13ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Frère Daniel BOURGEOIS, paroisse Saint-Jean-de-Malte (Aix-en-Provence)

Qui vous accueille m’accueille

 

Peut-être que, dans l’Église, depuis une trentaine ou une quarantaine d’années, on s’est beaucoup posé de questions sur l’apostolat mais en insistant peut-être un peu trop sur certaines modalités, sur certaines manières de présenter l’évangile, au lieu de revenir à ce qui constitue le cœur même du problème, à savoir se demander : « Mais qu’est-ce que l’apostolat ?« 

En effet, si on veut être apôtre sans se poser cette question, on risquera à tout moment de perdre de vue le but, la raison profonde de tout apostolat. On risque sans cesse d’accorder une trop grande importance à certaines difficultés que l’on rencontre comme si la Parole de Dieu devait normalement se frayer un chemin aussi commode et aussi facile que la publicité. Or le Christ, dans le passage que nous venons de lire, conclut ce que l’on a appelé le « discours apostolique » c’est-à-dire l’ensemble des consignes que le Christ donne à ses disciples au moment où Il les envoie en mission. Il leur dit : « Qui vous accueille, M’accueille ! » Et c’est là que nous est donnée, de manière fondamentale, la racine même, l’essence même de tout apostolat.

Dans le mot apôtre il y a le mot « envoyé ». Or ce qui est important, c’est d’abord Celui qui envoie. L’apostolat se définit toujours par Celui qui envoie. Nous ne sommes que des messagers et un messager est d’autant plus fidèle qu’il est sobre sur sa propre personnalité et sur les circonstances dans lesquelles il a à annoncer la nouvelle. Si un messager, devant annoncer une nouvelle, commence à la falsifier en fonction de la difficulté ou de l’étrangeté de la situation dans laquelle il trouve les auditeurs et les destinataires de son envoi, de son message, à ce moment-là, il ne sera pas un bon messager. S’il se pose trop de questions pour savoir comment il va annoncer la nouvelle, il risque fort d’en oublier la moitié. Or le messager ne se définit que par Celui qui l’envoie. Le mystère de notre existence d’apôtres au cœur de ce monde, c’est précisément que, sans cesse, le Christ est à nos côtés. Nous sommes apôtres parce que le Christ est à nos côtés comme Il était aux côtés des apôtres. C’est pour cela qu’au moment de les envoyer, Il leur dit : « N’ayez pas peur ! Je suis toujours avec vous ! » La preuve, c’est que, lorsque les apôtres sont accueillis, ce n’est pas eux seulement qui sont accueillis, mais c’est le Christ Lui-même aussi qui est accueilli avec eux.

Ainsi l’Église et nous-mêmes ne sommes vraiment apostoliques que dans la mesure où nous sommes investis, où nous sommes remplis de la présence de Jésus-Christ en nous, où nous sommes dépossédés de nous-mêmes pour faire place véritablement à cette Parole. Et c’est pourquoi vous comprenez peut-être mieux cette phrase de saint Paul au début de son épître aux Thessaloniciens : « Je rends grâce de ce que vous avez accueilli la Parole non pas simplement comme une parole« . Vous n’avez pas accueilli le message simplement comme des mots à prononcer, mais vous l’avez accueilli dans la puissance de l’Esprit, c’est-à-dire dans la présence même de Celui qui profère la Parole de Dieu et qui est l’Esprit Saint, de Celui qui, d’une certaine manière, a enfanté en vous de manière vivante la Parole de Dieu.

Frères et sœurs, puissions-nous demander au Seigneur la grâce d’être véritablement des apôtres, non pas des apôtres qui parlent, mais des apôtres investis d’abord de la plénitude de la présence de Celui qui les a envoyés à tous les hommes. Amen.

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