L’Ascension (P. Rodolphe EMARD ; Mc 16,15-20)

L’Ascension… Les trois lectures principales de cette solennité insistent bien sur cet évènement de la vie de Jésus :

  • « Tandis que les Apôtres le regardaient, il s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux. (…) Ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait », dans le livre des Actes des Apôtres.

  • « Celui qui était descendu est le même qui est monté au-dessus de tous les cieux pour remplir l’univers », dans la lettre aux Éphésiens.

  • « Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu », dans l’Évangile de Marc.

Jésus monté aux cieux ou au ciel (comme nous le disons dans le Credo). Le ciel, il ne s’agit pas de cet espace infini au-dessus de nos têtes, tantôt bleu, tantôt gris… C’est un terme biblique qui ne désigne pas un lieu mais la plénitude de Dieu, toute la gloire de Dieu ; « Il est assis à la droite du Père » dit l’Evangile et que nous redisons aussi dans le Credo. Voilà grosso modo ce qu’est l’Ascension mais avec notre imagerie humaine, sans doute que des questions se posent… Ce mystère dépasse notre intelligence mais les textes bibliques nous donnent de pouvoir mieux entrer dans ce mystère.

Si nous revenons à la première lecture, saint Luc écrit : « Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel » … « Vers le ciel », « d’où il viendra juger les vivants et les morts » disons-nous encore dans le Credo. L’Église a foi que le Christ vient à nous, qu’il se donne réellement à nous dans sa Parole, d’une manière particulière dans les sacrements mais l’Eglise attend aussi sa venue dans la gloire ! Une venue où il instaurera définitivement le Royaume de Dieu, déjà présent en ce monde mais encore à construire dans chacune de nos vies.

Par ailleurs, la préface eucharistique (n°1) pour cette solennité précise concernant le Christ : « Sans quitter notre condition humaine, le premier, il entre au ciel, tête de l’Église et commencement de tout ce qui existe, et il donne aux membres de son Corps l’espérance de le rejoindre un jour ». Jésus est monté au ciel avec son corps de ressuscité ! Et c’est toute l’humanité qu’il entraîne avec lui !

En attendant, il ne s’agit pas de demeurer passifs, inertes. Nous avons reçu l’Esprit Saint, don de la Pentecôte (que nous célébrerons dans dix jours). Et si nous avons reçu cet Esprit Saint, c’est pour être témoins de Jésus, proclamer son Évangile et faire des baptisés.

Comme les Apôtres, nous aimerions maitriser le temps, savoir quand cela va se passer : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » Et cette réponse de Jésus : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité ». Personne ne connaît le jour du jugement dernier et personne ne connaît le jour de sa propre mort ! Nous ne pouvons pas nous adonner aux sciences occultes, à la voyance, à la divination… Nous ne sommes pas des faiseurs de temps ! Ce n’est pas notre mission ! Si le Royaume est sans cesse en construction, cela signifie que rien n’est écrit d’avance, malgré les aléas de la vie. Il n’y a pas de fatalité avec Dieu ! Jésus ne nous donne pas la mission d’être des prédicateurs du temps mais des prédicateurs de l’Évangile…

Si le Royaume se construit sur l’amour, nous devons vivre alors dans la charité, nous soutenir mutuellement dans l’espérance, en ne pas laissant notre prochain sombrer dans le noir, en témoignant nous-mêmes de l’espérance : Il est toujours possible de faire confiance à Jésus, il n’abandonne personne !

Pour conclure, il me semble que la première lecture nous invite à nous tourner vers l’avenir. Ne demeurons pas des êtres du passé ! Écoutons cet avertissement des deux hommes en vêtements blancs : « Galiléens, Pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? » Il est difficile d’échapper à la tentation de nous cramponner au passé ! À ce qui a été réussi, à ce qui a été vécu de bien… C’est peut-être sécurisant mais le Christ nous appelle fortement à regarder plus loin devant nous : « Allez dans le monde entier… »

C’est la grâce que nous demandons au Seigneur au cours de cette eucharistie, d’être témoins de sa résurrection et témoins de l’espérance, en son nom.

À tous et à chacun, à toutes vos familles, belle fête de l’Ascension du Seigneur.

P. Rodolphe Emard

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