Attente
Mt 24,37-44
Cette semaine, après le dîner, le téléphone sonne : il s’agissait d’un jeune couple que j’avais marié il y a quelques mois et qui m’annonçait la grande nouvelle. La femme était toute émue, on le sentait au timbre de sa voix et le mari, lui aussi, parlait à son tour avec une voix plus grave qu’à l’ordinaire : « Père, ça y est, nous attendons un enfant ». On sentait dans cette annonce une joie contenue, une gravité dans l’importance de la nouvelle. Une vie, en eux, allait grandir, s’épanouir et l’on devinait que ces quelques mois qui les séparait du jour où ils allaient enfin le voir, serait une période privilégiée : un temps d’attente active, de préparation commune à la venue de ce petit qu’ils entouraient déjà de leur affection avant même qu’il ne soit visible à leurs yeux.
Reposant l’écouteur sur le téléphone, je me suis dit que j’allais vous annoncer la nouvelle à vous aussi, car aujourd’hui, nous les chrétiens, nous nous trouvons dans la même situation ! Un enfant nous est annoncé et pas n’importe lequel ! Et pas dans neuf mois ! Dans moins d’un mois ! La voix des anges nous réveillera comme les bergers et nous entendrons leurs chants joyeux :
« Un enfant vous est né, un Sauveur-vous est donné », « Voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple », « Aujourd’hui vous est né un sauveur », « Il est le Messie, le Seigneur ! Vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire », et il y eut avec l’ange, un groupe céleste qui chantait et louait Dieu en disant :
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ».
Alors qu’allons-nous faire pour attendre cet enfant que Dieu nous envoie et qui est son fils ? Comment allons-nous vivre ce mois qui nous sépare de Noël ? Est-ce un mois comme les autres où nous ne changerons rien à nos habitudes, comme si cet enfant ne nous concernait pas, comme s’il n’y avait pas de naissance dans notre famille, comme si cette naissance du Sauveur n’était pas désirée ? Ou au contraire, allons-nous faire de ce mois, un temps de préparation, un temps d’affection, un temps d’activité pour que sa naissance, le 25 décembre, soit non seulement une fête mais un accueil, un évènement, une date dans notre vie et dans la sienne ?
Alors, pour cela, écoutons de nouveau la voix de St-Paul qui nous clame : « Frères, vous le savez, l’heure est venue de sortir de votre sommeil car le salut est plus près maintenant qu’à l’époque où nous sommes devenus croyants. La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche ».
Le Christ « Soleil levant » va bientôt se lever pour une aube nouvelle et définitive. C’est à partir de maintenant, d’aujourd’hui, que nous devons préparer Noël. Oh ! Pas seulement en préparant la fête proprement dite ! Les jouets des enfants, la commande des huîtres, ou la préparation du boudin blanc ou la confection de guirlandes à mettre sur un sapin !
Non ! Préparer Noël, ce n’est pas cela, c’est d’abord pour les chrétiens, pour l’Eglise » attendre l’enfant qui doit naître » : attente active, intérieure, affective pour accueillir cet enfant au moment de sa naissance.