FÊTE DE LA TOUSSAINT – « UNE FOULE IMMENSE »… Noéline FOURNIER

« Après quoi, voici qu’apparut à mes yeux une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, de toute nation, race, peuple et langue ; debout devant le trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, des palmes à la mains… »

« Jamais plus ils ne souffriront de la faim ni de la soif ; jamais plus ils ne seront accablés, ni par le soleil, ni par aucun vent brûlant. Car l’Agneau qui se tient au milieu du trône sera leur pasteur et les conduira aux sources des eaux de la vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux » (Ap 7,9-11 ; 16-17).

Là où la souffrance et le malheur avaient imposé leur loi implacable, voici que la tendresse, la douceur, la délicatesse témoignent de la bonté disponible.

Etonnante révélation parfois pour des personnes malmenées par la vie, accablées de solitudes, ou pour des « dures », peu sensibles à cette facette de notre humanité !

Les voilà au rendez-vous de la bonté ! Ils ont touché la tendresse primordiale et infinie. Le bonheur qu’elle procure est un présent inespéré, bien différent du bien‑être que vendent les nombreux marchands qui font de la santé un objet de consommation et de profit.

C’est une grâce que nul ne peut reproduire, mais qui s’offre sur ces lieux de souffrance et de violence et donne le goût d’un ailleurs de délices auquel chacun serait promis. Il y a en elle comme de l’excès, de la démesure, qui nous ouvre à l’au-delà, à Dieu.

Souvenons-nous de l’onction de Béthanie où « Marie prit une livre d’un parfum très pur et de très grande valeur ; elle versa le parfum sur les pieds de Jésus, qu’elle essuya avec ses cheveux ; la maison fut remplit de l’odeur du parfum » (Jn 12). Geste qui offusqua Juda, prêt à vendre ce parfum et à utiliser la somme pour la donner aux pauvres !

La démesure s’affronte au calcul rationnel ; la gratuité à la comptabilité ; la bonté à la ruse, alors que s’annoncent la passion et la sépulture prochaine de Jésus ! En effet, elle est désormais dépassée, la comptabilité qui s’impose dans le temps limité qui nous sépare de la mort.

Dorénavant, comme le signifie Jésus, c’est de l’au-delà de la mort qu’il nous faut aborder les choses : « Laisse-la observer cet usage en vue du jour de mon ensevelissement ! » (Jn 12,7)

Paradoxalement, là où la souffrance a ébranlé les assises de nos constructions, là où tout n’est que ruines et désolation, bonté et beauté chantent une autre musique pour qui sait prêter l’oreille du cœur et l’accueillir humblement au terme d’un parcours souvent éprouvant.

« Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : « Donne-moi à boire », c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive, et l’eau qu’il offre deviendra pour celui qui en boira « une source d’eau jaillissante en vie éternelle » (Jn 4, 10-14)

Le don de Dieu qui s’offre à qui veut bien l’accueillir, le don d’un amour créateur, d’une bonté miséricordieuse qui pardonne, relève et guérit, la promesse d’une vie nouvelle.

                                                      (Bruno CAZIN, prêtre médecin)

« Nous ne sommes pas des êtres humains vivants une expérience spirituelle.

Nous sommes des êtres spirituels vivant une expérience humaine ».

Teilhard de Chardin.

En ce jour, où nous fêtons « Tous les Saints », ayons un regard sur Jésus qui ne cesse de nous inviter, quel que soit notre chemin spirituel, que nous soyons croyant ou dans le doute, à simplement accepter les paroles de Celui que l’Église nomme :

« Son Seigneur et son Roi ».

« Je suis la Résurrection et la Vie. Quiconque croit en moi, même s’il meurt, vivra et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Le crois-tu » (Jn 11, 25-26)

Les saints, ce sont nos morts ; nos morts qui ne meurent pas dans nos pensées parce qu’ils vivent dans la pensée de Dieu.

Mais comment cela est-ce possible ? Eh bien tout cela est devenu possible à cause du Grand AMOUR que Dieu nous a manifesté dans son Fils Jésus. Oui, l’amour crée l’immortalité. Il suffit de voir comment il est rare d’oublier ceux que nous avons aimés ou qui nous ont fait du bien. Il suffit aussi de constater que c’est l’amour qui assure la conservation de l’espèce.

Sur le plan spirituel, c’est aussi par l’amour, le don de soi, le don de sa vie que le Christ réveille de la mort l’espèce humaine qui ne peut de soi se conserver éternellement. Ainsi, lorsque nous disons que « l’amour est plus fort que la mort », ce n’est pas une simple formule mais l’expression d’une réalité qui prend tout son sens dans le Christ.

C’est aussi par rapport à l’amour qu’il nous faut comprendre tous les discours sur l’au-delà tels le « fameux » enfer, la résurrection, le paradis ou la vie éternelle.

En effet, l’enfer n’est pas un feu physique, ni un lieu de torture préparé par Dieu pour nous punir. L’enfer, c’est l’état de solitude qui refuse l’amour de Dieu.

La résurrection et la vie éternelle, c’est l’état où l’amour de Dieu brise la solitude de la mort et devient notre milieu de vie.

Tout cela commence au baptême, ce beau sacrement d’amour et d’alliance entre Dieu et l’âme humaine. Baptisés, notre vie est ouverte à Dieu et la mort ne peut pas nous replonger dans la solitude si nous restons unis à Lui par une vie toujours renouvelée, une vie qui n’a pas peur de recommencer, une vie qui se bat pour se relever et repartir, toujours les yeux fixés sur le Seigneur qui sans cesse nous appelle.

Enfin, notre relation avec nos défunts, ne se comprend aussi que dans l’amour. Même si nous devons rayer leur numéro de téléphone et leur adresse de nos agendas, même s’il faut ranger leur vêtements et fermer leur appartement, ces derniers gestes qui les excluent de notre quotidien nous amènent à les chercher et à les retrouver auprès de Dieu à travers « notre » prière et la messe, « le sacrifice sauveur de Jésus ».

Ces deux moments nous unissent à Dieu et à tous ceux qui sont en Lui.

Alors ce 2 novembre est le temps de communion et de dialogue avec nos défunts dans l’amour. Retrouvons-les plus que jamais et laissons-nous porter par l’amour de Dieu qui nous réunira tous en lui.

                                                                  (Abbé Innocent Essonam)

Qui n’a pas entendu, en effet, ici où là, le fameux texte faussement attribué à Saint Augustin ou à Charles PEGUY : « La mort n’est rien » ?

« La mort n’est rien. Je suis seulement passé dans la pièce à côté.

Je suis moi, vous êtes vous.

Ce que nous étions les uns pour les autres, nous le sommes toujours.

Donnez-moi le nom que vous m’avez toujours donné.

Parlez-moi comme vous l’avez toujours fait.

N’employez pas un ton différent, ne prenez pas un air solennel ou triste.

Continuez à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.

Riez, souriez, pensez à moi, priez pour moi.

Que mon nom soit prononcé comme il l’a toujours été,

sans emphase d’aucune sorte, sans une trace d’ombre.

La vie signifie tout ce qu’elle a toujours signifié.

Elle est ce qu’elle a toujours été.

Le fil n’est pas coupé.

Pourquoi serai-je hors de votre pensée parce que je suis hors de votre vue ?

Je vous attends.

Je ne suis pas loin, juste de l’autre côté du chemin.

Vous voyez, tout est bien. »

Ou bien, ce beau texte de Saint Augustin :

« Crois-moi, quand la mort viendra briser tes liens comme elle a brisé ceux qui m’enchaînaient et, quand un jour que Dieu seul connaît et qu’il a fixé, ton âme viendra dans le ciel où l’a précédée la mienne, ce jour-là, tu me reverras, tu retrouveras mon affection épurée. Essuie tes larmes et ne pleure plus si tu m’aimes. »

L’Évangile est une école de bonheur, de convivialité, il annonce la mort de la mort et nous délivre son message : les boiteux nous apprennent à marcher droit, les prisonniers nous révèlent nos murs, les trisomiques nous communiquent leur spontanéité…, les mourants nous apprennent à vivre.

« La pierre qu’ont rejeté les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle. »

(Ps. 118,22)

N’attendons pas d’être à l’article de la mort pour renouer avec notre famille, pour faire alliance avec Dieu, pour goûter la vie. Ne cherchons pas d’explication à la souffrance. Trouvons-lui un sens, sinon « vous vous casserez le cerveau et vous vous casserez le cœur » (Mère Teresa). Faisons notre petit possible.

Dieu fera germer en son temps les graines d’Espérance que nous aurons semées.

Elisabeth MATHIEU-RIEDEL, médecin qui s’occupe d’aide aux mourants dans un service de soins palliatifs. Elle accomplit cette mission redoutable et elle rayonne de bonheur.

Seigneur accorde à nos défunts le repos éternel et que brille à leurs yeux la Lumière sans déclin ; cette lumière qui est entrée dans leur vie le jour de leur baptême, le jour du commencement de leur vie en Toi et avec Toi. AMEN

BONNE FÊTE DE LA TOUSSAINT à vous tous.

Noéline FOURNIER

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