Commentaires des Lectures du dimanche 30 Août 2015
Deutéronome 4, 1-2.6-8 (« Vous n’ajouterez rien à ce que je vous ordonne… vous garderez les commandements du Seigneur. »)
Par la bouche de Moïse, c’est le prédicateur du Deutéronome qui exprime sa haute conception de la Loi de Dieu. Et, en réalité, il s’adresse à une génération d’Israélites qui sont devenus sédentaires depuis longtemps et dont certains mettent en cause la valeur d’une Loi divine devenue trop peu moderne, venue des temps du désert.
Contre la tentation de modifier les commandements pour un intérêt égoïste de circonstance, on se gardera de n’y rien ajouter et de *n’y rien retrancher. Certes, les lois ont besoin d’adaptations aux situations nouvelles. C’est même ce que fait le Deutéronome lui-même. Mais on se méfiera d’une facilité qui affadit l’esprit de l’Alliance. En ce sens, Jésus critiquera « la tradition des anciens » qui néglige le commandement de Dieu (évangile).
Chaque nation se vante d’avoir la constitution la plus sage qu’on puisse forger. Le prédicateur du Deutéronome n’échappe pas ici à cette fierté légitime. Mais il vise des gens tentés de dévaluer leur patrimoine religieux. À l’expérience, leur demande-t-il, ne percevez-vous pas combien ces lois sont « justes », adaptées ? Cette justesse ne prouve-t-elle pas que notre Dieu est proche, qu’il sait si bien ce qui nous convient ?
* N’y rien retrancher. La Loi divine, le Pentateuque, fut traduite en grec à Alexandrie, vers 250 avant notre ère. C’est la « Bible des Septante ». De cette traduction, la légende juive dit que rien ne doit être retranché (Lettre d’Aristée). La Loi de Dieu est infrangible, mais elle doit toujours être adaptée en des situations nouvelles.
Jacques 1, 17-18.21b-22.27 (« Mettez la Parole en pratique. « )
Dans ce manuel de vie chrétienne qu’il compose, l’auteur supposé, Jacques, « le frère du Seigneur » (Galates 1, 19) et premier chef de l’Église de Jérusalem (Actes 12, 17) s’exprime par des maximes dont l’enchaînement n’est pas toujours clair, moins encore quand les ciseaux de la liturgie tronçonnent le texte. Distinguons trois vagues.
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La valeur d’un don dépend de la qualité du donateur. Si nos dons viennent « d’en haut », le donateur est « le Père des lumières », des astres. Ceux-ci sont sujets à des variations périodiques. Le Créateur, lui, ne varie pas dans ses bienveillantes intentions.
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Le don qu’il nous fait est « sa parole de vérité », c’est-à-dire l’Évangile, « semé » en nous par le baptême, capable de nous sauver. Mais ce salut qui brille pour nous requiert une condition : « Mettez la Parole en *pratique» C’est le résumé de la Lettre. Paul l’avait dit : « Ce ne sont pas les auditeurs de la Loi qui sont justes devant Dieu, mais les observateurs de la Loi » (Romains 2, 13). Il rejoignait là l’orientation du Deutéronome (1ère lecture).
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Les expressions synonymes « pur et sans souillure » désignent souvent des dispositions intérieures. L’auteur ne l’entend pas ainsi : la vraie religion est un agir qui secourt les orphelins et les veuves, les deux principales catégories sociales défavorisées de l’époque. Le chrétien agira ainsi parce que Dieu est Père, Père des orphelins et des veuves.
Les successeurs de Martin Luther avaient supprimé la Lettre de Jacques du canon des Écritures, en raison de son apparente opposition à la théologie de Paul (« la foi sans les œuvres » !). Les successeurs… des successeurs de Luther réhabilitèrent vite cet écrit dans le canon, tant il est vrai que cette épître brille par son souci des relations de justice sociale, un motif fondamental dans les Églises protestantes.
* La pratique. « La parole est vivante, lorsque ce sont les actions qui parlent. Je vous en prie, que les paroles se taisent, et que les actions parlent. Nous sommes pleins de paroles, mais vides d’actions ; à cause de cela, le Seigneur nous maudit, lui qui a maudit le figuier où il n’a pas trouvé de fruits, mais seulement des feuilles (…) Il perd son temps à répandre la connaissance de la loi, celui qui détruit son enseignement par ses actions » (Saint Antoine de Padoue, 13e siècle).
Marc 7, 1-8.14-15.21-23 (« Vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes. »)