32ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Joyeuse espérance

 Lc 20,27-38

Un de mes amis me racontait que dernièrement, un jeune de 17 ans fut tué dans un accident de moto. Ses parents, incroyants, ne  l’avaient  pas  élevé  chrétiennement – aussi choisissent-ils, ce qui était logique, un enterrement civil. On alla donc directement de sa maison au cimetière.

Beaucoup de jeunes, amis de Christian, suivaient le convoi et parmi eux, beaucoup furent choqués de voir qu’on ne passait pas à l’église. Pourtant, la plupart étaient des non-pratiquants et quelques-uns incroyants. Ils estimaient qu’il manquait quelque chose : tout simplement, ils soupçonnaient qu’il y a dans toute vie humaine, une spirituelle, religieuse et c’est là notre foi, à nous les chrétiens !

. Notre vie a une dimension familiale : on a tous des parents ou des enfants ou un conjoint.

. Notre vie a aussi une dimension professionnelle : on est étudiant, agriculteur, menuisier ou avocat,…

. Elle peut aussi avoir une dimension artistique : on joue de la flûte, on fait partie d’une chorale, on s’adonne à la peinture,…

. Elle peut avoir une dimension sportive : judo, football, danse,…

Mais notre vie a aussi une dimension religieuse. Nous savons bien en effet, que cette vie, ce n’est pas nous qui nous la sommes donnée ; nous l’avons reçue par l’intermédiaire de nos parents, comme nous avons reçu un capital de santé, d’intelligence, de courage, et toutes sortes de talents.

Tout cela, bien sûr, est à nous, mais elle vient, non seulement de notre hérédité, de notre éducation et de bien plus loin, tout cela vient d’ailleurs. Tout cela nous dépasse et, en même temps, tout cela est très fragile. Nous sommes limités, à la merci d’un échec, d’un accident, de la souffrance, limités dans nos affections et notre amitié, dans notre santé, dans nos décisions et ce n’est pas nous (heureusement) qui décidons du jour et de l’heure de notre mort.

Ainsi notre vie est à nous, sans être à nous, elle nous échappe : nous n’en sommes pas les maîtres absolus et n’est-elle pas faite aussi pour aboutir ailleurs?

C’est bien ce que veut nous faire comprendre Jésus dans cet évangile  d’aujourd’hui : « Le  vrai  Dieu  n’est  pas « le  Dieu  des morts », mais  le « Dieu  des  vivants » ». Tous  vivent  en  effet PAR LUI.

. Oui, notre vie vient d’ailleurs, elle vient de Dieu : « Il est le Dieu des vivants et non celui des morts ». Il est la source de toute vie.

. C’est Dieu qui est à l’origine de notre vie et il ne nous a pas créés pour rien, mais pour que nous fassions grandir cette vie dans toutes ses dimensions. Cette existence, dès ici-bas, demande à s’épanouir. Toutes ces possibilités qui nous sont offertes dès ici-bas, nous avons à les mettre en œuvre, à les épanouir, à leur faire rendre un maximum, comme un talent, un capital que Dieu nous a confié et qu’il faut faire valoir.

Notre vie nous appartient – mais en même temps, elle appartient à Dieu – et si, à l’origine, elle ne vient pas de nous, à son terme notre vie va ailleurs. C’est ce qu’on appelle la « Résurrection des morts » ou la « Résurrection de la chair ».

Nous récitons le dimanche dans le Credo : « Je crois à la Résurrection de la chair ». Que signifient au juste ces mots : « Résurrection de la chair » ?

Il  serait  ridicule  d’y  voir  un  phénomène  biologique,  comme si c’était un  cadavre  qui  pourrait  retrouver  ses  membres, ses cellules, ses articulations et   parvenir à se réanimer.

Il serait ridicule de comprendre cette résurrection, comme un retour en arrière, comme une réanimation, un retour à la vie semblable à celle que l’on a perdue au moment de la mort. C’est ce que pensaient les Saducéens de l’Evangile qui s’imaginaient que la résurrection des morts devait entrainer des problèmes de vie conjugale de même type qu’ici-bas !

. Non, la résurrection des morts n’est ni un phénomène biologique ni un retour en arrière, c’est une réalité toute spirituelle.

. C’est un « bond en avant » vers quelque chose de tout neuf, de tout nouveau. C’est comme une « nouvelle naissance » à la vie définitive. Cette plénitude de vie à laquelle nous sommes appelés, nous ne pouvons pas l’imaginer : plus de limites à nos affections, plus de limites dans nos amitiés, plus de limites dans nos connaissances, « l’ancien monde, nous dit l’Apocalypse, s’en sera allé ».

Dieu sera « tout en tous » et l’amour sera « tout » en chacun.

. Plus de problèmes de communication les uns avec les  autres : nous  serons tous parfaitement transparents les uns aux autres.

. Joie d’aimer, joie de comprendre, joie de découvrir tant de richesses insoupçonnées en ceux que nous avions cru connaître ici-bas.

. Tel sera le monde auquel nous sommes appelés à naître le jour de notre mort. Alors, nous serons devenus des vivants, des vivants dans leur plénitude, nous aurons atteint notre pleine dimension, car nous serons remplis de Dieu et imprégnés de son Esprit.

. C’est pourquoi, il n’y a rien d’étonnant à ce que, ici-bas, nous ne soyons jamais  satisfaits. Nous avons toujours soif d’un plus ou d’un mieux. Rien d’étonnant non plus à ce que, même nos plus grandes joies, soient le résultat d’un dépassement de nous-mêmes, par une ouverture à Dieu et aux autres.

. Déjà ici-bas : plus nous nous ouvrons à Dieu et aux autres, plus nous recevons cette vie pour laquelle Dieu nous a créés.

. La plénitude de la vie est liée à la rencontre de Dieu au terme d’une véritable germination spirituelle. Cette résurrection des morts est une recréation spirituelle, une renaissance donnée par  l’Esprit Saint, mais  n’oublions pas qu’elle commence dès ici-bas, chez tous ceux qui accèdent peu à peu à l’amour, le corps qui meurt, comme le grain jeté en terre n’est que la semence de ce qui viendra : le grain ne ressemble pas à l’épi.

Le grain semé disparaît : on ne le retrouve plus. L’épi est autre chose que le grain et pourtant, sans le grain, pas d’épi.

Le corps terrestre apparaît comme un point de départ, mais il connaît une transformation telle qu’on ne peut le comparer à ce qu’il deviendra ou à ce qu’il a été. C’est bien moi qui ressuscite, mais je ressuscite autre : ce que nous vivons actuellement n’est qu’une sorte d’ébauche qui sera dépassée, comme l’adulte dépasse l’embryon, comme le grain par rapport à l’épi.

Il n’y a rien de perdu dans notre vie actuelle. Tout sera sauvé et ce que nous allons vivre ne sera pas un autre monde, mais un monde transfiguré.  AMEN

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