Les vraies richesses
Lc 12, 13-21
« La vie d’un homme, fut-il dans l’abondance, ne dépend pas de ses richesses ».
Combien de fois avons-nous pensé le contraire ?
Combien de fois avons-nous jaugé et estimé et respecté quelqu’un parce qu’il était riche, donc influent, donc puissant ? Combien de fois avons-nous fait la différence dans notre jugement entre celui qui n’avait pas grand-chose et que nous traitions avec pitié, et celui qui avait du bien sous le soleil et que nous ménagions et traitions avec déférence ?
Notre monde actuel est tellement centré sur le profit, l’acquisition des richesses, le salaire, la vie économique que tous nos jugements sur les hommes sont faussés par cette mentalité, à tel point qu’avant même de juger un homme et d’avoir une opinion sur lui, nous regardons d’abord sa voiture, sa maison, son métier, son standing,… Autrement dit : on ne juge pas quelqu’un à cause de ce qu’il est, mais à cause de ce qu’il a. Dans notre société, nous confondons très vite et très facilement le verbe « être » avec le verbe « avoir » et l’ambiance est telle autour de nous qu’il devient plus important d’avoir plus que d’être mieux.
Si demain on proposait, dans la commune, à chaque habitant, le choix, entre un chèque de 6 000 euros ou bien l’acquisition d’une nouvelle qualité personnelle : on peut être sûr qu’à 90% les gens feraient la queue devant le guichet du chèque et non pas devant celui qui lui permettrait de se changer personnellement en mieux.
On confond l’homme lui-même avec son portefeuille et on assimile le propriétaire avec sa propriété. On dit : « L’homme ne vaut pas plus que ce qu’il possède ». S’il ne possède rien, il n’est rien ! S’il a de grands biens, il est quelqu’un ! L’homme lui-même est matérialisé, mis au niveau, rabaissé à sa valeur marchande. Ne dit-on pas, en Amérique : « Un tel vaut tant de dollars ! », ce qui veut dire son « salaire mensuel ». On le compare avec son gagne-pain !
Or, l’Evangile nous le rappelle fortement en ce dimanche : la valeur d’un homme, même s’il est riche, n’a rien à voir avec sa richesse. Il peut arriver qu’un homme riche soit un type bien, comme il peut arriver qu’il soit une crapule. C’est aussi vrai chez les pauvres : un pauvre peut avoir une valeur humaine extraordinaire ; ce peut être aussi une nullité.
Faisons bien attention, mes frères, à toujours bien distinguer le verbe être et le verbe avoir. C’est la leçon de l’Evangile d’aujourd’hui. Nous savons, nous chrétiens, où est la priorité. Attachons-nous :
– à être plus, à devenir mieux,
– à enrichir notre personnalité,
– à étoffer notre humanité,
– à donner à notre corps, à notre esprit, à notre cœur, à notre âme de nouvelles possibilités d’être plus homme, plus femme.
Il y a dans chacun d’entre nous des qualités qui ne demandent qu’à grandir, des bourgeons qui ne demandent qu’à s’épanouir. C’est incroyable ce qu’avec l’aide de Dieu et avec la force de l’Esprit Saint, nous pourrions devenir, si nous étions un peu plus coopérants, un peu plus attentifs à ce que Dieu voudrait faire en nous, avec nous et par nous. « Deviens ce que tu es », disait un philosophe.
Or, par le Baptême, nous sommes devenus des fils de Dieu. Déjà par notre naissance, des créatures de Dieu : alors, quel chemin à faire, quelle distance encore à parcourir pour atteindre nos possibilités personnelles et réelles ! Resterons-nous des embryons de ce que nous pourrions devenir ou, au contraire, allons-nous développer et épanouir au maximum tout ce que Dieu a déposé en nous pour l’exploiter et le faire valoir ?
Si, un jour, nous avions la possibilité de voir ce que nous aurions pu devenir et le comparer avec ce que nous sommes devenus, nous serions sans doute honteux et pleins de remords et nous dirions : « Qu’ai-je fait de ma vie ! Quel gaspillage, quel gâchis ! », et tout cela parce que je me suis attaché à de fausses valeurs, aux biens qui étaient à l’extérieur de moi, au lieu de faire valoir les richesses qui étaient en moi et qui, celles-là, sont restées au fond de moi, comme une mine ignorée et inexploitée.
Dans cet Evangile, le Seigneur ne nous dit pas d’être pauvres, il nous avertit seulement de ne pas nous tromper de richesses. Il y a les vraies richesses et les fausses, les vraies valeurs et les fausses et souvent nous nous laissons séduire, par le toc, par le clinquant, par le bling bling : ce qui n’est que de la poudre aux yeux.
A quoi reconnaîtrons-nous qu’une richesse est vraie, qu’une valeur est une vraie valeur ? Comment pouvons-nous faire la différence ? Il y a trois moyens de vérifications :
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Le 1er critère : Est-ce une chose qui passe ou qui ne passe pas ?