I – « Le Père et le Fils, en face à face, unis l’un à l’autre dans la communion d’un même Esprit. »
« Si Dieu était votre Père », dit Jésus à ses adversaires, « vous m’aimeriez, car c’est de Dieu que je suis sorti et que je viens ; je ne viens pas de moi-même ; mais lui m’a envoyé » (Jn 8,42), « et celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît » (Jn 8,29). « Celui qui ma envoyé », le Père, « est avec moi », dit Jésus, et cela « toujours », car Jésus « fait toujours ce qui lui plaît ». Accueillir le Fils, « le Verbe fait chair » (Jn 1,14), celui que les hommes pouvaient voir avec leurs yeux de chair, « c’est donc au même moment accueillir le Père », « toujours » avec le Fils, mais invisible à nos yeux de chair, car « Dieu est Esprit », dit Jésus à la Samaritaine (Jn 4,24).
Nicodème avait reconnu que Jésus n’était pas seul : « Rabbi, nous le savons, tu viens de la part de Dieu comme un Maître : personne ne peut faire les signes que tu fais, si Dieu n’est pas avec lui » (Jn 3,2). C’était Dieu le Père, en effet, qui, avec lui et par lui, accomplissait des miracles, signes et prodiges pour aider les foules à croire en son Fils : « Jésus le Nazôréen, cet homme que Dieu a accrédité auprès de vous par les miracles, prodiges et signes qu’il a opérés par lui au milieu de vous », dit St Pierre à la foule (Ac 2,22). Et Jésus lui-même disait : « Les œuvres que le Père m’a donné à mener à bonne fin, ces œuvres mêmes que je fais me rendent témoignage que le Père m’a envoyé » (Jn 5,35). En effet, « le Père demeurant en moi fait ses œuvres » (Jn 14,10), car « le Fils ne peut rien faire de lui-même qu’il ne le voie faire au Père ; ce que fait le Père, le Fils le fait pareillement car le Père aime le Fils et lui montre tout ce qu’il fait » (Jn 5,19‑20).
Le Fils est donc tout d’abord entièrement « tourné vers le sein du Père » (Jn 1,18). Dans la foi, en « Verbe fait chair », vrai Dieu (Jn 1,1 ; 20,28) mais aussi vrai homme, « Fils de l’homme » (Mc 9,31), il le regarde, il le voit, il l’écoute. En serviteur du Père, il fait ce qu’il voit faire au Père, il dit ce qu’il a vu auprès du Père, et aussi ce que le Père lui dit : « Je dis ce que j’ai vu chez mon Père » (Jn 8,38), « je dis ce que le Père m’a enseigné » (Jn 8,28).
Le compagnonnage de Jésus avec son Père est donc au cœur de son Mystère. Jésus est tout entier tourné vers le Père, il ne cesse de le regarder, de l’écouter, il est tout entier à son service, ne cherchant qu’une seule chose : accomplir sa volonté, dans une obéissance parfaite… « Et Dieu veut que tous les hommes soient sauvés » (1Tm 2,3-6)…
Mais ce Mystère d’un « être avec… », « d’un être auprès de… », « d’un être tourné vers » un Autre que Lui-même, Jésus en parle aussi avec d’autres expressions qui peuvent sembler incompatibles avec les premières. En effet, Jésus le Fils, « l’Unique Engendré » (Jn 1,18), est le seul à être « qui » il est. Le Fils n’est pas le Père, et le Père n’est pas le Fils. A ce titre, le Père et le Fils, en tant que Personnes divines uniques, sont toujours en face à face. De ce point de vue, le Père n’est pas dans le Fils, et le Fils n’est pas dans le Père : le Père, lui qui est le seul à être le Père, est face à face avec un autre que Lui-même, le Fils, qui, de son côté, est lui aussi le seul à être le Fils. Et pourtant, Jésus nous dit : « Le Père », ce Père que je ne suis pas, ce Père qui est un autre que moi-même, « est en moi et moi, je suis dans le Père ». C’est ce qu’il affirme par deux fois à Philippe après lui avoir déclaré : « Nul ne vient au Père que par moi. Si vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père ; dès à présent vous le connaissez et vous l’avez vu. Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit. » Jésus lui dit : Voilà si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ? Qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : Montre-nous le Père ! ? Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même : mais le Père demeurant en moi fait ses œuvres. Croyez-m’en ! je suis dans le Père et le Père est en moi. Croyez du moins à cause des œuvres mêmes » (Jn 14,6-11).
Le Père n’est pas le Fils, le Fils n’est pas le Père ; à ce titre, ils sont toujours en face à face… Et pourtant, « le Père est dans le Fils, et le Fils est dans le Père », nous dit Jésus plusieurs fois. Comment donc harmoniser ce qui semble si contradictoire ? Nous touchons ici aux conséquences éternelles de l’engendrement éternel du Fils par le Père, « dès avant la fondation du monde » (Jn 17,24), « avant tous les siècles » (Crédo), et donc avant que le temps n’existe… « Comme le Père a la vie en lui-même, de même a-t-il donné au Fils d’avoir la vie en lui-même… Ainsi, je vis par le Père » (Jn 5,26 ; 6,57), nous dit Jésus. Et pourquoi ? « Car le Père aime le Fils et il a tout donné en sa main » (Jn 3,35), tout, tout ce qu’il est, tout ce qu’il a : « Tout ce qu’a le Père est à moi » (Jn 16,15 ; 17,10). Le Père est Dieu ? Le Père aime le Fils, et de toute éternité, il se donne à lui, lui donnant ainsi gratuitement, par amour, d’être « Dieu né de Dieu, vrai Dieu né du vrai Dieu » (Crédo). « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5) ? Le Père aime le Fils, se donne totalement à lui, en tout ce qu’Il Est, lui donnant ainsi, gratuitement, par amour, d’être « Lumière née de la Lumière » (Crédo). Qui voit la Lumière du Fils voit donc la Lumière du Père, car il s’agit dans les deux cas de la même réalité spirituelle. C’est ainsi que Jésus peut dire : « Qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14,9), alors même que le Père n’est pas le Fils et que le Fils n’est pas le Père… « Dieu est Amour » (1Jn 4,8.16) ? « Tu es mon Fils Bien Aimé », lui dit le Père, « en toi j’ai mis tout mon amour » (Mc 1,11), tout ce que Je Suis. Ainsi, par ce Don total que le Père ne cesse de faire au Fils, tout ce qu’Est le Père, le Fils l’Est aussi en tant qu’il le reçoit du Père. Jésus peut alors dire : tout ce qui Est « en moi », tout ce qui me constitue, ma Plénitude d’Être et de Vie, tout cela Est aussi « en toi », Père, puisque le Fils reçoit tout du Père en « Unique Engendré » (Jn 1,18), « engendré non pas créé, né du Père avant tous les siècles » (Crédo). A ce titre, même si le Père n’est pas le Fils, et si le Fils n’est pas le Père, tout ce qui Est dans le Père Est dans le Fils, en tant que le Père le donne au Fils de toute éternité. Et tout ce qui Est dans le Fils Est dans le Père, en tant que le Fils le reçoit du Père de toute éternité… En considérant donc cette Plénitude d’Être et de Vie qui le constitue tout entier, le Fils peut dire qu’il Est dans le Père et que le Père Est en Lui, alors même qu’ils sont toujours tous les deux en face à face…
Le talent de St Jean est tel qu’il n’a besoin que de quelques mots pour exprimer ce Mystère de Communion du Père et du Fils, bien distincts l’un de l’autre, mais dans l’unité d’un même Esprit (cf Ep 4,3) : « Moi et le Père, nous sommes un » (Jn 10,30). En français, nous avons deux genres : le masculin et le féminin. En grec, il en existe trois : le masculin, le féminin et le neutre. Le masculin renvoie à des personnes de sexe masculin, avec énormément d’exceptions… Le féminin renvoie à des personnes de sexe féminin, avec énormément d’exceptions… Le neutre renvoie au domaine des choses, des réalités non personnifiées, avec énormément d’exceptions… Et en Jn 10,30, pour écrire « un », St Jean n’a pas utilisé le masculin, ce qui aurait voulu dire que le Père et le Fils n’auraient en fait été qu’une seule et même Personne, mais un neutre qui renvoie donc à une réalité non personnifiée, ici, ce que sont le Père et le Fils de toute éternité : « Amour » (1Jn 4,8.16), « Esprit » (Jn 4,24), « Lumière » (1Jn 1,5). Le Père et le Fils sont « un » en tant qu’ils sont unis l’un à l’autre dans la Communion d’un même Esprit, d’une même Lumière, d’un même Amour, en un mot d’une même Plénitude divine d’Être et de Vie, le Père la donnant au Fils de toute éternité, le Fils la recevant du Père de toute éternité…
Ainsi, le Père et le Fils sont bien l’un en face de l’autre, l’un auprès de l’autre, l’un avec l’autre, bien distincts l’un de l’autre, et pourtant, ils sont unis au niveau de leur Être même dans la communion d’une même Plénitude spirituelle (« Dieu est Esprit » (Jn 4,24), le Père la donnant au Fils, gratuitement, par Amour, l’engendrant ainsi en Fils, le Fils la recevant gratuitement du Père, dans l’Amour. La relation qui existe ainsi entre les deux est vitale, existentielle, le Fils n’étant rien sans le Père…
Alors, si, à un instant du temps, le Fils a assumé notre nature humaine, « corps, âme et esprit » (1Th 5,23), son esprit d’homme était pleinement uni à sa Plénitude spirituelle éternelle, mais cette réalité, invisible par nature à nos yeux de chair, ne se laisse percevoir qu’au regard du cœur, au regard de la foi… Et bien sûr, là où est le Fils, là est le Père, avec lui, auprès de lui, uni à lui dans la communion d’un même Esprit… Ainsi, « celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille mais celui qui m’a envoyé »…
II – Le Père fait tout par le Fils ; le Fils est le Serviteur du Père
De toute éternité, le Père et le Fils sont en face à face, le Père, dans l’Amour, se donnant en tout ce qu’Il Est au Fils, l’engendrant ainsi en Fils ; le Fils, dans l’Amour, se recevant en tout ce qu’Il Est du Père, dans l’action de grâce. Et puisque « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), et que « Dieu est Saint » (Lv 19,2), « Jésus tressaille de joie dans l’Esprit Saint », « le Don de Dieu », « et il dit : « Je te bénis, Père, Seigneur du Ciel et de la terre » (Lc 10,21 ; Jn 4,10)… Chacun possède donc une seule et même Plénitude d’Être et de Vie, le Père la donnant au Fils, gratuitement, par amour, le Fils la recevant du Père, gratuitement, dans l’amour. Le Père et le Fils, en face à face, sont ainsi unis l’un à l’autre dans la communion d’un même « Amour » (1Jn 4,8.16), d’un même « Esprit » (Jn 4,24), d’une même « Lumière » (1Jn 1,5), d’une même Vie (Jn 5,26). Et cet Amour, en Dieu, fait l’union des volontés. Le Fils n’a ainsi qu’un seul désir : accomplir le plus parfaitement possible la volonté du Père. Et le Père, de son côté, fait tout par et pour son Fils : « Le Seigneur fait tout pour moi. Seigneur, éternel est ton amour, n’arrête pas l’œuvre de tes mains » (Ps 138(137),8).
Ainsi lorsque nous disons dans notre Crédo « Je crois en un seul Dieu, le Père Tout‑Puissant, Créateur du ciel et de la terre, de l’univers visible et invisible », St Jean précise en parlant du Fils, « le Verbe fait chair » (Jn 1,14) : « Tout fut par lui et sans lui rien ne fut » (Jn 1,3). La Lettre aux Hébreux commence quant à elle par ces lignes : « À bien des reprises et de bien des manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; mais à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes » (Hb 1,2). La Lettre aux Colossiens nous dit de son côté de ce Fils qui a assumé notre condition humaine, « devenant ainsi semblable aux hommes » (Ph 2,7) : « Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né, avant toute créature : en lui, tout fut créé, dans le ciel et sur la terre. Les êtres visibles et invisibles (la formulation de notre Crédo), Puissances, Principautés, Souverainetés, Dominations, tout est créé par lui et pour lui. Il est avant toute chose, et tout subsiste en lui » (Co 1,15-17).
Si le Père a créé tous les hommes, gratuitement, par amour et par le Fils, ce même Père veut sauver tous les hommes gratuitement, par amour et par ce même Fils : « Dieu notre Sauveur, veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité. En effet, il n’y a qu’un seul Dieu ; il n’y a aussi qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, le Christ Jésus, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous » (1Tm 2,3-6). St Jean écrit de son côté : « Dieu », le Père, « a tant aimé le monde », c’est‑à‑dire tous les hommes, sans absolument aucune exception, « qu’il a donné son Fils Unique afin que quiconque croit en lui ne se perde pas mais ait la vie éternelle. Car Dieu », le Père, « n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde », au sens de condamner, « mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3,16-17). St Jean appelle ainsi Jésus « le Sauveur du monde », et lui, de son côté, n’a qu’un seul désir : accomplir la volonté du Père, et donc tout faire pour que tous les hommes soient effectivement sauvés : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et de mener son œuvre », la création qu’il a lancée dans l’aventure de la vie et au cœur de laquelle il ne cesse d’agir pour son salut, « à bonne fin… Tout ce que me donne le Père », et le Père a donné au Fils le monde à sauver, « viendra à moi, et celui qui vient à moi, je ne le jetterai pas dehors ; car je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé. Or c’est la volonté de celui qui m’a envoyé que je ne perde rien de tout ce qu’il m’a donné, mais que je le ressuscite au dernier jour » (Jn 4,34 ; 6,37-39).
En tant que le seul de désir de Jésus est l’accomplissement de la volonté du Père, nous pouvons donc l’appeler « le Serviteur » du Père. Et c’est bien ainsi que St Luc nous le présente plusieurs fois dans son Livre des Actes des Apôtres : « Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob a glorifié son Serviteur Jésus que vous, vous avez livré… Vous avez fait mourir le Prince de la vie, mais Dieu l’a ressuscité des morts ; nous en sommes témoins… Et c’est pour vous d’abord que Dieu a ressuscité son Serviteur et il l’a envoyé vous bénir », le Père nous bénit donc par son Fils, « du moment que chacun de vous se détourne de ses perversités » (Ac 3,11-26 ; cf. Ac 4,27.30). Le Fils est donc tout entier au Service du Père, dans l’accomplissement de sa volonté. Mais dans cette communion d’Être et de Vie qui unit le Père et le Fils, une communion qui est de l’ordre de l’Amour, tout ce que veut le Père dans l’Amour, pour notre seul bien, le Fils le veut lui aussi de tout son Être, dans ce même Amour et toujours pour notre seul bien. Et le Père apparaît alors comme étant lui aussi le Serviteur du Fils dans l’accomplissement de leur volonté commune, pour notre seul bien… C’est ainsi que le Père est tout entier au service du Fils pour que les hommes viennent à lui, croient en lui et puissent donc ainsi être sauvés par lui, l’unique « Sauveur du monde », « l’unique Médiateur entre Dieu et les hommes » (1Tm 2,3-6).
Le Père va ainsi se mettre au service du Fils en attirant tous les hommes à lui. Nous l’avons vu, « tout ce que me donne le Père viendra à moi ». En effet, « nul ne peut venir à moi », dit Jésus, « si cela ne lui est donné par le Père ». Oui, « nul ne peut venir à moi », dit-il encore, « si le Père qui m’a envoyé ne l’attire » (Jn 6,37.65.44). Et « venir à » Jésus en St Jean est synonyme de « croire en lui », comme nous le montre ce parallèle en Jn 6,35 : « Je Suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. » Le Père attire ainsi tous les hommes au Fils et il fait tout pour leur donner de croire en lui… C’est ainsi, notamment, qu’il lui rend témoignage, par une voix qui jaillit du ciel : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, j’ai mis tout mon amour » (Mc 1,11)… Et si, disait Jésus, « ma parole n’est pas de moi, mais du Père qui m’a envoyé » (Jn 14,24), de telle sorte que « ce que je dis, tel que le Père me l’a dit, je le dis » (Jn 12,50), le Père de son côté déclare, lors de la Transfiguration de Jésus : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez‑le » (Mc 9,7)… Et lorsque Jésus demande :« Père, glorifie-ton nom », aussitôt, « du ciel vint une voix : « Je l’ai glorifié et de nouveau je le glorifierai » (Jn 12,28). Ainsi, « le Père qui m’a envoyé », dit Jésus, « lui, me rend témoignage » (Jn 5,37). Et il le fait encore par « les guérisons, signes et prodiges qu’il opère par son saint serviteur Jésus » (cf. Ac 4,30). Oui, dit St Pierre, « Jésus, le Nazôréen, est bien cet homme que Dieu a accrédité auprès de vous par les miracles, signes et prodiges qu’il a opérés par lui au milieu de vous » (Ac 2,22). Et Jésus en était bien conscient : « Les œuvres que le Père m’a donné à mener à bonne fin, ces œuvres mêmes que je fais, me rendent témoignage que le Père m’envoie » (Jn 5,36).
Le Père a donc tout créé par le Fils, et il veut tout sauver par le Fils. Dans sa mission, il agit pour lui, il est entièrement à son service, pour aider les hommes à venir à Jésus, à croire qu’il est vraiment « le Sauveur du monde », ce qui leur permettra de recevoir le pardon de toutes leurs fautes, offert en surabondance par leur Dieu et Père qui, avec son Fils, ne cherche et ne poursuit que leur bien. C’est donc bien encore avec et par son Fils que le Père travaille à se réconcilier à lui tous les hommes. Car ce n’est que dans cette relation en cœur à cœur avec leur Père qu’ils trouveront, en tant qu’ils la recevront gratuitement, par amour, cette Plénitude d’Être et de Vie que le Père veut leur communiquer à eux aussi, car c’est pour qu’ils en soient comblés qu’il les a tous créés. Et ce Don sera le même que celui qu’il offre à son Fils de toute éternité, l’engendrant ainsi en Fils « vrai Dieu né du vrai Dieu »… Il aura donc au cœur de tous ceux et celles qui accepteront de le recevoir les mêmes effets que pour le Fils : l’engendrement à la Plénitude même de la Vie de Dieu, « à l’image du Fils » (Rm 8,29). En effet, « Dieu », le Père, « s’est plu à faire habiter en lui toute la Plénitude et par lui à réconcilier tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix ». Oui, « en lui habite corporellement toute la Plénitude de la Divinité, et vous vous trouvez, en lui, associés à sa Plénitude » (Col 1,19-20 ; 2,9-10) ! Et dans sa seconde Lettre aux Corinthiens, St Paul écrit : « Dieu », le Père, « nous a réconciliés avec lui par le Christ et il nous a confié le ministère de la réconciliation. Car c’était Dieu qui dans le Christ se réconciliait le monde, ne tenant plus compte des fautes des hommes et mettant en nous la parole de la réconciliation. Nous sommes donc en ambassade pour le Christ ; c’est comme si Dieu exhortait par nous. Nous vous en supplions au nom du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2Co 5,18-20) en accueillant la Vérité de son Amour. Et dans cette même Vérité où nous sommes déjà enveloppés par sa Tendresse, nous sommes invités à reconnaître en vérité notre péché, nos misères, et à tout lui offrir. « Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, je ne mérite plus d’être appelé ton fils » (Lc 15,21). Alors, « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29) les fera vite disparaître par « l’Eau Pure qui purifie » (Ez 36,24-28), « l’Eau Vive qui vivifie », « l’Eau Vive de l’Esprit Saint », « le Don de Dieu » (Jn 4,10-14 ; 6,63 ; 7,37-39). Ainsi, « celui qui fait la vérité vient à la lumière » (Jn 3,21), et « si nous marchons dans la lumière, comme Dieu est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres et le sang de Jésus, son Fils, nous purifie de tout péché » (1Jn 1,7-9). Et par la médiation de son sang versé, de sa chair offerte, c’est toujours le Don de l’Esprit qui accomplit son œuvre en nous. En effet, si le sang de Jésus est bien « le sang de l’Alliance versé pour la multitude en rémission des péchés » (Mt 26,28), la réalité qui accomplit cette œuvre en nous, c’est bien l’Esprit qui purifie, « l’Esprit qui vivifie » : « La chair ne sert de rien, c’est l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63).
Alors, si nous acceptons de nous présenter devant lui tels que nous sommes en vérité, pécheurs, remplis de misères et de faiblesses de toutes sorte, « lui, fidèle et juste, pardonnera nos péchés et nous purifiera de toute iniquité ». « Si notre cœur venait à nous condamner, devant lui nous apaiserons notre cœur, car Dieu est plus grand que notre cœur et il connaît tout » (1Jn 3,19-20)… Et ce Dieu « Miséricorde Toute Puissante » (Lc 1,49-50), ce « Père des Miséricordes » (2Co 1,3), Lui qui a créé l’infini de l’univers visible qui nous entoure, Lui qui est aussi infini en Amour, agira envers nous selon l’infini de son Amour et nous ne pourrons que constater, en expérimentant son pardon, que « là où le péché à abondé, la grâce a surabondé » (Rm 5,20)…
« Il ne s’agit donc pas de l’homme qui veut ou qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde » (Rm 9,16). Ainsi, grâce au salut du monde « accompli » (Jn 19,30) par Jésus, le Fils, le projet créateur du Père pourra lui aussi pleinement s’accomplir : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ. Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. Ainsi l’a voulu sa bonté, à la louange de gloire de sa grâce, la grâce qu’il nous donne dans le Fils bien-aimé. En lui, par son sang, nous avons la rédemption, le pardon de nos fautes. C’est la richesse de la grâce que Dieu a fait déborder jusqu’à nous en toute sagesse et intelligence »… Ainsi, « après avoir écouté la parole de vérité, l’Évangile de votre salut, et après y avoir cru, vous avez reçu la marque de l’Esprit Saint. Et l’Esprit promis par Dieu est une première avance sur notre héritage, en vue de la rédemption que nous obtiendrons, à la louange de sa gloire… Le Christ a en effet aimé l’Eglise », et à travers elle, l’humanité tout entière. « Il s’est livré pour elle afin de la rendre sainte en la purifiant par le bain de l’eau baptismale, accompagné d’une parole ; il voulait se la présenter à lui-même, cette Église », cette humanité, « resplendissante, sans tache, ni ride, ni rien de tel ; il la voulait sainte et immaculée » (Ep 1,3‑14 ; 5,25-27). Et « tout ce que veut le Seigneur, il le fait au ciel et sur la terre, dans les mers et jusqu’au fond des abîmes » (Ps 135(134),6). Telle est la volonté du Père accomplie par le Fils et qui commence à se réaliser très concrètement dans nos cœurs et dans nos vies par le Don gratuit de l’Amour, le Don de l’Esprit Saint… « Heureux » alors, dès maintenant, dans la foi, « ceux qui croient sans avoir vu » (Jn 20,29)…
III – « L’Esprit Saint procède du Père et du Fils… Il est Seigneur, et il donne la vie » (Crédo)…
Nous avons vu précédemment que depuis toujours et pour toujours, le Père et le Fils sont en face à face, le Père, dans l’Amour, se donnant en tout ce qu’Il Est au Fils, l’engendrant ainsi en Fils « né du Père avant tous les siècles » (Crédo) ; le Fils, dans l’Amour, se recevant en tout ce qu’Il Est du Père, dans l’action de grâce.
« Dieu » en effet « Est Amour » (1Jn4,8.16), et le propre de l’Amour, en Dieu, est de se donner, totalement, pour la seule Plénitude de l’autre. C’est ce que déclare le Pape François dans son audience donnée à Rome le mercredi 14 juin 2017 : « Le premier pas que Dieu accomplit vers nous est celui d’un amour donné à l’avance et inconditionnel. Dieu nous aime parce qu’il est amour, et l’amour tend de nature à se répandre, à se donner ». C’est ainsi que St Jean écrit : « Le Père aime le Fils et il a tout donné en sa main » (Jn 3,35). En grec, le temps employé pour le verbe « donner » pourrait aussi être traduit par un présent : « Le Père aime le Fils et il donne tout en sa main » (Jn 3,35). Autrement dit, c’est parce que « le Père aime le Fils », un présent qui a ici valeur d’éternité, « qu’il lui donne tout », tout ce qu’il Est, tout ce qu’il a. « Tout ce qu’a le Père est à moi » (Jn 16,15)…
« « Aimer », pour Dieu, c’est donc « donner » ce qu’Il Est en Lui-même, sa Plénitude spirituelle d’Être et de Vie, et cela gratuitement, par amour. Et rien, absolument rien ne peut empêcher Dieu d’Être ce qu’Il est, Amour, Pur Amour, toujours donné, gratuitement, pour le seul bien de tous… Et puisque nous avons tous été « créés à son image et ressemblance » (Gn 1,26-28), Jésus nous invitera à agir « comme » lui, une attitude qui n’est possible, pour nous pécheurs, qu’avec le secours de sa grâce : « Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs, afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 44-45). Autrement dit, le Père « Amour » aime d’un Amour Pur aussi bien « les méchants et les bons », « les justes et les injustes » : à tous, il donne gratuitement, par Amour, en surabondance, ce qu’Il Est en Lui-même, et Il Est Esprit (Jn 4,24), et Il est Lumière (1Jn 1,5). « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu… Le Verbe était la lumière véritable qui éclaire tout homme » (Jn 1,1.9)…« Il fait donc lever son soleil » sur tous en donnant à tous la Lumière de son Esprit, et « il fait tomber la pluie » sur tous en donnant l’Eau Vive de son Esprit (cf. Jn 4,10-14 ; 7,37-39). Pour « les justes » et « les bons », c’est-à-dire les pécheurs repentants ouverts en vérité à la surabondance de cet Amour, qui prendra alors pour eux le visage d’une incroyable Miséricorde, cet Esprit sera Lumière, Vie, Paix, Joie, Douceur, Tendresse dans une purification et une sanctification toujours en œuvre ici-bas… Pour « les méchants » et « les injustes », c’est-à-dire les pécheurs qui n’ont pas encore pris conscience de leurs misères, aveuglés par leur orgueil et la convoitise des biens de ce monde, le Don de la Lumière de l’Esprit, de l’Eau Vive de l’Esprit sera douce invitation à ouvrir la porte de leur cœur (Ap 3,20), à faire la vérité dans leur vie, à se repentir, pour passer enfin des ténèbres à la Lumière, d’une privation de Plénitude (Rm 3,23) à un avant goût de cette Plénitude, dès maintenant, dans la foi, en leurs cœurs… Ils commenceront alors à pressentir dès ici-bas « où » se cache le vrai Bonheur… « C’est si bon cette Présence de Dieu ! C’est là, tout au fond, dans le Ciel de mon âme, que j’aime le trouver puisqu’Il ne me quitte jamais… J’ai trouvé le ciel sur la terre puisque le ciel c’est Dieu et Dieu est dans mon âme » (Elisabeth de la Trinité)…
« Né du Père avant tous les siècles », le Fils est donc « engendré » par le Père (Crédo), qui accomplit à son égard un acte d’amour éternel, totalement gratuit : il se donne à Lui en tout ce qu’Il Est, l’engendrant ainsi en « Dieu né de Dieu »… « Dieu Est Amour » ? Le Père Est Amour ? En se donnant au Fils, il va lui donner à lui aussi d’Être Amour, totalement, pleinement, tout comme Lui, et cela en ‘Amour né de l’Amour’…
Mais si le propre de l’Amour en Dieu est de se donner, le Fils lui aussi, « engendré » par le Père, Amour né de l’Amour avant tous les siècles, va pouvoir se donner comme Dieu seul se donne, de tout son Être… Ainsi, en tant que le Fils se reçoit du Père en tout ce qu’il est, cette capacité à se donner sera encore pour lui un Don du Père. Nous le pressentons en Jn 17,2, lorsqu’il prie son Père juste avant sa Passion et lui dit : « Père, glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie, et que selon le pouvoir que tu lui as donné sur toute chair, il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés ». Jésus est donc bien conscient que « donner la vie » est un « pouvoir », une capacité, qu’il a reçue du Père…
Répétons-nous : depuis toujours et pour toujours, le Père est Amour et il se donne entièrement, en tout son Être, au Fils, lui donnant d’être Amour lui aussi, tout comme le Père. Le Fils, Amour, est donc lui aussi Don total de lui‑même, entièrement, tout comme le Père… Et c’est ainsi que, de toute éternité, du Don du Père et du Fils « procède » l’Esprit Saint, la Troisième Personne de la Trinité. Autrement dit, lui aussi se reçoit en tout ce qu’Il Est du Don total et éternel du Père et du Fils…
Il importe maintenant de faire une précision au niveau du vocabulaire que nous employons. « Dieu Est Esprit » (Jn 4,24) dit Jésus à la Samaritaine. Le mot « Esprit », employé ici sous la forme d’un nom commun, suffit donc à décrire tout ce que Dieu Est en Lui-même, l’infinie richesse de sa Plénitude spirituelle, qui est aussi, nous l’avons vu, « Amour », et cela en tous ses aspects. Ainsi, lorsque St Jean écrit « Dieu est Lumière » (1Jn 1,5), la Lumière dont nous parlons est une réalité spirituelle de l’ordre de l’Amour… Tout en Dieu « Est Amour »…
Nous disons aussi souvent que « Dieu est Saint » (cf. Lv 19,2), et là aussi l’adjectif « Saint » suffit à caractériser tout ce que Dieu est en lui-même… Et cela d’autant plus qu’il vient d’un verbe, « qadash », qui, en hébreu, a comme sens premier : « couper, séparer, mettre à part ». Dieu est donc « Saint » en tant qu’il est le seul à être ce qu’il est. A ce titre, il est à part, incomparable. « A qui me comparerez-vous dont je sois l’égal, dit le Saint (Is 40,25) ? » Réponse : à personne… Il est le seul à être ce qu’il est, Dieu unique…
Le nom commun « Esprit » et l’adjectif « Saint » peuvent donc être employés, ensemble ou séparément, pour évoquer ce que Dieu est en Lui-même, sa Plénitude d’Être et de Vie… Ainsi, le Père est Esprit, le Père est Saint, le Père est Esprit Saint. Le Fils est Esprit, le Fils est Saint, le Fils est Esprit Saint.
Mais lorsque nous évoquons la Troisième Personne de la Trinité, nous allons reprendre ces deux mêmes mots « Esprit » et « Saint » mais cette fois d’une manière différente et donc avec un sens différent : « Esprit Saint » ou « Saint Esprit » devient alors un nom propre pour évoquer « Quelqu’un » d’unique, cette Personne divine qui n’est ni le Père, ni le Fils, mais qui, tout comme le Père et le Fils, est la seule à être « qui » elle est… Le Père, le Fils et l’Esprit Saint sont alors trois Personnes divines qui existent de toute éternité, en face à face les unes avec les autres, bien distinctes l’une de l’autre, leur différence étant à la base de leurs relations éternelles… Et dans le Mystère de ces relations, le Fils, en face à face avec le Père, se reçoit du Père en tout ce qu’il Est, et cela de toute éternité, gratuitement, par amour… Et l’Esprit Saint, en face à face avec le Père et le Fils, se reçoit lui aussi du Père et du Fils en tout ce qu’il Est, et cela de toute éternité, gratuitement, par amour. Alors, si « Dieu est Esprit », et si « Dieu est Saint », l’Esprit Saint, Troisième Personne de la Trinité, est donc lui aussi « Esprit » et lui aussi « Saint » en tout son Être…
Il s’agit donc simplement, lorsque nous employons l’expression « Esprit Saint », de bien faire attention à ce que nous évoquons :
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Soit « l’Esprit Saint » nom propre, qui renvoie à une Personne divine, la seule à être « qui » elle est. A ce titre, en tant que Personne, elle ne peut qu’être en face à face avec le Père, et en face à face avec le Fils.
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« Esprit Saint », nom commun et adjectif, qui renvoient tous les deux à ce que Dieu Est en lui-même… Alors, ces deux mots peuvent s’appliquer à chacune des trois Personnes divines, soit séparément, soit tous les deux ensemble, et cela pour évoquer ce qu’elles sont toutes les trois en elles‑mêmes, ce par quoi elles vivent et s’expriment. Cette Plénitude spirituelle est ainsi tout à la fois « dans le Père », « dans le Fils » en tant que le Fils la reçoit du Père de toute éternité, et « dans l’Esprit Saint », en tant que l’Esprit Saint la reçoit du Père et du Fils de toute éternité. C’est dans ce cadre que Jésus peut évoquer le fait sa Plénitude d’Être et de Vie est aussi celle du Père, elle est aussi « dans le Père », alors même que le Père et le Fils sont toujours en face à face. Il dira alors en St Jean : « Je suis dans le Père et le Père est en moi » (Jn 14,10-11), ce qui équivaut à dire : tout ce qu’Est le Fils, le Père l’Est lui aussi, alors même que le Père n’est pas le Fils et que le Fils n’est pas le Père…
Et maintenant, puisque « Dieu est Amour », la troisième Personne de la Trinité est elle aussi « Amour », et donc Don d’elle-même, puisque le propre de l’Amour en Dieu est de se donner en tout ce qu’il Est… L’Esprit Saint « Seigneur » est donc lui aussi Don de ce qu’il Est en lui-même, tout comme le Père et le Fils. Puisque « Dieu est Esprit » (Jn 4,24), l’Esprit Saint « Seigneur » donne cet Esprit, gratuitement, par amour. Et comme nous pouvons dire aussi « Dieu est Esprit Saint », l’Esprit Saint « Seigneur » ne cessera de donner l’Esprit Saint, Plénitude d’Être et de Vie, car « l’Esprit est vie » (Rm 8,10 ; cf. Ga 5,25)… Tout cela, nous pouvons le formuler avec notre Crédo : « Je crois en l’Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie », en donnant cet Esprit qui est vie. Toute l’œuvre de l’Esprit Saint, troisième Personne de la Trinité, « Amour », consiste donc à nous donner gratuitement, par amour, « l’Esprit Saint », Plénitude d’Être et de Vie, qui est appelée à s’unir à notre esprit pour nous donner d’avoir part nous aussi, à la Plénitude même de Dieu. Et puisque « le fruit de l’Esprit est Paix » (Ga 5,22), « Paix alors sur la terre à tous les hommes que Dieu aime » (Lc 2,14), « Paix aux hommes de bonne volonté » (« In terra pax in hominibus bonae voluntatis » (Traduction latine de St Jérôme) qui, par leur bonne volonté, accueillent le Don gratuit de l’Amour, sans en être, peut-être, conscients…
Nous avons vu précédemment que le Père fait tout par le Fils, par Celui à qui il se donne de toute éternité l’engendrant ainsi en Fils. Nous pouvons maintenant compléter et dire que le Père fait tout par le Fils et par l’Esprit Saint, qui « procède du Père (et du Fils) » de toute éternité. Le Fils et l’Esprit Saint sont ainsi comme « les deux mains du Père », selon l’image de St Irénée (Deuxième Evêque de Lyon, entre 177 et 202, date de sa mort). Le Père se donne ainsi à nous par ces deux Personnes divines à qui il se donne de toute éternité, car en se donnant à elles, il leur donne à leur tour de pouvoir se donner… Le Père nous donne ainsi la vie par son Fils, « le Pain de vie » (Jn 6,35) et par « l’Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie » (Crédo). En effet, nous dit Jésus, « c’est mon Père qui vous le donne, le pain qui vient du ciel, le vrai ; car le pain de Dieu, c’est le pain qui descend du ciel et donne la vie au monde… Je suis venu en effet pour qu’on ait la vie, et qu’on l’ait en surabondance » (Jn 6,32-33 ; 10,10). Ainsi, « comme le Père qui est vivant m’a envoyé et que je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi » (Jn 6,57). Nous recevons donc la vie de Dieu, la vie du Père, par le Fils. Et cette vie nous est transmise, nous dit encore Jésus, non pas par sa chair et son sang, mais par « l’Esprit qui vivifie », c’est-à-dire par le Don de l’Esprit Saint « Seigneur », Troisième Personne de la Trinité, qui en se donnant lui-même, en nous donnant ce qu’Il Est en lui-même, nous donne sa Plénitude d’Être et de Vie, « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63). C’est ce que Jésus affirme après avoir insisté de manière incroyable sur l’accueil par la foi et dans la foi de « sa chair donnée pour la vie du monde » (Jn 6,51), et de « son sang versé pour la multitude en rémission des péchés » (Mt 26,28) : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui » (Jn 6,53-56). Et après une telle insistance, devant la réaction de certains, « mais comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? », « elle est dure cette parole ! Qui peut l’entendre ? » (Jn 6,52.60), Jésus leur dit : « C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien » (Jn 6,63)…
Nous le constatons donc avec cet exemple de l’Eucharistie : si le Père fait tout pour nous par le Fils et par l’Esprit Saint, c’est-à-dire s’il se donne à nous par le Fils et par l’Esprit Saint à qui il se donne de toute éternité, le Fils lui aussi fait tout pour nous par l’Esprit Saint, à qui il se donne lui aussi de toute éternité, lui donnant de pouvoir se donner. Le Fils se donne alors à nous par le Don que l’Esprit Saint « Seigneur » ne cesse de faire de Lui-même, gratuitement, par amour… « En vérité, en vérité je vous le dis », déclare Jésus, « celui qui croit » en sa Parole « a la vie éternelle » (Jn 6,47) par « l’Esprit Saint qui est Seigneur et qui donne la vie » (Crédo)…
« Heureux alors ceux qui croient sans avoir vu » (Jn 20,29), car cette Plénitude d’Être et de Vie est bonheur profond pour quiconque accepte de la recevoir dans la vérité de sa misère reconnue et offerte au « Père des Miséricordes » (2Co 1,3), à Jésus « Sauveur du monde » (Jn 4,42), à l’Esprit Saint « Consolateur » (Jn 14,16.26 ; 15,26 ; 16,7), au Dieu Unique, Amour, Don pur et gratuit de Lui-même pour le seul bien de tous…
IV – « L’œuvre de l’Esprit Saint, Troisième Personne de la Trinité »