31ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 23, 1-12) – Homélie du Père Rodolphe EMARD

« Ce dimanche 05 novembre, le Service Diocésain du Catéchuménat organise une rencontre pour tous les accompagnateurs des catéchumènes et des recommençants de l’île, à l’Étang-Salé – Maison du Pèlerin. Voici l’homélie du P. Rodolphe EMARD qui sera donnée lors de l’Eucharistie concluant cette rencontre »… 

 

Évangile de référence : Mt 23, 1-12.

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Chers accompagnateurs et accompagnatrices,

C’est une grande joie pour moi de célébrer cette messe avec vous et pour vous, pour le lancement de la nouvelle année pastorale. L’évangile de ce 31ème dimanche tombe à pic car il nous donne de précieuses pistes dans notre mission d’accompagnement des catéchumènes et des recommençants.

Avant de revenir sur cet évangile, je souhaiterais vous évoquer deux numéros du Directoire pour la catéchèse. Ces numéros[1] nous rappellent ce qu’est un catéchiste, c’est-à-dire ce que vous êtes, chers accompagnateurs :

  • Être accompagnateur est avant tout un « appel particulier de Dieu ». Cela en « vertu de la foi et de l’onction baptismale ».

  • En tant qu’accompagnateur, vous avez plusieurs tâches à accomplir :

  • Être un « témoin de la foi et gardien de la mémoire de Dieu ».

  • Être un « enseignant et mystagogue », celui qui communique la « connaissance du Christ » et qui « introduit dans le mystère de Dieu ».

  • Être un « accompagnateur et un éducateur de ceux qui lui sont confiés par l’Église ». Un accompagnement dans l’écoute et qui forme « à la vie chrétienne ».

De lourdes mais de belles tâches ! L’Église à la Réunion vous confie une belle mission ! Cette mission exige de vous que vous exerciez une saine et juste autorité. Dans l’évangile, Jésus nous met en garde contre quatre pièges dans l’exercice de cette autorité qui nous a été confiée par l’Église.

Ce que Jésus nous dit vaut pour toutes les formes d’autorité que nous sommes amenés d’exercer : l’autorité dans le cadre politique, professionnel, familial mais également religieux (en ce qui concerne notre mission d’accompagnement). Analysons ces quatre pièges :

Premier piège : « Ils disent et ne font pas ». Nous reconnaissons tous le fossé entre nos paroles et nos actes de la vie de tous les jours. Pour être un témoin crédible du Christ, il est important que chacun pratique ce qu’il enseigne. Nous sommes envoyés pour annoncer l’Évangile du Christ mais il importe que toute notre vie soit ajustée à cette Parole.

Deuxième piège : Pratiquer l’autorité comme une domination et non comme un service. Jésus reproche aux scribes et aux pharisiens de lier « de pesants fardeaux » et d’en charger les épaules des gens mais eux-mêmes « ne veulent pas les remuer du doigt ». Ils ont l’avoir, le savoir et le pouvoir, ces acquis pourraient être de solides moyens pour servir les autres mais au lieu de cela, ils ne pensent qu’à dominer et à assurer leurs propres intérêts.

Faisons attention au piège de vouloir nous servir dans l’acte de l’accompagnement. Dominer ce n’est pas respecter la liberté de l’autre. Le respect inconditionnel de la liberté de celui ou de celle que nous accompagnons est toujours à promouvoir ! Rappelons-nous cette parole de Bernadette chargée de transmettre le message de la Vierge Marie : « Je ne suis pas chargée de vous le faire croire. Je suis chargée de vous le dire ».

Troisième piège : Vouloir paraître : « Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens ». Nous connaissons tous cette tentation d’aimer paraître, de rechercher la considération et la reconnaissance.

Jésus nous recommande de n’agir que par amour pour Dieu et par amour pour nos accompagnés sans chercher leurs louanges. Cherchons à être nous-même, avec nos qualités et nos défauts mais en tant qu’authentiques enseignants du Christ. Fuyons le péché de l’hypocrisie[2].

Quatrième piège : Se croire important, avoir le goût des honneurs : « ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogues et les salutations sur les places publiques ; ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi [= Maître] ». Jésus dénonce la mondanité de ceux qui cherchent les titres et les honneurs pour eux-mêmes.

Un autre péché est ici pointé, celui de l’orgueil. L’orgueil nous détourne de Dieu et des autres. L’orgueil fait de l’ombre, beaucoup d’ombre dans l’accompagnement. Les titres et les honneurs ne sont pas à condamner en eux-mêmes. Cependant, le fait de les recevoir implique une responsabilité, un témoignage du Christ à donner, une mission à former à la vie chrétienne. On grandit qu’en se mettant au service des autres.

Notre mission est bien d’accompagner les catéchumènes et les recommençants. Pour atteindre le plus efficacement possible cet objectif, nous devons opter pour la vertu de l’humilité. Voyons humblement notre service d’accompagnement, comme un moyen de grandir aux yeux de Dieu et aux yeux de nos frères.

Pour conclure :

L’évangile de ce dimanche nous invitent clairement à une véritable remise en question dans notre mission d’accompagnement. Que le Seigneur nous donne sincèrement de considérer ces appels.

Accompagner est en tout premier lieu une affaire de « l’être ». Le pape François nous encourage à être d’authentiques « disciples missionnaires », c’est-à-dire de véritables témoins engagés du Christ ressuscité.

Cette exigence n’est pas sans nous rappeler de l’intimité profonde que nous avons sans cesse à créer avec le Christ. Sans cette intimité profonde, le risque est fort de s’annoncer soi-même au lieu d’annoncer l’unique Sauveur de l’humanité. Qu’il nous bénisse et qu’il nous garde dans son amour et dans sa paix. Amen.

[1] Voir numéros 112 et 113.

[2] Hypocrisie : Fait de déguiser son véritable caractère, d’exprimer des opinions, des sentiments qu’on n’a pas.

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