La Transfiguration (Mt 17, 1-9) – par P. Rodolphe EMARD
En cette fête de la Transfiguration du Seigneur, les textes bibliques nous parlent de la gloire de Dieu.
La première lecture, tirée du livre de Daniel[1], est un texte un peu déroutant pour ceux qui le découvrent. Ce texte est un genre dit apocalyptique. Le mot « apocalypse » est un mot du vocabulaire biblique. Il a connu un détournement de sens au cours de l’histoire. Ce terme a été profané, il est devenu un synonyme de cataclysme et d’événements effroyables.
« Apocalypse » vient du grec Apocalypsis qui signifie « dévoilement », « révélation ». Dans la Bible, les textes apocalyptiques[2] sont apparus dans des contextes de crise où les juifs et les chrétiens étaient persécutés à cause de leur foi. Ces textes visent à susciter l’espérance mais révèlent aussi le projet de Dieu, la destinée du monde et de l’humanité, l’avenir, le jugement final de Dieu…
Le texte de ce dimanche relate la vision divine que Daniel a reçue. Le prophète voit « venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme ». À ce Fils d’homme est donné « domination, gloire et royauté ». Sa royauté ne sera jamais détruite, sa domination est éternelle. Daniel prophétise le Christ dans la gloire. Daniel porte déjà l’espérance que le Christ apportera la délivrance et instaurera définitivement le règne de Dieu, à la fin des temps.
Le Psaume 96 appuie bien la gloire de Dieu, sa royauté. Le refrain du psaume est très explicite : « Le Seigneur est roi, le Très-Haut sur toute la terre ! »
Saint Pierre, dans la deuxième lecture, confirme, en quelque sorte, la prophétie de Daniel. Il a vu et fait « connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ » qui « a reçu de Dieu le Père l’honneur et la gloire ». Pierre évoque également son expérience de la Transfiguration avec Jacques et Jean. Il fait part de « la Gloire magnifique », cette « voix qui disait : Celui-ci est mon Fils, mon bien-aimé ; en lui j’ai toute ma joie ». Un rajout est apporté dans l’évangile de Matthieu : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! »
La Transfiguration avait pour but de préparer les apôtres au scandale de la croix qui allait arriver. Cette Transfiguration annonce la Résurrection de Jésus qui triomphera de ce scandale. Ce récit nous rappelle la nécessité de demeurer constamment dans la dynamique du mystère pascal du Christ : sa mort sur la croix et sa Résurrection pour le Salut de l’humanité ; mystère que nous célébrons chaque dimanche à l’Eucharistie.
La Transfiguration du Seigneur nous invite aussi à garder l’espérance au cœur de nos croix à porter. Accrochés au Christ, nous pouvons surmonter nos épreuves. Le mal que nous subissons est passager. Le Christ triomphera de ce mal ! Alors écoutons-le ! Tel est l’impératif du Père : « Ecoutez-le ! » Comment ? En nous familiarisant concrètement avec la Parole de Dieu. La présence de Moïse et d’Élie à la Transfiguration est très significative : Moïse représente la Loi et Élie représente les Prophètes. Tous deux symbolisent les Écritures saintes que nous devons méditer.
Nous sommes appelés à écouter le Christ, à prendre au sérieux ses paroles. L’écouter c’est en se faisant proche de lui dans la prière. La Transfiguration a eu lieu sur une « haute montagne ». Dans la Bible, la montagne représente le lieu de proximité et de la rencontre avec Dieu. Cela nous rappelle la nécessité de savoir parfois nous « retirer » pour nous recueillir. Le rythme de nos vies est souvent sans frein et bruyant, il est nécessaire de favoriser des moments au calme pour demeurer dans l’intimité du Christ.
Que le Seigneur nous donne alors la grâce de nous attacher à lui pour mieux l’écouter et l’annoncer. Que le Seigneur nous libère également de nos craintes, à nous aussi il redit : « Relevez-vous et soyez sans crainte ! » Amen.
[1] Grand prophète qui a qui a vécu au cours du 7ème et du 6ème siècle avant notre ère.
[2] Les écrits apocalyptiques ont une place relativement restreinte dans la Bible. Dans l’Ancien Testament, on peut nommer notamment les livres de Daniel, Ézéchiel, Joël et Zacharie. Dans le Nouveau Testament, on peut nommer celui de l’Apocalypse de saint Jean.