3ième Dimanche de l’Avent ((Jn 1, 6-8.19-28) par D. Alexandre ROGALA

Comme la semaine dernière le texte d’évangile de ce troisième dimanche de l’Avent nous fait réfléchir sur la figure de Jean Baptiste, l’homme envoyé par Dieu pour rendre témoignage au Messie quelques temps avant que celui-ci ne se manifeste.
Nos célébrations liturgiques chrétiennes superposent pour ainsi dire, trois temps: le passé, le présent et le futur. Pendant l’Avent, nous nous préparons comme chaque année, à accueillir spirituellement Dieu qui vient à notre rencontre en prenant notre pauvre condition humaine.
Nous faisons donc mémoire d’un évènement passé. Mais en même temps, ce souvenir n’est pas qu’une commémoration puisqu’il a aussi une dimension présente. Ce matin, nous sommes venus à l’Église pour rencontrer notre Seigneur Jésus Christ et écouter sa parole aujourd’hui. Enfin, comme nous le chanterons tout à l’heure pendant la liturgie eucharistique: « nous attendons ta venue dans la gloire », c’est à dire que nous attendons la venue glorieuse de notre Seigneur Jésus à la fin des temps, au jour du Jugement.
Puisque nous parlons du jour du jugement, les textes choisis pour ce dimanche nous rappellent notre mission chrétienne par excellence : celle de préparer la venue glorieuse du Seigneur à la fin des temps.
Pour préparer le retour glorieux de notre Seigneur Jésus, nous devons comme Jean Baptiste, lui rendre témoignage par nos paroles et par nos actes, et annoncer au monde sa venue. La venue de notre Seigneur Jésus Christ, que ce soit sa première il y a plus de 2000 ans, ou sa venue glorieuse à la fin des temps, est toujours une « bonne nouvelle », car cette venue apporte à l’humanité le salut. À présent, voyons « comment » préparer la venue de notre Seigneur.
Commençons par le texte d’évangile que nous venons d’entendre. Celui-ci nous propose de participer à une Masterclass (classe de maître) de Jean Baptiste sur le témoignage. Le texte souligne d’emblée la nécessité du témoignage: « (Jean) est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui » (Jn 1, 7). Le témoin est nécessaire pour croire. La foi que nous cherchons à susciter chez l’autre, dépend en partie, de la qualité de notre témoignage.
Ensuite, même s’il est possible que certains d’entre-nous aient, comme Jean Baptiste, beaucoup de charisme, nous ne devons jamais oublier que nous ne sommes « pas la Lumière ». Nous sommes là « pour rendre témoignage à la Lumière » (cf. v. 8).
Dimanche dernier, j’ai entendu parler d’une paroisse où exerçait un prêtre charismatique qui attire beaucoup de monde à la messe. Ce prêtre est apprécié au point où lorsqu’il est remplacé par un autre prêtre pour une messe, il arrive que certains fidèles quittent l’Église avant la célébration ! Cette situation pose question. Les charismes personnels sont des dons
de Dieu, certes, mais ils doivent servir à conduire au Christ, pas à devenir des rockstars de l’Église.

Jean Baptiste lui, n’est pas tombé dans ce piège. Quand les prêtres et les lévites l’interrogent
sur son identité, il déclare immédiatement : « Je ne suis pas le Christ » (v. 20). De cette manière il tourne le regard de ces auditeurs vers un autre : Jésus.
En citant le passage du Livre d’Isaïe que nous avons entendu la semaine dernière, Jean Baptiste comprend son ministère comme (un ministère) prophétique: « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe » (v. 23). En se référant à ce passage de l’Écriture pour parler de lui-même, Jean suggère que son identité à lui n’est pas importante, Jean Baptiste n’est qu’une « voix qui crie ». Ce qui importe, c’est d’écouter ce que dit cette voix, car cette « voix qui crie » oriente vers le Christ.
Dans le texte d’aujourd’hui, Jean Baptiste ne donne aucune information sur l’identité du Messie. Nous devons donc chercher du côté de la première lecture.
Il s’agit un passage du Livre du prophète Isaïe qui a été écrit au retour d’Exil et qui annonce un Messie qui réconfortera et libérera les opprimés. Pour nous chrétiens, ce Messie annoncé c’est Jésus de Nazareth. Nous connaissons bien le début de ce passage puisqu’il s’agit de celui que lit Jésus à la synagogue de Nazareth dans l’évangile selon Luc (Lc 4) : « L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le coeur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération, proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur » (Is 61, 1-2).
Si nous venons à la messe régulièrement, nous connaissons un peu le ministère public de Jésus et nous savons que ce portrait du Messie que fait Isaïe correspond bien à Jésus.
Dans une certaine mesure, ce texte d’Isaïe s’applique aussi à nous chrétiens puisque le jour de notre baptême, nous avons reçu cette même « onction de l’Esprit du Seigneur » dont parle ce texte. C’est une « bonne nouvelle » dont nous devons nous réjouir. D’ailleurs dans la deuxième lecture, saint Paul nous invite à la joie: « Frères, soyez toujours dans la joie » (1 Th 5, 16).
Cependant, avoir reçu l’onction du Seigneur implique aussi une responsabilité. Comme Jésus, nous aussi nous sommes envoyés pour proclamer la « bonne nouvelle ». La bonne nouvelle qu’en Christ le salut est offert à tous les hommes sans aucune condition, sans aucun préalable, sans aucun mérite, si ce n’est d’accepter Jésus comme Christ et Sauveur et
de mettre notre confiance en lui.
Pour nous qui sommes habitués à notre société fondée sur la notion de mérite, la totale gratuité du salut nous parait presque choquante. Nous aimerions pouvoir mériter notre ciel.
Pourtant, quand nous y pensons, le fait que notre salut ne dépende pas de nous, est un avantage. En effet, qui d’entre-nous pourrait prétendre ne pas pécher et ainsi être sauvé grâce à ses propres efforts ? La Vierge Marie elle-même, reconnait que son salut ne vient pas de ses propres vertus puisqu’elle appelle Dieu « mon Sauveur » dans le Magnificat (cf. Lc 1, 47). J’espère donc que personne ne se fait d’illusion sur sa capacité à se sauver lui-même.
Puisque nous ne pouvons pas devenir des saints par nous-même, laissons Dieu travailler. Comme nous le dit saint Paul: « Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers ; que votre esprit, votre âme et votre corps, soient tout entiers gardés sans reproche pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ » (1 Th 5, 23).
Ainsi, lors de cette venue, notre Seigneur Jésus Christ nous fera entrer dans la joie de Dieu pour l’éternité. Un Sauveur qui nous offre un salut totalement gratuit et un bonheur éternel est une sacrée « bonne nouvelle » !!! Comment pourrions-nous la garder pour nous ? Plus de 2000 ans après la première venue de notre Seigneur, il y a encore des gens autour de nous qui ne l’ont encore jamais entendue.
Demandons donc au Seigneur de renouveler en nous, l’élan missionnaire afin que nous annoncions au monde que le Seigneur vient, et qu’il vient pour sauver tous les hommes.
Amen !

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