19ième Dimanche du Temps Ordinaire (St Mt 10, 26-33)- par Claude WON FAH HIN

Commentaire du samedi 12 et Dimanche 13 Août 2023

 

19e dimanche ordinaire :

1·Rois 19.9–13 ; Romains 9.1–5 ; Matthieu 14.22–33

 

Après la multiplication des pains, Jésus oblige les disciples à entrer dans une barque pour aller sur l’autre rive tandis que lui-même fuit la foule après l’avoir servi. Il se met à l’écart, sur la montagne pour prier. La montagne est souvent le lieu de rencontre avec Dieu. C’est là, dans cette rencontre personnelle, que l’on apprend à le connaître. Élie n’a pas apprécié le comportement du peuple de Dieu, ce peuple choisi qui a bénéficié de toutes les bénédictions divines – adoption filiale, gloire avec la présence de Dieu au sein de ce peuple, alliances, législation, cultes, promesses, les patriarches et de qui le Christ est la Chair – ce peuple formé d’Israélites a abandonné leur alliance avec Dieu, abattu les autels et tué les prophètes. Élie va donc à la montagne de l’Horeb, appelé par ailleurs le Sinaï, pour rencontrer Dieu. Dans le passé, lors de la libération du peuple de Dieu de l’esclavage d’Egypte, les ouragans, les tremblements de terre, les éclairs, les colonnes de feu constituaient ce que l’on appelle la Théophanie, une intervention divine qui exprime la majesté et la Gloire de Dieu, venu pour protéger son peuple poursuivi par l’armée du Pharaon. Élie, donc, se retrouve sur cette montagne où passe un ouragan très puissant, mais Dieu n’était pas dans cet ouragan; vient ensuite un tremblement de terre, mais Dieu n’y était pas non plus; passe alors un feu, et Dieu n’y était pas également. Arrive alors une brise légère. Dès qu’Élie l’entendit, il se voila le visage avec son manteau, car on ne doit pas voir Dieu sous peine de mourir (Gn 32,31 ; Ex 20,19). « Le murmure d’une brise légère symbolise la spiritualité de Dieu et l’intimité dans laquelle Dieu s’entretient avec le prophète » (Osty P.698 – note 11). Dieu parle en nous dans la douceur du cœur, comme dans un chuchotement amoureux: la prière est un échange d’amour de cœur à cœur entre Dieu et le pécheur que nous sommes, un murmure au plus profond de notre âme, dans le secret le plus total ou dans le silence de la nuit. Et à la question « Que fais-tu ici, Élie ? », il répond « Je suis rempli d’un zèle jaloux pour Yahvé Sabaot, parce que les Israélites ont abandonné ton alliance, qu’ils ont abattu tes autels et tué tes prophètes par l’épée. A Jésus aussi, il lui arrive de se sentir   abandonné.

Sainte Marguerite-Marie priait devant le Saint Sacrement exposé. Notre Seigneur se présenta à elle, tout éclatant de Gloire : Il lui découvrit son Cœur et se plaignit amèrement des ingratitudes dont il était l’objet de la part des pécheurs. « Jésus se plaint à sainte Marguerite Marie d’être délaissé, abandonné au tabernacle par ses fidèles. Il ne reçoit que « mépris, irrévérences, sacrilèges et froideurs dans ce sacrement d’amour » (Cf. Jean LADAME, La sainte de Paray, Marguerite-Marie, Éd. Résiac, 1979, p. 124). « C’est pourquoi Jésus demanda à la visitandine (à la religieuse de l’Ordre la Visitation Sainte-Marie) de Paray-le­-Monial, sainte Marguerite-Marie, de venir toutes les nuits du jeudi au vendredi, entre 23 heures et minuit, pour se prosterner … devant le Saint Sacrement. Il invite la religieuse à L’accompagner dans cette mortelle tristesse qu’il vécut à Gethsémani » (Ste MARGUERJTE-MARIE, Sa vie par elle-même, Éd. Saint-Paul, Paris-Fribourg, 1979, p.86). À cette époque, une spiritualité stérilisée faisait qu’on n’osait pas déranger le « divin prisonnier du tabernacle». Du coup, les églises étaient devenues des déserts et où le Christ restait si seul, Lui qui attend pourtant, jour et nuit, notre visite. Quel abaissement pour Jésus-Christ – Dieu et Fils de Dieu – de demander à l’être aimé – une de ses propres créatures – des délicatesses et des attentions! Jésus demande donc à Marguerite-Marie de lui tenir compagnie toutes les nuits du jeudi au vendredi afin de pallier au manque de reconnaissance des pécheurs qui bénéficient sans cesse des grâces de Dieu que Jésus leur donne. Même Saint-Paul dans le 2ème texte d’aujourd’hui fait référence à Élie et parle de l’abandon du Seigneur, et pour ses frères, Paul souhaiterait être lui-même anathème (c’est-à-dire excommunié, réprouvé, hors la loi), séparé du Christ qu’il aime tant, si cela pouvait seulement améliorer la relation entre le peuple de Dieu et le Seigneur. En quelque sorte, lui aussi voudrait réparer les fautes de son peuple. Les amis de Dieu, eux, demeurent fidèles à la visite d’amour au Christ-Hostie. « Sainte Marie-Madeleine Pazzi allait trente fois par jour visiter Jésus au Saint Sacre­ment; Saint Louis de Gonzague était attiré par le tabernacle dès qu’il passait devant une chapelle ou une église. Saint Dominique Savio, âgé de treize ans, passait très souvent à la chapelle et venait adorer le Christ dans le tabernacle (Vie du jeune serviteur de Dieu Dominique Savio, par Don J. Bosco, Nice, 1924, chap. 14, p.60). Saint Pascal Baylon profitait de chaque seconde qu’il avait de libre pour se rendre à la chapelle et saluer Jésus au tabernacle. Enfant déjà, il faisait ses visites au Saint Sacrement. Mère Térésa qui avait comme nous à Colimaçons, il y a 6 ans de cela, 4H d’adoration par mois, une heure chaque vendredi, a mis 30H d’adoration par mois, soit 1H par jour, et cela a multiplié le nombre de vocations. Et chez nous, à l’unique heure d’adoration par mois qu’il nous reste, il n’y a pas foule en présence de Jésus au saint Sacrement. Il suffirait qu’un farceur dise tout haut qu’il a vu le visage de Jésus ou de Marie à l’autre bout de l’île pour que les gens y aillent par bus entiers, alors que là, au saint Sacrement, Jésus réellement présent, peu de gens y viennent le voir. Tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons viennent de Dieu. Peu de gens viennent lui rendre visite à l’adoration. La barque dont nous parle Matthieu représente l’Eglise, et dans cette Église, il y a, comme Pierre, des gens de peu de foi, des gens qui ne respectent pas toujours le Christ…A Catalina Rivas, une mystique catholique bolivienne, à qui la Sainte Vierge lui donne des visions et des explications sur la messe, elle lui dit : « Pourquoi devez-vous tous arriver à la dernière minute (à la messe) : Tu aurais dû arriver plus tôt pour être capable de prier et de demander au Seigneur d’envoyer son Esprit Saint pour qu’Il t’accorde un esprit de paix et te purifie de l’esprit du monde, de tes préoccupations, tes problèmes et tes distractions afin de te permettre de vivre ce moment si sacré. Pourtant, tu arrives presqu’au moment où la célébration est sur le point de commencer et tu participes comme s’il s’agissait d’un événement ordinaire, sans aucune préparation spirituelle. Pourquoi ? C’est ici le plus grand des Miracles. Tu vas vivre le moment où le Dieu Très Haut donne son plus grand cadeau et tu ne sais pas comment l’apprécier ». Ayons une confiance totale en la présence de Jésus au Saint Sacrement. Tant que Pierre fait confiance en Jésus-Christ, il marche comme le Christ sur l’eau. Dans ce passage, on ne voit souvent que le bain forcé de Pierre et on le stigmatise: sa foi n’est pas si grande que cela, lui le chef des Apôtres, le roc sur lequel sera bâti l’Eglise. Jésus lui-même lui dit : « Homme de peu de foi », expression qu’il réserve à Pierre, un de ses meilleurs disciples, comme pour nous dire aussi que notre foi demande également à être renforcée. Mais remarquons aussi que Pierre est le seul à avoir osé demander à rejoindre le Christ sur l’eau et que cela lui a été accordé. La masse d’eau fait peur, surtout la nuit. Mais Pierre n’a pas hésité à y aller avec Jésus. Certainement sa foi demande à être plus grande, comme pour nous tous. Mais il a fait un bout de chemin, au milieu de la nuit, avec le Christ, sur cette mer agitée, nuit et mer étant deux symboles du Mal. Claude Tassin nous dit que la nuit apparaissent les bêtes malfaisantes (Ps 104,20), la peste ténébreuse (Ps 91,6), les hommes qui haïssent la lumière agissent dans l’ombre et dans le dos des autres, les fourbes, les criminels, les assassins font leur apparition, et la mer, dans la Bible, est le lieu des forces du Mal, des éléments rebelles à Dieu. La marche de Jésus sur cette mer agitée montre qu’il maîtrise les forces de la nature et les forces du Mal, qu’il les écrase sous ses pas, qu’il les a sous ses ordres, qu’il les commande tout comme il est capable de commander à Pierre qui lui demande : « …donne-moi l’ordre de venir à toi sur ces eaux », et voilà que Pierre a la force de marcher sur l’eau comme Jésus. C’est ainsi qu’Abraham a obéi sans sourciller au Seigneur qui lui a dit : « Pars de ton pays, de ta famille et de la maison de ton père vers le pays que je te ferai voir », …Abraham s’en va en quelque sorte vers l’inconnu. Pour partir ainsi, il faut vraiment avoir la foi. Les prêtres ont fait le même choix : ils ont tout quitté pour suivre le Seigneur sans trop savoir où cela les mènera dans leur aventure terrestre tout en ayant une direction: le Royaume de Dieu et l’évangélisation du monde. Pour eux, « Dieu seul suffit ». Certains d’entre eux sont bardés de diplômes qui auraient pu faire d’eux des avocats, des médecins, des dentistes, des économistes, des professeurs, des entrepreneurs…. Et comme nous remercions Marie d’avoir dit « oui », nous pouvons aussi remercier tous ces prêtres d’avoir, eux aussi, dit « Oui » à Dieu. Et quand on connaît l’importance des sacrements et surtout de la messe, mille fois merci aux prêtres d’avoir dit « oui ». Même Marie, Mère de Dieu, se place en retrait du prêtre au moment de la messe, c’est dire l’importance du prêtre à l’Eucharistie. C’est eux, comme Paul et Élie, qui intercèdent pour nous, font les intermédiaires entre Dieu et nous, ce sont eux qui ont le pouvoir de rendre l’hostie vivante de la vie même de Jésus ressuscité, c’est par eux que nous pouvons avoir recours à Jésus qui pardonne nos péchés à la confession. Prions pour les prêtres et particulièrement pour les curés qui amènent la Vie au village, aux paroisses, lieux de vie autour du Christ ressuscité. Si nous avons tous la foi, la foi rassemble et ne divise jamais, autrement il y a un problème de compréhension de la foi et de mauvaise pratique. Paul nous parle d’ « un reste, élu par grâce », ceux qui n’ont pas fléchi le genou devant Baal, ceux qui n’adorent pas les idoles qui, aujourd’hui, prennent toutes sortes de formes : les divers « dieux » (avec un petit « d ») dont on parle ailleurs, mais aussi richesse, biens matériels, fêtes non chrétiennes, les écrans qui nous envahissent avec une culture de mort faite de violences, de drogues, de mauvaises actions, de guerres, de divisions, d’angoisse, de terreurs…alors qu’à ceux qui n’ont pas fléchi le genou devant les idoles, le Christ leur offre la paix, la joie, le silence, le bien-être, le sens de la famille parce que Jésus est Amour et source de tout amour…tout en sachant que les privilégiés de Dieu sont ceux qui portent la Croix du Seigneur. Si pas d’amour, pas de Jésus et si pas de Jésus, pas d’amour aussi. Et la question se pose : qu’est-ce que j’ai au fin fond de moi-même ? l’amour ? la haine ? la paix ? la violence ? mon intérêt personnel ou celui de tous ? Suis-je au service de Dieu ou de moi-même ? Thérèse d’Avila nous dit (Chemin de la Perfection – P.97) : « Surveillez attentivement vos mouvements intérieurs, surtout ceux qui concernent les prééminences (= supériorité de rang, de dignité, de droit, de degré). Que le Seigneur nous préserve par sa douloureuse Passion de nous arrêter à toute pensée ou parole comme les suivantes : Je suis plus ancienne en religion, je suis plus âgée, j’ai travaillé davantage, on a plus d’égards pour telle sœur (ou frère) que pour moi. Il faut résister à ces pensées, dès qu’elles se présentent ( et c’est le don du discernement qui nous permettra d’agir en nous-mêmes) ; si vous vous y arrêtez ( à ces mauvaises pensées), si vous venez à en parler, c’est une peste, et la source de grands maux. Travaillons donc à contrarier (à combattre) en tout notre propre volonté. Si nous nous y appliquons…, nous arriverons peu à peu, et sans savoir comment, au sommet de la perfection. Elle ajoute (« Vie » – ch.15) : « Quand l’Esprit de Dieu agit en nous, il n’est pas nécessaire de rechercher péniblement des considérations pour nous exciter à l’humilité et à la confusion de nous-mêmes. Le Seigneur met en nous une humilité bien différente de celle que nous pouvons nous procurer par nos faibles pensées. La nôtre, en effet, n’est rien en comparaison de cette humilité vraie et éclairée que Notre Seigneur enseigne alors et qui produit en nous une confusion capable de nous anéantir…Plus ses faveurs sont élevées, plus cette connaissance est profonde ». A l’inverse, si nous n’avons aucune de ces connaissances profondes, il faudra y travailler pour que Dieu nous les accorde et ce n’est en semant la division que l’on y arrivera car la division est l’œuvre de l’esprit du Mal, mais par la prière, l’adoration, les sacrements, le tout par amour de Dieu et du prochain. Saint Paul nous dit (Ep 4,26) « Quand vous vous mettez en colère, ne péchez pas ». L’Apôtre Paul ne dit pas « ne vous mettez pas en colère, car alors ce serait un péché ». Il dit de veiller à ce que la colère ne nous amène pas à pécher. La colère ne nous autorise pas à dire du mal des autres. Il faut bien veiller à cela. Ep 4,29 : « De votre bouche ne doit sortir aucun mauvais propos, mais plutôt toute bonne parole capable d’édifier, quand il le faut et de faire du bien à ceux qui l’entendent ». Marie, sainte Mère de Dieu, intercédez pour tous les pécheurs et particulièrement pour tous ceux qui ont abandonné Jésus-Christ, notre Seigneur.

image_pdfimage_print

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Question antispam * Time limit is exhausted. Please reload the CAPTCHA.

Top