Lectures de référence : Ap 7, 2-4.9-14 ; Mt 5, 1-12a
C’est aujourd’hui la solennité de tous les saints, ceux qui vivent dans la gloire totale de Dieu. Nous fêtons ceux qui sont reconnus par l’Église mais aussi tous les anonymes, ceux de nos familles qui nous précédé dans la foi.
Dans la première lecture, tirée du livre de L’Apocalypse, saint Jean nous donne une vision pleine d’espérance. La sainteté n’est pas une grâce réservée à quelques privilégiés, nous sommes tous appelés à la sainteté. Le chiffre 144 000 est symbolique[1], il représente tous les peuples qui viennent de tous les horizons de la terre : « voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues ».
Le concile Vatican II nous rappelle bien cet appel universel de la sainteté, dans sa constitution dogmatique sur l’Église, Lumen Gentium : « Aussi dans l’Église, tous, qu’ils appartiennent à la hiérarchie ou qu’ils soient régis par elle, sont appelés à la sainteté selon la parole de l’apôtre : « Oui, ce que Dieu veut c’est votre sanctification » (1 Th 4, 3 ; cf. Ep 1, 4) » (n°39).
La sainteté a commencé pour nous depuis notre baptême comme nous le rappelle encore la constitution dogmatique : « les disciples du Christ sont véritablement devenus par le baptême de la foi, fils de Dieu, participants de la nature divine et, par la même, réellement saints. Cette sanctification qu’ils ont reçue, il leur faut donc, avec la grâce de Dieu, la conserver et l’achever par leur vie. C’est l’apôtre qui les avertit de vivre « comme il convient à des saints » (Ep 5,3), de revêtir « comme des élus de Dieu saints et bien-aimés, des sentiments de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de longanimité[2] » » (Col 3, 12) » (n°40).
Avec cette citation de Vatican II, nous rejoignons l’évangile. Le chemin de la sainteté est celui des béatitudes, c’est ainsi que nous serons « heureux »[3] en Dieu pour l’éternité : « Heureux les pauvres de cœur… ceux qui pleurent… les doux… les miséricordieux… les cœurs purs… les artisans de paix… ceux qui sont persécutés pour la justice… ceux qui sont insultés à cause du Christ »
Voilà le chemin que nous devons tous entreprendre pour « conserver et achever » la vie de sainteté qui a commencé depuis le baptême. La sainteté n’est pas quelque chose que nous pouvons acquérir par nos simples forces ni en accomplissant des prouesses spirituelles, c’est Dieu qui nous la communique notamment dans les sacrements. Cela me permet de faire écho à deux sacrements qui contribuent grandement à notre sainteté : l’Eucharistie et le Pardon.
Les saints que nous fêtons aujourd’hui, ont tous, sans aucune exception, entrepris le chemin des béatitudes. Ils intercèdent pour notre sainteté. Sur le chemin de la sainteté, les saints nous stimulent et nous inspirent pour vivre le double commandement de l’amour de Dieu et du prochain. Ils nous éclairent sur le chemin de la sainteté, ils sont de vrais « réverbères » de la lumière du Christ. La préface de cette messe situe les saints comme « un secours pour notre faiblesse ».
Les saints nous apprennent que la sainteté se vit dans le quotidien de nos vies, dans nos différentes activités : professionnelles, associatives, caritatives et dans les différents milieux de vie qui sont les nôtres : dans nos familles, nos quartiers et pour les plus jeunes d’entre nous, les étudiants, dans les milieux scolaires qu’ils appartiennent et les activités parascolaires qui rythment leurs semaines.
Notre société est marquée par des drames humains qui affectent la sainteté de Dieu. Nous pouvons souligner le drame qui s’est produit samedi dernier à la Possession (28 octobre) avec un triple meurtre et sept personnes blessés par un forcené, suite à une colère « incontrôlée ». Nous devons scruter les signes de sainteté à l’œuvre dans ce monde pour éviter de tomber dans le pessimisme.
Le pape François nous invite à voir la sainteté à l’œuvre autour de nous. Je le cite dans son exhortation apostolique, sur l’appel à la Sainteté dans le monde actuel, Gaudete et exsultate : « J’aime voir la sainteté dans le patient peuple de Dieu : chez ces parents qui éduquent avec tant d’amour leurs enfants, chez ces hommes et ces femmes qui travaillent pour apporter le pain à la maison, chez les malades, chez les religieuses âgées qui continuent de sourire. Dans cette constance à aller de l’avant chaque jour, je vois la sainteté de l’Église militante. C’est cela, souvent, la sainteté ‘‘de la porte d’à côté’’, de ceux qui vivent proches de nous et sont un reflet de la présence de Dieu, ou, pour employer une autre expression, ‘‘la classe moyenne de la sainteté’’ » (n°7).
Découvrir la « sainteté de la porte d’à côté » et être de la « classe moyenne de la sainteté ». Pour progresser sur le chemin de la sainteté, nous devons nous orienter vers le Christ, le « seul saint » qui nous donne d’être saint par la grâce de son mystère pascal, sa mort et sa Résurrection.
Pour conclure, les saints nous mettent en garde contre cette tentation de croire que le bonheur c’est d’être riche et en bonne santé. Nos actions sont souvent orientées vers l’appât du gain… Le vrai bonheur se trouve en Dieu, n’oublions pas cette troisième parole qu’a adressée la Vierge Marie à sainte Bernadette, à Lourdes : « Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde, mais dans l’autre ».
C’est la grâce que nous pouvons demander en cette solennité, que nous puissions prendre au sérieux notre propre chemin de sainteté, cet appel de Dieu à devenir saint comme le Christ, l’Agneau sans péché. Ensemble, nous pouvons chanter : « Dieu, nous te louons, Seigneur, nous t’acclamons dans l’immense cortège de tous les saints ».
[1] 144 000 est un diminutif de 7, le chiffre de la perfection, de la totalité.
[2] Longanimité = patience, persévérance.
[3] Notons que le terme apparaît neuf fois dans notre récit.