“OUI ” ou “NON” ?
Mt 21, 28-32
Nous connaissons tous ces deux enfants aux caractères différents évoqués par la parabole de Jésus : s’ils ne sont pas dans notre famille, ils n’en sont pas loin. Chacun de nous peut mettre un nom sur ce gosse à la « tête de mule », mais au « cœur d’or », toujours prêt à se rebiffer tant il a peur que l’on attente à sa liberté, mais qui, sans rien dire, va faire ce qu’on lui a demandé. Il est bien connu aussi cet autre, toujours souriant, facile à vivre, répondant au quart de tour, «oui, papa », «tout de suite, maman », mais que l’on retrouve une heure après, toujours plongé dans sa lecture, sans avoir bougé le petit doigt. Nous-mêmes, nous, les adultes réfléchis et sérieux, nous ne parlons jamais à tort et à travers ? Est-ce-que nous faisons toujours ce que nous avons promis ? Nos paroles sont-elles toujours le commencement d’une action ? Ce que nous faisons est-il toujours en accord avec ce que nous avons dit ?
Il est si facile de parler, de promettre, de rêver, de projeter, de s’enthousiasmer. Il est curieux de constater que ces vaines promesses s’appellent souvent des » belles paroles « . Les intentions sont belles, généreuses, pleines de dévouement – belles, trop belles, parce qu’elles ne sont suivies d’aucun effet – Et de ces paroles, avec les médias, nous en sommes saturés, rassasiés : paroles des représentants d’aspirateurs, paroles de charlatans à peser au kilo, paroles des hommes politiques avec leurs programmes célestes, paroles des faux prophètes, des philosophes, des pseudo-intellectuels, s’entassent et pourrissent dans nos paquets de journaux ou envolées aux quatre vents, repoussées par les paroles de ceux qui disent le contraire.
Paroles, paroles, paroles : c’est le titre d’une chanson fort connue, qui, elle aussi, sera oubliée à son tour.
Eh bien, dans notre vie chrétienne, malheureusement, c’est, hélas, aussi la même chose. Combien de fois avons-nous dit « oui, Seigneur » sans bouger, bien installés dans nos habitudes et nos routines… Combien de fois nous sommes-nous mis à l’abri de l’aventure évangélique, ne laissant au Père aucune chance de transformer notre cœur de pierre en un cœur de chair vis-à-vis sa grâce qui pourrait nous envahir, nous emporter dans un autre monde, celui de la vie divine ?
Nous nous sommes, au cours des années, tellement endurcis, que nous faisons semblant de ne plus être étonnés lorsque le Seigneur nous dit que les publicains et les prostituées nous précéderont au Royaume des cieux !
Et en fait, aucun d’entre nous, n’est prêt à parier un centime sur ces ‟filles des rues” ou sur ces « moins que rien » : pour nous, ils n’ont aucune chance d’être des signes de l’amour de Dieu ? Notre monde pourtant ne manque pas de pauvres, de petits, de prophètes : échos de la voix du Seigneur. Ce que veut dénoncer le Seigneur, dans cet Évangile d’aujourd’hui, ce ne sont pas les bêtises que nous aurons faites en croyant bien faire, non, le véritable scandale, c’est notre passivité, nos » oui, Seigneur » qui sont autant de provocations.
Nous serions déjà des saints, mes frères, de grands saints, si nous avions mis en pratique tout ce que nous avons promis au Seigneur « Seigneur, nous irons jusqu’au bout du monde avec toi ».