2ième Dimanche de l’Avent (Mc 1, 1-8) par D. Alexandre ROGALA

L’une des dimensions de la mission du chrétien est de préparer l’ultime venue du Christ dans la gloire à la fin des temps, en annonçant à ceux qui ne le savent pas encore qu’un jour, Dieu s’est fait homme, qu’il est mort, qu’il est ressuscité, qu’il est vivant à jamais, et qu’il nous a promis cette même vie qui n’aura pas de fin.

Pendant le temps liturgique de l’Avent, l’Église nous invite à contempler et à méditer sur le mystère de l’Incarnation, sur le mystère d’un Dieu qui a voulu partager notre condition humaine. En nous préparant à faire mémoire de la naissance de Jésus, en nous préparant à l’accueillir spirituellement comme un petit enfant, nous nous entrainons en même temps, pour ainsi dire, à accueillir le Fils de Dieu, non plus comme un enfant inoffensif, mais à l’accueillir lors sa venue glorieuse avec tous ses anges à la fin des temps.

C’est sans doute la raison pour laquelle la deuxième lecture qui est tirée de la Deuxième Lettre de Pierre, nous parle de la fin des temps. La semaine dernière, Jésus nous a mis en garde: « Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison » (Mc 13, 35). Même si nous  ignorons quand viendra la fin du temps, nous savons qu’elle arrivera tôt ou tard:

« le jour du Seigneur viendra, comme un voleur. Alors les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments embrasés seront dissous, la terre, avec tout ce quon a fait ici-bas, ne pourra y échapper » (2 P 3, 10)

Pour Pierre, l’attente de la Parousie est un temps que Dieu nous donne pour que nous nous convertissions, et c’est pourquoi il nous exhorte à la sainteté et à la piété:

« (Le Seigneur) prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion (…) vous voyez quels hommes vous devez être, en vivant dans la sainteté et la piété » (2 P 3, 9; 11)

Les textes qui parlent de la fin des temps sont impressionnants et peuvent nous faire peur. Cependant, le chrétien ne doit pas avoir peur de la fin du monde. Pour nous croyants, la fin des temps est une bonne nouvelle dans la mesure où  « ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, cest un ciel nouveau et une terre nouvelle où sidera la justice » (2 P 3, 13).

Et il nous suffit d’allumer la télévision, de regarder les actualités, ou d’ouvrir un journal, pour comprendre que nous avons bien besoin de cette « terre nouvelle où résidera la justice ».

Quand nous voyons le déchainement des puissances du mal dans le monde, avec les guerres, les agressions, les meurtres, les viols… Bref, les crimes et injustices de toutes sortes, dont nous sommes peut-être nous-mêmes victimes, nous avons de quoi être tristes et nous décourager… Les premiers mots de la première lecture, nous invitent à relever la tête et à faire confiance au Seigneur:

« Consolez, consolez mon peuple,– dit votre Dieu –parlez au cœur de Jérusalem » (Is 40, 1).

Il s’agit du début de la partie du Livre du Prophète Isaïe écrite vers la fin de l’Exil à Babylone. Isaïe annonce aux exilés qu’ils vont bientôt pouvoir rentrer en Terre Promise. Ce retour en Terre Promise sera possible grâce à un édit de Cyrus le roi de Perse. La fin de l’Exil est interprétée par le prophète, comme un « nouvel exode », c’est pourquoi dans son oracle Isaïe mentionne le « désert » dans lequel les hébreux ont marché pendant 40 ans avant d’entrer en Terre Promise: « Une voix proclame : « Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur ; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu » (Is 40, 3). De la même manière qu’il les a accompagné lorsqu’il les a libéré de la servitude en Egypte, Dieu accompagnera ses fidèles quittant Babylone tout au long de leur marche pour rentrer en Terre Promise.

L’annonce de la libération de la captivité babylonienne a été une « bonne nouvelle » pour les  israélites exilés.

La première lecture n’est pas la seule où il est question d’une « bonne nouvelle » puisque le début de l’évangile selon Marc que nous venons d’entendre commence par ces mots: « Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu » (Mc 1, 1). Un évangile est une « bonne nouvelle ». L’annonce de la venue du Messie proclamée par Jean le Baptiste devait être une « bonne nouvelle » pour ses contemporains juifs souffrant sous le joug de l’occupation romaine. Ils attendaient une libération…

La citation (partielle) du passage du Livre d’Isaïe que nous avons lu tout à l’heure peut orienter le lecteur vers une conception plutôt guerrière du Messie, c’est à dire un Messie semblable à Cyrus le roi de Perse qui, comme nous venons de le rappeler, avait libéré les israélites de la captivité à Babylone quelques siècles auparavant.

Les contemporains de Jésus connaissaient la Sainte Écriture bien mieux que nous, et quand ils entendaient la citation « Voix de celui qui crie dans le désert :Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers », certains étaient capables de réciter la suite du texte. Et que dit Isaïe dans la suite du texte ?  Isaïe parle de Cyrus en ces termes:

« Ainsi parle le Seigneur à son messie, à Cyrus, quil a pris par la main pour lui soumettre les nations et désarmer les rois, pour lui ouvrir les portes à deux battants, car aucune porte ne restera fermée (…) Cest moi qui ai fait surgir Cyrus selon la justice et japlanis tous ses chemins. Cest lui qui construira ma ville et laissera partir mes déportés sans paiement ni rançon », – dit le Seigneur de lunivers » (Is 45, 1; 13).

En citant Isaïe, l’évangéliste Marc peut laisser croire que Jésus sera un « nouveau Cyrus ».  Il est possible que Jean Baptiste lui-même, ait dans un premier temps, pensé que Jésus serait celui qui libérerait Jérusalem de l’occupant romain.

N’étant pas un guerrier, Jésus a sans aucun doute déçu beaucoup de ses contemporains. Mais nous qui sommes ses disciples, nous savons qu’il nous a libéré d’une captivité à laquelle il était impossible à l’être humain de se libérer par lui-même: celle de l’esclavage du péché.

Donnons la parole à Jean Baptiste: « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de mabaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de leau ; lui vous baptisera dans lEsprit Saint. » (Mc 1, 7-8)

La différence entre les deux baptêmes est qualitative. Alors que celui de Jean purifie provisoirement, le baptême de Jésus lui, a un caractère définitif, grâce à la présence de l’Esprit Saint.

Certes, il nous arrive encore de commettre des péchés. Mais la différence, c’est que nous ne sommes plus asservis au mal et au péché. Nous ne sommes plus obligés pour ainsi dire, de faire le mal, ou pour emprunter une expression à saint Paul, nous ne sommes plus soumis « à la loi du péché » (cf. Rm 8, 2). Par le don de l’Esprit Saint, Dieu nous offre une possibilité nouvelle: celle de devenir des Saints, comme Jésus.

Remercions donc le Seigneur, et demandons-lui la grâce de désirer cette sainteté. Ainsi, nous laissant transformer par l’Esprit, nous serons prêts « le jour où le Fils de l’homme se révélera » (Lc 17, 30), que ce soit comme un petit-enfant dans quelques jours à Noël, ou dans sa gloire, à la fin des temps. Amen !

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