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Dimanche de Pâques (Mc 16, 1-7) – Francis Cousin

« Qui nous roulera la pierre ? »

Question que l’on comprend bien : trois femmes qui s’en vont seules au tombeau fermé par une grosse pierre … elles n’ont pas assez de forces …

Mais elles vont quand même au tombeau …

Elles auraient pu demander de l’aide à quelques disciples masculins de venir avec elles !

Elles ont préféré y aller seules, peut-être parce qu’elles s’étaient trouvées seules, entre femmes, au pied de la croix, … sauf Jean, un grand adolescent, mais pas encore bien fort.

Elles avancent vers le tombeau, avec les aromates … et avec leur questionnement : « Qui nous roulera la pierre ? »

Elles se sont donné une mission : embaumer le corps de Jésus pour son ’’dernier voyage’’ …

Elles avancent, le front baissé, toutes à leurs pensées …

Peut-être en pleurant, les yeux brouillés …

En arrivant près du tombeau, elles ’’lèvent les yeux’’, d’un verbe qu’on peut aussi traduite par ’’retrouver la vue’’.

Elles lèvent les yeux, se redressant, redeviennent des femmes debout.

Elles voient maintenant clair … mais sans comprendre …

La pierre est roulée, le tombeau ouvert …

Elles y entrent …

Et là, pas de Jésus … mais un jeune homme, vêtu de blanc (symbole de pureté et de salut, symbole d’éternité) les attend …

Frayeur … Panique …

Comme à chaque fois que quelqu’un vient du ciel, il commence par dire : « Ne soyez pas effrayées, n’ayez pas peur ! ».

Faire retomber l’adrénaline … On ne pense pas bien, voire on ne peut pas penser quand on est dans une peur panique … On ne peut même pas écouter …

« Vous cherchez Jésus … Il est ressuscité ! »

On ne sait pas comment les femmes ont compris cette annonce, quelle a été leur réaction … Sans doute de la stupeur, un moment d’incompréhension … et puis la joie …

Heureusement que, par trois fois, Jésus avait annoncé sa résurrection, pour qu’elles comprennent ce qu’on leur disait !

Nous aussi, nous sommes souvent comme ces femmes …

Nous nous posons des questions, et pas seulement sur la foi …

Nous avançons, tête baissée, l’esprit obscurci par nos problèmes … et on se dit : « Jamais je n’y arriverai ! ».

On est tenté de baisser les bras, de tout arrêter, d’abandonner …

« Qui nous roulera la pierre ? »

Elles ont du se le répéter depuis le départ …

Mais elles ont continué … jusqu’au tombeau … et la pierre était roulée !

Si nos pensées sont bonnes, si notre objectif est bon, pour les autres, au service des autres, il ne faut pas hésiter.

Il faut se poser les problèmes, mais sans peur … et continuer à avancer … et les présenter à Dieu.

« Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. » (Jn 15,7)

Seigneur Jésus,

il fallait bien que l’on sache

que tu n’étais plus dans le tombeau,

que tu étais ressuscité,

alors tu as fait ce qu’il fallait

pour que le tombeau soit ouvert

et que les femmes le voient vide.

Ayons foi en nos rêves pour les autres,

 car tu les réaliseras avec nous.

Francis Cousin      

 

 

 

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Image dim Pâques B 1°




Audience Générale du Mercredi 24 Mars 2021

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 24 Mars 2021


Catéchèse – 27. Prier en communion avec Marie

Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui, la catéchèse est consacrée à la prière en communion avec Marie, et elle a lieu précisément à la veille de la solennité de l’Annonciation. Nous savons que la voie maîtresse de la prière chrétienne est l’humanité de Jésus. En effet, la confiance typique de la prière chrétienne serait privée de signification si le Verbe ne s’était pas incarné, en nous donnant dans l’Esprit sa relation filiale avec le Père. Nous avons entendu parler, dans la lecture, de ce rassemblement de disciples, les femmes pieuses et Marie, qui prient après l’Ascension de Jésus: c’est la première communauté chrétienne qui attendait le don de Jésus, la promesse de Jésus.

Le Christ est le Médiateur, le pont que nous traversons pour nous adresser au Père (cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 2674). Il est l’unique Rédempteur : il n’y a pas de co-rédempteurs avec le Christ. Il est le Médiateur par excellence, il est le Médiateur. Chaque prière que nous élevons à Dieu est pour le Christ, avec le Christ et dans le Christ et elle se réalise grâce à son intercession. L’Esprit Saint étend la médiation du Christ à chaque époque et en chaque lieu: il n’y a pas d’autre nom par lequel nous puissions être sauvés (cf. Ac 4,12). Jésus Christ : l’unique Médiateur entre Dieu et les hommes.

C’est de l’unique médiation du Christ que prennent leur sens et leur valeur les autres références que le chrétien trouve pour sa prière et sa dévotion, la première de toutes étant celle à la Vierge Marie, la Mère de Jésus.

Elle occupe une place privilégiée dans la vie et donc également dans la prière du chrétien, parce qu’elle est la Mère de Jésus. Les Eglises d’Orient l’ont souvent représentée comme l’Odigitria, celle qui “indique la voie”, c’est-à-dire son Fils Jésus Christ. Il me vient à l’esprit cette belle peinture antique de l’Odigitria dans la cathédrale de Bari, simple : la Vierge qui montre Jésus, nu. Ensuite, on lui a mis une tunique pour couvrir cette nudité, mais la vérité est que Jésus est représenté nu, pour indiquer que lui, homme né de Marie, est le Médiateur. Et elle indique le Médiateur: elle est l’Odigitria. Dans l’iconographie chrétienne elle est partout présente, parfois même avec un grand relief, mais toujours en relation avec son Fils et en fonction de Lui. Ses mains, ses yeux, son attitude sont un “catéchisme” vivant et ils signalent toujours le pivot, le centre: Jésus. Marie est totalement tournée vers Lui (cf. CEC, n. 2674). Nous pouvons dire alors qu’elle est plus disciple que Mère. Cette indication, aux noces de Cana: Marie dit: «Faites ce qu’Il vous dira». Elle indique toujours le Christ; elle en est la première disciple.

Tel est le rôle que Marie a joué pendant toute sa vie terrestre et qu’elle conserve pour toujours: être l’humble servante du Seigneur, rien de plus. A un certain moment, dans les Evangiles, elle semble presque disparaître; mais elle revient dans les moments cruciaux, comme à Cana, quand son Fils, grâce à son intervention prévenante, accomplit le premier “signe” (cf.  Jn 2,1-12), et ensuite sur le Golgotha, au pied de la Croix.

Jésus a étendu la maternité de Marie à toute l’Eglise quand il lui a confié le disciple bien-aimé, peu avant de mourir sur la croix. A partir de ce moment-là, nous avons tous été placés sous son manteau, comme on le voit dans certaines fresques ou tableaux médiévaux. Même dans la première antienne latine – Sub tuum praesidium confugimus, sancta Dei Genitrix: la Vierge, comme Mère à laquelle Jésus nous a confiés, nous enveloppe tous; mais comme Mère, pas comme déesse, pas comme co-rédemptrice: comme Mère. Il est vrai que la piété chrétienne lui donne toujours de beaux titres, comme un fils à sa mère: que de belles choses dit un fils à sa mère qu’il aime! Mais faisons attention: les belles choses que l’Eglise et les saints disent de Marie n’ôtent rien à l’unicité rédemptrice du Christ. Il est l’unique Rédempteur. Ce sont des expressions d’amour comme celles d’un fils à sa mère – parfois exagérées. Mais l’amour, nous le savons, nous fait toujours faire des choses exagérées, mais avec amour.

Nous avons ainsi commencé à la prier en lui adressant certaines expressions, présentes dans les Evangiles: “pleine de grâce”, “bénie entre toutes les femmes ” (cf. CEC, n. 2676s.). Dans la prière de l’Ave Maria est également rapidement apparu le titre “Theotokos”, “Mère de Dieu ”, énoncé par le Concile d’Ephèse. Et de la même manière que dans le Notre Père, après la louange, nous ajoutons la supplique: nous demandons à la Mère de prier pour nous pécheurs, pour qu’elle intercède avec sa tendresse, “maintenant et à l’heure de notre mort ”. Maintenant, dans les situations concrètes de la vie, et au moment final, pour qu’elle nous accompagne – comme Mère, comme première disciple – dans le passage à la vie éternelle.

Marie est toujours présente au chevet de ses enfants qui quittent ce monde. Si quelqu’un se retrouve seul et abandonné, elle est Mère, elle est là tout proche, comme elle était aux côtés de son Fils quand tous l’avaient abandonné.

Marie a été et est présente pendant les jours de la pandémie, auprès des personnes qui ont malheureusement conclu leur chemin terrestre dans une situation d’isolement, sans le réconfort de la proximité de leurs proches. Marie est toujours là, à nos côtés, avec sa tendresse maternelle.

Les prières qui lui sont adressées ne sont pas vaines. Femme du “oui”, qui a promptement accueilli l’invitation de l’Ange, elle répond aussi à nos suppliques, elle écoute nos voix, également celles qui restent enfermées dans notre cœur, qui n’ont pas la force de sortir, mais que Dieu connaît mieux que nous-mêmes. Elle les écoute comme une Mère. Comme toute bonne mère et même davantage, Marie nous défend des dangers, elle se préoccupe pour nous, même quand nous sommes pris par nos occupations et que nous perdons le sens du chemin, mettant en danger non seulement notre santé, mais notre salut. Marie est là, qui prie pour nous, qui prie pour ceux qui ne prient pas. Elle prie avec nous. Pourquoi ? Parce qu’elle est notre Mère.


Je suis heureux de saluer les personnes de langue française ! À la veille de la solennité de l’Annonciation, prions avec foi, afin qu’au milieu de nos angoisses et de nos difficultés en ce moment de crise, nous ne nous sentions pas abandonnés, mais soutenus, réconfortés et accompagnés par Marie, notre Mère.

A tous, ma bénédiction !





Dimanche des Rameaux et de la Passion – par Claude WON FAH HIN

Marc 14 1—15 47 : la Passion du Christ

La fête des Rameaux, c’est l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. Jn 12,12-13 : « 12 … la foule nombreuse venue pour la fête apprit que Jésus venait à Jérusalem; 13 ils prirent les rameaux des palmiers et sortirent à sa rencontre et ils criaient : Hosanna!  Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur et le roi d’Israël!  14 Jésus, trouvant un petit âne, s’assit dessus selon qu’il est écrit : 15 Sois sans crainte, fille de Sion : voici que ton roi vient, monté sur un petit d’ânesse ». Des détails montrent que Jésus est reçu comme un roi : d’abord les rameaux, c’est le « style des entrées triomphales de souverains ; puis l’exclamation « béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël! » ; et puis le fait que Jésus monte un ânon, se référant ainsi à ce que disait le prophète Zacharie (9,9) : « voici ton roi qui vient, il est monté sur le petit d’une ânesse » ; enfin le cri « Hosanna » employé par les prêtres de l’époque pour bénir les chefs de cortège montant au Temple, et qui signifie « donne le salut », « sauve ». C’est la fête des Rameaux où l’on accueille triomphalement un roi. Mais Jésus n’est pas un roi comme tous les rois qui généralement abusent de leur pouvoir. Il donne ces recommandations à ses Apôtres en Mc 10,42-45 : « … Vous savez que ceux qu’on regarde comme les chefs des nations dominent sur elles en maîtres et que les grands leur font sentir leur pouvoir. 43 Il ne doit pas en être ainsi parmi vous : au contraire, celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, 44 et celui qui voudra être le premier parmi vous, sera l’esclave de tous. 45 Aussi bien, le Fils de l’homme lui-même n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude ».

Et dans la longue lecture de la Passion d’aujourd’hui, Jésus met en pratique ces recommandations : il donne sa vie pour le salut du monde. – Nous allons parler du Triduum Pascal, de cet espace de trois jours qui commence le jeudi et se termine dimanche. Pour ceux qui se creusent encore la tête en cherchant les trois jours alors qu’ils en comptent quatre, les jours se comptent de la manière suivante : le 1er jour va du jeudi soir après le crépuscule jusqu’à vendredi soir, le 2ème jour va du vendredi soir au samedi soir et le 3ème du samedi soir à dimanche soir. Voilà donc Jésus qui arrive à Jérusalem pour fêter la Pâque juive qui commémore la sortie d’Egypte. A l’époque, les Israélites devaient sacrifier un animal pour ensuite mettre du sang sur le linteau de leur maison. Et au milieu de la nuit, un Exterminateur passait et frappait tous les premiers-nés mâles des maisons qui n’avaient pas de sang sur le linteau et les deux montants de leur porte, tandis que Dieu protégeait les maisons marquées de sang. Ex 12,13 : « Le sang sera pour vous un signe sur les maisons où vous vous tenez. En voyant ce signe, je passerai outre et vous échapperez au fléau destructeur lorsque je frapperai le pays d’Égypte ». La Pâque signifie « passer » ou encore « passer outre », et au moment de notre mort, nous allons passer de la vie terrestre à la vie divine, et Dieu, parce qu’Il est Amour, dans sa grande miséricorde envers les pécheurs, Il pourra « passer outre nos péchés quand l’heure sera venue » pour nous accueillir dans son Royaume, à l’exemple du « bon larron ». « La miséricorde divine est l’acte de Dieu qui se penche sur la misère du pécheur pour le recréer dans le Christ et le conduire au salut ». Ce ne sont pas par nos œuvres que nous pouvons accéder au Royaume de Dieu, mais bien par sa grâce miséricordieuse. Pour faire un parallèle avec la Pâque juive de l’Exode 12, à la messe, au moment de la communion, nous recevons l’hostie, comme nous pourrions avoir également le sang du Christ. Nous sommes en quelque sorte marqués du sang l’Agneau de Dieu, et Dieu passe outre nos péchés. Chaque messe, c’est Pâque. Le Catéchisme de l’Eglise Catholique nous dit que (CEC 1393) « la communion nous sépare du péché.

Le Corps du Christ que nous recevons dans la communion est  » livré pour nous « , et le Sang que nous buvons, est  » versé pour la multitude en rémission des péchés. C’est pourquoi l’Eucharistie ne peut pas nous unir au Christ sans nous purifier en même temps des péchés commis et nous préserver des péchés futurs ». Autrement dit, l’Eucharistie nous purifie du péché, en tout cas, au moins des péchés véniels (CEC 1394). Mais le mystère de Dieu est plus grand que ce que nous connaissons de Lui. Il peut de Lui-même pardonner les péchés qu’il veut, même les péchés mortels. Ainsi en est-il de Judas ou du bon larron qui n’ont pas commis que des péchés véniels. Juste avant la Cène, Jésus connaissait les intentions de Juda quant à sa trahison, et pourtant, il ne l’a pas exclu du groupe des Apôtres. N’importe qui l’aurait fait, mais pas Jésus. Bien au contraire, Judas a reçu le corps et le sang du Christ, exactement comme les autres apôtres, lui rendant ainsi sa dignité d’apôtre. Voici ce que nous dit les évangiles. Mt 26,20 : « Le soir venu, Jésus était à table avec les Douze ». Et Jésus dit : l’un de vous va me livrer, un qui mange avec moi (Mc 14,18). Au moment de la Cène, institution de l’Eucharistie, Jésus prit du pain, le bénit, le rompit et le leur donna en disant « Prenez, ceci est mon corps ». Et là, tous les apôtres reçoivent ce corps du Christ, y compris Judas, qui pèche déjà spirituellement puisqu’il va le trahir. Jésus prit ensuite une coupe, le rendit grâce, la leur donna et ils en burent tous », y compris Judas. Jésus ne rejette pas Judas. Bien plus, en disant « faites cela en mémoire de moi » (Lc 22,19), Jésus consacre ses Apôtres comme prêtres, car il n’y a que les prêtres qui peuvent présider l’Eucharistie en mémoire de la Pâque du Christ. Ainsi, Judas n’a pas été banni pas Jésus. De même pour nous tous, Jésus, loin de nous rejeter à cause de nos péchés, souvent pire que ceux commis par Judas, se sacrifie pour l’humanité entière. Cela montre tout l’amour du Christ pour nous, les pécheurs, tout comme il l’a fait pour Judas. En donnant son corps et son sang à Judas, il le recrée d’une certaine manière dans une vie nouvelle, tout comme nous-mêmes, nous sommes rachetés par le sang du Christ, nous revivons d’une manière nouvelle en Jésus Christ. Pardonner, ce n’est pas seulement dire « je te pardonne », encore faut-il réhabiliter celui qu’on pardonne. Une fois pardonnés et réhabilités, reste à savoir, comme pour Judas, si nous voulons continuer ou non à suivre Jésus. – L’expression « faites cela en mémoire de moi » se traduit dans les faits par la messe. Chaque eucharistie est un mémorial. Et un mémorial, ce n’est pas un simple souvenir du Christ mort et ressuscité. Au moment de la consécration, le sacrifice du Christ qui a eu lieu il y a deux mille ans s’actualise en pleine messe, mais c’est un sacrifice sacramentel et non sanglant. Jean-Paul II insiste sur la dimension actuelle et sacrificielle de l’Eucharistie. Il précise que c’est à la messe que nous recueillons les fruits du sacrifice unique du Christ. Rappelons que le sacrifice du Christ fait il y a deux mille et le sacrifice sacramentel qu’on a à chaque messe, c’est le même et unique sacrifice. Précisons aussi que lorsque Jésus dit « prenez, mangez, ceci est mon corps », ce n’est pas la chair du Christ que nous mangeons, mais c’est la personne même du Christ que nous recevons pour faire Un avec Lui.

Boire le vin, sang du Christ – le sang étant la vie – c’est recevoir la vie offerte par le Christ ressuscité dans la gloire de Dieu. En recevant le pain et le vin, corps et sang du Christ, nous recevons la personne même du Christ qui nous donne la vie, la vie   éternelle. C’est pour cela qu’il faut communier le plus souvent possible, à condition bien sûr de remplir les conditions définies par l’Eglise pour recevoir le corps du Christ. Et voici ce que nous dit Saint Anselme : » Si nous annonçons la mort du Seigneur (au moment du mémorial du sacrifice unique du Christ à la messe), nous annonçons (aussi) la rémission des péchés (puisque le Christ est mort pour nous libérer du péché). Si, chaque fois que son Sang est répandu, il est répandu pour la rémission des péchés, (alors) je dois toujours le recevoir, pour que toujours il remette mes péchés. Moi qui pèche toujours, je dois avoir toujours un remède (S. Ambroise, sacr. 4, 28 : PL 16, 446A). Saint Augustin nous dit la même chose : « Vous péchez tous les jours, eh bien communiez tous les jours ». N’oublions pas que participer à la messe, c’est aussi participer au salut du monde par nos prières universelles et par nos offrandes : on offre sa famille, les malades, les pécheurs du monde, les pandémies, les pauvres du monde, ceux qui n’ont pas à manger ou à boire, les SDF etc… « L’histoire du salut est l’œuvre de la miséricorde divine » (Thérèse d’Avila). Finalement, Dieu n’est qu’Amour et Miséricorde. On peut toujours essayer de méditer sur cette hostie, Dieu transcendant, que nous recevons dans la main, main du pécheur que nous sommes. Prions Marie, pour qu’elle nous fasse comprendre cette miséricorde de Dieu.




Dimanche des Rameaux et de la Passion (Mc 10, 1-10) – Francis Cousin

« L’entrée solennelle à Jérusalem. »

Peut-être est-ce la seule fois dans sa vie publique que Jésus utilise les prophéties qui l’annonçaient avec un tel décorum, en ayant recours à des accessoires, ici un âne jamais monté !

Il fait en cela référence au prophète Zacharie : « Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient à toi : il est juste et victorieux, pauvre et monté sur un âne, un ânon, le petit d’une ânesse. » (Za 9,9)

Jésus avait envoyé deux de ses disciples à un prochain village pour en amener un âne, donnant toutes les indications précises pour le trouver. Faisant cela, il montrait qu’il savait parfaitement ce qui allait se passer, pas seulement pour l’âne, mais aussi pour toute la semaine suivante !

Une fois l’âne amené, on le couvre de manteaux et Jésus monte dessus, puis on part en procession vers Jérusalem en mettant des manteaux sous les pas de l’âne et en agitant des feuillages … Et tout le monde chante : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le Règne qui vient, celui de David, notre père. Hosanna au plus haut des cieux ! », comme lors de la fête de la purification du Temple de Jérusalem.

Tous acclament Jésus comme le Messie annoncé, celui qu’ils attendaient …

Grande joie de tous !

Pourtant, seulement cinq jours après, c’est aussi une foule, peut-être pas tout à fait les mêmes personnes … qui va crier : « Crucifie-le ! »

Comment en est-on arrivé à un tel revirement ?

Il est dû principalement aux grands-prêtres, aux anciens et aux scribes : tous des personnes ayant étudié les écritures, des hommes cultivés, des savants, … qui connaissaient Dieu par l’intermédiaire de la Loi de Moïse … mais que ne s’en tenaient qu’à la Loi, au respect de la Loi, mais qui avaient perdu, pour la plupart d’entre eux, la relation personnelle avec Dieu.

Ce sont eux qui ont envoyé Jésus à Pilate, pour trahison, pour qu’il soit condamné par les Romains, parce qu’ils ne voyaient qu’une issue possible dans leur relation avec Jésus : la peine de mort. Mais seuls les Romains avait ce pouvoir légal de condamner à mort une personne.

Et puis il y avait la foule, des gens aux idées diverses, mais qui, comme c’est souvent le cas, se rallient à l’opinion des plus forts, de ceux qui crient le plus fort …

Il y avait ceux qui avaient accueilli Jésus comme un roi qui allait prendre le pouvoir politique et chasser les Romains de la Palestine, mais qui, le voyant humilié et abattu, ne pouvaient plus le concevoir ainsi …

Il y avait ceux qui ne comprenaient pas les paroles de Jésus, qui les trouvaient trop difficiles à suivre : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? » (Jn 6,60) …

Il y avait ceux qui ne savent pas … ni pour, ni contre … et qui crient avec les plus forts …

Il y avait ceux qui croyaient en Jésus, mais qui, devant le déchainement de haine contre Jésus, se taisaient par peur d’un mauvais coup …

Et Jésus fut condamné à mort …

Et si nous, nous avions été là, ce jour-là, dans quel groupe aurions-nous été ?

Quel est notre image de Jésus ? notre image de Dieu ?

Celle d’un Dieu tout-puissant qui commande et auquel on obéit ?

Celle d’un Dieu lointain qui nous observe et nous punit si on fait des fautes ?

Celle d’un Dieu philosophe qui a dit de belles choses par Jésus ?

Celle d’un Dieu qui nous aime et qui est toujours près de nous, à qui on peut se confier ?

Sans doute un peu de tout cela, selon les circonstances … avec peut-être quand même une préférence pour un Dieu qui nous aime …

Mais est-ce que cela se traduit dans notre vie quotidienne ?

Il ne suffit pas d’être aimé … il faut aussi aimer … en retour … et aussi les autres personnes de cette terre …

Et cela, ce n’est pas Dieu qui va le faire … ou plutôt nous le faire faire …

Cela ne dépend que de nous …

Si nous voulons nous rapprocher de Dieu, si nous voulons suivre l’Évangile de Jésus, c’est à nous d’agir …

Dieu nous donne les graines … À nous de les semer ! …

Seigneur Jésus,

tu es acclamé comme le roi messianique,

et quelques jours après

on te condamne à la crucifixion.

Liesse et haine se suivent et s’entremêlent …

Comme notre relation à toi.

Aides-nous à toujours t’aimer,

et les autres aussi !

Francis Cousin      

 

 

 

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Image dim Carême B 6° Rameaux




Audience Générale du Mercredi 17 Mars 2021

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 17 Mars 2021


Catéchèse – 26. La prière et la Trinité. 2

Chers frères et sœurs, bonjour!

Aujourd’hui, nous poursuivons la catéchèse sur la prière comme relation avec la Très Sainte Trinité, en particulier avec l’Esprit Saint.

Le premier don de chaque existence chrétienne est l’Esprit Saint. Ce n’est pas l’un des nombreux dons, mais le Don fondamental. L’Esprit est le don que Jésus avait promis de nous envoyer. Sans l’Esprit, il n’y a pas de relation avec le Christ et avec le Père. Car l’Esprit ouvre notre cœur à la présence de Dieu et l’attire dans ce “tourbillon” d’amour qui est le cœur même de Dieu. Nous ne sommes pas seulement des hôtes et des pèlerins en chemin sur cette terre, nous sommes également des hôtes et des pèlerins dans le mystère de la Trinité. Nous sommes comme Abraham qui, un jour, en accueillant dans sa propre tente trois voyageurs, rencontra Dieu. En vérité, si nous pouvons invoquer Dieu en l’appelant “Abbà – Père”, c’est parce que l’Esprit Saint habite en nous; c’est Lui qui nous transforme en profondeur et nous fait expérimenter la joie émouvante d’être aimés par Dieu comme de vrais enfants. Tout le travail spirituel en nous à l’égard de Dieu est fait par l’Esprit Saint, ce don. Il travaille en nous pour faire avancer notre vie chrétienne vers le Père, avec Jésus.

A cet égard, le Catéchisme dit: «Chaque fois que nous commençons à prier Jésus, c’est l’Esprit Saint qui, par sa grâce prévenante, nous attire sur le Chemin de la prière. Puisqu’il nous apprend à prier en nous rappelant le Christ, comment ne pas le prier lui-même ? C’est pourquoi l’Eglise nous invite à implorer chaque jour le Saint Esprit, spécialement au commencement et au terme de toute action importante» (n. 2670). Voilà quelle est l’œuvre de l’Esprit en nous. Il nous “rappelle” Jésus et nous le rend présent – nous pouvons dire qu’il est notre mémoire trinitaire, il est la mémoire de Dieu en nous –, et il rend Jésus présent, pour qu’il ne se réduise pas à un personnage du passé : c’est-à-dire que l’Esprit apporte Jésus au présent dans notre conscience. Si le Christ était seulement éloigné dans le temps, nous serions seuls et égarés dans le monde. Certes, nous nous rappellerions Jésus, là-bas, éloigné, mais c’est l’Esprit qui l’amène aujourd’hui, maintenant, en ce moment dans notre cœur. Mais tout est vivifié dans l’Esprit: aux chrétiens de chaque temps et de chaque lieu est ouverte la possibilité de rencontrer le Christ. Il existe la possibilité de rencontrer Jésus, mais pas seulement comme un personnage historique. Non: Lui attire Jésus dans nos cœurs, c’est l’Esprit qui nous fait rencontrer le Christ. Il n’est pas éloigné, l’Esprit est avec nous: Jésus éduque encore ses disciples en transformant leur cœur, comme il fit avec Pierre, avec Paul, avec Marie de Magdala, avec tous les apôtres. Mais pourquoi Jésus est-il présent? Parce que c’est l’Esprit qui l’amène en nous.

C’est l’expérience qu’ont vécue tant d’orants: des hommes et des femmes que l’Esprit a formés selon la “mesure” du Christ, dans la miséricorde, dans le service, dans la prière, dans la catéchèse… C’est une grâce de pouvoir rencontrer de telles personnes: on s’aperçoit qu’en elles palpite une vie différente, leur regard voit “au-delà”. Ne pensons pas seulement aux moines, aux ermites; on les trouve également parmi les personnes communes, des gens qui ont tissé une longue histoire de dialogue avec Dieu, parfois de lutte intérieure, qui purifie la foi. Ces témoins humbles ont cherché Dieu dans l’Evangile, dans l’Eucharistie reçue et adorée, sur le visage de leur frère en difficulté, et ils conservent sa présence comme un feu secret.

La première tâche des chrétiens est précisément de maintenir vivant ce feu que Jésus a apporté sur la terre (cf. Lc 12, 49), et quel est ce feu ? C’est l’Amour, l’Amour de Dieu, l’Esprit Saint. Sans le feu de l’Esprit, les prophéties s’éteignent, la tristesse l’emporte sur la joie, l’habitude remplace l’amour, le service se transforme en esclavage. L’image de la lampe allumée à côté du tabernacle, où l’on conserve l’Eucharistie, vient à l’esprit. Même quand l’église se vide et que le soir descend, également quand l’église est fermée, cette lampe reste allumée, elle continue à brûler: personne ne la voit, pourtant elle brûle devant le Seigneur. Ainsi, l’Esprit est toujours présent dans notre cœur, comme cette lampe.

Nous trouvons encore écrit dans le Catéchisme: «L’Esprit Saint, dont l’Onction imprègne tout notre être, est le Maître intérieur de la prière chrétienne. Il est l’artisan de la tradition vivante de la prière. Certes, il y a autant de cheminements dans la prière que de priants, mais c’est le même Esprit qui agit en tous et avec tous. C’est dans la communion de l’Esprit Saint que la prière chrétienne est prière dans l’Eglise» (n. 2672). Il arrive souvent que nous ne prions pas, nous n’avons pas envie de prier, ou bien souvent, nous prions comme des perroquets avec la bouche, mais notre cœur est loin. C’est le moment de dire à l’Esprit: «Viens, viens Esprit Saint, réchauffe mon cœur. Viens et enseigne-moi à prier, enseigne-moi à regarder le Père, à regarder le Fils. Enseigne-moi quelle est le chemin de la foi. Enseigne-moi comment aimer et surtout enseigne-moi à avoir une attitude d’espérance ». Il s’agit d’appeler sans cesse l’Esprit, pour qu’il soit présent dans nos vies.

C’est donc l’Esprit qui écrit l’histoire de l’Eglise et du monde. Nous sommes des pages ouvertes, disponibles à recevoir sa calligraphie. Et en chacun de nous l’Esprit compose des œuvres originales, car il n’y a jamais un chrétien complètement identique à un autre. Dans le domaine infini de la sainteté, l’unique Dieu, Trinité d’Amour, fait fleurir la variété des témoins: tous égaux en dignité, mais également uniques par la beauté que l’Esprit a voulu libérer en chacun de ceux que la miséricorde de Dieu a rendu ses enfants. N’oublions pas, l’Esprit est présent, il est présent en nous. Ecoutons l’Esprit, appelons l’Esprit – c’est le don, le cadeau que Dieu nous a fait – et disons-lui: «Esprit Saint, je ne sais pas quel est ton visage – nous ne le connaissons pas – mais je sais que tu es la force, que tu es la lumière, que tu es capable de me faire avancer et de m’enseigner à prier. Viens Esprit Saint». Voilà une belle prière: «Viens, Esprit Saint».


Je salue cordialement les personnes de langue française.

Frères et sœurs, apprenons en ce temps de carême à nous laisser former par le Saint Esprit, afin que notre prière devienne un témoignage vivant de la tendresse de Dieu pour toute personne en difficulté.

Que Dieu vous bénisse !





5ième Dimanche de Carême (Jn 12, 20-33) – Francis Cousin

« Rends-moi la joie d’être sauvé. »

Une toute petite phrase du psaume, cette prière à Dieu. Qui pourrait paraître insignifiante … Mais que veut-elle dire pour moi ?

Cela pourrait être : avant j’avais la joie d’être sauvé, mais maintenant, je n’ai plus cette joie. Je sais qu’on va être sauvé, c’est sûr ! Dieu nous l’a promis. Comme on chantait il y a quelques années : « On ira tous au Paradis, on ira ! … ». Mais cela ne me mets pas en joie, ça fait partie de la vie ! Blazé …

Ou bien : Seigneur, je veux faire partie de ceux qui seront sauvés, et cela me mettra en joie ! Mais comment faire ? Si on reprendre les verbes de ce psaume : efface mon péché … lave-moi … purifie-moi … crée en moi un cœur pur … renouvelle et raffermis mon esprit … ne me chasse pas … ne me reprend pas ton esprit saint …

En fait, on demande à Dieu de faire tout le boulot, et nous, on attend ? C’est ça ?

Pas sûr ! Et sans doute surement pas !

Si on reprend la première lecture : « Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. (…) tous me connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands. ». Et la première chose qu’ils connaîtront, c’est que Dieu les aime, e,t que l’amour de Dieu est plus fort que tout, puis sa miséricorde.

Connaître Dieu, c’est important, mais pas une connaissance intellectuelle, mais une connaissance du cœur. Où chacun à sa part : je reçois de Dieu, et je rends à Dieu tout le bien qu’il m’a fait, et j’en fait profiter les autres.

Se mettre entre les mains de Dieu, et accepter de le laisser faire. « Comme l’argile est dans la main du potier, ainsi êtes-vous dans ma main. » (Jr 18,6). « Que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » (Lc 22,42).

Dans l’évangile de ce jour, on voit bien que Jésus sent que tous les chefs des prêtres et les Pharisiens veulent sa mort, et que celle-ci est proche : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. »

Mais on sent bien que Jésus n’a pas trop le moral ! Il redoute ce qui l’attend !

Et il a cette phrase étonnante dans la bouche de quelqu’un qui hésite : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. ».

Il voit sa mort prochaine, mais il voit plus loin que cela : il voit ce que sa mort apportera à tous les hommes : « il porte beaucoup de fruit. ».

Dans sa détresse, il voit le positif.

Toujours voir le positif, et ne pas s’arrêter au négatif !

Et il élargit sa pensée à tous les hommes : « Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. » parce que « là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. ». Il veut que nous soyons toujours avec lui.

Mais son âme et bouleversée. Il hésite encore ! « Père, sauve-moi de cette heure. ».

Mais ce n’est qu’une pensée fugace, et aussitôt il se reprend : « – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! ». Vouloir accomplir sa mission jusqu’au bout, telle que son Père le lui a demandé. « Je ne cherche pas à faire ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. » (Jn 5,30).

Aller jusqu’au bout, pour faire la volonté du Père !

Jésus l’a fait : mourir pour nous !

Et nous aussi, nous devons faire de même. Non pas de manière réelle (même si cela peut arriver pour certains, qui deviennent martyrs …), mais de manière spirituelle : mourir à nous–mêmes, c’est-à-dire ne pas de mettre en valeur en ne pensant qu’à soi, mais se mettre au service des autres : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » (Mc 9,35).

C’est ce que nous disons chaque jour dans le Notre Père : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel… ».

Prenons-en de la graine …

En parlant de graine, j’aimerai vous proposer une parabole citée par le père Serge Lefevre :

« Un jeune homme entre en rêve dans un magasin. Derrière le comptoir se tient un ange. Le jeune homme lui demande : « Que vendez-vous ? »

L’ange répond : « Tout ce que vous désirez ».

Alors le jeune homme commence à énumérer : « Si vous vendez tout ce que je désire, alors j’aimerais bien : la fin des guerres dans le monde, la fin des bidonvilles en Amérique latine, l’intégration dans la société de tous les marginaux, du travail pour tous les chômeurs, plus d’amour et de vie communautaire dans l’Église … »

L’ange lui coupe la parole : « Excusez-moi, Monsieur, vous m’avez mal compris. Ici, nous ne vendons pas de fruits, nous ne vendons que les graines ! » »

Seigneur Jésus,

tu nous demandes de mourir à nous-mêmes,

pour que ton amour puisse transparaître

dans notre vie vis-à-vis des autres.

Mais nous aimerions que ce soit toi

qui fasse le boulot :

on n’arrête pas de te le demander.

Mais toi, tu veux que ce soit nous

qui plantions la graine …

Francis Cousin    

  

 

 

 

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Audience Générale du Mercredi 10 Mars 2021

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 10 Mars 2021


Chers frères et sœurs, bonjour!

Ces derniers jours, le Seigneur m’a permis de visiter l’Irak, réalisant un projet de saint Jean-Paul II. Jamais un Pape n’avait été sur la terre d’Abraham; la Providence a voulu que cela ait lieu maintenant, comme signe d’espérance après des années de guerre et de terrorisme et au cours d’une dure pandémie.

Après cette visite, mon âme est remplie de gratitude. Gratitude à l’égard de Dieu et de tous ceux qui l’ont rendue possible: le président de la République et le gouvernement de l’Irak; les patriarches et les évêques du pays, avec tous les ministres et les fidèles des Eglises respectives; les autorités religieuses, à partir du grand ayatollah Al-Sistani, avec lequel j’ai eu une rencontre inoubliable dans sa résidence à Nadjaf.

J’ai ressenti avec force le sens pénitentiel de ce pèlerinage: je ne pouvais pas m’approcher de ce peuple martyrisé, de cette Eglise martyre, sans prendre sur moi, au nom de l’Eglise catholique, la croix qu’ils portent depuis des années; une grande croix, comme celle placée à l’entrée de Qaraqosh. Je l’ai ressenti de manière particulière en voyant les blessures encore ouvertes des destructions, et plus encore en rencontrant et en écoutant les témoins qui ont survécu aux violences, aux persécutions, à l’exil… Et, dans le même temps, j’ai vu autour de moi la joie d’accueillir le messager du Christ; j’ai vu l’espérance de s’ouvrir à un horizon de paix et de fraternité, résumé par les paroles de Jésus qui étaient la devise de la visite: «Vous êtes tous frères» (Mt 23, 8). J’ai retrouvé cette espérance dans le discours du président de la République, je l’ai retrouvée dans les nombreux saluts et témoignages, dans les chants et dans les gestes des personnes. Je l’ai lue sur les visages lumineux des jeunes et dans les yeux vifs des personnes âgées. Les gens qui attendaient le Pape depuis cinq heures, debout… ; également des femmes avec de enfants dans les bras… Ils attendaient et dans leurs yeux on lisait l’espérance.

Le peuple irakien a le droit de vivre en paix, il a le droit de retrouver la dignité qui lui appartient. Ses racines religieuses et culturelles sont millénaires: la Mésopotamie est un berceau de civilisations; Bagdad a été une ville de première importance dans l’histoire, qui a accueilli pendant des siècles la bibliothèque la plus riche du monde. Et qu’est-ce qui l’a détruite? La guerre. La guerre est toujours le monstre qui, au fil des époques, se transforme et continue à dévorer l’humanité. Mais la réponse à la guerre n’est pas une autre guerre, la réponse aux armes ne sont pas d’autres armes. Et je me suis demandé: qui vend les armes aux terroristes? Qui vend aujourd’hui les armes aux terroristes, qui accomplissent des massacres dans d’autres lieux, pensons à l’Afrique par exemple? C’est une question à laquelle je voudrais que quelqu’un réponde. La réponse n’est pas la guerre mais la réponse est la fraternité. Tel est le défi pour l’Irak, mais pas seulement: c’est le défi pour les nombreuses régions en conflit et, en définitive, c’est le défi pour le monde entier: la fraternité. Serons-nous capables de créer la fraternité entre nous, de créer une culture de frères? Ou continuerons-nous la logique commencée par Caïn, la guerre? La fraternité.

C’est pourquoi nous nous sommes rencontrés et nous avons prié, chrétiens et musulmans, avec des représentants d’autres religions, à Ur, où Abraham reçut l’appel de Dieu, il y a environ quatre mille ans. Abraham est notre père dans la foi, parce qu’il écouta la voix de Dieu qui lui promettait une descendance, qu’il quitta tout et partit. Dieu est fidèle à ses promesses et aujourd’hui encore, il guide nos pas de paix, il guide les pas de ceux qui marchent sur la Terre avec le regard tourné vers le Ciel. Et à Ur, alors que nous étions ensemble sous ce ciel lumineux, le même ciel dans lequel notre père Abraham nous vit, nous sa descendance, il nous a semblé que retentissait encore dans nos cœurs cette phrase: Vous êtes tous frères.

Un message de fraternité est venu de la rencontre ecclésiale dans la cathédrale syro-catholique de Bagdad, où quarante-huit personnes furent tuées en 2010, dont deux prêtres, au cours de la célébration de la Messe. L’Eglise en Irak est une Eglise martyre et dans ce temple, qui porte inscrit dans la pierre le souvenir de ces martyrs, a retenti la joie de la rencontre: mon émerveillement d’être parmi eux se fondait avec leur joie d’avoir le Pape avec eux.

De Mossoul et de Qaraqosh, sur le fleuve du Tigre, près des ruines de l’antique Ninive, nous avons lancé un message de fraternité. L’occupation de l’EI a causé la fuite de milliers et de milliers d’habitants, parmi lesquels de nombreux chrétiens de diverses confessions et d’autres minorités persécutées, en particulier les Yézidis. L’antique identité de cette ville a été abîmée. A présent, on cherche avec difficulté à reconstruire; les musulmans invitent les chrétiens à revenir, et ensemble ils restaurent les églises et les mosquées. La fraternité est là. Et s’il vous plaît, continuons à prier pour nos frères et sœurs si éprouvés, pour qu’ils aient la force de recommencer. En pensant aux nombreux Irakiens émigrés, je voudrais leur dire: vous avez tout quitté, comme Abraham; comme lui, sauvegardez la foi et l’espérance, et soyez des artisans d’amitié et de fraternité là où vous êtes. Et, si vous le pouvez, revenez.

Un message de fraternité est venu des deux célébrations eucharistiques: celle de Bagdad, en rite chaldéen, et celle d’Erbil, ville où j’ai été reçu par le président de la région  et par son premier ministre, par les autorités – je remercie les nombreuses personnes qui sont venues me recevoir – et j’ai également été reçu par le peuple. L’espérance d’Abraham et de sa descendance s’est réalisée dans le mystère que nous avons célébré, en Jésus, le Fils que Dieu le Père n’a pas épargné, mais a donné pour le salut de tous: à travers sa mort et sa résurrection, Il nous a ouvert le passage vers la terre promise, vers la vie nouvelle où les larmes sont séchées, les blessures guéries, les frères réconciliés.

Chers frères et sœurs, louons Dieu pour cette visite historique et continuons à prier pour cette Terre et pour le Moyen-Orient. En Irak, malgré le fracas de la destruction et des armes, les palmiers, symbole du pays et de son espérance, ont continué à pousser et à porter du fruit. Il en est ainsi pour la fraternité: comme le fruit des palmiers, elle ne fait pas de bruit, mais elle est fructueuse et nous fait grandir. Que Dieu, qui est paix, accorde un avenir de fraternité à l’Irak, au Moyen-Orient et au monde entier!


Je salue cordialement les personnes de langue française. Je vous invite à remercier le Seigneur pour ce pèlerinage et à prier pour que se poursuive le chemin de fraternité et de paix en Irak, au Moyen-Orient et dans le monde entier. Que Dieu vous bénisse.





4ième Dimanche de Carême (Jn 3, 14, 21) – Francis Cousin

« C’est bien par grâce que vous êtes sauvés. »

Laetare : soyez dans la joie !

C’est ainsi qu’on appelait ce dimanche autrefois, du temps où la messe était en latin. C’était le premier mot de l’introït, ou prière d’entrée de la messe.

Soyez dans la joie, réjouissez-vous ! Pas seulement parce que c’était environ le milieu du carême, … mais plutôt parce que c’est un jour qui nous montre la bonté du Seigneur, qui nous montre que Dieu nous aime, nous les hommes, depuis le début de la création. Il a placé l’homme au-dessus de toutes les créatures, lui donnant la responsabilité d’organiser au mieux la création.

Mais les hommes n’ont pas toujours suivi Dieu, et même se sont révoltés contre ses envoyés, ses prophètes : « Tous les chefs des prêtres et du peuple multipliaient les infidélités, en imitant toutes les abominations des nations païennes, et ils profanaient la Maison que le Seigneur avait consacrée à Jérusalem. » (Première lecture) … et il y eu la déportation à Babylone … et il fallut qu’un non-juif, Cyrus, roi de Perse, reconquit Jérusalem et décida de reconstruire le Temple de Jérusalem et de permettre aux juifs de Babylone qui le voulait de revenir à Jérusalem. Joie pour tous les déportés qui regrettaient d’être éloignés de Jérusalem : « Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion … Comment chanterions-nous un chant du Seigneur sur une terre étrangère ? … Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite m’oublie ! » (Psaume).

« Mais Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ : c’est bien par grâce que vous êtes sauvés. » (Deuxième lecture).

« Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. »

Dieu ne regarde pas seulement notre vie sur la terre, comme le font beaucoup de gens qui ne voit que la réussite en ce monde comme priorité, avec toutes les compromissions nécessaires ( ??) pour cela. « Quel avantage, en effet, un homme aura-t-il à gagner le monde entier, si c’est au prix de sa vie ? » (Mt 16,26). Il voit plus loin, ce que nous, humains, ne voyons généralement pas …

« Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé ».

 C’est ce que disait Jésus à Nicodème. Il disait aussi : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. »

L’essentiel est de croire en Jésus. C’est la foi en sa Parole qui nous ouvre à la vie éternelle.

Contrairement à ce que croient certains, « Cela ne vient pas des actes », mais c’est « par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. ». Même si les deux sont nécessaires : la foi plus les actes : « Mes frères, si quelqu’un prétend avoir la foi, sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ? Sa foi peut-elle le sauver ? (…) Ainsi donc, la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte. » (Jc 2,14.17)

Dieu est toujours le premier à nous donner quelque chose : l’amour, la grâce, la foi … et nous avons à les accepter, … ou à les refuser …

Voulons-nous entrer dans la lumière de Dieu, de Jésus, … ou bien rester dans les ténèbres ? Voulons que notre vie soit dans la vérité ?

« Celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »

Seigneur Jésus,

toi qui es la lumière du monde,

tu veux nous attirer dans cette lumière

qui nous révèle la vérité.

Celle de l’amour de Dieu pour les hommes,

de sa miséricorde, et de sa volonté

que nous soyons toujours près de lui.

Donne-nous le courage

de quitter nos ténèbres

pour aller dans ta lumière.

Francis Cousin    

 

 

 

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Audience Générale du Mercredi 3 Mars 2021

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre
Mercredi 3 Mars 2021


Catéchèse – 25. La prière et la Trinité. 1

Chers frères et sœurs, bonjour!

Dans notre chemin de catéchèse sur la prière, aujourd’hui et la semaine prochaine nous voulons voir comment, grâce à Jésus Christ, la prière nous ouvre à la Trinité – au Père, au Fils et à l’Esprit –, à la mer immense de Dieu qui est Amour. C’est Jésus qui nous a ouvert le Ciel et projetés dans la relation avec Dieu. C’est Lui qui a fait cela : il nous a ouvert cette relation avec le Dieu Trine : le Père, le Fils et l’Esprit Saint. C’est ce qu’affirme l’apôtre Jean en conclusion du prologue de son Evangile: «Nul n’a jamais vu Dieu; le Fils unique, qui est tourné vers le sein du Père, lui, l’a fait connaître» (1,18). Jésus nous a révélé l’identité, cette identité de Dieu, Père, Fils et Esprit Saint. Nous ne savions vraiment pas comment on pouvait prier: quels mots, quels sentiments et quels langages étaient appropriés pour Dieu. Dans cette requête adressée par les disciples au Maître, que nous avons souvent rappelée au cours de ces catéchèses, se trouve tous les tâtonnements de l’homme, ses tentatives répétées, souvent ratées, de s’adresser au Créateur: «Seigneur, enseigne-nous à prier» (Lc 11,1).

Toutes les prières ne sont pas égales, et toutes ne sont pas appropriées: la Bible elle-même atteste du mauvais résultat de nombreuses prières, qui sont repoussées. Parfois, peut-être que Dieu n’est pas content de nos prières et que nous ne nous en apercevons même pas. Dieu regarde les mains de celui qui prie: pour les rendre pures, il ne faut pas les laver, mais il faut plutôt s’abstenir de mauvaises actions. Saint François priait de manière radicale: «Nullu homo ène dignu te mentovare», c’est-à-dire «aucun homme n’est digne de te nommer» (Cantique de frère soleil).

Mais peut-être la reconnaissance la plus émouvante de la pauvreté de nos prières a-t-elle fleuri sur les lèvres de ce centurion romain qui supplia Jésus un jour de guérir son serviteur malade (cf. Mt 8, 5-13). Il se sentait complètement inadapté: il n’était pas juif, c’était un officier de l’armée d’occupation qui était haïe. Mais la préoccupation pour son serviteur lui fait oser, et il dit: «Seigneur, je ne mérite pas que tu entres sous mon toit; mais dis seulement un mot et mon serviteur sera guéri» (v. 8). C’est la phrase que nous répétons nous aussi dans chaque liturgie eucharistique. Dialoguer avec Dieu est une grâce: nous n’en sommes pas dignes, nous n’avons aucun droit à avancer, nous « boitons » avec chaque parole et chaque pensée… Mais Jésus est la porte qui nous ouvre à ce dialogue avec Dieu.

Pourquoi l’homme devrait-il être aimé de Dieu? Il n’y a pas de raisons évidentes, il n’y a pas de proportion… Cela est vrai au point que dans une bonne partie des mythologies, le cas d’un dieu qui se soucie des événements humains n’est pas prévu; ceux-ci sont même pénibles et ennuyeux, tout à fait négligeables. Rappelons-nous de la phrase de Dieu à Son peuple, répétée dans le Deutéronome: «Réfléchis, quel peuple à ses dieux proches de lui, comme vous m’avez Moi proche de vous?». Cette proximité de Dieu est la révélation! Certains philosophes disent que Dieu ne peut que penser à lui-même. C’est plutôt nous les êtres humains qui cherchons à adoucir la divinité et à apparaître agréables à ses yeux. D’où le devoir de « religion », avec son cortège de sacrifices et de dévotions à offrir sans cesse pour gagner les faveurs d’un Dieu muet, un Dieu indifférent. Il n’y a pas de dialogue. C’est seulement Jésus, c’est seulement la révélation de Dieu avant Jésus à Moïse, quand Dieu s’est présenté; c’est seulement la Bible qui nous a ouvert le chemin du dialogue avec Dieu. Rappelons-nous: «Quel peuple a ses dieux proches de lui comme tu m’as Moi proche de toi?». Cette proximité de Dieu nous ouvre au dialogue avec Lui.

Nous n’aurions jamais eu le courage de croire à un Dieu qui aime l’homme, si nous n’avions pas connu Jésus. La connaissance de Jésus nous a fait comprendre cela, nous a révélé cela.  C’est le scandale que nous trouvons inscrit dans la parabole du père miséricordieux, ou dans celle du pasteur qui va à la recherche de la brebis perdue (cf. Lc 15). Nous n’aurions pas pu concevoir des récits de ce genre, pas même les comprendre, si nous n’avions pas rencontré Jésus. Quel Dieu est disposé à mourir pour les hommes? Quel Dieu aime toujours et patiemment, sans avoir la prétention d’être aimé en retour? Quel Dieu accepte le terrible manque de reconnaissance d’un fils qui lui demande son héritage en avance et s’en va de la maison en gaspillant tout? (cf. Lc 15,12-13).

C’est Jésus qui révèle le cœur de Dieu. Jésus nous raconte ainsi à travers sa vie dans quelle mesure Dieu est Père. Tam Pater nemo: Personne n’est Père comme Lui. La paternité qui est proximité, compassion et tendresse.  N’oublions pas ces trois mots qui sont le style de Dieu: proximité, compassion et tendresse. C’est la manière d’exprimer sa paternité avec nous. Nous imaginons avec difficulté et de très loin l’amour dont la Très Sainte Trinité est riche, et quelle immensité de bienveillance réciproque existe entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Les icônes orientales nous laissent entrevoir quelque chose de ce mystère qui est l’origine et la joie de tout l’univers.

Il nous était surtout impossible de croire que cet amour divin se serait dilaté, en abordant sur notre rivage humain: nous sommes le terme d’un amour qui n’a pas d’égal sur la terre. Le Catéchisme explique: «La sainte Humanité de Jésus est donc le chemin par lequel l’Esprit Saint nous apprend à prier Dieu notre Père» (n. 2664). Et cela est la grâce de notre foi. Nous ne pouvions vraiment pas espérer de plus haute vocation: l’humanité de Jésus – Dieu s’est fait proche en Jésus – a rendu la vie de la Trinité elle-même disponible pour nous, a ouvert, a ouvert en grand cette porte du mystère de l’amour du Père, du Fils et du Saint-Esprit.


Je salue cordialement les personnes de langue française.

Poursuivant notre chemin de carême, prenons chaque jour le temps d’une prière plus longue et plus confiante, conscients que Dieu est un Père qui nous écoute toujours et attend notre retour.

Que Dieu vous bénisse !





3ième Dimanche de Carême (Jn 2, 13-25) – Francis Cousin

« La colère de Jésus ? »

Il fallait certainement ce rappel des dix paroles de Dieu révélées à Moïse sur le mont Sinaï pour bien comprendre le sens du passage de l’évangile de ce jour. Cinq paroles vis-à-vis de Dieu, et cinq paroles vis-à-vis des autres humains.

Cela commence par : « Je suis le Seigneur ton Dieu, (…) Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi. (…) Tu ne feras aucune idole … » (première lecture).

Il faut bien le reconnaître, même si nous croyons en Dieu, il arrive bien souvent que nous sommes attirés par certains objets ou façons de faire que ne n’appelons pas idoles, que nous ne mettons pas au même rang que Dieu, mais qui influencent notre manière de vivre : désir de paraître, de pouvoir, d’argent, de drogues diverses … voire pire : vouloir mettre l’homme à la place de Dieu, croire en l’homme augmenté, au transhumanisme … On sait bien que c’est ce que désire le Démon, depuis Ève et Adam … mais on ne s’en rend pas compte, car il nous fait croire que c’est pour notre bien … comme il le fait toujours !

Mettre l’homme au-dessus de Dieu … !

Et cela touche tous les niveaux. N’a-t-on pas entendu il y a un peu plus d’un mois le ministre de l’intérieur (et des cultes !), monsieur Darmanin, dire : « Nous ne pouvons plus discuter avec des gens qui refusent d’écrire sur un papier que la loi de la République est supérieure à la loi de Dieu. » (Europe1, 2 février). Parole qui a été récusée par tous les responsables religieux, de quelque religion que ce soit, et qui a été largement commentée dans tous les journaux et revues : « Cette hiérarchie n’a pas de sens, elle est un truc de sondeurs, puis de polémistes, et revient à demander à une personne qui a la foi de se renier, car la religion, oui, est totale. » (le Point, 11 février). Jésus avait déjà dit : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Lc 20,25), et dans les actes des apôtres, ceux-ci disent : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. » (Ac 5,29).

Dans l’évangile, on voit Jésus constater que, dans le Temple de Jérusalem, certaines personnes ont détourné l’objet de Temple, qui est la prière, pour y faire du commerce ou du change d’argent … et il remet les choses dans l’ordre, en prenant les moyens qu’il faut : un fouet avec des cordes, pour éparpiller les animaux et les hommes.

Colère ? Sans doute intérieure ! Comme on dit : son sang devait bouillir ! Mais il ne pouvait laisser faire cela, car « L’amour de [s]a maison [faisait s]on tourment », et il dit : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. ».

C’était une colère mesurée et réfléchie …

Jésus ne fait que ce qu’il a toujours dit : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » (Mt 5,17).

Jésus redonne son sens véritable au Temple. Il rejette à l’extérieur tout ce qui est marchandage pour les sacrifice d’animaux pour laisser à l’intérieur du Temple la louange, la prière à Dieu.

Et en même temps, il annonce que les temps ont changés : les sacrifices d’animaux n’ont plus de valeur, c’est lui qui se sacrifiera pour que la multitude vive à jamais … il nous entraine déjà vers la nouvelle Pâques, celle dont nous ferons souvenance dans quelques semaines …

Bien sûr, cette manière de faire n’est pas bien perçue des juifs qui demandent raison. Jésus répond : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. ».

Il ne parle plus du Temple en général, mais du sanctuaire, du saint des saints, la partie du Temple qui conserve l’arche d’alliance, la présence de Dieu chez les hommes. Et il s’identifie à cette partie, en parlant des trois jours : pour passer du vendredi saint au dimanche de Pâques. Mais les juifs ne pouvaient pas le comprendre à ce moment de l’histoire. C’est lui qui, maintenant, est la présence de Dieu sur la terre !

C’est ce qu’il dira un peu après à la Samaritaine : « L’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père, (…) où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité, (…) Je suis [le messie], moi qui te parle. » (Jn 4,21.23.26).

Jésus demande au juifs de passer de la Loi à la Foi.

Et c’est encore ce qu’il nous demande …

Seigneur Jésus,

 tu n’acceptes pas que la maison de ton Père

soit détournée de son objet

qui est l’adoration et la louange de ton Père.

Aide-nous à ne pas détourner

nos églises de leur fonction,

et que notre présence y soit pour la prière,

et rien d’autre.

Francis Cousin    

 

 

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