« Seigneur, prends pitié du pécheur que je suis ! »
Tout le monde connaît bien cette parabole de Jésus.
« Deux hommes montèrent au Temple pour prier. ». Tous les deux font la démarche d’aller au temple pour prier. Jusque-là, c’est pareil.
Le pharisien est un homme respectueux de la Loi de Moïse, il porte les phylactères pour bien le montrer. Il « priait en lui-même », ce qui est heureux pour les autres personnes présentes, « Mon Dieu, je te rends grâce », s’adresser à Dieu par une formule de louange était une forme usuelle pour débuter sa prière, que d’ailleurs Jésus utilise aussi « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange. » (Mt 11,25) … Jusque-là, c’est bien …
C’est ensuite que cela se gâte ; Le pharisien loue Dieu, mais en paroles (internes), mais pas avec son cœur ; il est imbu de lui, et commence sa prière en se comparant aux autres … qui bien sûr sont moins bien que lui … et il le dit à Dieu en citant ce qu’il fait en plus : le jeune deux fois la semaine, la dime …
Il se croit juste, il est sûr de lui … mais il méprise les pécheurs … et n’a pas besoin de conversion !
Il parle plus à lui-même qu’à Dieu !
Le publicain, lui, se sait mal vu, haï, méprisé, banni par les autres juifs …
Il se tient à l’écart. C’est difficile pour lui aller à la synagogue sans se faire insulter … voire jeté dehors … alors dans le Temple …
Il n’a rien à offrir à Dieu … sinon ce qu’il est … un pas grand-chose aux yeux des gens … et même à ses yeux …
Il ne lève pas les yeux vers le ciel, vers Dieu, … mais la tête inclinée, il se frappe la poitrine, et il parle, tout haut : « Seigneur, prends pitié du pécheur que je suis ! »
C’est la seule chose qu’il ose dire à Dieu : se reconnaître pécheur … car il sait qu’il peut compter sur la miséricorde de Dieu.
Et Jésus de conclure : « Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »
Tout oppose ces deux personnes …
Et quand on demande aux gens, ou aux enfants du catéchisme, laquelle des deux attitudes ils préfèrent, on a cent pour cent des personnes qui répondent : le publicain !
Et on ne peut être que d’accord avec eux !
Parce qu’il parle avec son cœur … alors que le pharisien est un hypocrite …
Et pourtant … si chacun regarde bien dans son cœur, … on se rend compte que nous sommes parfois les deux … et peut-être plus souvent comme le pharisien …
Combien de fois nous nous comparons aux autres … bien souvent à notre avantage … !
Combien de fois nous disons du mal des autres … en pensée ou en parole …
Combien de fois nous nous méfions des autres, nous n’avons pas confiance en eux … parce que : on dit que …
Tous les commérages, les ladi-lafés, les ragots, les fausses nouvelles qu’on colporte sans les vérifier …
Toutes ces choses que le pape François ne cesse de nous dire d’arrêter de faire … et qui continuent comme avant !
Surtout en cette période de synode, où nous sommes invités à réfléchir sur l’Église, avec trois mots clés : communion, participation, mission … il semble évident que nous ne pouvons pas « Faire Église » si n’arrivons pas à construire le premier mot : communion.
N’accusons pas les autres, ne disons pas du mal des autres … mais faisons comme le publicain : frappons-nous la poitrine, reconnaissons nos propres fautes … alors nous aurons devant nous le Dieu de miséricorde et de pitié qui pourra nous pardonner … et nous donner envie de pardonner les fautes que les autres nous ont faites …
Il y a du bon et de mauvais en chacun …
Remercions Dieu de nous avoir donné ce qui est bon en nous … et demandons son pardon pour le mauvais !
Seigneur Jésus,
Nous sommes bien prompts
à dire du mal des autres,
mais nous avons du mal à reconnaître
que nous ne sommes pas meilleurs qu’eux.
Aide-nous à reconnaître nos fautes
et à t’en demander pardon.
Prends pitié du pécheur que je suis !
Francis Cousin