1

2ième Dimanche du Temps Ordinaire – par Francis COUSIN (St Jean 1, 29-34)

 « Et moi, je ne le connaissais pas. »

 

Phrase plutôt surprenante de la part de Jean-Baptiste. En effet, l’évangile selon saint Luc nous a bien montré les liens de parenté existant entre Marie et Élisabeth, et donc entre Jean-Baptiste et Jésus qui étaient cousins issu-germains, et la réaction de Jean-Baptiste lors de la visitation de Marie à sa cousine : « Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. » (Lc 1,44).

Mais si Jean-Baptiste connaissait Jésus comme son cousin, il ne savait pas encore vraiment qui il était, il ne le connaissait pas comme le Messie, ou comme il le dit à la fin de cet évangile : « C’est lui le Fils de Dieu. »

Il avait fait le même reproche aux envoyés des pharisiens venus de Jérusalem, prêtres et lévites : « Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas. » (Jn 1,26), c’est-à-dire : « Le Messie que j’annonce est déjà là, au milieu de vous, et vous qui êtes les plus à même de le reconnaître, vous ne savez rien de lui. »

Jean-Baptiste rend témoignage en disant : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. ». Cette scène étant relaté dans les trois évangiles synoptiques lors du baptême de Jésus par Jean-Baptiste, on est tenté de situer celle-ci avec le baptême de Jésus … Mais alors, quand celui-ci a-t-il eu lieu ? On ne le sait pas exactement, mais on peut penser qu’il a eu lieu avant que Jean-Baptiste ne puisse dire : « Voici l’Agneau de Dieu. ».

Encore que rien dans le texte ne dise que Jésus ait été baptisé par Jean-Baptiste.

La vision de L’Esprit qui descend sur Jésus et y demeure a pu se produire au moment même où Jésus arrive auprès de Jean-Baptiste, en dehors de tout contexte baptismal.

Et cette vision est une preuve pour Jean-Baptiste que celui dont il annonce la venue, celui qu’il proclame comme étant le Messie, celui que le monde juif attend (mais que les chefs religieux ne reconnaissent pas) est bien le Fils de Dieu. Et c’est aussi pour ses auditeurs une preuve que Jean-Baptiste ne s’est pas autoproclamé prophète : il a eu une révélation que celui sur qui l’Esprit demeure est le Messie, celui qui baptise dans l’Esprit, et non plus dans l’eau.

Dans cet évangile, on a quatre fois le verbe voir, la première fois dans le sens courant, et les autres fois dans un sens de démarche de foi. Et la dernière fois : « Moi, j’ai vu [l’Esprit], et [je crois, et] je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. ».

La vision de l’Esprit invite Jean-Baptiste à rendre témoignage de ce en quoi il croit. Nous aussi, même si nous n’avons pas vu l’esprit, nous l’avons reçu à notre baptême, et nous devons, comme Jean-Baptiste, rendre témoignage de ce en quoi nous croyons. Nous avons, nous aussi, à devenir missionnaires de la Bonne Nouvelle annoncée par Jésus auprès de ceux que nous rencontrons.

Mais cela n’est pas facile, et cela peut nous entrainer là où on ne voudrait pas aller. Et notre peur humaine est souvent plus forte que le Souffle de l’Esprit qui nous entraine … on ne sait pas où …

Comme le dit le père Michel-Marie Zanotti-Sorkine : « L’esprit humain n’aime pas emprunter les sentiers non battus et rien n’est plus aisé que de suivre la grand-route au tracé impeccable avec lignes jaunes et trottoirs. Un raccourci se présente (et le prophétisme en est un qui conduit droit à l’essentiel) et on n’ose pas le prendre, de peur de s’égarer, et pire encore, on empêche les plus valeureux de s’y risquer. Prudents et apeurés sommes-nous, dans l’Église et hors de l’Église, toujours tentés d’enfiler les charentaises de nos anciens ! »

 Dieu notre Père,

tu nous as envoyé ton Esprit Saint,

reçu à notre baptême.

Aide-nous à être attentifs à ses conseils

et à les mettre en pratique

sans chercher à savoir

quel sera le résultat de l’action.

Toi seul sait ce qui est bien

pour nous et pour l’Église.

 

Francis Cousin

  

 Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre suivant :

Prière dim ordinaire A 2°




Une invitation à partir à la découverte du Christ : le Cycle Long 2020…

Ces cinquante dernières années, la Bible a été vendue à plus de quatre milliards d’exemplaires. Un record. Que diriez-vous, pendant un samedi ou un dimanche par mois, de l’ouvrir pour constater par vous-mêmes les trésors qu’elle renferme ? Le but : découvrir avec elle et grâce à elle, nous n’inventons rien, « qui » est le Christ. Nous entrerons alors dans le Mystère d’une relation éternelle, celle du Père et du Fils, ce Fils qui, à un instant du temps, « s’est fait chair » et est venu à notre rencontre sous les traits de Jésus, le Christ, vrai Dieu et vrai homme… Ce Mystère est fascinant car ce vrai homme, qui nous appelle « ses frères » et qui, pourtant, n’est pas comme nous, une simple ‘créature’, est venu nous révéler « qui » nous sommes, et à quelle aventure de vie, de Plénitude de vie, nous avons tous été appelés… Et invisiblement, c’est Dieu Lui‑même qui, avec cette Bible, vient nous rejoindre et nous dire, dans nos cœurs, à sa façon à lui, cette Vérité qui est avant tout Vie, intensité de Vie…

Alors, comme le dit le Christ à ses deux premiers disciples, « venez et vous verrez », par vous-mêmes… Un dimanche par mois à St Benoît, à Ste Suzanne Bagatelle, à St Denis, à l’Etang Salé les Hauts, ou un samedi par mois à St Denis, à l’Etang Salé les Hauts, et pour la première fois cette année, à Cilaos… Vous trouverez tous les renseignements à cette page :

https://www.sedifop.com/cycle-long/

Début de l’aventure, fin janvier… Belle et heureuse année avec le Christ… « Tu mets dans mon cœur plus de joie, que toutes leurs vendanges et leurs moissons » (Ps 4)…

 




Audience Générale du Mercredi 8 Janvier 2020

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 8 janvier 2020


Frères et sœurs, la dernière partie des Actes des Apôtres raconte le voyage de saint Paul à Rome, où il devra rendre témoignage au Christ. Au cours de la traversée, une tempête se lève et le bateau part à la dérive. Alors que la mort semble imminente, Paul rassure l’équipage : il est l’homme de la foi. Il a reçu d’un ange la certitude qu’il comparaîtra devant César, et que tous seront sauvés avec lui. Ainsi, même dans l’épreuve il ne cesse d’être attentif aux autres et de ranimer leur espérance. Arrivé à Malte et accueilli par la population, saint Paul exerce aussitôt un ministère de compassion en guérissant des malades : en effet, le bien tend à se communiquer. Quand un croyant fait l’expérience du salut, il ne la garde pas pour lui-même, mais il acquiert une plus grande sensibilité aux nécessités des autres et se rend proche de celui qui souffre. Saint Paul nous invite à vivre les épreuves en étant unis au Christ, avec la conviction que Dieu peut agir en toute circonstance, et que celui qui s’offre à Dieu par amour sera certainement fécond.

Je salue cordialement les pèlerins de langue française et souhaite, à chacun et à chacune, une année riche en grâces du Seigneur. En particulier, demandons à Dieu de nous aider à vivre nos épreuves dans la foi. Et soyons sensibles aux souffrances de ceux qui viennent à notre rencontre sachant les accueillir de cet amour qui procède de notre rencontre avec Jésus. Que Dieu vous bénisse.

 

 

 




Que signifie « adorer Dieu » ? (Pape François – 6 janvier 2020)

Dans l’Evangile (Mt 2,1-12), nous avons entendu que les Mages commencent par manifester leurs intentions: « Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui » (v. 2). Adorer est l’objectif de leur parcours, le but de leur cheminement. En effet, arrivés à Bethléem, « ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, ils se prosternèrent devant lui » (v. 11). Si nous perdons le sens de l’adoration, nous perdons le sens de la marche de la vie chrétienne, qui est un cheminement vers le Seigneur, non pas vers nous. C’est le risque contre lequel l’Evangile nous met en garde, en présentant, à côté des Mages, des personnages qui n’arrivent pas à adorer.

Il y a surtout le roi Hérode, qui utilise le verbe adorer, mais avec une intention fallacieuse. Il demande, en effet, aux Mages de l’informer sur le lieu où se trouve l’Enfant « pour que– dit-il – j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui » (v. 8). En réalité, Hérode n’adorait que lui-même, et c’est pourquoi il voulait se libérer de l’Enfant par le mensonge. Qu’est-ce que cela nous enseigne ? Que l’homme, quand il n’adore pas Dieu, est amené à adorer son moi. Et même la vie chrétienne, sans adorer le Seigneur, peut devenir un moyen raffiné pour s’affirmer soi-même et son talent : des chrétiens qui ne savent pas adorer, qui ne savent pas prier en adorant. C’est un risque sérieux : nous servir de Dieu plutôt que de servir Dieu. Combien de fois n’avons-nous pas échangé les intérêts de l’Evangile avec les nôtres, combien de fois n’avons-nous pas couvert de religiosité ce qui nous arrangeait, combien de fois n’avons-nous pas confondu le pouvoir selon Dieu, qui est de servir les autres, avec le pouvoir selon le monde, qui est de se servir soi-même !

En plus d’Hérode, il y a d’autres personnes dans l’Evangile qui n’arrivent pas à adorer : ce sont les chefs des prêtres et les scribes du peuple. Ils indiquent à Hérode, avec une précision extrême, où serait né le Messie : à Bethléem de Judée (cf. v. 5). Ils connaissent les prophéties et les citent avec exactitude. Ils savent où aller – des grands théologiens, des grands ! –, mais n’y vont pas. De cela aussi, nous pouvons tirer un enseignement. Dans la vie chrétienne, il ne suffit pas de savoir : sans sortir de soi-même, sans rencontrer, sans adorer, on ne connaît pas Dieu. La théologie et l’efficacité pastorale servent à peu de choses ou même à rien si on ne plie pas les genoux ; si on ne fait pas comme les Mages, qui ne furent pas seulement des savants organisateurs d’un voyage, mais qui marchèrent et adorèrent. Quand on adore, on se rend compte que la foi ne se réduit pas à un ensemble de belles doctrines, mais qu’elle est la relation avec une Personne vivante à aimer. C’est en étant face à face avec Jésus que nous en connaissons le visage. En adorant, nous découvrons que la vie chrétienne est une histoire d’amour avec Dieu, où les bonnes idées ne suffisent pas, mais qu’il faut lui accorder la priorité, comme le fait un amoureux avec la personne qu’il aime. C’est ainsi que l’Eglise doit être, une adoratrice amoureuse de Jésus son époux.

Au début de l’année, redécouvrons l’adoration comme une exigence de la foi. Si nous savons nous agenouiller devant Jésus, nous vaincrons la tentation de continuer à marcher chacun de son côté. Adorer, en effet, c’est accomplir un exode depuis l’esclavage le plus grand, celui de soi-même. Adorer, c’est mettre le Seigneur au centre pour ne pas être centrés sur nous-mêmes. C’est remettre les choses à leur place, en laissant à Dieu la première place. Adorer, c’est mettre les plans de Dieu avant mon temps, mes droits, mes espaces. C’est accueillir l’enseignement de l’Ecriture : « C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras » (Mt 4, 10). Ton Dieu : adorer c’est se sentir d’appartenir mutuellement avec Dieu. C’est lui dire “tu” dans l’intimité, c’est lui apporter notre vie en lui permettant d’entrer dans nos vies. C’est faire descendre sa consolation sur le monde. Adorer, c’est découvrir que, pour prier, il suffit de dire : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20, 28), et se laisser envahir par sa tendresse.

Adorer, c’est rencontrer Jésus sans une liste de demandes, mais avec l’unique demande de demeurer avec lui. C’est découvrir que la joie et la paix grandissent avec la louange et l’action de grâce. Quand nous adorons, nous permettons à Jésus de nous guérir et de nous changer. En adorant, nous donnons au Seigneur la possibilité de nous transformer avec son amour, d’illuminer nos obscurités, de nous donner la force dans la faiblesse et le courage dans les épreuves. Adorer, c’est aller à l’essentiel : c’est la voie pour nous désintoxiquer de nombreuses choses inutiles, des dépendances qui anesthésient le cœur et engourdissent l’esprit. En adorant, en effet, on apprend à refuser ce qu’il ne faut pas adorer : le dieu argent, le dieu consommation, le dieu plaisir, le dieu succès, notre moi érigé en dieu. Adorer, c’est se faire petit en présence du Très Haut, pour découvrir devant Lui que la grandeur de la vie ne consiste pas dans l’avoir, mais dans le fait d’aimer. Adorer, c’est nous redécouvrir frères et sœurs devant le mystère de l’amour qui surmonte toute distance : c’est puiser le bien à la source, c’est trouver dans le Dieu proche le courage d’approcher les autres. Adorer, c’est savoir se taire devant le Verbe divin, pour apprendre à dire des paroles qui ne blessent pas, mais qui consolent.

Adorer, c’est un geste d’amour qui change la vie. C’est faire comme les Mages : c’est apporter au Seigneur l’or, pour lui dire que rien n’est plus précieux que lui ; c’est lui offrir l’encens, pour lui dire que c’est seulement avec lui que notre vie s’élève vers le haut ; c’est lui présenter la myrrhe, avec laquelle on oignait les corps blessés et mutilés, pour promettre à Jésus de secourir notre prochain marginalisé et souffrant, parce que là il est présent. D’habitude, nous savons prier – nous demandons, nous remercions le Seigneur –, mais l’Eglise doit encore aller plus loin avec la prière d’adoration, nous devons grandir dans l’adoration. C’est une sagesse que nous devons apprendre tous les jours. Prier en adorant : la prière d’adoration.

Chers frères et sœurs, aujourd’hui chacun de nous peut se demander : “Suis-je un chrétien adorateur ?”. De nombreux chrétiens qui prient ne savent pas adorer. Faisons-nous cette demande. Trouvons du temps pour l’adoration dans nos journées et créons des espaces pour l’adoration dans nos communautés. C’est à nous, comme Eglise, de mettre en pratique les paroles que nous avons priées aujourd’hui dans le Psaume : “Toutes les nations, Seigneur, se prosterneront devant toi”. En adorant, nous aussi, nous découvrirons, comme les Mages, le sens de notre cheminement. Et, comme les Mages, nous expérimenterons « une très grande joie » (Mt 2, 10).

Pape François, solennité de l’Epiphanie, lundi 6 janvier 2020

 




Le Baptême du Seigneur – par Francis COUSIN (St Matthieu 3, 13-17)

 « Alors paraît Jésus …

pour être baptisé par Jean. »

 

De ce passage de l’évangile, très court, parlant du baptême de Jésus, on peut dire qu’il y a deux choses importantes à retenir : ce qui se passe avant le baptême, et ce qui se passe après le baptême.

Du baptême lui-même, on n’en parle pas, simplement une petite phrase introductive : « Dès que Jésus fit baptisé … »

Qu’y a-t-il juste avant le baptême ? Après le retour d’Égypte et l’établissement à Nazareth (Mt 2), on fait un grand saut dans le temps d’une trentaine d’année : « En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste » (dont Matthieu ne dit pas qu’il est apparenté avec Jésus), qui crie dans le désert un appel à la conversion vers Dieu et baptise dans le Jourdain.

« Alors paraît Jésus … pour être baptisé par Jean. ». Jésus vient de la Galilée. Après le baptême, il y retournera … pour ne la quitter que pour aller à Jérusalem et y être crucifié.

Mais Jean refuse : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi … »

« Jésus lui répondit : ’’Laisse faire pour le moment, car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice.’’ »

Cette phrase peut nous sembler obscure, car on voit difficilement le lien entre le baptême et la justice, notre justice. Parce qu’ici, il ne s’agit pas de la justice humaine, mais de la justice au nom de Dieu : faire en sorte que ce que nous fassions soit reconnu juste au yeux de Dieu, que nous fassions la volonté de Dieu, que nous soyons témoins de l’amour incommensurable de Dieu.

Ici, Jésus invite Jean à ce que, ensemble, ils réalisent la volonté d’amour de Dieu pour le salut des hommes : Jésus, étant baptisé (ce dont il n’a effectivement nul besoin puisqu’il est sans péché, parfait comme le Père est parfait (cf 1 P 2,22)) comme les autres humains auxquels il s’identifie, pourra emmener avec lui dans le royaume des cieux ceux qui ont cru en lui et qui ont été baptisés en son nom, après sa résurrection : « Ainsi, pour ceux qui sont dans le Christ Jésus, il n’y a plus de condamnation. Car la loi de l’Esprit qui donne la vie dans le Christ Jésus t’a libéré de la loi du péché et de la mort. » (Rm 8,1-2). Dès le début de sa vie publique, Jésus se fait proche des hommes pour les amener vers son Père.

Après le baptême, il y a la première théophanie de Dieu : « Les cieux s’ouvrirent » permettant à l’Esprit de descendre sur Jésus, et à la voix du Père d’affirmer : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. »

L’un des rares moments où l’on trouve associés les trois personnes de la Trinité, sous des formes différentes : le Père par sa voix, le Fils sous la forme corporelle, humaine, et l’Esprit sous une autre forme corporelle, comme une colombe.

Si le texte suggère que seul Jésus ait pu voir l’Esprit descendre sur lui, il ne dit rien de particulier concernant la voix du Père. On peut donc penser que tous les personnes présentes ce jour-là ont pu entendre cette voix qui ne dit pas comme dans le texte d’Isaïe « Mon serviteur … qui a toute ma faveur » (première lecture), mais qui désigne Jésus comme le Fils de Dieu, qui vient pour apporter le salut à son peuple.

Cette théophanie annonce la mission de Jésus, dans la lignée des textes de l’ancien testament. Mais malgré cela, il faudra bien du temps à Jésus pour qu’il soit reconnu comme le Messie. Il lui faudra le reste de sa vie terrestre. Ce n’est qu’à sa mort et sa résurrection que les gens comprendront qu’il était vraiment le fils de Dieu.

Pour nous, c’est l’occasion de réfléchir à notre baptême, qui nous a été donné au nom des trois personnes de la Sainte Trinité.

Si pour Jésus, le baptême a été le point de départ de sa mission sur terre, il en est de même pour nous. Et d’ailleurs cela nous a été rappelé au mois d’octobre dernier pendant le Mois Missionnaire Extraordinaire dont le thème était : « Baptisés et Envoyés ». Tout baptisé doit être missionnaire à son niveau, mais il ne peut le faire seul.

Et c’est ce que nous disait le pape François dans l’exhortation apostolique sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel : « Toi aussi, tu as besoin de percevoir la totalité de ta vie comme une mission. Essaie de le faire en écoutant Dieu dans la prière et en reconnaissant les signes qu’il te donne. Demande toujours à l’Esprit ce que Jésus attend de toi à chaque moment de ton existence et dans chaque choix que tu dois faire, pour discerner la place que cela occupe dans ta propre mission. Et permets-lui de forger en toi ce mystère personnel qui reflète Jésus-Christ dans le monde d’aujourd’hui. » (GE n° 23)

 « Dieu notre Père,

Ton Fils Unique Jésus-Christ

Ressuscité d’entre les morts

A confié à Ses disciples Sa mission :

« Allez ! De toutes les nations faites des disciples ». (Mt 28,19)

Tu nous rappelles que par le baptême

Nous participons tous à la mission de l’Église.

Par le don de Ton Esprit-Saint, accorde-nous la grâce

D’être témoins de l’Évangile,

Courageux et ardents,

Pour que la mission confiée à l’Église,

Soit poursuivie en trouvant des expressions nouvelles et efficaces

Qui apportent la vie et la lumière au monde. »

Pape François (prière pour le MME, extraits)

 

Francis Cousin

  

 Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre suivant :




Fête du Baptême de Notre Seigneur – Homélie du Père Louis DATTIN

Mission du Christ

Mt 3, 13-17

Isaïe dans la première lecture nous dit que « la Parole est descendue du ciel « . « Le Verbe s’est fait chair  » : ainsi s’achève le temps de Noël et nous retrouvons le guide de cette année St-Matthieu.  Quand commence son Evangile, Jésus a déjà quitté Nazareth pour recevoir son ordre de mission.  Déjà avec Siméon au temple, nous avons vu le salut.  Avec les mages à Bethléem, nous avons vu se lever son étoile et reconnu dans un enfant, le roi des juifs.  Cependant ce n’est pas par une huile sainte que sera consacré le roi de l’univers mais avec de l’eau du Jourdain, une eau simple, pure, limpide, transparente.

Rien ne nous est donné à voir : Jésus, seul, voit le ciel se déchirer et l’Esprit descendre. Mais pour ceux qui écoutent, prêtent l’oreille, cherchent le Seigneur, une voix se fait entendre, une parole qui s’adresse à Jésus, mais que l’Esprit murmure au plus profond de chacun :

« C’est toi, mon fils bien-aimé, en toi, j’ai mis tout mon amour ». Cette parole, elle va résonner tout au long du parcours que nous propose St-Matthieu jusqu’au moment où, non pas dans les cieux, mais au temple, le voile se déchirera et qu’avec le centurion au pied de la croix, nous nous écrierons :

« Vraiment cet homme était le Fils de Dieu ! »

Avec Matthieu, nous voici introduits d’emblée dans la phase adulte de Jésus : il a trente ans environ et c’est Jean-Baptiste qui nous l’annonce : « Voici venir derrière moi, celui que vous attendez. Sa venue est imminente ! Tenez-vous prêts ! »

Matthieu nous avertit : cet inconnu est attendu, avant même de paraître sur la scène. Qui est-il donc ? Jean-Baptiste n’oserait même pas se courber devant lui !

Mais le grand opérateur de cette scène, ce n’est ni Jean-Baptiste, ni Jésus, c’est l’Esprit Saint, trois fois nommé ici : « Lui, il vous baptisera dans l’Esprit » ; « A l’instant où il remontait de l’eau, il vit les cieux se déchirer et l’Esprit, comme une colombe, descendre sur lui » ; « Aussitôt, l’Esprit pousse Jésus au désert ».

Il est tout proche celui qui va répandre l’Esprit pour faire naître à une humanité nouvelle. « Il vous baptisera, il vous plongera dans l’Esprit ».

Avons-nous conscience que notre Baptême chrétien c’est cela ! Nous sommes très loin de vivre la profondeur de notre Baptême qui nous a changés radicalement. Nous sommes tous tentés, à cause d’un milieu païen, athée dans lequel nous sommes immergés, de mettre le salut de l’humanité dans le prolongement de nos efforts, de nos attitudes humaines les plus chargées de valeurs.

La mentalité scientifique et technique nous habitue à penser que le salut de l’homme est dans et par l’homme.

« Devenons plus solidaires, disent les humanistes, maîtrisons davantage la nature, disent les écologistes, partageons davantage, disent les humanitaires ».  « Très bien », mais cela, n’importe quel païen peut le dire et tenir ce discours : ce n’est pas faux.

Mais la Bible, elle, va bien plus loin : elle prétend que le sens dernier de l’homme n’est pas l’homme ; l’univers, si grand soit-il, n’a pas sa fin en lui-même. « L’homme, disait Bossuet, dépasse l’homme ; il ne s’accomplit totalement qu’en s’ouvrant à une réalité supérieure ». « A quoi sert à l’homme de maitriser l’univers et d’aller sur la lune si c’est pour s’y suicider ? »

La dimension de la transcendance, c’est-à-dire la dimension spirituelle et divine de l’homme devient de plus en plus évidente.   Il y a en l’homme, une faim, une soif, autre chose qui va beaucoup plus loin que ce que la terre toute seule peut lui offrir, ainsi donc, la réponse dernière à toutes les questions que se pose l’homme : « Qu’est-ce-que la vie ? Qu’est-ce-que la mort ? Pourquoi la souffrance ? Pourquoi l’amour ? Pourquoi le mal ? Pourquoi suis-je sur la terre ? Est-ce un hasard ? Ou une destinée ? »

Toutes ces questions-là ne peuvent être résolues par la raison seule… Il n’y a que la dimension spirituelle de l’homme qui peut lui donner une piste, une direction.  C’est ce qui faisait dire à Malraux que « le 21e siècle sera religieux ou ne sera pas ! » en réponse à toutes ces interrogations.  Un  » inconnu  » se présente, dans cette foule qui entoure Jean, il a déjà vécu trente ans dans l’obscurité d’un petit village dont ne parle jamais : ni la Bible, ni le Talmud, ni la géographie, ni l’histoire, avant que ce Jésus ne devienne mondialement   célèbre.  Nazareth comptait, à cette époque, selon les   fouilles archéologiques, une vingtaine de maisons, donc une centaine d’habitants à peu près. C’est de cette étonnante obscurité que va sortir le plus grand mouvement historique qui a modifié la face de la planète !

Qui est-il donc ce Jésus de Nazareth ? Il donne l’apparence d’un homme ordinaire qui doit recevoir un Baptême de pénitence.

Mais, voilà, nous dit St-Matthieu, que devant cet homme, le ciel  » se déchire  » : il vient faire une déchirure dans cet univers clos. Désormais l’humanité aura une  » brèche  » pour communiquer avec le monde divin.  Déjà, avant St-Matthieu, Isaïe, en avait exprimé le désir : « Ah ! Si tu déchirais les cieux ! »

Et c’est ce qui a lieu ! Jésus est soudain saisi dans son être humain lui-même, de la certitude de son rôle grandiose.

« Et du ciel, une voix se fait entendre ». « C’est toi, mon Fils bien aimé ; en toi, j’ai mis tout mon amour ».

Voilà donc une expérience unique de tendresse.  Déjà, depuis des années, Jésus vivait une aventure merveilleuse de filiale affection, et cela éclatait maintenant comme un carillon dans son cœur :

« Tu es mon amour ; tu es mon Fils unique, je me complais en toi ». Ces mots sont déjà présents dans la Bible, bien sûr, mais il nous est bon de retrouver ces phrases que Jésus avait dû méditer, qu’il savourait depuis des années dans sa prière ou dans sa vie de chaque jour, dans sa petite maison, avec Marie et Joseph, au cours de son travail.

Et vous, les chrétiens, vous les baptisés, non pas seulement dans l’eau mais aussi dans « l’Esprit Saint », dans l’eau qui sortit du côté du Christ avec son sang lorsque le soldat Romain lui perça le cœur, avez-vous parfois fait cette expérience ? De vous sentir aimé et de répondre à cet amour ? … Quelque chose de fort et de doux qui remplit de paix et de bonheur, toutes vos minutes ?

« Je serai pour lui un père et il sera pour moi, un fils » (2e livre de Samuel). Le Seigneur m’a dit : « Tu es mon fils : aujourd’hui, je t’ai engendré » (Psaume 2e).   « Voici mon serviteur, mon élu, en qui je me complais » (Isaïe). « Jérusalem ! On t’appellera d’un nom nouveau. On ne dira plus  » l’abandonnée ‘’. On dira ‘’celle en qui je me complais”.

Les eaux du Jourdain, comme celles de notre baptême, sont les eaux de la naissance, celles de notre création, celles de notre déluge, celles de notre passage du péché à la grâce, celles de la Mer Rouge à la terre Promise : il en sort toujours des hommes nouveaux !

Oui, « les cieux se déchirent » pour nous aussi : comme le voile du temple au moment de la mort du Christ.  Cette déchirure est l’occasion pour chacun de découvrir le vrai visage du Seigneur.  AMEN




Fête du Baptême de Notre Seigneur – par le Diacre Jacques FOURNIER (Mt 3, 13-17)

« Jésus avec les pécheurs,

pour les pécheurs »

 

Alors paraît Jésus. Il était venu de Galilée jusqu’au Jourdain auprès de Jean, pour être baptisé par lui.
Jean voulait l’en empêcher et disait : « C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et c’est toi qui viens à moi ! »
Mais Jésus lui répondit : « Laisse faire pour le moment, car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice. » Alors Jean le laisse faire.
Dès que Jésus fut baptisé, il remonta de l’eau, et voici que les cieux s’ouvrirent : il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui.
Et des cieux, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. »

 


         Jean-Baptiste proposait « un baptême de repentir en vue de la rémission des péchés » (Mc 1,4). Par cette démarche, il invitait à se reconnaître pécheur, en vérité. Plus tard, il s’agira de faire de même en présence de Jésus. C’est ainsi que Jean Baptiste « préparait le chemin du Seigneur » (Jn 1,23), car c’est Lui et Lui seul qui offre, au Nom de son Père, le pardon des péchés et le Don de l’Esprit Saint qui lave, purifie, sanctifie, justifie (Lc 5,20 ; 1Co 6,11)…

            Jean-Baptiste est pécheur, comme tout le monde (Rm 3,9-26) et il le sait bien… Ce serait donc à lui d’aller en premier à Jésus pour confesser, à travers Lui : « Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne mérite plus d’être appelé ton fils »… Mais, surprise… « C’est moi » qui ai péché, « c’est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi », purifier par toi, « et c’est toi qui viens à moi » ! La démarche de Jésus est bien celle du Bon Pasteur qui prend l’initiative d’aller à la rencontre de toutes ses brebis perdues. Dieu veut notre Vie, notre Plénitude, notre vrai Bonheur plus que nous-mêmes. Il est le Vrai Ami de l’homme…

            De plus, « tu viens à moi » pour une démarche qui n’a d’autre but qu’un repentir sincère ! Mais Jésus est « l’Agneau sans tache », il n’a jamais péché ! Humilité de Jésus qui ne se préoccupe pas du tout de son image, de ce que l’on pourrait dire de lui en le voyant au milieu des pécheurs, mais qui ne poursuit qu’un seul but : le bien de ces hommes et de ces femmes blessés qu’il est venu sauver en leur montrant le Chemin qui conduit à la Vie… Et pour que ce but puisse être atteint, il n’hésitera pas à se donner tout entier sur une Croix, au milieu de deux pécheurs condamnés à mort par suite de leurs crimes…

            Dans les eaux du Jourdain, Jésus nous appelle tous à venir à sa suite.  Et quiconque lui offrira l’obéissance de sa foi, se retrouva avec Lui dans les eaux du baptême, tourné avec Lui de tout cœur vers le Père, recevant avec Lui ce qu’il reçoit du Père de toute éternité, ce Don de l’Esprit qui le constitue en Fils « né du Père avant tous les siècles, engendré non pas créé, de même nature que le Père » (Crédo). Et il entendra le Père lui dire à lui aussi : « Tu es mon Fils bien-aimé, en toi j’ai mis tout mon amour. » Mais « Dieu Est Amour » (1Jn 4,8.16) ! Autrement dit, j’ai mis en toi tout ce que Je Suis (Ex 3,14) ! Voilà donc notre vocation à tous : devenir par grâce ce que Dieu est par nature ! « Ainsi, Dieu nous a fait don des grandes richesses promises, et vous deviendrez participants de la nature divine, en fuyant la dégradation que le désir produit dans le monde » (2P 1,4).        DJF

 




Rencontre autour de l’Évangile – Fête du Baptême de Notre Seigneur

« Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé,

en Lui j’ai mis tout mon Amour »…

 

TA PAROLE SOUS NOS YEUX

Situons le texte et lisons  (Mt 3,13-17)

Jean-Baptiste a déjà commencé sa mission : préparer le chemin du Seigneur, inviter à la conversion. Celles et ceux qui acceptaient de se reconnaître pécheurs, de se repentir, « se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain en confessant leurs péchés » (Mt 3,6). Ce baptême, contrairement à celui que proposera Jésus, n’apportait pas encore la Plénitude de l’Esprit Saint. Il était juste une démarche de vérité où l’on reconnaissait sa condition de pécheur et son besoin d’être pardonné, lavé, purifié, sanctifié…

 

 Et soulignons les mots importants 

  • Mettons-nous à la place de quelqu’un qui vient de recevoir le baptême de Jean : en regardant la démarche de Jésus, que pourrait-il dire de lui ?

  • Quelle est la réaction de Jean-Baptiste ? Que dit-il en fait à Jésus, que reconnaît-il lui aussi ? Quelle est la réponse de Jésus ? A quelle attitude invite-t-il Jean-Baptiste ? « C’est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement ce qui est juste». « Ce qui est juste », aux yeux de qui ? Que signifie ici cette expression ? Et pourquoi Jésus agit-il ainsi ?

  • Que fait finalement Jean-Baptiste ? Mais remarquer le « nous» dans la parole de Jésus, un « nous» qui l’associe parfaitement à Jean-Baptiste dans l’accomplissement, ensemble, d’une seule et même œuvre. Mais, dans la bouche de Jésus ce « nous » peut aussi désigner quelqu’un d’autre, qui ? Si Jean Baptiste se réfère à Jésus, Jésus, lui, se réfère à qui ? Et quelle est alors l’attitude de Jésus à son égard ? Se souvenir de celle de Jean-Baptiste vis-à-vis de Jésus : conclusion ? Nous retrouvons ce principe à propos de Jésus en remarquant que « en toi j’ai mis tout mon amour » est une allusion à Is 42,1 où Dieu dit : « Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui j’ai mis toute ma joie. J’ai fait reposer sur lui mon Esprit » : en appliquant ce texte à Jésus, comment apparaît-il ?

  • « Dieu est Amour » dit St Jean (1Jn 4,8.16). En appliquant ce verset à Dieu le Père, en quoi la Parole dite ici à Jésus, son Fils, est-elle une illustration du Crédo, formule longue, que nous reprenons à la Messe ?

 

Pour l’animateur  

  • Quiconque assistant à la scène aurait conclu que Jésus, « l’Agneau sans reproche et sans tache » (1P 1,19), est un pécheur comme tout le monde.

  • Jean Baptiste s’oppose à cette démarche : il se reconnaît pécheur lui aussi, et il reconnaît en Jésus ce Sauveur, envoyé par le Père, qui lui témoignera Miséricorde et Compassion, sans le juger, lui apportant inlassablement le pardon de toutes ses fautes et la force nécessaire pour être « arraché aux ténèbres et transféré dans le Royaume » (Col 1,13-14).

            Jésus lui dit : « Laisse faire », obéis… St Paul parle souvent de « l’obéissance de la foi » (Rm 1,5 ; 6,16-17 ; 10,16 ; 15,18 ; 16,19.26). Mais attention, avec Dieu, nous sommes dans l’Amour, un Amour « qui ne cesse de nous suivre pour nous faire du bien, de tout son cœur, de toute son âme » (Jr 32,40-41). Lui obéir, c’est le laisser agir en nous pour qu’il puisse nous faire tout ce bien qu’il désire pour chacun d’entre nous : que nous vivions de la Plénitude de sa Vie (Jn 10,10), de sa Paix (Jn 14,27), de sa Joie (Jn 15,11). Voilà « ce qui est juste » aux yeux de Dieu, ce qui est conforme à sa volonté, « lui qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à connaissance de la Vérité » (1Tm 2,3-6), la Vérité de l’Amour ! Et lui obéir sera en même temps essayer, avec sa grâce, de lui faire plaisir en vivant comme il aimerait que nous vivions… « Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent » (Ps 85(84),11).

            Jésus reçoit ce baptême pour nous montrer le chemin (Jn 14,6), pour nous donner l’exemple… Il fait en premier ce qu’il nous invite à faire, pour notre seul bien… Si nous acceptons de le suivre dans les eaux du baptême (cf. Mt 28,18-20), lavés, pardonnés, purifiés, nous entendrons le Père nous dire, à nous aussi : « Tu es mon enfant bien-aimé, en toi j’ai mis tout mon amour » (cf. Jn 1,12-13)…

  • Jean Baptiste obéit à Jésus, et Jésus, Lui, obéit au Père. Il est le Serviteur du Père ! Aimer l’autre, c’est tenir compte de lui et chercher sa joie. C’est ainsi que la vie chrétienne est essentiellement obéissance…

  • « Dieu est Amour », le Père est Amour, et « en toi j’ai mis tout mon amour » dit-il ici à Jésus. En toi, j’ai mis tout ce que Je Suis. « Le Père aime le Fils et il a tout donné en sa main… tout ce qu’a le Père est à moi »

(Jn 3,35 ; 16,15). Le Père est Dieu ? Le Père est Lumière ? Voilà ce que, de toute éternité, il donne au Fils, l’engendrant ainsi, « avant tous les siècles, en Dieu né de Dieu, Lumière né de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu » (Crédo). Et nous sommes tous invités, par notre foi au Fils, notre obéissance au Fils, à « recevoir » nous aussi ce que le Fils reçoit du Père de toute éternité ! « Comme le Père en effet a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir aussi la vie en lui-même. Or, je suis venu pour qu’on ait la vie, et qu’on l’ait en surabondance. Oui, telle est la volonté de mon Père, que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 5,26 ; 10,10 ; 6,40).

 

TA PAROLE DANS NOS CŒURS

Jésus se moque du « quand dira-t-on » : volontairement, par amour, il va à la rencontre des pécheurs, et adopte, au milieu d’eux, l’attitude qu’il aimerait que nous ayons tous : cette démarche de vérité où nous osons nous reconnaître tels que nous sommes, avec toutes nos blessures, limites, mauvaises volontés parfois… Et de Dieu nous n’aurons qu’une réponse : « Tu es mon fils, ma fille, bien aimé(e) ; en toi je mets mon Amour », mon Esprit. Il sera Lumière dans ta nuit, Paix dans tes combats, Force dans ta faiblesse… En t’appuyant sur lui, en comptant sur lui, tu pourras être ce que je veux que tu sois : un fils, une fille, vivant pleinement de ma Vie…

TA PAROLE DANS NOS MAINS

La Parole aujourd’hui dans notre vie 

Acceptons-nous de faire vraiment la vérité dans notre vie ? Vivons-nous régulièrement le sacrement de la réconciliation, dans la vérité de la relation à un autre que nous-mêmes ?

  • Jésus va à la rencontre des pécheurs, ne cherchant que leur bien. Et nous, quelle est notre réaction : juger, rejeter, exclure, condamner ?

 

 

ENSEMBLE PRIONS 

Seigneur Jésus, en quittant cette terre, tu as fait de nous tes témoins. Renouvelle en nous la grâce de notre baptême pour que, soutenus par la Force de l’Esprit Saint, nous puissions porter ton Evangile aux Nations. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.

 

 

Pour lire ou imprimer le document en PDF cliquer ici : 

Baptême du Seigneur – A

 




Solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu – par le Diacre Jacques FOURNIER (Lc 2, 16-21)

Marie, Mère du Sauveur (Lc 2,16-21)

(Mercredi 1° janvier)

En ce temps-là, les bergers se hâtèrent d’aller à Bethléem, et ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire.
Après avoir vu, ils racontèrent ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant.
Et tous ceux qui entendirent s’étonnaient de ce que leur racontaient les bergers.
Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur.
Les bergers repartirent ; ils glorifiaient et louaient Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été annoncé.
Quand fut arrivé le huitième jour, celui de la circoncision, l’enfant reçut le nom de Jésus, le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception.


           Un peu plus de neuf mois se sont écoulés depuis la visite de l’Ange à Marie, chez ses parents, à Nazareth… « Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus », un nom qui, en araméen, signifie « Dieu sauve »… Cette rencontre fut, pour Marie, un moment intense de Lumière et de Joie. Elle s’en souviendra avec sa cousine Elisabeth en disant : « Mon esprit a tressailli de joie en Dieu mon Sauveur ». Et elle le louera, car il lui a été donné de percevoir « Qui » Il Est : « Miséricorde Toute Puissante » (Lc 1,46-55)…

            Mais maintenant, cet instant de Lumière est fini, et Marie chemine comme nous tous, « dans la foi et non dans la claire vision » (2Co 5,7)… En toute liberté, elle a dit « Oui ! » à l’Ange et Dieu a commencé son œuvre… Avec elle et par elle, le Fils, présent au monde depuis qu’il existe, est entré dans l’histoire en vrai homme, et Marie, fidèle servante du Seigneur, a obéi aux Paroles transmises par l’Ange et l’a appelé « Jésus », « Dieu sauve »… Maintenant, son cœur est brûlé d’attention, ses yeux sont tournés vers ce Mystère de Salut qui, pas à pas, s’accomplira avec son enfant et par lui. Mais elle le découvrira au fur et à mesure qu’elle le vivra. Et l’aventure tout commence tout de suite avec les bergers…

            Voici donc des bergers qui viennent la visiter. Les Pharisiens les méprisaient car ils les considéraient comme des voleurs. Ils disent avoir vu eux aussi un Ange qui leur a dit : « Voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le Peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur »… Cette fois, Marie n’a rien vu, rien entendu, mais elle se souvient de la joie qu’elle a vécue elle aussi en accueillant l’Ange, et de ce nom qu’il fallait donner à l’enfant à naître : « Jésus, Dieu sauve »… Alors, « elle médite dans son cœur »… Littéralement, elle « met ensemble tous ces éléments » : déjà, alors même que son Fils vient de naître, et qu’il n’est encore qu’un tout petit bébé dans ses bras, des bergers viennent à lui et commencent à vivre en leur cœur la lumière et joie du salut. Oui, vraiment, Dieu le Père est déjà à l’œuvre avec et par son Fils, pour sauver tous les hommes qu’il aime. Plus tard, Jésus dira : « Nul ne peut venir à moi si mon Père qui l’a envoyé ne l’attire » (Jn 6,44). Et lorsque Pierre lui dira : « Tu es le Christ », le Messie, le Sauveur, Jésus lui répondra : « Bienheureux es-tu Pierre, car cette révélation ne t’est pas venue de la chair et du sang mais de mon Père qui est dans les Cieux » (Mt 16,17). Et « c’est bien la volonté de mon Père que quiconque », Pierre, les bergers, « voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle » (Jn 6,40). Il aura suffi aux bergers de voir ce petit bébé qui ne pouvait encore que gazouiller, de lui ouvrir leur cœur, et la joie du salut les inondait… Joie des bergers, joie de Marie qui constate déjà à quel point son Fils est « le Sauveur du monde »…                          DJF




L’Epiphanie du Seigneur – par Francis COUSIN (St Matthieu 2, 1-12)

 « Nous avons vu son étoile à l’orient. »

 

Ils viennent de loin, ces mages ! On ne sait pas exactement d’où, on ne sait pas non plus combien ils sont, ni leurs noms !  La tradition veut qu’ils étaient trois, et qu’ils venaient de trois régions différentes : l’Europe, l’Asie et l’Afrique (ce qui semble en contradiction avec l’évangile qui suggère des personnes qui travaillaient ensemble en un même lieu).

Pourquoi viennent-ils à Jérusalem ? Pour venir se prosterner devant « le roi des Juifs qui vient de naître », et ils l’ont su parce qu’ils ont « vu son étoile à l’orient ».

Mais voilà que l’étoile disparait à leurs yeux.

Alors, bien sûr, ils arrivent à Jérusalem, dans la capitale des Juifs, et se présentent au palais du roi Hérode !

Un roi, habituellement, cela habite dans un palais ! Logique !

Mais la logique de Dieu n’est pas celle des hommes ! « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, – oracle du Seigneur. » (Is 55,8).

Et quand ils se renseignent au palais d’Hérode, c’est le branle-bas de combat : on s’affole. Pour plusieurs raisons : pour Hérode, c’est un futur opposant qui risque de mettre à mal sa situation et qu’il faut éliminer le plus vite possible ; pour les grands prêtres et les scribes, c’est comme une insulte : eux qui connaissent tout (ou qui pense connaître tout) de la foi juive, apprennent une nouvelle de la part de personnes qui ne connaissent rien de la foi juive …

Finalement, les scribes trouvent la réponse : « c’est à Bethléem, en Judée ».

Et Hérode trouve un stratagème pour pouvoir éliminer son ’’opposant’’ : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. ».

Mais en sortant du palais : surprise ! L’étoile qui avait disparue est revenue et elle guide les mages vers Jésus. La lumière de Dieu guide les mages vers celui qui est « la vraie lumière » (Jn 1,9), « La lumière [qui] brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. » (Jn 1,5), vers celui qui dira un peu plus tard : « Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie. » (Jn 8,12)

La lumière qui brille pour les mages, mais pas pour les juifs, mettant déjà en œuvre la prophétie du sage Syméon : « lumière qui se révèle aux nations » (Lc 2,32).

Et cette lumière remplit les mages « d’une très grande joie ».

Cette joie des mages doit aussi être la nôtre, car nous aussi nous avons vu et connu Jésus, « lumière né de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu … de même nature que le Père », lumière qui, dans la suite des temps, est arrivée jusqu’à nous par la révélation aux nations.

Mais on doit aussi se poser la question : « Pourquoi les mages se sont-ils mis en route, avec autant de persévérance, pour trouver ce petit roi et lui offrir leurs présents ? ». Il y avait de leur part un désir profond d’honorer le « roi des juifs », de se « prosterner devant lui. » ; une passion de la rencontre pour ces hommes qui a priori ne portaient pas en eux l’espérance d’un Messie annoncé par les prophètes.

Et dans cet évangile, le moins que l’on puisse dire est que les mages sont les seuls à être animés de ce désir de la rencontre avec Jésus, avec le Messie.

En face, que voit-on ?

Hérode, qui n’a aucun désir de rencontrer Jésus, ou plutôt qui n’a qu’un désir : l’éliminer. Un désir on ne peut plus mortifère. Rien de positif dans son attitude.

Les grands prêtres et les scribes, eux, sont tranquillement installés dans leurs connaissances et leur suffisance : ils savent que le Messie doit venir, à Bethléem, mais c’est comme la pluie sur la feuille songe : cela ne les émeut pas qu’on leur dise qu’il est né. Ils n’ont, contrairement aux mages, aucune envie de se déplacer de Jérusalem à Bethléem (environ une dizaine de kilomètres ! ). Ils sont dans le non-désir, le non-déplacement, aussi bien physique qu’intellectuel, spirituel ou moral …

Alors nous : Avons-nous un désir profond, comme les mages, d’honorer Jésus et de lui apporter nos humbles cadeaux …

Ou bien sommes-nous dans le non-désir de la rencontre avec Jésus ?

Attention : D’une vraie rencontre, qui nous touche totalement, qui nous amène à une conversion, qui fait qu’après cette rencontre, on ne peut plus vivre comme avant, on ne peut plus prendre les mêmes chemins qu’on avait l’habitude de prendre … comme l’on fait les mages …

C’est la vraie question que nous pose cet évangile !

Et elle nous demande une vraie réflexion !

Seigneur Jésus,

c’est un long voyage que firent les mages

pour se prosterner devant toi.

Et tout le monde en parle.

Mais on oublie souvent de se poser la question :

« Est-ce que, moi aussi,

 je viens me prosterner devant toi ?

Pour t’adorer, te remercier d’être venu

pour nous donner la Vie Éternelle ? »

 

Francis Cousin

  

 Pour accéder à la prière illustrée, cliquer sur le titre suivant :

Image dim Epiphanie A