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« L’entrée solennelle à Jérusalem. »
Peut-être est-ce la seule fois dans sa vie publique que Jésus utilise les prophéties qui l’annonçaient avec un tel décorum, en ayant recours à des accessoires, ici un âne jamais monté !
Il fait en cela référence au prophète Zacharie : « Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient à toi : il est juste et victorieux, pauvre et monté sur un âne, un ânon, le petit d’une ânesse. » (Za 9,9)
Jésus avait envoyé deux de ses disciples à un prochain village pour en amener un âne, donnant toutes les indications précises pour le trouver. Faisant cela, il montrait qu’il savait parfaitement ce qui allait se passer, pas seulement pour l’âne, mais aussi pour toute la semaine suivante !
Une fois l’âne amené, on le couvre de manteaux et Jésus monte dessus, puis on part en procession vers Jérusalem en mettant des manteaux sous les pas de l’âne et en agitant des feuillages … Et tout le monde chante : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le Règne qui vient, celui de David, notre père. Hosanna au plus haut des cieux ! », comme lors de la fête de la purification du Temple de Jérusalem.
Tous acclament Jésus comme le Messie annoncé, celui qu’ils attendaient …
Grande joie de tous !
Pourtant, seulement cinq jours après, c’est aussi une foule, peut-être pas tout à fait les mêmes personnes … qui va crier : « Crucifie-le ! »
Comment en est-on arrivé à un tel revirement ?
Il est dû principalement aux grands-prêtres, aux anciens et aux scribes : tous des personnes ayant étudié les écritures, des hommes cultivés, des savants, … qui connaissaient Dieu par l’intermédiaire de la Loi de Moïse … mais que ne s’en tenaient qu’à la Loi, au respect de la Loi, mais qui avaient perdu, pour la plupart d’entre eux, la relation personnelle avec Dieu.
Ce sont eux qui ont envoyé Jésus à Pilate, pour trahison, pour qu’il soit condamné par les Romains, parce qu’ils ne voyaient qu’une issue possible dans leur relation avec Jésus : la peine de mort. Mais seuls les Romains avait ce pouvoir légal de condamner à mort une personne.
Et puis il y avait la foule, des gens aux idées diverses, mais qui, comme c’est souvent le cas, se rallient à l’opinion des plus forts, de ceux qui crient le plus fort …
Il y avait ceux qui avaient accueilli Jésus comme un roi qui allait prendre le pouvoir politique et chasser les Romains de la Palestine, mais qui, le voyant humilié et abattu, ne pouvaient plus le concevoir ainsi …
Il y avait ceux qui ne comprenaient pas les paroles de Jésus, qui les trouvaient trop difficiles à suivre : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? » (Jn 6,60) …
Il y avait ceux qui ne savent pas … ni pour, ni contre … et qui crient avec les plus forts …
Il y avait ceux qui croyaient en Jésus, mais qui, devant le déchainement de haine contre Jésus, se taisaient par peur d’un mauvais coup …
Et Jésus fut condamné à mort …
Et si nous, nous avions été là, ce jour-là, dans quel groupe aurions-nous été ?
Quel est notre image de Jésus ? notre image de Dieu ?
Celle d’un Dieu tout-puissant qui commande et auquel on obéit ?
Celle d’un Dieu lointain qui nous observe et nous punit si on fait des fautes ?
Celle d’un Dieu philosophe qui a dit de belles choses par Jésus ?
Celle d’un Dieu qui nous aime et qui est toujours près de nous, à qui on peut se confier ?
Sans doute un peu de tout cela, selon les circonstances … avec peut-être quand même une préférence pour un Dieu qui nous aime …
Mais est-ce que cela se traduit dans notre vie quotidienne ?
Il ne suffit pas d’être aimé … il faut aussi aimer … en retour … et aussi les autres personnes de cette terre …
Et cela, ce n’est pas Dieu qui va le faire … ou plutôt nous le faire faire …
Cela ne dépend que de nous …
Si nous voulons nous rapprocher de Dieu, si nous voulons suivre l’Évangile de Jésus, c’est à nous d’agir …
Dieu nous donne les graines … À nous de les semer ! …
Seigneur Jésus,
tu es acclamé comme le roi messianique,
et quelques jours après
on te condamne à la crucifixion.
Liesse et haine se suivent et s’entremêlent …
Comme notre relation à toi.
Aides-nous à toujours t’aimer,
et les autres aussi !
Francis Cousin
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