L’Immaculée Conception de Marie et son Assomption…

« Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi », dit l’Ange à Marie (Lc 1,28). Le Nouveau Testament a été écrit en grec. Derrière ce « Comblée-de-grâce » se cache un seul mot, et il n’apparaît qu’ici dans tout le Nouveau Testament : « κεχαριτωμένη, kekharitôménê ». Au 4° siècle après Jésus Christ , St Jérôme l’a traduit en latin par : « gratia plena », qui a donné notre « pleine de grâce » dans la prière « Je vous salue Marie, pleine de grâce »…

 

Ce mot « κεχαριτωμένη, kekharitôménê » n’est pas facile à traduire, car le même St Luc emploie l’expression « πλήρης χάριτος, plêrês kharitos » pour présenter Etienne en Ac 6,8 comme étant « plein de grâce ». Alors, « κεχαριτωμένη, kekharitôménê » aurait-il exactement le même sens ? Pour répondre à cette question, nous ne pouvons que faire appel à une grammaire grecque, et avancer petits pas petits pas… Et nous aboutirons finalement à l’Immaculée Conception de Marie et à son Assomption…

Xεχαριτωμένη est le participe d’un verbe, « χαριτόω, kharitoô » :

1 – En grec, les verbes qui se terminent par « – όω » sont des « causatifs » : ils indiquent une action qui effectue quelque chose dans la personne ou l’objet concernés. Ainsi πληρόω, « rendre plein, remplir », λευκόω, « rendre blanc, blanchir », δουλόω, « rendre esclave, asservir », ἐλευyερόω, « rendre libre, libérer »… Ces verbes expriment donc un changement dans la personne ou l’objet concernés par l’action décrite. Or la racine du verbe χαριτόω est χάρις, «  kharis, la grâce », un terme qui a donné en français « charismatique ». Appliqué à la Vierge Marie, l’idée qu’il exprime est donc celle d’un changement opéré en Marie par la grâce…

2 – Ce participe, κεχαριτωμένη, est au passif : Dieu est donc, sous entendu, Celui qui accomplit cette action en Marie…

3 – D’autre part, cette forme verbale, en grec, est un « parfait » : ce temps décrit une action passée dont les conséquences se font toujours sentir dans l’aujourd’hui du texte. Une note de la Bible de Jérusalem y fait allusion : « comblée de grâce », littéralement « toi qui as été et qui demeures remplie de la faveur divine »…

Récapitulons : Dieu (2), à un instant du passé (3), a « totalement rempli » Marie de sa grâce, et cette action a opéré en elle un changement (1). Cet état « d’être rempli de grâce » et ce changement demeurent toujours au moment où l’Ange s’adresse à elle (3).

Remarquons maintenant que ce terme κεχαριτωμένη est employé par l’Ange comme un nom propre donné à Marie. La traduction liturgique met d’ailleurs une majuscule pour l’indiquer : « Comblée-de-grâce ». Or, le Nom, pour un Juif, n’est pas seulement une étiquette : il dit toujours quelque chose du mystère de la Personne qui le porte. Ainsi, lorsque Jésus révèle à Simon sa vocation, il lui donne un nom nouveau, il le transforme par un Don de l’Esprit Saint :

Mt 16,15-19 : Jésus demanda à ses disciples : « Pour vous, qui suis-je ? »

Alors Simon prit la parole et dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! »

Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas :

ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux.

Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ;

et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle.

Je te donnerai les clés du royaume des Cieux :

tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux,

et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux»

En changeant le nom de Simon en « Pierre », Jésus lui révèle sa vocation et toute vocation est en fait un Don qui permet à la personne appelée de répondre à cet appel. Grâce à un Don particulier de l’Esprit qui va le transformer et lui donner des capacités nouvelles, Simon sera capable d’être cette « Pierre sur laquelle le Christ bâtira son Eglise. » Notons également que dans le récit de l’Annonciation, l’Ange dira à Marie, peu avant de la quitter : « Voici que, dans sa vieillesse, Élisabeth, ta parente, a conçu, elle aussi, un fils et elle en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait ‘la stérile’ » (Lc 1,36). L’Ange nomme ainsi Elisabeth comme « ‘la stérile’ » car, de fait, elle n’avait jamais eu d’enfant. « La stérile » décrit donc ce qu’elle est depuis qu’elle existe : une femme qui ne peut pas avoir d’enfant. De même ce nom de « Comblée-de-grâce » donné par l’Ange à Marie décrit ce qu’elle est, elle aussi, depuis qu’elle existe : dans son amour, Dieu l’a « totalement remplie de sa grâce ». Marie est ainsi, déjà, Celle en qui Dieu est « tout », selon la formule de St Paul qui présente l’accomplissement final de l’humanité en ces termes : « Dieu sera tout en tous » (1Co 15,28)[1].

Ce nom, « κεχαριτωμένη, kekharitôménê, Comblée-de-grâce », décrit donc un état permanent qui évoque pleinement le mystère de Marie. Certes, le texte grec n’indique pas formellement qu’elle est ainsi dès le premier instant de son existence, mais cette notion biblique du nom et la généralité de l’expression pousse à le comprendre ainsi. Et précisons que le premier instant de notre existence ne renvoie pas à notre naissance mais à notre conception dans le sein maternel, neuf mois avant…

Des Pères de l’Eglise comme Origène et Ambroise ont fait remarquer que seule Marie, dans toute la Bible, est appelée κεχαριτωμένη : elle seule en effet est, depuis sa conception, la « Comblée-de-grâce »…

 

 

Regardons maintenant le deuxième texte du Nouveau Testament où intervient le verbe χαριτόω, mais sous une autre forme, en Ep 1,6-8 (Paul vient d’exposer en quelques mots le projet de Dieu sur l’homme) :

                 … εἰς ἔπαινον δόξης τῆς χάριτος αὐτοῦ ἧς ἐχαρίτωσεν ἡμᾶς ἐν τῷ ἠγαπημένῳ,

     à la louange de gloire de sa grâce, dont Il nous a gratifiés dans le Bien-Aimé

(7) en qui nous avons la Rédemption par son sang, le pardon des péchés

selon la richesse de sa grâce qu’Il a fait abonder pour nous…

 

         Remarquons tout d’abord la forme verbale ἠγαπημένῳ identique à κεχαριτωμένη mais employée ici avec le verbe « ἀγαπάω, aimer ». Avec ce participe parfait passif, Paul nomme Jésus « le Bien Aimé », c’est à dire « Celui qui a été aimé par le Père et qui demeure l’objet de son amour »…

Là aussi, aucune précision n’est formellement donnée sur « le premier instant » où Jésus a été aimé par le Père. Seul le contexte peut l’apporter. Marie étant une créature surgie dans l’histoire à un moment précis, tout comme chacun d’entre nous, elle ne peut être appelée « Comblée-de-grâce » qu’à partir du premier instant de son existence, c’est à dire au moment de sa conception. Jésus, Lui, est une Personne divine qui existe de toute éternité. Avec Lui, il ne peut y avoir d’instant précis à partir duquel le Père l’a aimé : Il est Celui que le Père aime depuis toujours et pour toujours…

Notre verbe χαριτόω intervient donc en Ep 1,6. Le Père Ignace de la Potterie, dans son commentaire sur notre texte, cite St Jean Chrysostome, Père grec mort vers 407, qui a bien remarqué la présence ici de χαριτόω, avec toutes ses nuances que nous avons vues précédemment, et non pas celle d’un autre verbe de même racine, χαρίzomai, qui signifie tout simplement qu’une grâce a été donnée :

« « Notez-le bien », écrit St Jean Chrysostome, « Paul ne dit pas χαρίsato ±m›n » (du verbe χαρίzomai) « mais ἐχαρίτωσεν ἡμᾶς » (du verbe χαριτόω). « Voilà deux verbes qui se ressemblent beaucoup », écrit le P. Ignace de la Potterie, « mais dont le sens est différent. Le premier, χαρίzomai, signifie tout simplement qu’une grâce nous a été donnée. Paul aurait pu naturellement écrire aussi : « la grâce merveilleuse que Dieu nous a donnée ». Mais c’est précisément ce qu’il ne fait pas. Il emploie la deuxième forme verbale », avec notre verbe χαριτόω, « qui signifie : « Dieu nous a transformés par cette grâce merveilleuse ». Le second inclut une nuance de plus que le premier, notamment l’effet produit dans les personnes par la grâce donnée »[2]. Dans cette même Lettre aux Ephésiens, Paul évoque cette transformation opérée par la grâce de Dieu en ces termes : « Jadis, vous étiez ténèbres, mais à présent », de par votre baptême et le Don de l’Esprit Saint, l’Esprit de Lumière (Jn 4,24 et 1Jn 1,5), « vous êtes lumière dans le Seigneur » (Ep 5,8). Autrefois, de par le péché, vous étiez « privés de la gloire de Dieu », mais maintenant, par le Don gratuit du « Père des Miséricordes » (2Co 1,3), vous avez été « justifiés par la faveur de sa grâce en vertu de la Rédemption accomplie dans le Christ Jésus » (Rm 3,23-24). Si autrefois ils étaient ‘souillés’ par le péché, maintenant « ils ont été lavés, ils ont été sanctifiés, ils ont été justifiés par le nom du Seigneur Jésus Christ et par l’Esprit de notre Dieu » (1Co 6,11). A ce titre, ils sont « des créatures nouvelles dans le Christ » (1Co 1,30 ; 2Co 5,17), « ils ont été purifiés par le bain d’eau qu’une parole accompagne » (Ep 5,26), ce sacrement du baptême où l’eau est le signe visible d’une réalité invisible : le Don de l’Eau Vive de l’Esprit Saint (Jn 7,37-39) qui lave, purifie et renouvelle les cœurs…

Marie, créature comme toutes les autres créatures, a bénéficié elle aussi de cette action transformante de Dieu qui, par sa grâce, purifie, sanctifie, justifie… et cette grâce, comme l’écrit St Paul, est un fruit de la Rédemption accomplie par le Christ, Fils de Marie, un salut mystérieusement efficace pour tous les hommes de tous les temps… Mais avec Marie, cette action salvatrice s’est pleinement accomplie dès sa conception : en la « comblant de grâce » dès ses premiers instants, Dieu l’a sauvée, sanctifiée, purifiée, justifiée, de telle sorte qu’il n’existe plus en elle aucune trace de péché. « La grâce » en effet « enlève le péché » tout comme la lumière chasse les ténèbres… « Chez les Pères de l’Eglise », affirme le P. Louis Bouyer, « il n’est pas question d’être sauvé sans être transformé. Et cette transformation est l’œuvre de Dieu et celle de la grâce… Chez St Thomas d’Aquin, la vision des choses est de cet ordre là. Dieu nous sauve par pure grâce, mais sa grâce est active. Elle nous recrée »[3].

Certes, pour nous, la grâce du baptême ne nous délivre pas totalement de toutes les conséquences du péché. Nous avons toujours à lutter, avec la grâce du baptême, contre tous ces désirs égoïstes qui peuvent naître en nos cœurs. Le Catéchisme de l’Eglise Catholique (CEC), « donné le 11 octobre 1992 » par le Pape Jean Paul II, déclare ainsi (& 1263 – 1265) : « Par le Baptême, tous les péchés sont remis, le péché originel et tous les péchés personnels ainsi que toutes les peines du péché. En effet, en ceux qui ont été régénérés il ne demeure rien qui les empêcherait d’entrer dans le Royaume de Dieu, ni le péché d’Adam, ni le péché personnel, ni les suites du péché, dont la plus grave est la séparation de Dieu.

Dans le baptisé, certaines conséquences temporelles du péché demeurent cependant, tels les souffrances, la maladie, la mort, ou les fragilités inhérentes à la vie comme les faiblesses de caractère, etc., ainsi qu’une inclination au péché que la Tradition appelle la concupiscence, ou, métaphoriquement,  » le foyer du péché  » :  » Laissée pour nos combats, la concupiscence n’est pas capable de nuire à ceux qui, n’y consentant pas, résistent avec courage par la grâce du Christ. Bien plus, ‘celui qui aura combattu selon les règles sera couronné’ (2 Tm 2, 5)  » (Concile de Trente).

Le Baptême ne purifie pas seulement de tous les péchés, il fait aussi du néophyte «  une création nouvelle  » (2 Co 5, 17), un fils adoptif de Dieu (cf. Ga 4, 5-7) qui est devenu  » participant de la nature divine  » (2 P 1, 4), membre du Christ (cf. 1 Co 6, 15 ; 12, 27) et cohéritier avec Lui (Rm 8, 17), temple de l’Esprit Saint (cf. 1 Co 6, 19) ».

Marie, elle, a été totalement sanctifiée par la grâce reçue au moment de sa conception, et cela pour lui permettre de répondre à l’appel que Dieu lui adressait : devenir la Mère du Sauveur, du Fils éternel, du « Saint » (Ac 3,14). Ainsi, de Marie sanctifiée par l’Esprit Saint dès le premier instant de sa conception, et de l’action de ce même Esprit Saint en elle (Lc 1,35), pourra naître celui qui ne peut qu’être Saint en tout son être, en toute son humanité « corps, âme et esprit » (1Th 5,23) : le Fils Bien Aimé du Père. Répétons-nous : Jésus va recevoir de Marie sa chair. Puisque le Fils éternel ne peut qu’être Saint en tout son Être, sa chair, assumée pour notre salut, ne pouvait qu’être sainte elle aussi. Pour qu’il en soit ainsi, il fallait que Marie, femme comme toute les femmes, née, selon la tradition, de l’union d’Anne et Joachim, pécheurs comme nous tous, soit sanctifiée totalement dès le premier instant de sa conception… C’est ce Mystère que St Luc évoque avec ce seul mot « κεχαριτωμένη », aux nuances si riches, nous l’avons vu…

Ce texte de St Luc « fournit donc le fondement le plus solide (mais non pas la preuve) en faveur du dogme de l’Immaculée Conception de Marie » (P. Ignace de la Potterie), proclamé le 8 décembre 1854 par Pie IX dans la Bulle « Ineffabilis Deus » :

« Nous déclarons, prononçons et définissons que la doctrine qui tient que la Bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière de Dieu tout-puissant, en vertu des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel, est une doctrine révélée de Dieu, et qu’ainsi elle doit être crue fermement et constamment par tous les fidèles ».

Marie est ainsi toute pure grâce à l’action transformante de Dieu, qui, dans sa bonté totalement gratuite, a ainsi agi en elle par un Don tout particulier de l’Esprit Saint, et cela au premier instant de sa conception. Marie elle-même se comprend d’ailleurs comme « sauvée » en cet instant : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur » (Lc 1,47)…

Lors de la seizième apparition à Lourdes, le jeudi 25 mars1858, la jeune femme apparue à Bernadette va lui révéler son nom. Bernadette raconte : « Elle leva les yeux au ciel, joignant en signe de prière ses mains qui étaient tendues et ouvertes vers la terre et me dit :  » Que soy era immaculada councepciou, Je suis l’Immaculée Conception ».

Marie lève les yeux au ciel et dirige ainsi notre regard vers Celui dont elle a tout reçu, gratuitement, par Amour. Si elle est ce qu’elle est, elle le doit au Don gratuit de Celui qui n’Est qu’Amour (1Jn 4,8.16). Et nous aussi, pécheurs, toujours fragiles, nous sommes invités à nous tourner jour après jour vers ce Dieu Amour, ce Dieu qui, en tout son Être, n’Est qu’Amour et donc « Don gratuit de Lui-même », inlassablement, quels que soient les multiples aléas de notre existence blessée… « Lorsque nous sommes infidèles, Dieu, Lui, reste à jamais fidèle, car il ne peut se renier lui-même » (2 Tm 2,13), et Il Est Amour, Pur Amour, ne cessant de rechercher notre seul Bien, et le mettant en œuvre par le Don gratuit qu’il ne cesse de faire de Lui-même… « Le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23).

« Marie est importante », écrit André Boulet, « moins par ce qu’elle est que par ce que Dieu a fait en elle »[4]… Ainsi, « au premier instant de son existence humaine, elle bénéficie de la Rédemption »… « Pétrie par l’Esprit Saint… dans toutes les fibres de son être, … on ne peut trouver une pensée de Marie, un sentiment, une parole, une décision, un acte de Marie… qui ne soit à la fois de Marie et de l’Esprit Saint, qui ne soit inspiré par la personne humaine qu’est Marie et par l’Amour qui est Dieu »[5]

Maintenant, cette même grâce est offerte à tous les hommes par la foi au Christ Sauveur, afin que par Lui, chacun puisse devenir, petit à petit, de grâce en grâce, de miséricorde en miséricorde, ce que Marie est déjà… Marie nous est donc très proche… Elle est une créature de Dieu comme toutes les créatures de Dieu, une femme, comme toutes les autres femmes. Elle est sauvée gratuitement, comme toute l’humanité que Dieu appelle au salut… Mais Marie a reçu cette grâce du salut dès sa conception. En elle, le péché n’a fait aucun ravage. Marie est une femme en qui le projet de Dieu sur l’humanité s’est parfaitement accompli (cf. Ep 1,3-14)…

L’Assomption de Marie est la conséquence immédiate de son Immaculée Conception. Marie va ainsi passer par la mort physique, ce qui laisse supposer que cette dernière n’est pas la conséquence du péché, mais qu’elle appartient à la logique du projet créateur de Dieu, à son plein accomplissement. Par contre, son corps ne va pas connaître la désintégration du tombeau, mais il va être pleinement assumé par l’Esprit, transformé par sa Plénitude, totalement glorifié. Pour Marie, Sainte car sanctifiée dès le premier instant de sa conception, s’applique donc aussi ce Ps 16 appliqué par St Luc au Christ, « le Saint, le Juste » (Ac 3,14) :

Ac 2,22-33.36 : « Hommes d’Israël, écoutez les paroles que voici », dit Pierre.

« Il s’agit de Jésus le Nazaréen, homme que Dieu a accrédité auprès de vous en accomplissant par lui des miracles, des prodiges et des signes au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes. Cet homme, livré selon le dessein bien arrêté et la prescience de Dieu, vous l’avez supprimé en le clouant sur le bois par la main des impies. Mais Dieu l’a ressuscité en le délivrant des douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir. En effet, c’est de lui que parle David dans le psaume :

« Je voyais le Seigneur devant moi sans relâche :

il est à ma droite, je suis inébranlable.

C’est pourquoi mon cœur est en fête, et ma langue exulte de joie ;

ma chair elle-même reposera dans l’espérance :

tu ne peux m’abandonner au séjour des morts ni laisser ton fidèle voir la corruption.

Tu m’as appris des chemins de vie,

tu me rempliras d’allégresse par ta présence. »

 

« Frères, il est permis de vous dire avec assurance, au sujet du patriarche David, qu’il est mort, qu’il a été enseveli, et que son tombeau est encore aujourd’hui chez nous. Comme il était prophète, il savait que Dieu lui avait juré de faire asseoir sur son trône un homme issu de lui. Il a vu d’avance la résurrection du Christ, dont il a parlé ainsi : « Il n’a pas été abandonné à la mort, et sa chair n’a pas vu la corruption ».

Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins. Élevé par la droite de Dieu, il a reçu du Père l’Esprit Saint qui était promis, et il l’a répandu sur nous, ainsi que vous le voyez et l’entendez. (…) Que toute la maison d’Israël le sache donc avec certitude : Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous aviez crucifié. »

Il en est donc de même pour la Vierge Marie. Après sa mort, son corps ne pouvait voir la corruption… Puisqu’elle était déjà sainte en tout son être, elle n’avait pas besoin d’une création totalement nouvelle, comme ce sera le cas pour nous lors de notre résurrection. Tel est le Mystère de son Assomption, accomplie en elle par le même Don de la Plénitude de l’Esprit Saint qui a ressuscité le Christ d’entre les morts… «  Si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité le Christ Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous » (Rm 8,11).

« « La Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute atteinte de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers, pour être ainsi plus entièrement conforme à son Fils, Seigneur des seigneurs, victorieux du péché et de la mort » (Concile Vatican II, Lumen Gentium 59). L’Assomption de la Sainte Vierge est une participation singulière à la Résurrection de son Fils et une anticipation de la résurrection des autres chrétiens : « Dans ton enfantement tu as gardé la virginité, dans ta dormition tu n’as pas quitté le monde, ô Mère de Dieu : tu as rejoint la source de la Vie, toi qui conçus le Dieu vivant et qui, par tes prières, délivreras nos âmes de la mort (Liturgie byzantine, Tropaire de la fête de la Dormition [15 août]) » (CEC 966).

D. Jacques Fournier

[1] RATZINGER J., BALTHASAR H.-U. Von, Marie, première Eglise p. 68-69: Marie « comblée de grâce » « pourrait se traduire par « Tu es remplie de l’Esprit Saint ». Tu es en relation existentielle avec Dieu. Pierre Lombard, l’auteur du manuel de théologie médiévale utilisé durant environ trois cents ans, a émis la thèse suivante : grâce et amour sont identiques ; et l’amour est « l’Esprit Saint ». La grâce, dans son sens véritable et le plus profond, n’est pas un quelque chose qui viendrait de Dieu, mais Dieu Lui‑même », ce que Dieu Est en Lui-même. « La Rédemption signifie que, dans sa relation proprement divine vis à vis de nous, Dieu ne nous donne rien de moins que lui-même », c’est-à-dire ce qu’Il Est en Lui-même. « Le don de Dieu, c’est Dieu », sa nature divine, « lui qui est par son Esprit Saint communion avec nous ».

[2] DE LA POTTERIE I., MARIE dans le MYSTÈRE de la NOUVELLE ALLIANCE p. 53.

[3] BOUYER L., « Accord avec les Luthériens sur la doctrine de la justification », France Catholique n° 2706 p. 9.

[4] BOULET A., Petite catéchèse sur Marie, Mère du Christ et Mère des hommes p. 41.

[5] Id p. 48-49.

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