» Talitha koum :
‘Jeune fille,
je te le dis, lève-toi’ «
TA PAROLE SOUS NOS YEUX
Situons le texte et lisons (Mc 5, 21-43)
Juste avant notre épisode, Jésus était allé pour la première fois sur la rive Est du lac de Tibériade, en plein territoire païen, « au pays des Géraséniens. » Il y avait libéré « un homme possédé d’un esprit mauvais » qui vivait parmi les tombeaux, dans le royaume de la mort, et passait son temps « à crier et à se blesser avec des pierres »… Le Christ Sauveur revient ici en territoire d’Israël, certainement à Capharnaüm, pour continuer à manifester, en actes, sa victoire sur la mort. Le salut est donc offert à tout homme, qu’il soit Juif ou païen…
Le sens des mots
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Jésus débarque à Capharnaüm. La synagogue est à moins de deux cents mètres. Une foule vient l’accueillir. Jaïre, « le chef de la Synagogue », la plus grande personnalité religieuse de la ville est là et, devant tout le monde, « il tombe aux pieds de Jésus et le supplie»… Quelle qualité de cœur manifeste-t-il ici ? « Viens»… Que fait Jésus ? Quelles qualités de cœur manifeste-t-il à son tour ?
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Une femme avait des pertes de sang… Notez tous les éléments qui soulignent la gravité de son état. Or, on croyait à cette époque, que « la vie de la chair est dans le sang» (Lv 17, 11). Perdre son sang revenait à perdre sa vie et donc à être touché par la mort. Or tout ce qui tourne autour de la mort était considéré comme impur… Dans son état, la Loi permettait-elle à cette femme de toucher quelqu’un ? Mais quel désir l’habite ? Que fera-t-elle donc, pourquoi et comment ? Si un Pharisien l’avait su, quelle aurait été sa réaction à son égard ? Cela explique-t-il le fait que, découverte, elle se jette aux pieds de Jésus « craintive et tremblante, en lui disant toute la vérité » ? Mais Jésus, Lui, comment réagit-il ? Qu’est-ce qui est donc premier pour Lui ?
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Dieu seul peut accomplir de telles guérisons… « Elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal. Aussitôt, Jésus se rendit compte qu’une force était sortie de lui »… Qui donc est Jésus ?
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« Ta fille vient de mourir »… « Ne crains pas, crois seulement »… Au début, Jésus a obéi à Jaïre, et maintenant, qu’en est-il ? Qui prend les choses en main ? Pourquoi Pierre, Jacques et Jean sont-ils les seuls à pouvoir accompagner Jésus ?
Notez la délicatesse et l’humanité avec lesquelles Jésus agit vis-à-vis du père, de la mère et de l’enfant… « Il pénètre là où reposait la jeune fille », dans le royaume de la mort, « il saisit la main de l’enfant », il établit le contact et lui dit : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! ». Quel unique moyen Jésus utilise-t-il ici ? Que vous rappelle cette manière d’agir ? De quoi ce miracle est-il le signe ? Que manifeste donc Jésus en tout ce passage ?
Pour l’animateur
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Jésus n’avait fait aucune étude religieuse de renom, contrairement à St Paul, élève du prestigieux Gamaliel à l’école des Rabbins de la capitale, Jérusalem (Ac 22,3). Aux yeux de tous, il est simplement « le fils du charpentier » (Mt 13,55), originaire d’une petite ville sans importance : « De Nazareth, peut-il sortir quelque chose de bon ?» (Jn 1,46). En tombant à ses pieds devant tout le monde, Jaïre, « le chef de la synagogue », manifeste son humilité et l’absence de tout ‘respect humain’… Sa démarche est authentique : elle vient du plus profond de son cœur, par amour pour sa petite fille…
« Viens »… Jésus est toujours « bouleversé » de compassion « jusqu’au plus profond de lui-même » devant les souffrances des hommes (Lc 7,13 ; 10,33 ; 15,20). Touché au cœur lui aussi, il obéit à Jaïre et le suit…
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La Loi interdisait à cette femme de toucher qui que ce soit… Mais son désir de vivre est le plus fort ! Aussi va-t-elle « toucher » le vêtement de Jésus, « par derrière », en cachette… Sa confiance n’est pas déçue : en cet instant précis, elle vit ‘quelque chose’ d’unique et comprend qu’elle est « guérie de son mal. » Dans les Évangiles, les guérisons physiques sont toujours les signes visibles d’une guérison plus profonde, spirituelle, qui concerne toute la personne : cœur, âme et esprit… La maladie était comprise à tort à l’époque comme un châtiment du péché. Le péché sépare de Dieu ? « Guérie de son mal » et de toutes ses conséquences, elle lui est réconciliée… Il prive du Don de la Plénitude de sa Vie et plonge dans un état plus ou moins intense de mort spirituelle ? Elle est à nouveau vivifiée de l’intérieur par le Don de « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63). En un mot, « elle est sauvée » dès maintenant par sa foi et dans la foi, et cela pour toujours si elle demeure fidèle à Jésus Sauveur. Heureusement, à la prière du Fils, le Père nous « garde du Mauvais », uni à Lui, tout contre Lui, « dans son Nom», grâce à sa Miséricorde toujours offerte dès que nous trébuchons (Jn 17,11-15)… Il suffit alors de tout lui offrir et de le laisser agir…
Cette femme a désobéi à la Loi ? Un Pharisien se serait mis en colère et l’aurait sévèrement reprise. Jésus, Lui, ne lui fait aucun reproche. Bien au contraire, il la confirme dans sa démarche… Cette Loi, dénaturée par quantité de traditions humaines, était devenue « inhumaine ». Or la Loi a été faite pour l’homme, pour le guider et le soutenir dans l’épanouissement de sa vie, comme le fait un tuteur pour une plante. Jésus veut rendre à la Loi sa vocation première, toute au service de l’homme… Ce sera l’œuvre de « la loi de l’Esprit qui donne la Vie dans le Christ Jésus » (Rm 8,2), Esprit d’Amour et de Tendresse donné aux cœurs ‘de pierre’ pour qu’ils deviennent ‘de chair’, « humains » (Ez 36,26).
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Jésus prend les choses en main… Pierre, Jacques et Jean l’accompagnent car Jésus veut faire d’eux ses témoins. Il ramènera à la vie la petite fille par sa seule Parole, à laquelle se joint toujours l’Esprit de force et de puissance. Son action est créatrice, comme dans la Genèse : « Il dit et cela fut ». Signe de la capacité de Dieu à ressusciter d’entre les morts, ce miracle manifeste la victoire de Dieu sur la mort… C’est ce que Jésus a fait en tout ce passage…
TA PAROLE DANS NOS CŒURS
Seigneur Jésus, tu es toujours bouleversé devant les souffrances des hommes. Si elles sont les conséquences de nos mauvais choix, tu ne cesses, pour notre seul bien, de nous inviter au repentir et à la conversion. Et dans tous les cas, tu frappes à la porte de nos cœurs et tu te proposes de porter avec nous nos fardeaux. Ainsi, grâce à toi, à ta Présence, ils deviendront légers et nous trouverons paix et soulagement pour nos âmes. Bien plus, ton seul désir est que nous participions dès maintenant à ta Vie en attendant ce Jour où par delà notre mort, nous te verrons. Nous te rendons grâces pour ta Miséricorde toujours offerte. Elle seule, en nous relevant et en habitant nos efforts de l’intérieur, nourrit notre espérance de partager un Jour ta Plénitude…
TA PAROLE DANS NOTRE VIE
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Jésus n’est jamais insensible à la souffrance des hommes, et il répond toujours aux appels qui lui sont faits… Et nous, que pourrions-nous faire pour aller davantage vers celles et ceux qui souffrent, déjà dans notre famille, nos proches, mais aussi parmi nos voisins, vers les malades ou les personnes seules, âgées peut-être, de notre quartier ?
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Cette femme qui souffrait de pertes de sang avait foi en Jésus, et sa confiance n’a pas été déçue… Qu’en est-il, de cœur, de la nôtre ? Comment vivons-nous les contrariétés, les épreuves de notre vie, la mort de nos êtres chers ? Les rejetons-nous par notre mauvaise humeur, notre révolte, ou essayons-nous de nous tourner de tout cœur vers Jésus pour ensuite, quoiqu’il arrive, porter et supporter tout cela avec Lui dans la prière ?
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Toute Loi, fut-elle religieuse, devrait être au service de l’homme. En avons-nous bien conscience ? Ne nous arrive-t-il pas parfois de critiquer, de juger, d’exclure peut-être quelqu’un parce que sa situation ne correspond pas à nos règles actuelles ?
ENSEMBLE PRIONS
Dieu, Maître de la vie, toi qui as créé toutes choses pour qu’elles subsistent, nous te prions : ne laisse pas la mort l’emporter ; que Jésus, ton Fils, nous relève, que ton Esprit nous ranime, et nous serons à toi dès aujourd’hui, et pour les siècles des siècles. Amen.