6ième Dimanche Temps Ordinaire – Homélie du Père Rodolphe EMARD (Mc 1,40-45)

Frères et sœurs, l’Évangile que nous avons proclamé fait écho à la première lecture du livre des Lévites. Dans le livre des Lévites, il y a six chapitres qui sont consacrés aux notions de « pureté / impureté ». Deux chapitres entiers traitent de la question de la lèpre. Nous avons entendu un extrait.

La lèpre était sans aucun doute à l’époque la maladie la plus abhorrée et la plus discriminante. Le lépreux ne pouvait pas déambuler sans dénoncer publiquement son statut de lépreux. La première lecture précise ce point : « Le lépreux atteint d’une tache portera des vêtements déchirés et les cheveux en désordre, il se couvrira le haut du visage jusqu’aux lèvres, et il criera : “Impur ! Impur !” »

Le lépreux était totalement rejeté, mis à l’écart. Il y avait d’une part, la douleur de la maladie et d’autre part, l’exclusion de sa famille, du culte et de la société. Il y avait aussi cette tache accablante de se présenter aux prêtres. Le lépreux attestait ainsi être lui-même coupable de sa propre maladie. La conception de l’époque voyait en celui qui était atteint de la lèpre un grand pécheur. Sa maladie est la conséquence d’un péché qu’il aurait commis, lui ou un autre membre de sa famille.

Dans l’Évangile, nous voyons un lépreux et Jésus qui enfreignent les règles. Tout d’abord, le lépreux il enfreint la Loi deux fois :

  • Premièrement, il ne promène pas en criant « Impur ! Impur ! » ;

  • Deuxièmement, loin de se tenir à l’écart, il se rend auprès de Jésus ;

Jésus enfreint la Loi en touchant le lépreux. Chose inconcevable selon la conception de l’époque, car celui qui touchait un lépreux devenait lui-même impur.

Un Évangile qui nous rappelle quatre points frères et sœurs que je souhaiterais vous partager :

  • Cet Évangile nous révèle que Jésus est venu nous sauver du péché. Dieu s’oppose au mal fait à l’homme. Par le Baptême, nous avons la rémission des péchés et le Catéchisme de l’Église Catholique précise à ce sujet : « Par le Baptême, tous les péchés sont remis, le péché originel et tous les péchés personnels ainsi que toutes les peines du péché » (n°1263). Dans notre conception créole, il y a encore un reste de la conception des gens de l’époque de Jésus ; l’idée que nous pourrions porter le péché de nos ancêtres… Non ! Cassons cette fausse idée. Jésus nous sauve du péché et par le Baptême, nous sommes libérés des péchés de nos premiers parents… Vivons en enfants de Dieu libres !

  • Si nous focalisons notre attention sur Jésus : il nous montre que face à la maladie, il ne s’agit pas d’exclure mais de vivre la compassion. En purifiant le lépreux, Jésus manifeste qu’il est le Messie, le Sauveur et qu’il est de nature divine. Il manifeste aussi une compassion infinie, miséricordieuse et qui apporte la guérison. Jésus se montre sensible à la souffrance de l’homme.

  • Si nous focalisons notre attention maintenant sur le lépreux : il nous invite à une confiance et à l’audace du témoignage. Si Jésus renvoie le lépreux aux prêtres, c’est pour en faire un témoin de son Évangile.

Rappelons-nous aussi que si Jésus a purifié ce lépreux c’est à cause de sa grande foi : « Si tu veux, tu peux me purifier. » « Je le veux, sois purifié. » Jésus ne peut pas nous purifier si nous ne lui remettons pas notre foi. Et Jésus veut nous purifier !

  • L’importance du toucher. La crise sanitaire nous contraint à ne pas nous toucher pour éviter la propagation de la Covid-19 et de ses variantes. Nous devons le consentir en cette période de combat… Cependant, l’Évangile nous rappelle l’importance du toucher. Jésus touche le lépreux… Jésus est tactile. Toucher quelqu’un fait partie de sa manière de communiquer. C’est en touchant qu’il transmet son énergie divine qui guérit.

Pour conclure, à l’approche du Carême frères et sœurs, je nous souhaite trois vœux :

  • Que la foi du lépreux nous stimule pour mieux focaliser notre attention sur le Christ, pour mieux l’annoncer autour de nous. Que ce Carême soit également le moment favorable pour demander au Seigneur de nous purifier de nos lèpres modernes : ce qui nous coupe de Dieu, de notre prochain et de nous-mêmes.

  • Que ce Carême soit propice pour redécouvrir les sacrements de l’Église et la Parole de Dieu. N’oublions pas que le Christ nous touche dans les sacrements et dans sa Parole.

  • Que nous demeurions encore plus vigilants dans la lutte contre la Covid-19 et ses variantes, pour un jour, avec la grâce de Dieu, pourvoir reprendre nos contacts sociaux et humains, à nouveau nous toucher…

Le combat continue, ne baissons pas la garde. Que le Christ nous accompagne et qu’il nous garde dans son amour.

                                                                                                                         P. Rodolphe Emard

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