32ième Dimanche du Temps Ordinaire (Mt 22, 15-21) – Homélie du D. Alexandre ROGALA

L’autre jour, un prêtre qui a été missionnaire en Centrafrique me racontait que lorsqu’il était là-bas, des gens venaient  régulièrement au presbytère pour mendier. Il frappaient à la porte, et lorsque l’un des prêtres ouvrait, ils criaient: « Matthieu 7, 7 » ! Il s’agit du verset dans lequel Jésus dit à ces disciples : « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ».

En citant ce verset de l’Évangile, ces pauvres essayaient de forcer les prêtres à répondre à leurs besoins.

Cependant, il me semble que lorsque Jésus dit « « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez », il  ne parle pas de biens matériels. Ce sont plutôt les biens spirituels que Jésus nous invite à demander et à rechercher.

Pourquoi ne chercherions-nous pas la sagesse ?

D’ailleurs, la première lecture tirée du Livre de la Sagesse (Sg 6, 12-26) nous dit que la sagesse « se laisse trouver par ceux qui la cherchent » (v. 12), ou encore que « Celui qui la cherche dès laurore ne se fatiguera pas : il la trouvera assise à sa porte » (v. 14).

Comment la recherche de la sagesse peut-elle être si simple ?

Un peu plus loin dans le livre, relisant le célèbre épisode d’1 R 3 dans lequel Salomon demande à Dieu de lui donner un cœur sage pour gouverner son peuple, l’auteur du Livre de la Sagesse écrit: « Je savais que je ne pourrais jamais obtenir la sagesse si Dieu ne me la donnait, et il me fallait déjà du discernement pour savoir de qui viendrait ce bienfait. » (Sg 8, 21) Donc pour trouver la sagesse, il suffit de la demander au Seigneur: «  Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ».

Relisons la fin du texte :

« celui qui veille à cause delle sera bientôt délivré du souci. Elle va et vient à la recherche de ceux qui sont dignes delle ; au détour des sentiers, elle leur apparaît avec un visage souriant ; dans chacune de leurs pensées, elle vient à leur rencontre » (v. 15-16).

Relevons tout d’abord qu’il est ici question de « veille » et de « rencontre » comme dans le texte d’évangile de ce dimanche: « Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre. » (Mt 25, 6) ; « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni lheure » (Mt 25, 12).

Ensuite dans notre texte, la sagesse semble personnifiée. L’auteur en parle comme s’il s’agissait d’une personne. Mais qui est-elle ? La Tradition chrétienne l’a identifié à Jésus. Pourquoi pas ?

En ce qui me concerne, je dirai simplement que si l’auteur du Livre de la Sagesse écrit sous l’autorité de Salomon, Jésus lui, affirme qu’il est « bien plus que Salomon » (cf. Mt 12, 42). Ce n’est pas rien, car Salomon est la figure de sagesse par excellence dans l’Ancien Testament.

Soyons donc attentif à l’enseignement de « Rabbi Jésus » sur la sagesse.

Le texte d’évangile de ce dimanche est une parabole qui s’inscrit dans le cadre du long discours eschatologique des chapitres 24-25. Dans ce contexte de « fin des temps », l ‘époux désigne le Christ lors de son retour glorieux, la salle des noces est une image du Royaume des cieux, et les dix jeunes filles représentent la communauté de celles et ceux qui suivent Jésus, c’est à dire nous.

 

Dans cette parabole, cinq des jeunes filles sont « prévoyantes » et « sages » (φρόνιμοι), alors que cinq sont « insouciantes », ou plutôt « insensées » (μωραί). Jésus veut nous mettre en garde, et nous inviter à imiter les jeunes filles sages et prévoyantes. L’enjeu est donc de taille, car la « sagesse » est requise pour entrer dans la salle des noces, c’est à dire dans le Royaume des Cieux.

Que signifie « être sage » ? Quel est le sens de la métaphore des flacons d’huile que prennent avec elles, les jeunes filles sages de la parabole ?

Réfléchissons ensemble ! L’invocation des jeunes filles insensées: « Seigneur ! Seigneur ! Ouvre-nous ! » au v. 11, ne nous est-elle pas familière ? Et, n’y a t-il pas un autre passage dans l’évangile selon saint Matthieu où il est question de deux personnages, l’un « sage / prudent » (φρόνιμος) et l’autre « insensé » (μωρός) ?

En fait, le texte d’évangile que nous avons entendu aujourd’hui fait écho à la fin du chapitre 7 de l’évangile de Matthieu dans lequel l’invocation « Seigneur ! Seigneur ! » est présente, et dans lequel deux hommes, l’un prévoyant et l’autre insensé, s’apparentent aux jeunes filles prévoyantes et insensées de notre parabole. Ce chapitre 7 peut donc nous éclairer et nous permettre de comprendre ce que signifie « être sage » pour Jésus:

À la fin du chapitre 7 nous lisons:

« Ce nest pas en me disant : Seigneur, Seigneur !quon entrera dans le royaume des Cieux, mais cest en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux » (7, 21).

Nous avons déjà une réponse. S’il faut être « sage » pour entrer dans le Royaume, cette sagesse, c’est faire la volonté du Père Céleste.

Dès lors, se pose la question de savoir comment faire pour être sûr de faire la volonté du Père. Poursuivons notre lecture de la fin du chapitre 7:

« Celui qui entend les paroles que je dis là et les met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a construit sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé et se sont abattus sur cette maison ; la maison ne sest pas écroulée, car elle était fondée sur le roc. Et celui qui entend de moi ces paroles sans les mettre en pratique est comparable à un homme insensé qui a construit sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé, ils sont venus battre cette maison ; la maison sest écroulée, et son écroulement a été complet. » (7, 24-27)

Tout est dit. Pour faire la volonté du Père, il faut écouter les paroles de Jésus et les mettre en pratique. C’est cela la vraie sagesse. La seule qui est nécessaire pour entrer dans la salle des noces, pour entrer dans le Royaume des Cieux.

Suivant le conseil de Jésus, et à l’exemple de Salomon, tournons-nous vers Dieu le Père, « demandons et recevons ;  cherchons et trouvons » la grâce de cette sagesse véritable. Ainsi au retour glorieux du Christ, comme l’écrit saint Paul dans la deuxième lecture, « nous serons emportés sur les nuées du ciel, à la rencontre du Seigneur. Ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur » (1 Th 4, 17).

Amen !

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