2ième Dimanche de Pâques – Homélie du Père Louis DATTIN

Le souffle de Jésus

Jn 20, 19-31

Si vous avez écouté, mes frères, ces trois lectures aussi différentes et aussi riches les unes que les autres, nous en extrayons quatre thèmes principaux :

1 – Communauté ; 2 – Foi ; 3 – Amour ; 4 – Paix.

Tout d’abord, la « vie en communauté » des premiers chrétiens : « On mettait tout en commun et personne ne se disait propriétaire de ce qu’il possédait ». C’est ensuite St-Jean qui nous rappelle que ceux qui ont « la foi » sont nés de Dieu et que par conséquent, ils pénètrent dans l’univers de l’amour : celui du Père, celui des frères et puis, c’est Jésus-Christ, lui-même, dans l’Evangile, qui répète jusqu’à quatre fois aux apôtres ébahis et stupéfaits : « La paix soit avec vous ».

 

Message lancé dans un monde du « chacun pour soi », où l’on ne croit plus à grand-chose, et qui sombre peu à peu dans ce que certains appellent la « morosité », d’autres la « déprime » ou encore le « mal de vivre » qui est le contraire de cette paix souhaitée aux autres par Jésus-Christ ressuscité.

Un quotidien du soir titrait récemment : « Plus de sept millions de français souffrent du mal vivre » alors que le lendemain matin, un autre journal écrivait que pour beaucoup de français : « La vie, c’était d’abord la bonne soupe, les copains et un bon coup de rouge ». On comprend aisément qu’avec un idéal aussi limité et une vue aussi basse, on puisse verser dans la morosité et cela explique aussi probablement l’attrait rencontré actuellement par les sectes, les horoscopes, l’astrologie, le magnétisme et toutes les fariboles du même genre.

 Bien sûr, à l’origine de ce malaise, il y a aussi un certain nombre d’explications : une inquiétude devant les développements fabuleux de la science dont on pressent que les risques sont grands (ne serait-ce qu’au plan génétique : d’où le document des évêques « vie et mort sur commande » qui essaie justement de réfléchir sur ces risques).

Notons aussi une inquiétude devant la complexité du monde moderne, l’immigration, les nouveaux pauvres, la guerre des étoiles, le terrorisme, l’insécurité.

Relevons également la dégradation des mœurs et son cortège d’abandons, la disparition du sens civique, la perte de la morale naturelle et a fortiori surnaturelle et parfois même nous ressentons ce malaise jusque dans l’Eglise elle-même, elle, la porteuse du message de Pâques. Elle nous semble moins « sainte », moins « catholique », moins « apostolique », tiraillée parfois entre des tendances divergentes.

Lorsque l’on écoute, comme à l’instant, le récit de la vie des premiers disciples du Christ « Les frères étaient fidèles à écouter « l’enseignement des apôtres » et à « vivre en communion fraternelle », à « rompre le pain » et à « participer aux prières », la crainte de Dieu était dans tous les cœurs. Ils mettaient tout en commun, prenaient leurs repas avec allégresse et simplicité et tous les jours ils faisaient entrer dans la communauté ceux qui étaient appelés au salut », nous avons envie de nous pincer pour voir si nous ne rêvons pas… si c’est bien la même Eglise que la nôtre ?

 

Oui, c’est la même Eglise, c’est bien la nôtre ! Alors… des problèmes, certes, il y en a, et il y en a eu aussi dans la jeune Eglise et j’irai même jusqu’à dire que le Christ lui-même les a connus, ces problèmes, autour de lui, sous des formes peut-être différentes mais bien semblables quant au fond.

Il a rencontré l’injustice, l’esclavage, la bêtise qui est de tous les temps, les égoïsmes de classe, le goût immodéré de l’argent, les idoles. Tout cela, il l’a rencontré sur les chemins de Palestine et l’on peut même dire qu’il en a été « la victime » : celle du « Vendredi Saint », mais le « Vendredi Saint » n’est que le Vendredi Saint et au-delà, trois jours plus tard, il y a la lumière de la Résurrection, celle de Pâques qui faisait dire à St-Paul : « Ô mort ! Où est ta victoire ? ». Si bien que toute cette bêtise humaine, toute cette masse de péché, produisant, génération après génération : angoisse, déprime, mal de vivre, dégouts et nausées, toutes ces ténèbres sont dissipées à la lumière de la Résurrection et le chrétien, depuis Pâques, depuis la Résurrection, est d’abord quelqu’un qui doit vivre en paix, qui doit vivre dans la joie, à l’abri, non pas de l’épreuve ou de l’anxiété. Il sait qu’il est déjà vainqueur, qu’il triomphe avec le Christ. Le baptême qu’il a reçu est pour lui l’assurance totale de son bonheur et de son succès.

C’est cela l’espérance chrétienne, basée sur la miséricorde de Dieu. C’est cela notre foi : nous savons bien que cela ne nous dispense pas de la lutte mais que nous sommes des vainqueurs à l’avance et le chrétien sait que, depuis Pâques, et il peut et il doit le dire : « C’est gagné ! ». Ne nous est-il jamais arrivé de voir le retour d’une équipe de foot, victorieuse après un match décisif et éprouvant, ils chantent : « On a gagné! On a gagné! ». C’est le chant des chrétiens qui se traduit en hébreu et que nous avons gardé depuis le début : Alléluia ! Alléluia !

Oui, le chrétien doit avoir une mentalité de gagneur parce qu’il sait que son entraineur, son coach, Jésus-Christ, le mènera forcément à la victoire et que, , , lui, est passé : il passera à son tour.

 

 

 

Les journalistes sportifs mettent de plus en plus l’accent sur le « moral » des sportifs : tout est dans le « mental » de celui qui aborde la compétition assurent-ils. Pour nous, c’est la même chose si nous avons l’esprit de Pâques, c’est-à-dire l’esprit de la victoire, de la compétition triomphante, du combat assuré, du résultat définitif, si nous savons que malgré les épreuves (« N’oublions pas quand même le Vendredi Saint »), il y a la victoire au bout, il y a le succès assuré : le triomphe de l’amour, de la joie, de l’unité !

Ces pauvres onze apôtres, verrouillés dans leur abri, crevaient de peur, avaient le moral à zéro. C’étaient des hommes battus et abattus, marqués par l’échec de celui en qui ils avaient cru… et puis, tout à coup, au milieu d’eux, un homme triomphant !… franchissant tous les obstacles et qui leur dit et leur répète : « La paix soit avec vous », cette paix intérieure, cette paix du cœur, qui est faite de confiance, de joie, d’optimisme, qui est le contraire de cette déprime et de cette morosité dont nous parlions tout à l’heure.

Oui, c’est cela que désire Jésus Ressuscité pour nous : cette joie profonde et forte, cette assurance intérieure que rien ne pourra nous arriver qui peut nous anéantir…Toute épreuve est devenue, depuis le Vendredi Saint, le prélude à ce qui doit arriver après : la joie, la victoire de Pâques.

Dans une tempête, si vous restez à la surface de l’eau : c’est le chaos, le déchaînement, la force aveugle. Plongez trois à quatre mètres en dessous, c’est le calme, la sérénité, le silence des grands espaces aquatiques.

Ne restons pas à la surface de nos vies. Pénétrons dans l’univers du Ressuscité qui vous dit : « La paix soit avec vous ». AMEN

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