’est en quelque sorte les effacer ou les enlever. Cela s’adresse surtout à ceux qui ont reçu le sacrement de l’ordre quand nous allons nous confesser, mais cela s’adresse aussi à tout chrétien. Le Pape François nous dit (La joie de l’Évangile – §100) : « A ceux qui sont blessés par d’anciennes divisions il semble difficile d’accepter que nous les exhortions au pardon et à la réconciliation, parce qu’ils pensent que nous ignorons leur souffrance… Par conséquent, cela me fait très mal de voir comment, dans certaines communautés chrétiennes, et même entre personnes consacrées, on donne de la place à diverses formes de haine, de division, de calomnie, de diffamation, de vengeance, de jalousie, de désir d’imposer ses propres idées à n’importe quel prix, jusqu’à des persécutions qui ressemblent à une implacable chasse aux sorcières. Qui voulons-nous évangéliser avec de tels comportements ? Et le Pape ajoute [§101] : « Il faut prier pour la personne contre laquelle nous sommes irrités, c’est un beau pas vers l’amour, et c’est un acte d’évangélisation » à l’exemple du Christ qui, « insulté ne rendait pas l’insulte, souffrant ne menaçait pas, mais s’en remettait à Celui qui juge avec justice ».

La prière et la relation constante avec le Christ nous libèrent de toute tentation d’une mauvaise action et libèrent également celui qui nous a irrité et qui finira par s’apercevoir qu’on n’a pas de rancune ou de mauvaise intention envers lui. Dieu continue son œuvre de salut en donnant le pouvoir de pardonner à ses disciples. Le refus de pardonner aura des conséquences même après la mort. Voici ce que nous raconte Maria Simma, une autrichienne décédée en 2004 – qui était soutenue par son curé et trois évêques  – et qui avait le don de rencontrer les âmes du Purgatoire (P.20 – Derniers témoignages de Maria Simma – Nicky Eltz) :  « Après avoir longuement parlé avec le veuf, il est bientôt devenu très clair que sa femme avait entretenu une animosité avec une autre femme durant une trentaine d’années, alors que cette dernière avait désiré faire la paix entre elles. Ce refus de pardonner lui avait valu les profondeurs du Purgatoire d’où j’avais été incapable de la délivrer ». L’expression  « les profondeurs du Purgatoire », selon Maria Simma, encore appelée « le Grand Purgatoire » selon le Sanctuaire de Montligeon, spécialiste des âmes du Purgatoire, signifie que l’âme de cette personne se trouve dans le « niveau inférieur du Purgatoire », et là, les prières qu’on fait pour ces âmes ne leur sont point appliquées (« Manuscrit du Purgatoire – Sanctuaire de Mont- ligeon – P.49) et où l’âme de la dame devait expier d’abord ses péchés commis (tout le temps qu’il faudra et cela peut prendre des années et des années) avant que nos prières, messes et bonnes actions puissent lui profiter (« Derniers témoignages de Maria Simma » – P.20). Ceci dit, en ce dimanche de la Miséricorde Divine, il est bon de rappeler que Dieu est Miséricordieux non pas jusqu’à la mort mais même après la mort et même jusqu’aux portes de l’enfer. Jésus dit à sœur Faustine (§638) : « …beaucoup d’âmes reviendront des portes de l’Enfer et adoreront ma Miséricorde ». Revenir des portes de l’Enfer signifie que des âmes se dirigent vers l’Enfer, mais parce qu’elles crient vers le Seigneur ou qu’elles l’implorent au tout dernier moment avant d’entrer en Enfer, Dieu peut encore les entendre et les pardonner, et cela tant que ces âmes ne sont pas encore passées définitivement derrière les portes de l’Enfer. Et c’est toute l’histoire de Gloria Polo, chirurgienne dentiste en Colombie et qui avait témoigné à Fatima en Février 2007, où les responsables religieux du lieu ont dû certainement faire des enquêtes avant de donner leur autorisation pour témoigner en public. Lisez le livret « Gloria Polo a frôlé l’enfer » ou bien écoutez son témoignage sur Youtube.- Je vais juste vous donner quelques exemples de la Miséricorde divine. Voici ce que dit Sœur Faustine (§377) : « Dieu m’a promis une grande grâce particulière ainsi qu’à tous ceux qui proclameront la grandeur de Sa Miséricorde. Il les défendra à l’heure de la mort. Lorsqu’un pécheur se tourne vers Sa Miséricorde, même si ses péchés étaient noirs comme la nuit, il Lui rend la plus grande gloire et fait honneur à Sa Passion…Au cours d’une adoration, Jésus m’a promis : « J’agirai, à l’heure de leur mort, selon Mon infinie Miséricorde, envers les âmes qui auront recours à Ma Miséricorde, et envers celle qui la glorifieront et en parleront aux autres ». Un peu plus loin, sœur Faustine raconte (§1697) : « J’accompagne souvent les âmes agonisantes et je leur obtiens la confiance en la miséricorde divine, je supplie Dieu de leur donner toute la grâce divine, qui est toujours victorieuse. La miséricorde divine atteint parfois le pécheur au dernier moment, d’une manière étrange et mystérieuse. A l’extérieur c’est comme si tout était perdu, mais il n’en est pas ainsi ; l’âme éclairée par un puissant rayon de la grâce suprême, se tourne vers Dieu avec une telle puissance d’amour, qu’en un instant elle reçoit de Dieu le pardon et de ses fautes et de leurs punitions, et à l’extérieur elle ne nous donne aucun signe de repentir ou de contrition, car elle ne réagit plus aux choses extérieures ». Maria Simma nous raconte (Derniers témoignages de Maria Simma – P.205-206) qu’un homme est venu la consulter pour savoir où se trouvait l’âme d’une femme. Cette femme avait mené une vie fort misérable, ayant péché sur péché. Maria Simma a demandé à une âme du Purgatoire si elle savait où était son âme. La réponse est que son âme était allée directement au Ciel à sa mort. L’explication est la suivante : La femme avait perdu la vie sous un train. Ce n’était pas un suicide ; elle avait dû trébucher ou glisser et tomber. Au moment de s’apercevoir que sa mort était inévitable, elle dit à Dieu: « C’est très bien que tu me prennes, parce qu’au moins maintenant je ne pourrai plus t’insulter. » Ce simple repentir, ce simple regret a permis à Dieu de tout effacer et elle est montée au Ciel directement sans passer par le Purgatoire.  C’est cela la Miséricorde de Dieu. Cependant, même si la Miséricorde divine est très grande, elle est limitée par le choix de l’être humain. Si celui-ci refuse totalement Dieu, Dieu ne pourra rien faire. De même, inutile de jouer au plus malin avec Dieu en se disant : « je vais mener ma vie comme je l’entends et au dernier moment je vais faire un acte de regret pour avoir la miséricorde de Dieu ». Vous n’aurez peut-être pas le temps d’avoir ce temps de regret. Le Cardinal Walter Kasper (La Miséricorde – P. 107) nous dit : « L’amour de Dieu qui nous a élus et appelés à la vie par pure miséricorde est définitif et ne peut pas s’arrêter simplement à la mort. [Mais] on ne peut pas non plus conseiller d’attendre une « fin heureuse » selon la devise « pas de souci, tout ira bien ». L’amour de Dieu pour nous… appelle l’amour de l’homme pour Dieu. Demandons à Marie la foi en la Miséricorde divine qui nous donne l’assurance d’une vie éternelle au Royaume de Dieu.