19ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 14, 22-33) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

En ce 19ème dimanche du Temps Ordinaire, l’évangile nous donne de réfléchir sur la qualité de notre foi lorsque nous traversons les tempêtes de nos vies, lorsque les épreuves nous assaillent.

La foi ? L’évangile nous donne plusieurs indications pour mieux comprendre ce qu’est la foi. Tout comme l’amour, la foi n’est pas à l’abri des difficultés de la vie ou du malheur. La foi n’est pas non plus à l’abri du doute. Bien des doutes ont pu ou peuvent encore nous animer : « Où est Dieu ? » « Est-il vraiment présent à mes côtés ? »

La foi n’est pas non plus à l’abri de la lassitude et de l’ennui. Qui d’entre nous n’a pas connu une période de désert spirituel ? Le pape François nous met aussi en garde contre l’acédie : l’ennui, le dégoût de la prière, le découragement. Nous voyons que la foi n’est pas un acquis, nous pouvons tous être confrontés à une crise de la foi.

La foi reste encore un peu taboue dans nos cercles familiaux, amicaux et professionnels tant nos rapports à la foi sont différents : il y a ceux qui croient, ceux qui ne croient pas (les athées), ceux qui croient autrement, ceux qui ne se prononcent pas (les agnostiques ou les sceptiques), ceux qui ont plusieurs croyances…

La foi ne dépend pas forcément de notre milieu social. Ce ne sont pas toujours ceux qui sont nés dans la misère qui refusent de croire. Inversement, bien des personnes qui ont vécu dans de meilleures conditions sociales pour s’épanouir disent parfois ne pas croire ou ne plus croire. Il importe également d’admettre la souffrance et le mal qui impactent notre humanité et qui peuvent faire douter de l’existence de Dieu.

Nous comprenons alors qu’il faut demander en tout premier lieu au Seigneur qu’il soutienne et fortifie notre foi. La foi reste un don de Dieu, ne l’oublions pas. Ne prétendons pas trop vite que notre foi est infaillible ou plus grande que celle d’un autre. Celle des premiers disciples a été mise à rude d’épreuve. Celle de Pierre, malgré qu’elle soit plus intrépide et audacieuse, a été confrontée au doute : « Homme de peu de foi,
pourquoi as-tu douté ? »
[1]

En ce dimanche, nous sommes invités à nous demander sincèrement : en qui mettons-nous vraiment notre foi au cœur de nos épreuves ? L’évangile présente Jésus comme le Fils de Dieu, celui qui a le pouvoir de maîtriser les flots de la mer. Dans la Bible, la mer est souvent associée aux forces du mal, à la destruction ou encore à la mort.

En marchant sur la mer, Jésus montre qu’il est le maître de la création, qu’il est plus puissant que les éléments déchaînés de la nature. Jésus marche sur le mal, il est plus fort que les forces du mal. L’évangile nous invite vraiment à le croire ! C’est Jésus qui est au cœur de notre foi chrétienne.

Il me semble que quatre pistes nous sont données pour revitaliser notre foi :

  • Nous libérer de nos peurs. Jésus peut nous en libérer : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! » Nous sommes mis face au défi de la confiance, nous remettre réellement entre les mains du Christ. C’est lui qui est au gouvernail de nos vies, c’est lui qui mène la barque de notre Église, malgré les agitations…

  • Nous libérer de nos vieux « fantômes » du passé. Faire le deuil de ce qui n’est plus et qui ne sera plus. Ne pas vivre dans la nostalgie du passé. Cela est primordial pour vivre davantage dans le présent que Dieu nous donne.

  • Notre foi vacille… Nous devons sans cesse l’appuyer sur la foi de l’Église qui nous précède. Il importe dans l’épreuve de nous rapprocher des personnes dont la foi est plus « solide », ces frères et sœurs de la communauté qui témoignent d’une foi qui a su traverser les tempêtes, une foi « reconnue ».

La foi de Pierre, bien qu’imparfaite, est plus volontaire : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. » Dans l’aventure de la foi, nous avons besoin de meneurs comme Pierre pour rendre notre foi plus vive. Pierre nous enseigne ce que nous devons faire lorsque nous sentons que nous lâchons prise, que nous sommes perdus ou au fond du trou : implorer le Christ de nous venir en aide, « Seigneur, sauve-moi ! » C’est la première démarche à faire, cela ne dépend que de nous.

  • Je le disais, notre monde est confronté au mal, sa part de souffrance est importante. Il faut être capable de mettre la foi à l’œuvre. Nous devons être des signes pour les autres que le Christ apporte vraiment le Salut. Rendre notre foi « visible » pour ceux qui peinent…

Ensemble, invoquons le Seigneur :

Seigneur Jésus, viens nous prendre par la main, viens nous sauver. Viens au secours de notre foi, viens au secours de nos peurs. Augmente en nous la foi, viens nous libérer de nos craintes, de nos inquiétudes. Seigneur Jésus, nous avons confiance en toi ! Amen.

[1] Dans la deuxième lecture, la foi de Paul est confrontée à la tristesse face à l’échec de l’accueil de la Bonne Nouvelle du Salut par les Juifs. Voir Rm 9, 1-5.

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