24ième Dimanche du Temps Ordinaire – Homélie du Père Louis DATTIN

Le fils prodigue

Lc 15, 1-32

Parmi les trois paraboles admirables qui nous montrent jusqu’où peut aller l’amour de Dieu, attardons-nous, si vous le voulez bien, sur la dernière: « Un homme avait deux fils ». Elle semble tellement d’actualité cette histoire : il n’arrive pas de semaines où l’on ne me raconte des conflits entre des jeunes et leurs parents, où un jeune homme s’en va en claquant la porte, ou cet autre reste à la maison, mais en feignant d’ignorer ses parents qu’ils considèrent comme déphasés, ringards, dépassés, de ces familles qu’il faudrait plutôt appeler « Pension de famille » tant ceux qui vivent sous le même toit s’ignorent, vivent chacun de leur côté, juxtaposés, mais bien peu unis, encore moins, aimants. Combien de pères ou de mères n’arrivent plus à établir des relations d’amour avec des enfants, pourtant très différents de tempérament, un amour mal accueilli, mal compris.

Et derrière cette histoire, nous nous souvenons de la 1ère lecture, l’histoire de l’alliance du Sinaï : Dieu, respectueux de la liberté humaine qui n’arrive plus, lui aussi, à établir des liens d’amour avec son peuple choisi. Si bien que la mission du Christ sera de partir à la recherche des brebis égarées et d’essayer de nouer des relations nouvelles : une nouvelle alliance entre Dieu et ses fils, tous les hommes.

Jésus, aujourd’hui, veut provoquer notre réflexion et nous amener à nous demander si nous ne ressemblons pas à l’un de ces deux fils, dans notre attitude envers Dieu.

 

Voyons d’abord le plus jeune : celui que l’on appelle le « Prodigue ». Il a  l’esprit  aventureux, portant  en  lui, une « fureur de vivre ». Il  est  comme  certains  des  jeunes d’aujourd’hui, « Il veut tout et tout de suite ». Ses illusions vont d’ailleurs tomber très vite au contact de l’égoïsme des autres… Il va découvrir très vite le désert de l’amour. Laissons-nous attendrir par ces retrouvailles et l’accueil chaleureux de son père.

« Lorsqu’on a été père une fois, on ne peut plus cesser d’être Père ». Rien ne compte. Tout est oublié, effacé, aboli : c’est la fête de l’amour et l’amour n’a pas de prix. Et par là, nous comprenons mieux l’appel pressant de Jésus à tous ceux qui ont pris vis-à-vis de Dieu beaucoup de distance : toute la gamme des négligents, des insouciants, des mal-croyants, ceux que nous appelons aujourd’hui « les non-pratiquants » et encore de tous ces marginaux, ces exclus, ces révoltés, un peu dans le genre du malfaiteur qui se trouvait crucifié à côté de Jésus. Lui aussi se tourne vers le Christ, peut-être en souvenir de cette parabole de miséricorde ?

Et nous, qui sommes ici, rassemblés dans cette église, qu’en est-il de nos relations avec Dieu ? Lorsque nous disons « Notre Père », voulons-nous chanter tout l’amour qui est dans le cœur de Dieu ? Voulons-nous exprimer toute la confiance qui est dans le nôtre ? Cette histoire du fils fugueur nous invite encore à l’espérance : oui, des êtres chers semblent éloignés de Dieu, ils cherchent ailleurs un autre chemin de bonheur. Ne les jugeons pas. Croyons solidement que le Père des cieux reste toujours prêt à les accueillir au jour de leur retour car Dieu est riche en miséricorde.

Passons au fils aîné : il nous apparaît, au premier abord, comme un fils exemplaire : fidèle à la loi, plein de soumission et d’obéissance,  mais il a si peu d’affection, si peu de confiance qu’il n’a jamais osé demander un chevreau à son père, pour faire une boum avec les jeunes de son âge… la fête de quoi ?

Il n’y a peut-être jamais pensé : peu d’amour dans le cœur, peu d’esprit de fête.  Avez-vous assez de fêtes en famille ? Si oui, c’est bon signe, c’est qu’il y a de l’amour entre vous.

Le retour inattendu de son frère va éclairer tout cela ! « C’est un comble, c’est un scandale ! », se dit-il. N’est-ce pas approuver, encourager la rébellion, le gaspillage ? Cette fête est insensée, ridicule et de fait, elle le serait, si justement, elle n’était le signe d’un amour fou et sans mesure, celui de Dieu.

Judas, aussi, trouvera ridicule le geste de la pécheresse qui va verser sur les pieds de Jésus, un parfum de grand prix, répandu sans retenue, avec exubérance. A quoi donc serviraient les richesses matérielles sinon justement à exprimer des gestes d’amour : c’est le sens même du cadeau, et de la fête !

Au travers de cette histoire, Jésus s’adresse aux pratiquants et leur dit : « Attention, votre amour du Père doit s’exprimer certes par un culte rendu à Dieu, mais aussi soyez des pratiquants de l’amour fraternel :

. fidélité à votre prière

. fidélité à votre messe, très bien

. fidélité à votre conscience et à l’éducation que vous avez reçue.

Oui, mais ouvrez les yeux autour de vous, soyez compréhensifs et pleins d’attention à l’égard de ceux qui se sont éloignés du Père et soyez avec eux, comme des frères, de vrais frères, de toutes façons, issus d’un même Père, prêts à se pardonner les uns les autres.

A notre tour de réfléchir sur nos comportements de baptisés.

La vie chrétienne, c’est la découverte de plus en plus complète, à l’école de Jésus, de l’amour infini du Père des cieux.

 « Il fallait bien faire la fête et se réjouir, car ton frère que voici était mort et il est revenu à la vie… il était perdu et il est retrouvé ».

Ce retour des fils vers le père qui les accueille avec joie et dans la fête, essayons, nous aussi, de le vivre avec sincérité, ce retour vers le Père, et cet amour de nos frères.

Nous aussi, essayons d’aimer et de pardonner de la même façon que Dieu puisqu’il nous pardonne à chaque fois que nous faisons retour vers lui.  AMEN

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