Mon nom est Dominique Lozac’h, né le 23/06/1966, je suis marin pêcheur de profession, voici mon témoignage
Tout d’abord, je dois vous dire que je fais partie de ces privilégiés qui n’ont jamais eu à se poser la question de l’existence de Dieu. Effectivement, du plus loin dont je me souvienne, cette Existence, Présence, a toujours, pour moi, été une évidence. Ce préambule, en toile de fond, pour donner un éclairage particulier aux faits qui vont suivre.
Le 29/10/2012 j’ai été victime d’un infarctus, j’étais au travail, en mer, au large de St Gilles. L’opération consistant en la pose de deux stents sur l’artère principale n’a pu se faire qu’environ 5 heure après, le temps de rentrer au port, d’attendre le SAMU, de faire la route…
C’est sans doute le pourquoi des complications qui ont suivi. Quatre mois après cette opération, lors d’un contrôle chez le cardiologue, celui-ci découvre un énorme thrombus (caillot) de 3 cm3 dans le ventricule gauche. Là a commencé véritablement mon « chemin de croix », avec une médication aux effets secondaires redoutables, des visites chez le cardiologue au minimum mensuelles, la perte de mon travail, le médecin des gens de mer ne voulant absolument pas me laisser repartir en mer, sous prétexte que les anti-coagulants qui m’étaient prescrits sont incompatibles avec la pratique de mon métier.
Dans un même temps, je me suis rapproché du Carmel des Avirons, où j’ai fait la connaissance de la Communauté Carmélitaine et en particulier de Sœur Marguerite.
Celle-ci, entièrement tournée vers les autres, m’a été d’un soutien, d’une qualité d’écoute sans pareils. De confidente, elle s’est naturellement posée comme accompagnatrice spirituelle, me guidant, avec une facilité et une longueur d’avance proprement déconcertante …
L’année 2013, j’ai passé mon Carême en ermitage au Carmel, vivant comme un moine, étant de tous les instants de prières, que se soit les Petites Heures au Carmel, les Laudes, les Complies, et bien entendu l’Office de chaque jour. J’ai aussi participé aux travaux d’entretiens de ce vaste espace. Le reste de mon temps, a été consacré aux méditations, guidés toujours par celle que j’ose maintenant appeler ma Grande Sœur, vous voyez de qui je parle. Méditations donc, où j’ai emprunté un miroir à Socrate, goûté aux vertus cardinales d’Aristote (prudence, tempérance, courage, justice), marché en compagnie de Sénèque sur les chemins de l’ordre du monde, approfondi les trois vertus théologales (Foi,Espérance , Amour). Me rendant compte que si nous pouvons tenter d’améliorer en nous les vertus cardinales, les vertus théologales, elles, ne naissent et se développent dans nos âmes que par la volonté de notre Dieu.
J’ai aussi été « initié » à la psychologie des profondeurs dans un évangile vivant et toujours renouvelé, grâce aux judicieux conseils de Grande Sœur Marguerite.
L’année 2014 elle a été marquée par de multiples « visites » aux urgences cardio. Service où le personnel soignant a une nette tendance à vous regarder un peu comme si s’est la dernière fois qu’ils vous verront… Bref, vous l’avez compris, moments douloureux, difficiles, où effectivement vous voyez la mort plusieurs fois, où aussi vous expérimentez la relativité du temps, moments où les heures vous semblent être des jours…
Moments tellement délicats que sur les conseils de qui vous savez, le 23 juin 2014, le Père Fulgence me délivrait le Sacrement des malades. Là certainement le Ciel s’est ouvert…
Le début de l’année 2015 s’est déroulé avec une navrante monotonie, entrecoupé de visite aux services de cardiologie, de renouvellement d’arrêt d’accident de travail, rien de bien notable, les douleurs habituelles, l’idée que bientôt j’allais passer devant une commission médicale qui allait me réformer et accepter l’idée d’être un handicapé, à hauteur de 80 % selon des avis autorisés. Vous vous en doutez, avec un moral en berne.
Le 23 juin de cette année, énième visite chez mon cardiologue, celui-ci me propose un contrôle sous anesthésie (car douloureux), mais plus approfondi de l’évolution du fameux thrombus, et en suivant une opération à cœur ouvert pour éliminer une partie du cœur, devenue akinétique après la reconstruction négative de la partie nécrosée due à la non vascularisation des quelques heures qui ont suivis l’accident avant l’opération.
De cette opération de contrôle, où je n’ai pas eu droit à l’anesthésie (le toubib n’annonçant tranquillement que vu mon état il ne souhaitait pas m’endormir…), le résultat fut stupéfiant :
le thrombus en question s’est calcifié et incorporé à la paroi ventriculaire, il n’est donc plus nécessaire de continuer a prendre des anti-coagulants et l’on ne parle plus d’opération mais de guérison, avec séquelles, mais guérison tout de même. De là, les choses se sont accélérées, la visite chez le médecin des gens de mer (obligatoire), a vu la délivrance du fameux sésame, le certificat d’aptitude à reprendre mes prérogatives de Capitaine ! J’ai donc repris la mer et mes activités professionnelles depuis ce jour.
Pour terminer ce témoignage, je tiens à mettre certains points en relief :
Tout d’abord, un grand merci aux Sœurs du Carmel, et en particulier à Sœur Marguerite, qui par leurs prières incessantes ont obtenues cette grâce pour moi.
Le fait de vivre dans ma chair la certitude que les grâces sont imméritées.
Ce Sacrement des malades dont on ne parle pas assez, entaché qu’il est encore par son ancien nom : « les derniers Sacrements »…
Enfin, sachez qu’il n’est pas plus difficile de prier et de garder la foi dans les moments de tempête, bien au contraire, cela devient, encore plus si besoin, notre force, notre rocher, notre soutien sans faille !
Alors moi aussi je puis maintenant dire : Il fit pour moi des merveilles.