7ième Dimanche de Pâques – Homélie du Père Louis DATTIN

Unité des chrétiens

Jean 17, 20-26

                                                               

                   Nous avons écouté, par cet évangile, les dernières Paroles de Jésus. La Cène est finie, les apôtres ont communié et les voilà, tous les 11, qui prennent l’escalier qui descend la Vallée du Cédron et qui mène jusqu’au Jardin des Oliviers où Jésus va entrer dans son agonie et cet évangile est déjà et encore, une prière :

« “ Père, je ne prie pas seulement pour ceux qui sont ce soir avec moi, mais encore pour tous ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi ” ».

Oui, Jésus a donc entrevu et prévu la multitude des chrétiens, l’immensité de l’église. Il voyait à l’avance ces foules de croyants : il a prié pour eux, il a prié pour chacun de nous ce soir-là et quel était le contenu de cette prière ? Qu’est-ce-que Jésus demande pour les croyants ? «“ Que tous, ils soient « un ».

Voilà le souhait fondamental de Jésus pour nous, non pas qu’ils soient « saints », non pas qu’ils aient la foi ou qu’ils aient l’amour, non, « “ qu’ils soient « un » ” ».

Pourquoi  cette  prière  plutôt  qu’une  autre ? Parce  que  Jésus a pressenti que le grand drame des croyants, ne serait ni leur manque de foi, ni leur égoïsme, ni leur orgueil mais la « Division« . Or, la Division, c’est le contraire de Dieu : « “ Je crois en un seul Dieu ” ».  Dieu, avant tout, est « un ». Dieu vit de l’unité, par l’unité de ses personnes, dans l’unité qui est communion totale, sans confusion : c’est l’unité de plusieurs personnes distinctes, se respectant les unes les autres. Et parce que, nous-mêmes, nous  sommes  créés  à  cette image de Dieu, nous rêvons, au fond de notre cœur, de cette unité souvent perdue, toujours à refaire.

Que de fiancés ont rêvé à l’unité de leur couple, à la fusion totale de leurs deux êtres !

Que de familles ont fantasmé la famille idéale, du Père, de la Mère et des Enfants : unis en étroite communion !

Que de cités, que de pays, ont, eux aussi, imaginé cette unité idéale de tous les citoyens sous la conduite d’un seul chef, élu et choisi par eux !

 

Ce que craint Jésus, pour son église, avant tout, c’est le sectarisme, la scission, les fanatismes, les intolérances.

Que d’unions brisées! Que de haines, dans le monde et parfois aussi, il faut bien le dire, dans l’église !

Mais, nous avons eu, parfois, n’est-il pas vrai, à certains moments, un avant-goût de ce que pourrait être le ciel, tous les croyants tournés vers le Père, tous, vivants entre frères ?

C’est cette unité-là, mais absolue et définitive, que demande Jésus pour nous !

Dans le « Je crois en Dieu », nous disons «“ Je crois en l’église ”» avec 4 qualités : « une », « sainte », « catholique » et « apostolique ».

Quel est l’adjectif qui arrive en tête ? Ce n’est pas la sainteté, ni qu’elle soit catholique, ni même qu’elle soit apôtre. C’est d’abord son unité. Si l’église est « une », c’est-à-dire unie, communiante, communauté d’amour, alors seulement, elle pourra devenir sainte, alors seulement elle pourra devenir catholique, alors seulement elle pourra devenir apostolique.

Mais, il ne s’agit pas, bien sûr, de n’importe quelle unité : ce n’est pas une « vague bonne entente » entre des copains, il ne s’agit  pas  non  plus  d’une  honnête   tolérance  réciproque.

Ce n’est pas non plus une « coexistence pacifique ». Non, le modèle de l’unité n’est pas là : le modèle d’unité donné par Jésus aux chrétiens, c’est la Trinité , « “ A plusieurs ne faire qu’un ” ».

Nous rêvons parfois d’une unité facile, qui serait, que les autres, qui ne pensent pas comme nous, nous rejoignent. Ce n’est pas cela la véritable unité. Ne confondez pas l’unité avec l’uniformité. En Dieu, au contraire, les personnes restent totalement distinctes et se respectent les unes les autres. C’est l’unité de plusieurs avec leurs légitimes différences, leur originalité. Un africain, un indien, un bouddhiste, un animiste doit, même dans la foi catholique, surtout dans la foi catholique, ne rien perdre de ses valeurs personnelles et retrouver, en outre, toutes celles qui sont offertes par Jésus-Christ.

Aujourd’hui, on parle beaucoup de « pluralisme »… En fait, allons-nous vers une écoute et une acceptation réelle de nos différences, vers un échange de nos richesses, vers un partage de nos cultures  ou voulons-nous imposer notre choix à tous les autres ? Jésus nous dit d’être « un« , comme lui avec les 2 autres personnes divines. Ce sera cette unité-là qui sera à l’origine de la foi des autres. C’est parce qu’ils nous verront unis que les autres auront envie de vivre comme nous : pourquoi ? Parce que tout homme, qu’il soit chrétien ou non, a, au fond de lui-même, un désir, un vieux projet d’amour, de fusion, d’unité avec Dieu ou avec les autres. Projet vrai ou désir nostalgique ? Ce que vivent les uns doit être envié par les autres pour qu’à leur tour, ils entrent dans la ronde.

Tout homme possède en lui, un sentiment de solitude et un désir de « vivre avec » et il ne sera heureux que lorsque cette solitude  est  évacuée  et  ce  désir  d’unité  comblé. Ce n’est pas  pour rien qu’il est créé à l’image de Dieu:« “ Tel père…Tel fils ” » et le fils n’a, au fond de lui-même, qu’une seule ambition : vivre avec le Père : en aimant et en étant aimé.

En réalisant cette unité, il n’aura plus faim et soif d’autre chose, il sera vraiment heureux et ne sera pas en recherche de bonheurs factices ou de paradis artificiels parce qu’il vit déjà à l’avance ce bonheur qui sera définitivement le sien : l’unité de l’église vécue dans l’unité de la Trinité Sainte.

St-Cyprien, évêque de Carthage (autour de l’an 250), disait :

« L’église est un peuple qui tire son unité de l’unité du Père, du Fils et du Saint-Esprit ».

L’église doit être le sacrement visible c’est-à-dire le signe sensible de l’unité de Dieu.

Maintenant, en 2016, avec les « médias », nous possédons les techniques les plus avancées, les plus sophistiquées pour communiquer, mettre en relation, rassembler. Avec ces techniques, l’homme se sent pourtant beaucoup plus seul que dans un village du Moyen-Age. Peut-être parce que, en plus des techniques de communication, il faut autre chose : l’amour dans l’unité. C’est l’unité qui rassemble les hommes. C’est l’unité qui évangélise : « “ Voyez comme ils s’aiment ” ». Alors la foi devient attirante : « “ Qu’ils soient « un », afin que le monde croie que tu m’as envoyé ” »

Si notre unité devient visible pour les autres, s’ils la sentent, s’ils l’envient, alors l’église devient l’icône de la Trinité. C’est notre modèle, notre programme : unité dans nos cités, notre profession, nos groupes, notre paroisse, tous nos amours.

 « “ Père, ceux  que  tu m’as  donnés,

« je veux » que  là où je suis, eux aussi soient avec moi ” ».

C’est le seul « Je veux » de tout l’Evangile et ce « Je veux »- là, c’est pour l’unité…

                                                                     AMEN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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