6ième Dimanche de Pâques (Jn 15, 9-17) par D. Alexandre ROGALA (M.E.P.)

« Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour » (1 Jn 4, 7-8).

 

Pour ce sixième dimanche de Pâque, les textes proposés par la liturgie nous parlent de la nature de Dieu en nous rappelant qu’il est amour, et que c’est en demeurant en Dieu que nous sommes capables d’aimer.

En demeurant en Dieu, je découvre que je suis aimé tel que je suis. Saint Jean me le rappelle ce matin : Dieu m’aime ; il ne me juge pas ; et il m’accueille de manière inconditionnelle. Et puisque je n’ai plus besoin de justifier ma propre vie, je peux me tourner vers l’autre pour l’aimer.

Aimer signifie donner de soi, donner de sa personne pour autrui. Si « Dieu est amour », c’est parce qu’il est don de lui-même.

Dieu le Père n’a pas envoyé son Fils dans le monde par obligation, ni pour son intérêt personnel. Dieu a envoyé son Fils dans le monde par amour pour nous.

Et dans le monde le Fils a rendu le témoignage ultime de cet amour en donnant sa vie sur la Croix.

Le texte d’évangile que nous venons d’entendre nous l’a rappelé :

« Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15, 12-13).

Ce texte d’évangile est tiré du dernier discours de Jésus à ses disciples avant son arrestation et sa mise à mort. Il s’agit donc en quelque sorte de son testament. Par conséquent, nous qui prétendons être disciples de Jésus, nous sommes invités à prendre très au sérieux les paroles qu’il nous dit ce matin. Jésus nous dit que l’amour dont les disciples sont invités à partager est de l’ordre du don pour le prochain.

Le « comme je vous ai aimé » est exigeant, car c’est l’amour du Christ qui va jusqu’au don de sa vie qui est la mesure de l’amour. Un pasteur que j’aime beaucoup à une expression qui exprime bien cette exigence de l’amour mutuel. Il dit : « la mesure de l’amour est d’aimer sans mesure ».

Dans l’évangile Jésus dit encore : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite » (Jn 15 10-11).

Nous comprenons que l’amour n’est pas un sentiment, mais c’est mettre en pratique les commandements du Seigneur, ces commandements sont une mise en application de l’amour, et cette mise en application de l’amour apporte la joie.

Encore une fois, dans l’évangile selon Jean, lorsque Jésus prononce ce discours, il sait qu’il va bientôt mourir, et pourtant il nous parle de « sa joie ». Nous pouvons aussi penser à saint Paul. Alors qu’il est en prison et qu’à tout moment un soldat pourrait surgir  dans sa cellule avec l’ordre de l’exécuter, saint Paul écrit aux Philippiens en insistant sur la joie tout au long de sa lettre, la sienne et celle de l’Église de Philippe : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie » (Ph 4, 4) leur écrit-il à la fin de sa lettre.

Il est difficile pour nous d’imaginer que l’on puisse ressentir une « joie » dans les souffrances. Il me semble que le secret de cette joie, est de savoir que Dieu est présent avec nous. Je m’explique : si le lien qui unit Dieu le Père, Dieu le Fils et les disciples, c’est l’amour, cela signifie qu’à chaque fois que j’agis « par amour », je suis uni à Dieu ; Dieu est présent : c’est cette union à Dieu qui apporte la véritable joie.

Faisons un petit bilan.  La deuxième lecture et l’évangile nous ont d’abord rappelé que la nature de Dieu est « d’être amour », c’est-à-dire que Dieu se donne lui-même de toute éternité. Ensuite, nous avons vu que Dieu nous aime d’un amour inconditionnel, qu’il a manifesté par l’envoi du Fils dans le monde. Nous qui sommes disciples du Christ, nous sommes appelés à entrer dans cette dynamique d’amour qui trouve sa source en Dieu pour l’aimer et aimer notre frère. Enfin, nous avons appris que c’est en aimant que l’on trouve la joie parfaite.

Et la première lecture ? En quoi peut-elle enrichir notre réflexion ?

Il me semble que cet extrait du chapitre 10 du livre des Actes des Apôtres nous rappelle la dimension universelle de l’amour de Dieu. Comme le dit Pierre : « En vérité, je le comprends, Dieu est impartial : il accueille, quelle que soit la nation, celui qui le craint et dont les œuvres sont justes. » (Ac 10, 34)

La façon dont le commandement d’amour mutuel est formulé par Jésus dans l’évangile, « aimez-vous les uns les autres », pourrait être lu d’une manière qui exclurait ceux qui n’ont pas encore rencontré le Christ et ne partagent pas notre foi. Dès lors, le risque serait de n’aimer que nos frères et sœurs chrétiens.

Le passage du livre des Actes des Apôtres, nous rappelle que Dieu est impartial et qu’il aime inconditionnellement tous les hommes… même ceux qui refusent d’être unis à lui dans l’amour. Pour Pierre, cela a été dur d’accepter qu’un païen (non-juif) puisse recevoir le même don que les disciples d’origine juive, à savoir l’Esprit Saint.

Peut-être suis-je invité à avoir une conversion un peu similaire à celle de saint Pierre ; à accepter le fait que Dieu aime absolument tous les êtres humains inconditionnellement, et que par conséquent, moi aussi je dois m’efforcer à les « aimer comme lui les aime ». Amen !

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