Christ Roi (St Mt 25, 31-46)- par Claude WON FAH HIN

Commentaire du samedi 26 et Dimanche 27 Novembre 2023

 

Ézéquiel 34.11–12, 15–17 ; 1Corinthiens 15.20–26.28 ; Matthieu 25.31–46

Avant que n’arrive la Pâque, son unique sacrifice, Jésus insiste sur ce qui lui paraît, à ses yeux, le plus important dans notre vie, pour que nous héritions du Royaume de Dieu : nourrir ceux qui ont faim, donner à boire ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, recueillir les étrangers, visiter les malades et les prisonniers. Maintes fois, nous avons entendu ces mots et certains les appliquent tandis d’autres n’en font aucun cas. Ceux qui n’en tiennent pas compte, Jésus leur dira à la fin des temps : « Allez loin de moi, maudits, dans le feu éternel ». Il est bon de rappeler que pour aller en enfer, il faut vraiment le vouloir, il faut que la personne dise « non » au Christ, même après sa mort, jusqu’au moment où la porte de l’enfer se ferme sur son âme. Car Dieu est Miséricordieux et sa Miséricorde n’est limitée que par la décision ferme de l’homme d’aller lui-même en enfer. Toutes ces expressions « nourrir ceux qui ont faim, donner à boire ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, recueillir les étrangers, visiter les malades et les prisonniers » sont des œuvres de miséricorde. Et la miséricorde de Dieu surpasse la justice de Dieu, souvent mal comprise. Voici ce que nous raconte Thérèse de Lisieux qui montre que la Miséricorde divine peut nous éviter le purgatoire pour aller directement au Ciel. La petite Thérèse est la plus jeune Docteur de l’Eglise. Au Carmel de Lisieux, sœur Marie Philomène était convaincue qu’à sa mort, elle irait au Purgatoire. Lorsqu’elle partagea cette opinion avec Sainte Thérèse, celle-ci lui répondit : « Tu n’as pas assez confiance en Dieu! Tu as trop peur de Lui ( elle a trop peur de Dieu parce qu’elle n’arrête pas de comptabiliser le nombre de bonnes et de mauvaises actions qu’elle fait, de peser le pour et le contre). Je peux t’assurer qu’il en est vraiment peiné. Tu ne dois pas craindre le purgatoire pour la raison qu’on y souffre; au contraire, tu devrais demander de ne pas mériter d’y aller afin de plaire à Dieu, qui impose cette punition tellement à contrecoeur! Dès lors que tu cherches à lui plaire en tout, et si tu as une confiance inébranlable en lui, il te purifie à chaque instant de son amour et il ne permet pas que quelque péché puisse rester. Ainsi, tu peux être sûre de ne jamais devoir aller au purgatoire ». Thérèse alla même plus loin. Elle pensait sincèrement que les personnes offensaient Dieu en ne croyant pas qu’elles pourraient aller au Ciel après leur mort. Lorsque certaines de ses sœurs lui affirmèrent qu’elles pensaient aller au purgatoire, elle s’exclama : « Oh! Que vous me faites de la peine! Vous faites un grand tort au Seigneur en croyant aller au purgatoire! Quand nous aimons, nous ne pouvons pas y aller! « Le Seigneur donna à sainte Thérèse de l’Enfant Jésus la grâce de comprendre que le purgatoire n’avait pas été pensé comme une règle incontournable mais plutôt comme une exception. L’Eglise nous enseigne que chacun de nous reçoit des grâces suffisantes pour aller tout droit vers Dieu, après avoir surmonté ses épreuves sur terre. Mais le purgatoire est une « Entrée de Secours » donnant sur le Ciel pour ceux qui n’ont pas saisi la grâce de Dieu pour eux. Un jour, une de ses novices, sœur Marie de le Trinité, lui dit : « Qu’est-ce qui m’arrivera si je tombe même dans les plus petites choses? Puis-je encore d’aller tout droit au Ciel? » Sainte Thérèse, qui connaissait bien les faiblesses de sa novice, répondit :  » Oh oui, Dieu est si bon! Il saura comment faire pour t’attirer. Mais malgré cela, cherche à être fidèle pour ne pas lui faire attendre en vain ton amour! » Si les pauvres âmes du purgatoire avaient connu sur la terre ce qui les attendait dans l’éternité, le purgatoire serait resté vide! Sœur Fébronie, la sous-prieure, âgée de soixante-sept ans, ne partageait pas la doctrine de sainte Thérèse sur le purgatoire. Elle trouvait présomptueux de croire que nous pouvons aller tout droit au Ciel. Sainte Thérèse, la benjamine de la communauté, lui adressa à propos de la vision sur le purgatoire, une leçon mémorable. Un jour où la vénérable ancienne défendait à outrance les droits de la justice divine (autrement dit « si tu fais de bonnes choses tu iras au Ciel et si tu en fais de mauvaises, ce sera l’enfer) et Thérèse ceux de la miséricorde infinie, cette dernière voyant qu’elle ne gagnait rien et restait toujours dans son sentiment, finit par lui dire sérieusement: « Ma sœur, vous voulez de la justice de Dieu, vous aurez de la justice de Dieu. L’âme reçoit de Dieu exactement ce qu’elle en attend ». Moins d’un an après cette réplique, sœur Fébronie fut emportée par l’épidémie qui décima la communauté en janvier 1892. Le 22 mai suivant, Thérèse eut un songe qu’elle confia à Mère Marie de Gonzague : « Ô ma Mère, ma sœur Fébronie est venue cette nuit demander que l’on prie pour elle; elle est en purgatoire, sans doute pour n’avoir pas assez compté sur la miséricorde du Bon Dieu. Par son air suppliant et son regard profond, elle semblait me dire: « Vous avez raison, toute justice s’accomplit sur moi, mais c’est ma faute, si je vous avais cru, j’aurais été droit au Ciel ». – Le cas de Gloria Polo est encore plus frappant. Cette femme, une colombienne, a mené une vie bourgeoise après avoir réussi son diplôme de dentiste, finissant par blasphémer Dieu, l’Eglise, les commandements de Dieu, les doctrines catholiques, elle ridiculise même ses parents parce qu’ils n’étaient pas de son niveau intellectuel, elle vantait l’avortement aux jeunes filles qui lui demandaient conseils, encourageait le divorce, et refuse le pardon, s’implique dans les commérages, se moquaient des gens et les dévalorisait. Elle avait un désir effréné et obsessionnel de la richesse. Et voilà qu’elle est frappée par la foudre. Emmenée à l’hôpital, elle connait une Expérience de Mort imminente (EMI) où elle se voit sortir de son corps et son âme fonce directement dans un tunnel noir et au passage, elle voit ses parents et leur demande de l’aide, mais ils ne peuvent rien faire…Direction l’Enfer. Mais elle n’y entrera pas parce qu’elle a crié haut et fort qu’elle était catholique et parce que Dieu a entendu la prière d’un pauvre monsieur qui a lu la triste histoire de Gloria Polo sur un vieux journal dans lequel le commerçant y avait mis du sucre qu’il venait d’acheter. Et pour avoir rappelé qu’elle était catholique, elle passe l’épreuve de la connaissance des dix commandements. C’est là qu’elle voit que tout ce qu’elle a fait, tout a été contraire aux dix commandements passés en détail par rapport à sa vie. Et par sa grande Miséricorde, Dieu lui laisse une chance car sa Miséricorde se fait, même après la mort, dans ce tunnel ténébreux qui mène aux portes de l’Enfer. Et voilà Glorio Polo qui revient à la vie terrestre, guérie. Après avoir témoigné à Fatima en 2007, Gloria Polo sillonne le monde pour témoigner de Dieu, de l’Eglise, des doctrines catholiques. Mais ce sont surtout les petits ou ceux qui se font petits qui attirent la miséricorde de Dieu, c’est ce que nous dit Padre Pio (Padre Pio de Pietrelcina – Transparent de Dieu – P.275) : « Celui qui tremble devant Dieu, qui est écrasé sous le poids de la souffrance, abattu à la vue des profondes blessures que ses propres péchés ont faites en lui, qui traine son front dans la poussière, s’abaisse, s’humilie, pleure, crie, soupire et prie, c’est celui-là qui est vainqueur, qui triomphe de Dieu et l’oblige à user de miséricorde envers lui ». C’est pourquoi Saint-Paul nous dit en Ep 4,17-24 : 17 Je vous dis donc et vous adjure dans le Seigneur de ne plus vous conduire comme le font les païens, avec leur vain jugement 18 et leurs pensées enténébrées : ils sont devenus étrangers à la vie de Dieu à cause de l’ignorance qu’a entraînée chez eux l’endurcissement du cœur, 19 et, leur sens moral une fois émoussé (ayant perdu tout espoir), ils se sont livrés à la débauche ( débauche de péchés,) au point de perpétrer avec frénésie toute sorte d’impureté dans la cupidité. 20 Mais vous, ce n’est pas ainsi que vous avez appris le Christ, 21 si du moins vous l’avez reçu dans une prédication et un enseignement conformes à la vérité qui est en Jésus, 22 à savoir qu’il vous faut abandonner votre premier genre de vie et dépouiller le vieil homme, qui va se corrompant au fil des convoitises décevantes, 23 pour vous renouveler par une transformation spirituelle de votre jugement 24 et revêtir l’Homme Nouveau, qui a été créé selon Dieu, dans la justice et la sainteté de la vérité ». Et lorsque vous serez transformés dans le Christ, la grâce de Dieu vous fera délaisser, en douce et sans secousse, presque même sans vous en apercevoir,  vos anciennes passions et vous n’en aurez aucun regret, que ce soit l’alcool, les sports, les danses, et autres diverses passions dans lesquelles vous étiez à 100% pour reprendre une nouvelle passion, celle du Christ qui vous suffira amplement. Et Le sanctuaire de Montligeon dans son « Manuscrit du Purgatoire » (P.99) nous fait la très juste remarque :  « Vous éprouverez souvent une grande indifférence pour les choses qui, autrefois, vous auraient trouvée sensible ; c’est encore une miséricorde de Celui qui vous aime et qui désire vous voir dans ce dégagement qu’il attend des âmes qu’il veut à lui seul. Jésus permet que ces âmes privilégiées éprouvent une espèce d’ennui pour tout ce qui n’est pas Lui. Il leur fait trouver pénible ce qui ne le touche pas directement, parce qu’il veut par-là les amener à vider leur cœur de tout l’humain (= de toutes les faiblesses humaines) qui s’y trouve afin qu’il le comble de ses grâces et qu’il y fasse déborder son amour. Sœur Faustine nous explique (§1697) que « La miséricorde divine atteint parfois le pécheur au dernier moment, d’une manière étrange et mystérieuse. A l’extérieur c’est comme si tout était perdu, mais il n’en est pas ainsi ; l’âme éclairée par un puissant rayon de la grâce suprême, se tourne vers Dieu avec une telle puissance d’amour, qu’en un instant elle reçoit de Dieu le pardon et de ses fautes et de leurs punitions, et à l’extérieur elle ne nous donne aucun signe de repentir ou de contrition, car elle ne réagit plus aux choses extérieures.

Et voici le témoignage de Maria Simma, une mystique Autrichienne, amie des âmes du Purgatoire, morte en 2004 à Sontag en Autriche : « (un jeune garçon, pour des raisons personnelles et justifiées, avait une haine féroce pour tout ce qui concerne l’Eglise, les prêtres, et autres). Beaucoup de personnes avaient tenté de l’aider par la suite mais il avait continué à grandir loin de l’Église qu’il attaquait souvent. Puis il est tombé malade et il est mort en maudissant toujours l’Eglise jusqu’à la fin. Un brave homme fort pieux qui connaissait toute l’histoire est allé voir Thérèse Neumann (une grande sainte allemande, mystique catholique qui avait les stigmates) qui pouvait elle aussi savoir où se trouvaient les âmes des défunts. Quand elle le sut, elle dit que ce garçon était sauvé mais qu’il était encore au Purgatoire. L’homme qui avait posé la question en fut très surpris parce que cet homme était mort en mau­dissant l’Eglise jusqu’au tout dernier moment. Et voici l’ex­plication donnée par Thérèse Neumann: bien que Satan eut bloqué son chemin vers la vérité alors qu’il était encore un jeune garçon très sensible et fort impressionnable, il avait toujours poursuivi en silence sa quête du vrai Dieu ; et parce qu’il avait conservé ce besoin dans son cœur, la miséricorde de Dieu l’a tiré vers lui. Nous avons là une fois de plus une grande preuve de la miséricorde de Dieu, et cela prouve que nous ne pouvons jamais tirer trop vite des conclusions, même si, ce que nous avons nous-mêmes vu ou entendu semblait aller dans la mauvaise direction ». Et Mt 12,32 confirme qu’après la mort, Dieu peut encore pardonner dans l’autre monde: « quiconque aura dit une parole contre le Fils de l’homme, cela lui sera remis; mais quiconque aura parlé contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera remis ni en ce monde ni dans l’autre ». « Ni dans l’autre monde » signifie bien que Dieu peut donc pardonner ou non les péchés après la mort. L’Évangile d’aujourd’hui nous rappelle qu’il nous faut nous tourner vers les autres pour les aider et non pour détruire : accueillir les étrangers, vêtir ceux qui en ont besoin, donner à manger et à boire à ceux qui ont faim et soif, visiter les malades, les isolés, les prisonniers, être miséricordieux à l’exemple de Dieu. La miséricorde, nous dit le Cardinal Walter Kasper, c’est « avoir un cœur qui bat pour les pauvres. Il ne faut pas sous-estimer la miséricorde de Dieu (qui est infinie, mais il ne faut pas non plus ) le prendre pour un imbécile qui, dans sa générosité, fermerait les yeux sur nos fautes et notre méchanceté et laisserait tout faire. Nietzsche s’est moqué de Dieu de cette façon en disant que Dieu était mort à cause de sa pitié pour les hommes (P.22) (alors qu’Il est mort par amour pour nous). On ne peut pas s’amuser avec Dieu; il ne permet pas qu’on le nargue (Ga 6,7-8 : « 7 Ne vous y trompez pas; on ne se moque pas de Dieu. Car ce que l’on sème, on le récolte : 8 qui sème dans sa chair, récoltera de la chair la corruption; qui sème dans l’esprit, récoltera de l’esprit la vie éternelle). Dans sa miséricorde, Dieu retient plutôt sa juste colère; en un sens, il se retient lui-même. Il le fait pour donner à l’homme une chance de se convertir. La miséricorde de Dieu offre au pécheur un délai parce qu’il désire sa conversion; elle est, en fin de compte, la grâce donnée pour se convertir… ». Le miséricordieux est à l’image du Christ… « Christ-Roi, Sauveur et rassembleur de toute l’humanité composée de brebis éparpillées, dispersées, perdues, égarées, blessées, malades. Il le fera par son Eglise, signe et instrument du salut des hommes, à travers sa hiérarchie, ses saints, ses apôtres, prêtres, religieux, laïcs, pour un immense travail de rassemblement des hommes dans la paix, la joie des retrouvailles avec le Christ. D’où le travail missionnaire qui nous attend. Il nous faut donc nous tourner vers les autres pour les évangéliser d’une manière ou d’une autre : catéchèse, enseignement, formation, chorale, parole de Dieu, serviteurs de Dieu par l’exemple et le témoignage d’une vie. Un chrétien faux, belliqueux, coléreux… pourra être difficilement missionnaire » (Achille Degeest – Le Pain du Dimanche). Nous n’avons plus le temps de nous perdre en enfantillage, en querelles inutiles. Nous avons un seul but : le Christ. Marie, notre sainte Mère, nous aidera à nous unir à son fils bien-aimé, le Christ-Roi, sauveur du monde, qui toute sa vie s’est mis au service de l’humanité.

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