Nativité de Jésus (messe du jour de Noël) – par Claude WON FAH HIN (St Jean 1, 1-18)

Commentaire du Dimanche 25/12/2022 – Messe du jour de Noël

 

Isaïe 52,7–10 ; Hébreux 1,1–6 ; Jean 1,1–18

« Dieu dit et cela fut », (Ps 33,9) « Il parle et cela est, il commande, et cela existe ». Dieu a créé le monde par sa parole, par son Verbe. Et Jean nous dit (Jn 1,1) : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu ». Dieu crée donc par la Parole, et cette Parole c’est le Verbe et c’est Dieu le Fils, expression parfaite du Père, image du Dieu invisible. Saint-Paul dans la deuxième lecture du jour nous le rappelle (He 1,2) : « Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par un Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, par qui aussi il a fait les mondes, c’est-à-dire les deux mondes : le monde visible, présent, terrestre, établi dans le temps, et le monde invisible, hors du temps, le monde de Dieu. Dieu le Père crée « tout » par son Fils Jésus, les êtres inanimés et les êtres vivants:  Ciel, terre, mer, la nature etc… et Il crée l’homme à son image. Il donne la vie à tout ce qui existe par son souffle, l’Esprit Saint, qui est Amour et qui met la vie en mouvement. Et parce que la vie des hommes est mise en danger par le péché, Dieu le Père envoie la Vie, c’est-à-dire le Christ, pour renouveler en nous notre vie pécheresse par une vie saine et sainte. Et c’est une nouvelle création. Le premier mot de Saint Jean est « au commencement », c’est une création nouvelle par le Christ envoyé parmi les hommes pécheurs, suite à la première création de la Genèse. Entre les deux créations, apparait comme une sorte d’énorme inclusion, comme une sorte de parenthèses à l’intérieur desquelles il est raconté la vie de ce peuple choisi par Dieu et qui retourne sans cesse à l’idolâtrie (le plus connu étant le Veau d’Or) et dénoncé à chaque fois par les prophètes, annonçant, par la même occasion, la venue d’un Sauveur. Un monde difficile, infidèle à Dieu, un Dieu Amour sans cesse miséricordieux, reprenant mille fois son peuple, avec douceur et tendresse, pour le ramener à Lui. C’est pourquoi, Dieu a mis dans ce peuple de pécheurs, des messagers de Dieu, des guetteurs, ou encore des guides spirituels qui vont agir de différentes manières. Is 56,10-12 nous explique qu’il y a des guetteurs aveugles, c’est-à-dire selon la note de la TOB, des responsables aveugles qui ne savent rien, ne voient rien, ne sachant rien discerner et suivent leur propre chemin; Ez 3,17-21 intervient au niveau de chaque fidèle de Dieu: « Lorsque tu entendras une parole de ma bouche, tu les avertiras de ma part. 18 Si je dis au méchant: Tu vas mourir, et que tu ne l’avertis pas, si tu ne parles pas pour avertir le méchant d’abandonner sa conduite mauvaise afin qu’il vive, le méchant, lui, mourra de sa faute, mais c’est à toi que je demanderai compte de son sang. 19 Si au contraire tu as averti le méchant et qu’il ne s’est pas converti de sa méchanceté et de sa mauvaise conduite, il mourra, lui, de sa faute, mais toi, tu auras sauvé ta vie. – 20 Lorsque le juste se détournera de sa justice pour commettre le mal et que je mettrai un piège devant lui, c’est lui qui mourra; (et) parce que tu ne l’auras pas averti, il mourra de son péché et on ne se souviendra plus de la justice qu’il a pratiquée, mais je te demanderai compte de son sang. 21 Si au contraire tu as averti le juste de ne pas pécher et qu’il n’a pas péché, il vivra parce qu’il aura été averti, et toi, tu auras sauvé ta vie ». Et enfin, le 1er texte d’aujourd’hui (Is52,7-10) parle des guetteurs qui élèvent la voix, poussent ensemble des cris de joie, car Dieu revient à Sion, dans la nouvelle Jérusalem qui est le peuple de Dieu, c’est la venue du Christ-Dieu, au milieu non seulement de son peuple mais aussi dans toute l’humanité. C’est tout le peuple de Dieu, tous ensemble, qui se réjouit à la venue de Dieu parmi les hommes. « Qu’ils sont beaux, sur les montagnes, les pieds du messager qui annonce la paix, du messager de bonnes nouvelles qui annonce le salut, qui dit à Sion : Ton Dieu règne ». « 4 Ce qui fut en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes, 5 et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie. 9 Il était la lumière véritable, qui éclaire tout homme, venant dans le monde. 10 Il était dans le monde, et le monde fut par lui, et le monde ne l’a pas reconnu. 11 Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas accueilli ». En 2022, sur les 7 600 000 000 d’habitants, 2 600 000 000 sont chrétiens dont plus de la moitié composée de catholiques (soit 1 360 000 000 selon les statistiques du Vatican en 2022, soit une augmentation de plus de 15 200 000 par rapport à 2021). Malgré une progression de catholiques et de chrétiens dans le monde, le plus grand nombre n’a pas encore accueilli Jésus. C’est pourquoi l’évangélisation a encore beaucoup à faire. C’est la mission que Jésus nous a confiée parce qu’ayant reçu Jésus en notre cœur, nous avons en nous la lumière qui éclaire le monde. Et nous devenons « lumières du monde » (Mt 5,14). Les uns illuminent le monde par la parole, d’autres par les prières et les chants, par leur bonne conduite, d’autres encore par la pratique des sacrements dont l’eucharistie qui est offerte en salut pour le monde entier, sans oublier tous ceux qui, par amour de Jésus et du prochain, s’occupent des plus petits de la terre et de bien d’autres manières encore. « A tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, eux…qui furent engendrés de Dieu ». Croire en son nom, c’est croire dans le nom du Fils de Dieu, c’est reconnaître et invoquer avec confiance la puissance de la personne même de Jésus. Parfois, les catholiques pensent que le nom de Jésus est banal, c’est juste son nom. Mais pour les esprits du mal, lorsqu’un chrétien cite le simple nom de Jésus, cela les fait extrêmement souffrir et cela les fait fuir. « Devenir enfant de Dieu » est une initiative de Dieu, personne ne peut devenir enfant de Dieu par lui-même, c’est un cadeau de Dieu. Et tout ce qui vient de Dieu est cadeau, grâce de Dieu. Le chrétien, qui vit réellement de Dieu, finira un jour ou l’autre par admettre que « tout est grâce de Dieu », tout, dans sa vie, est grâce de Dieu ». A partir de ce moment-là, il arrêtera de se dire ou de penser qu’il est quelqu’un d’important ou de nécessaire dans l’église, il fera simplement les choses, malgré ses défauts, avec autant de compréhension et d’amour. Il n’a nul besoin de « se faire une place dans l’église » comme le disent certains, car cela n’a aucune importance pour lui, il cherchera à vivre simplement, et du mieux qu’il peut, sa vie de chrétien, dans l’amour et la paix de Dieu. Pour lui, il a fait le choix, une seule direction : le Christ, et c’est tout, parce que c’est là qu’est la « place » de tout chrétien. La Vierge Marie est vraiment un exemple pour tous les chrétiens. Du temps de Jésus sur terre, elle s’est effacée devant Jésus, et on parle davantage des apôtres que de Marie alors qu’en dignité, elle est juste après le Christ car elle n’a pas de péché. Elle n’a pas revendiqué « une place » dans la formation de l’Eglise, mais elle avait, malgré tout, toute sa place dans le cœur de Jésus et le respect de tous les apôtres. On connaît très peu de choses sur Marie. Saint Louis-Marie Grignion de Monfort nous dit : « Dieu…a pris plaisir à la cacher dans sa conception, dans sa naissance, dans sa vie, dans ses mystères, dans son … assomption, à l’égard de presque toute créature humaine. Dieu le Père a consentit qu’elle ne fît point de miracle dans sa vie, du moins qui éclatât, quoiqu’il lui en eût donné la puissance. Dieu le Fils a consenti qu’elle ne parlât presque point, quoiqu’il lui eût communiqué sa sagesse. Dieu le Saint-Esprit a consenti que ses Apôtres et ses Evangélistes n’en parlassent que très peu et qu’autant qu’il était nécessaire pour faire connaître Jésus-Christ, quoiqu’elle fût son Epouse fidèle ». Et nous, pauvres pécheurs, on veut éclater, briller aux yeux du monde, ou des paroissiens. Elisabeth de la Trinité nous dit (Ecrits spirituels – P.43) : « C’est si bon la solitude et le silence…Je sais bien qu’au-dedans on peut toujours avoir cela, car, quand le cœur est pris, qui pourrait le distraire? Le bruit n’arrive qu’à la surface, mais au fond il n’y a que Lui! … Détachons-nous de tout. Qu’il n’y ait plus que Lui, Lui seul ». Saint Maximin (introduction des Ecrits Spirituels d’Elisabeth de la Trinité) explique (P.9) que « les événements extérieurs passent au second plan dans cette existence toute recueillie au-dedans d’une âme de silence, attentive à demeurer à travers toutes choses « éveillée en sa foi », en communion continuelle avec le Dieu vivant ». Saint Jean de la Croix exprime la même chose (Œuvres complètes – Tome II – P. 1017) : « Ne tenez aucun compte des choses du dehors, puisque Dieu vous en a retiré et déchargé ». La vie extérieure du chrétien ne fait qu’exprimer souvent ce qu’il vit à l’intérieur de lui-même. S’il grogne contre tout le monde, c’est que l’intérieur de son âme aussi n’est pas tranquille, et s’il n’est pas tranquille, c’est qu’il n’a pas la paix, et s’il n’a pas la paix en lui, cela signifie que Dieu n’est pas en lui, car Dieu est Paix. S’il veut paraitre aux yeux des autres pour avoir de la reconnaissance et l’honneur, c’est sans doute qu’il lui manque l’humilité, le détachement des choses du monde, le dépouillement de soi-même. Et s’il sème la division, sachez que le père de la division n’est autre que ce serpent qui a divisé et semé le trouble entre Adam et Eve. Il faut alors qu’il change de direction s’il veut vivre sa vie de chrétien, fidèle au Christ, et prendre le chemin qui mène au Christ, au Royaume de Dieu qui est justice, paix et joie (Rm14,17-19). C’est pourquoi les véritables guetteurs « élèvent la voix et ensemble, ils poussent des cris de joie », ensemble, dans l’unité.

Veillez bien à cela ! La division, vouloir « être plus ou mieux que les autres » c’est l’esprit du mal alors que la tolérance, l’unité, la joie et l’humilité, c’est le Christ. « Etre enfant de Dieu » implique de reconnaître les signes qui permettent de dire si on est toujours dans une attitude d’enfant de Dieu ou non. A chacun de bien y veiller, surtout en ce qui concerne soi-même car c’est la « gloire de Dieu » seule qui doit être mis en avant. Nous sommes tous pour la gloire de Dieu, et celle-là seulement, en tout cas c’est ainsi que nous devons être, « afin que, selon Rm15,6, d’un même cœur et d’une même bouche, nous glorifiions le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ ». Jésus, venant parmi les hommes en ce jour de Noël, nous fait connaître le Père parce qu’il est Lumière des hommes. Sa lumière va même luire jusque dans les ténèbres, et c’est pourquoi il était au rendez-vous à l’intérieur même de leur fief, au beau milieu de leurs spécialités, au sein même des situations dans lesquelles ils sont passés maîtres : le péché et la mort, afin de relever le défi de la mort et vaincre, par son sacrifice et donc par son amour, le monde des ténèbres, nous libérant ainsi de l’esclavage du péché et de la mort éternelle (enfer). Noël est un moment de joie pour tous, avec la venue du Sauveur sur qui nous pouvons nous appuyer pour avancer car, nous dit Paul, de sa plénitude nous avons tous reçu, et grâce pour grâce. Dans ce monde du mensonge, de la corruption en tous genres, de la malhonnêteté, des marchands de vent, et où les gens s’appauvrissent de plus en plus et n’ont plus le moyen de vivre décemment, où les lois anti-chrétiennes pullulent, où l’inflation galope artificiellement, où le système de santé se dégrade de manière non naturelle, où les fausses informations audiovisuelles sont partout, le tout au profit que quelques personnes les plus riches de la terre,  nous, chrétiens du monde, nous continuons à mettre notre confiance en Jésus-Christ plus que jamais, Lui qui nous dit  « ne vous inquiétez pas pour votre vie » (Mt 6,25), « ne vous inquiétez pas du lendemain (Mt 6,34). Et nous lui faisons confiance, exactement comme Marie, notre Mère, qui était la seule à avoir entièrement confiance en Jésus avant que ce dernier, à Cana, ne fasse le miracle de la transformation de l’eau en vin.

Marie, Mère de Dieu, notre Mère à tous, mais aussi notre modèle, merci de nous aider à avoir foi en Jésus-Christ.

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