5ième Dimanche du Temps Ordinaire par Francis COUSIN

 « Vous êtes le sel de la terre,

… la lumière du monde. »

 

 Vous êtes le sel de la terre. Cette parole de Jésus s’adresse à nous directement, et elle a une implication immédiate : elle n’a de sens que si le sel est mélangé avec les aliments. Ce qui veut dire que nous ne pouvons être sel de la terre que si nous nous mélangeons avec les autres, que si nous vivons avec eux, que nous partageons leur travail, leurs soucis, leur vie, que si nous discutons avec eux, que si nous faisons entendre notre voix de chrétiens dans la vie du monde, la voix de l’évangile …

Sans doute, individuellement, certains le font. Mais si on regarde à une plus grande échelle, on est loin du compte : Combien de nos paroisses ont une vie collective uniquement tournée sur elle-même, et n’ont aucun rapport (ou presque) avec le monde qui l’entoure : le quartier, la commune … Et quand il y a quelques relations, c’est plutôt pour demander une aide plutôt que pour proposer une aide dans tel ou tel domaine, pour se mettre au service de la population locale.

Quel goût alors nos paroisses peuvent-elles donner à leur quartier ? Une Église, l’ensemble des paroissiens, qui ne vit que tournée sur elle-même, qui ne va pas ’’vers les périphéries’’ chères à notre pape François, est hors-jeu.

Il y a une autre manière de dénaturer le sel, de manière plus individuelle : c’est de ne pas croire suffisamment à la force de la Parole de Dieu et de se laisser influencer par des ’philosophies’ où l’homme est premier et sans avoir besoin de Dieu, ou par un discours laïciste qui veut que la religion reste du domaine privé et que les chrétiens n’ont rien à dire sur la vie politique, économique, sur les lois etc, alors on ne dit plus rien, on a peur de donner le goût de l’Évangile à notre entourage.

On comprend alors pourquoi, aussitôt après avoir dit cela, Jésus prévient : ’’Mais si le sel devient fade, …il ne vaut plus rien : on le jette dehors pour être piétiné’’.

Dehors … de quoi ? Du royaume éternel ? Si c’est le cas, il y a du souci à se faire pour beaucoup.

Mais peut-on ’’rendre de la saveur’’ au sel ? Pour le sel culinaire, impossible.

Par contre pour le sel chrétien, oui, on peut, et heureusement !

Comment ? Se retourner vers Dieu, dans la prière, personnelle et collective, dans la participation aux sacrements, et principalement l’eucharistie, dans la lecture de la Parole de Dieu, dans son approfondissement, dans sa méditation, en la ruminant de telle manière qu’elle puisse devenir nôtre et qu’elle nous fasse agir pour être ses témoins.

Et la première lecture de ce dimanche nous donne quelques exemples : ’’Partage ton pain avec celui qui a faim, accueille chez toi les pauvres sans abris, couvre celui que tu verras sans vêtement, ne te dérobe pas à ton semblable’’. On retrouve là une partie des œuvres de miséricorde que maintenant nous connaissons bien. Et qui sont en quelque sorte un minimum pour entrer dans le Royaume des Cieux (voir Mt 25, 31-46).

Et Isaïe nous dit : ’’Alors ta lumière jaillira comme l’aurore, et tes forces reviendront vite …Ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera lumière de midi’’.

En redonnant du goût à notre sel (et nous avons tous besoin de le faire), c’est la lumière qui sort de nos ténèbres, et pas n’importe laquelle, celle de midi, là où la lumière est la plus forte, celle qui ’’brille pour tous ceux qui sont dans la maison,… qui brille devant les hommes’’.

Seigneur Jésus,

je veux bien être ton sel

qui donne de la saveur

à notre monde bien souvent insipide,

mais il faut que tu m’aides,

et que tu secoues la salière.

 

Francis Cousin

 

 

 

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