Un regard sur le Mystère de Jésus d’après l’Evangile selon St Jean.

Jésus, « l’Envoyé du Père »

 

Dans l’Evangile selon St Jean, Jésus se présente avant tout comme « l’Envoyé du Père ». Il est « le Verbe » qui existe de toute éternité: il était avant le commencement du monde, tourné vers Dieu son Père, Dieu Lui‑même comme Dieu son Père:

« Au commencement était le Verbe

et le Verbe était avec Dieu

et le Verbe était Dieu.

Il était au commencement avec Dieu » (1,1-2).

Le Verbe est donc « sorti » d’auprès de Dieu, il est « venu » dans le monde en « envoyé de Dieu » et s’est fait chair pour accomplir parmi les hommes et pour eux sa mission de salut:

« C’est de Dieu que je suis sorti et que je viens », disait Jésus aux Juifs.

« Je ne viens pas de moi-même; mais lui m’a envoyé » (8,42).

Et à ses disciples, il déclare, peu avant sa mort et sa résurrection:

« Le Père vous aime…

Je suis sorti d’auprès de Lui et venu dans le monde.

De nouveau je quitte le monde et je vais vers le Père » (16,27-28).

Et un peu plus loin, dans sa prière au Père, il dira à propos de ses disciples:

« Ils ont vraiment reconnu que je suis sorti d’auprès de toi,

et ils ont cru que tu m’as envoyé » (17,8).

« Envoyé de Dieu », le Christ est donc « sorti d’auprès de Dieu » et « venu dans le monde » pour rencontrer les hommes, et les sauver:

« Celui qui vient du ciel témoigne de ce qu’il a vu et entendu« 

(3,31-32).

« Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde,

mais pour que le monde soit sauvé par lui » (3,17).

Jésus, témoin du Père

Ce verbe « témoigner » est très important pour St Jean: pour lui, annoncer le Christ, c’est d’abord lui rendre témoignage, ce qui suppose la rencontre, la découverte de son mystère et de sa Présence. Jésus lui-même décrit plusieurs fois sa mission en termes de témoignage rendu à ce qu’il a vu et entendu:

« En vérité, en vérité, je te le dis« , disait Jésus à Nicodème,

« nous parlons de ce que nous savons

et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu;

mais vous n’accueillez pas notre témoignage.

Si vous ne croyez pas quand je vous dis les choses de la terre,

comment croirez-vous quand je vous dirai les choses du ciel?

Nul n’est monté au ciel,

hormis celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme » .

Et « celui qui vient du ciel

témoigne de ce qu’il a vu et entendu » (3,11-13.31-32)…

« Je ne suis né, et je ne suis venu dans le monde », disait-il encore à Pilate,

que pour rendre témoignage à la vérité.

Quiconque est de la vérité écoute ma voix » (18,37).

De son côté, le Père rend témoignage à son Fils:

« Le Père qui m’a envoyé, lui me rend témoignage » (5,37).

Le Père est toujours avec Jésus, son Fils

« Sortir d’auprès de Dieu » et « venir dans le monde » ne veut pas dire pour Jésus se retrouver tout seul pour accomplir cette mission que le Père lui a confiée… Bien au contraire… Jésus n’est jamais seul: le Père est toujours avec lui.

« Je sais d’où je suis venu et où je vais » disait-il aux Pharisiens.

« Mais vous, vous ne savez pas d’où je viens ni où je vais.

Vous, vous jugez de façon purement humaine;

moi, je ne juge personne;

et s’il m’arrive de juger, moi, mon jugement est selon la vérité,

parce que je ne suis pas seul;

j’ai avec moi le Père qui m’a envoyé.

Or il est écrit dans votre Loi

que le témoignage de deux personnes est valable.

Je suis à moi-même mon propre témoin,

et pour moi témoigne le Père qui m’a envoyé » (8,14-18).

Oui, « celui qui m’a envoyé est avec moi;

il ne m’a pas laissé seul,

parce que je fais toujours ce qui lui plaît » (8,29).

Et peu de temps avant sa Passion, il annoncera à ses disciples:

« Voici venir l’heure – et elle est venue –

où vous serez dispersés chacun de votre côté

et vous me laisserez seul.

Mais je ne suis pas seul: le Père est avec moi » (16,32).

Jésus aime le Père, le Père aime Jésus, son Fils.

Le Père aime Jésus:

« Le Père aime le Fils et a tout remis dans sa main » (3,35).

« Le Père m’aime… » (10,17).

« Père, tu m’as aimé avant la fondation du monde… » (17,24).

Et Jésus répond à l’amour par l’amour en « faisant ce qui plaît à Dieu », en « accomplissant la volonté du Père »:

« Je ne cherche pas ma volonté,

mais la volonté de celui qui m’a envoyé » (5,30).

En effet, « je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté,

mais la volonté de celui qui m’a envoyé » (6,38).

Et « il faut que le monde reconnaisse que j’aime le Père

et que je fais comme le Père m’a commandé » (14,31).

Oui, « j‘ai gardé les commandements de mon Père,

et je demeure en son amour » (15,10).

Jésus ne peut rien faire sans son Père

Le Père et le Fils sont donc toujours « ensemble », et le seul souci de Jésus va être d’accomplir sa mission avec le Père, en relation avec son Père, par amour du Père, car cette mission de salut n’est pas seulement la sienne: elle est avant tout celle du Père qui l’a envoyé…

« Mon Père est à l’œuvre jusqu’à présent,

et j’œuvre moi aussi » (5,17).

« Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé

et de mener son oeuvre à bonne fin » (4,34).

Au chapitre cinq de St Jean, Jésus va pour la première fois manifester l’expérience qu’il a de Lui-même. Son intention est-elle de se mettre en avant? Bien au contraire! Jésus va se révéler comme le plus pauvre de cœur qui soit: seul, il ne peut rien. Il dépend entièrement du Père: « le Seigneur fait tout pour moi! Seigneur, éternel est ton amour: n’arrête pas l’œuvre de tes mains » (Ps 138,8).

Jésus disait: « En vérité, en vérité, je vous le dis,

le Fils ne peut rien faire de lui-même,

il fait seulement ce qu’il voit faire par le Père:

ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement.

Car le Père aime le Fils, et lui montre tout ce qu’il fait » (5,19-20).

Jésus ne peut donc rien faire sans maintenir son regard fixé sur le Père. En fait, c’est le Père qui agit pour le salut du monde. De son côté, Jésus demeure en son Amour: il le regarde, il l’écoute, il désire accomplir lui aussi sa volonté, être son Serviteur…

Les Paroles de Jésus ? Les Paroles du Père !

Jésus n’est pas à l’origine des Paroles qu’il prononce: il ne fait que dire ce que le Père lui dit… Avant de parler, Jésus prenait donc le temps d’écouter son Père, dans la prière…

« Je ne fais rien de moi-même,

mais je dis ce que le Père m’a enseigné » (8,28).

 » Ce n’est pas de moi-même que j’ai parlé,

mais le Père qui m’a envoyé m’a lui-même commandé

ce que j’avais à dire et à faire connaître;

et je sais que son commandement est vie éternelle.

Ainsi donc ce que je dis,

tel que le Père me l’a dit, je le dis » (12,49-50).

« Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi?

Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même:

mais le Père demeurant en moi fait ses oeuvres » (14,10).

Ainsi, « la parole que vous entendez n’est pas de moi,

mais du Père qui m’a envoyé » (14,24).

« Mon enseignement n’est pas le mien:

c’est l’enseignement de celui qui m’a envoyé.

Celui qui veut faire la volonté de Dieu

saura si cet enseignement vient de Dieu,

ou si je ne parle qu’en mon nom » (7,16-17).

Ses Apôtres ont cru en lui: « Seigneur, tu as les Paroles de la vie éternelle » disait St Pierre. Oui, « nous, nous croyons et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu » (6,69).

Et peu de temps avant de mourir, Jésus priera son Père pour ses disciples. Il les aime et il sait que des heures difficiles les attendent…

« Père, maintenant ils ont reconnu

que tout ce que tu m’as donné vient de toi;

car les paroles que tu m’as données, je les leur ai données,

et ils les ont accueillies

et ils ont vraiment reconnu que je suis sorti d’auprès de toi,

et ils ont cru que tu m’as envoyé.

C’est pour eux que je prie« …

Les miracles de Jésus ? Les miracles du Père !

 Là aussi, Jésus ne peut rien faire de lui-même. Pour lui, les miracles qu’Il accomplit sont avant tout « les oeuvres du Père »:

« Vous dites: Tu blasphèmes, parce que j’ai dit: Je suis Fils de Dieu!

Si je ne fais pas les oeuvres de mon Père, ne me croyez pas;

mais si je les fais,

quand bien même vous ne me croiriez pas, croyez en ces oeuvres,

afin de reconnaître une bonne fois

que le Père est en moi et moi dans le Père » (10,36-38).

« Les oeuvres que le Père m’a donné à mener à bonne fin,

ces oeuvres mêmes que je fais

me rendent témoignage que le Père m’envoie » (5,36).

C’est ainsi qu’un jour, « Jésus vit en passant un homme aveugle de naissance.     Ses disciples lui demandèrent:

« Maître, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle? »

Jésus répondit:

« Ni lui ni ses parents n’ont péché,

mais c’est afin que soient manifestées en lui les oeuvres de Dieu.

Tant qu’il fait jour, il nous faut travailler

aux oeuvres de celui qui m’a envoyé;

la nuit vient, où nul ne peut travailler.

Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. »

Ayant dit cela, il cracha à terre, fit de la boue avec sa salive, enduisit avec cette boue les yeux de l’aveugle et lui dit:

« Va te laver à la piscine de Siloé » – ce qui veut dire: Envoyé.

L’aveugle s’en alla donc, il se lava et revint en voyant clair » (9,1-7).

Pourquoi les miracles ?

                   Pour que nous croyions en Jésus, le Christ et Fils de Dieu.

Dans la première conclusion de son Evangile, St Jean écrit:

« Jésus a fait sous les yeux de ses disciples encore beaucoup d’autres signes,

qui ne sont pas écrits dans ce livre.

Ceux-là ont été mis par écrit,

pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu,

et pour qu’en croyant vous ayez la vie en son nom » (20,30-31).

            Jésus est « venu pour que nous ayions la vie, et que nous l’ayions en surabondance » (10,10). Les miracles nous interpellent, et nous invitent à croire que Jésus est vraiment Maître et Seigneur, Christ et Fils de Dieu venu en ce monde pour nous transformer et nous donner, jour après jour, de naître et de renaître à la vie de Dieu:

            « A tous ceux qui l’ont accueilli,

il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu,

à ceux qui croient en son nom » (1,12).

« En vérité, en vérité, je te le dis« , expliquait-il à Nicodème,

à moins de naître d’en haut, nul ne peut voir le Royaume de Dieu.« 

Nicodème lui dit:

« Comment un homme peut-il naître, étant vieux?

Peut-il une seconde fois entrer dans le sein de sa mère et naître?« 

Jésus répondit:

« En vérité, en vérité, je te le dis,

à moins de naître d’eau et d’Esprit,

nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu.

Ce qui est né de la chair est chair,

ce qui est né de l’Esprit est esprit.

Ne t’étonne pas, si je t’ai dit: Il vous faut naître d’en haut.

Le vent souffle où il veut et tu entends sa voix,

mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va.

Ainsi en est-il de quiconque est né de l’Esprit » (3,3-8).

Dans la foi et par notre foi : vivre du Christ

Jésus vit du Père. Il est pour lui « source d’eau vive », source de paix et de joie même au coeur des épreuves les plus difficiles. Connaître ce Dieu Père rayonnant de bonté et de continuelle bienveillance était vraiment pour lui la source d’un bonheur profond. St Luc nous présente ainsi Jésus « tressaillant de joie » et « bénissant son Père » d’être ce qu’Il est (Lc 10,21-22).

Jésus est bien conscient du bonheur qu’il a de connaître le Père ! Et son seul désir est de nous permettre, à nous aussi, de vivre ce qu’Il vit, à notre mesure. Le Père est pour lui « source de vie »?

« Comme le Père a la vie en lui-même,

de même a-t-il donné au Fils d’avoir aussi la vie en lui-même » (5,26).

Jésus désire nous faire découvrir cette source:

« Si tu savais le don de Dieu » (Et lui le connaît bien!)

« et qui est celui qui te dit: Donne-moi à boire,

c’est toi qui l’aurais prié et il t’aurait donné de l’eau vive. »

Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif;

l’eau que je lui donnerai

deviendra en lui source d’eau jaillissant en vie éternelle » (4,10-14).

« De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé

et que moi je vis par le Père,

de même aussi celui qui me mangera vivra par moi » (6,57).

« En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit a la vie éternelle » (6,47).

« Père, l’heure est venue », disait-il encore dans sa prière peu de temps avant sa Passion. « Glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie. Ainsi, comme tu lui as donné autorité sur tout homme, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés », c’est-à-dire à tout homme (17,1-2)! Tel est le désir de Dieu qui se met très concrètement en œuvre dès aujourd’hui grâce au don de « l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63 ; 7,37-39).

Dans la foi et par notre foi : vivre comme le Christ

 Christ est venu nous révéler qui est Dieu: « Dieu est amour » (1Jn 4,8) et Il n’est qu’Amour. Face à l’homme pécheur, l’Amour se fera Miséricorde avec un seul but: pardonner tous nos péchés, balayer tous les obstacles pour qu’enfin le pécheur pardonné puisse retrouver le chemin de la vraie Vie, celle que Dieu son Père veut lui offrir.

1Jn 4,9-16 : « Voici comment Dieu a manifesté son amour pour nous:

Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde

pour que nous vivions par lui.

Voici à quoi se reconnaît l’amour: ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu,

mais c’est lui qui nous a aimés

et il a envoyé son Fils qui est la victime offerte pour nos péchés…

Et nous, nous avons contemplé et nous attestons

que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde…

Nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru ».

Dès lors, le Christ nous invite à le laisser être pour chacun de nous ce qu’Il est: « le Sauveur du monde » (Jn 4,42), « l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1,29), jour après jour, inlassablement. « Jésus est Sauveur, sa mission est de pardonner et le Père nous disait en sa retraite : « Il n’y a qu’un mouvement au cœur du Christ : effacer le péché et emmener l’âme à Dieu » (Ste Elisabeth de la Trinité).

Jn 3,14-18 : « Comme Moïse éleva le serpent dans le désert,

ainsi faut-il que soit élevé le Fils de l’homme,

afin que quiconque croit ait en lui la vie éternelle.

Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils,

l’Unique-Engendré, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas,

mais ait la vie éternelle.

Car Dieu n’a pas envoyé le Fils dans le monde pour juger le monde,

mais pour que le monde soit sauvé par lui.

Qui croit en lui n’est pas jugé ;

qui ne croit pas est déjà jugé,

parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils Unique-Engendré de Dieu.

Jn 8,11 (Jésus à la femme surprise en flagrant délit d’adultère ; cf. Jn 5,14) :

« Je ne te condamne pas. Va, désormais ne pèche plus. »

Jésus est donc venu nous réconcilier avec le Père, nous donner la vie des enfants de Dieu et nous introduire ainsi dans une « communion de vie et d’amour » avec lui et avec son Père. C’est ce qu’il exprime lorsqu’il évoque le fait « d’être un avec lui comme lui-même est un avec son Père ». Le Christ est mort sur la croix pour que ces mots deviennent « vie et force d’aimer » pour chacun d’entre nous. Et juste avant sa Passion, il priait ainsi, pour que nous tous aujourd’hui, nous soyons « comme » lui. L’Eglise est née de cette prière, et elle vit chaque jour de cette prière :

« Père, je ne prie pas seulement pour (ceux qui m’entourent aujourd’hui)

mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi,

afin que tous soient un.

Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient en nous,

afin que le monde croie que tu m’as envoyé.

Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée,

pour qu’ils soient un comme nous sommes un : moi en eux et toi en moi,

afin qu’ils soient parfaits dans l’unité,

et que le monde reconnaisse que tu m’as envoyé

et que tu les as aimés comme tu m’as aimé » (Jn 17,20-23).

            Nous établir en communion avec Lui : tel était le désir du Père lorsqu’il créa le monde, telle est l’œuvre accomplie par le Christ qui est mort pour nous afin que nous vivions unis à Lui (1Th 5,10).

            Dès lors, l’Amour de Dieu offert ne cessera de retentir dans notre monde en un appel à aimer (15,16-17) :

                        « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ;

                        mais c’est moi qui vous ai choisis et vous ai établis

                        pour que vous alliez et portiez du fruit

                        et que votre fruit demeure,

                        afin que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom,

                                                                                                                      il vous le donne.

                       Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres ».

            Et pour nous permettre de répondre à cet appel, le Père a envoyé à la prière de son Fils un autre Défenseur, un autre « Paraclet », « l’Esprit de vérité », pour qu’il soit avec nous à jamais. Et c’est Lui qui, jour après jour, se propose de nous communiquer « la force d’aimer » dont nous avons tant besoin…

            Jn 14,15-17 : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements;

et je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet,

pour qu’il soit avec vous à jamais,

l’Esprit de Vérité, que le monde ne peut pas recevoir,

parce qu’il ne le voit pas ni ne le reconnaît.

Vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure auprès de vous ; et en vous il sera.

Rm 5,5 : « L’Amour de Dieu », (l’Amour avec lequel Dieu nous aime (note BJ))

a été répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous a été donné ».

Quelques mots importants pour St Jean

            Alors que St Matthieu utilise 1691 mots, St Marc 1345, St Luc 2055, St Jean n’emploie que 1011 mots pour écrire son Evangile, et ce vocabulaire même manifeste l’originalité de sa pensée:

Matthieu

Marc

Luc

Jean

Aimer, amour (agapé et filia)

14

7

15

56

Connaître

20

12

28

56

Demeurer

3

2

7

40

Envoyer

4

1

10

32

« Je suis »

14

4

16

54

Garder (la Parole de Dieu…)

6

1

0

18

Lumière

7

1

7

23

Monde

8

2

3

78

Père (pour Dieu)

45

4

17

118

Témoin, témoignage, témoigner

4

6

5

47

Vérité, vrai, véritable…

2

4

4

46

Vie

7

4

5

35

Le Nom divin appliqué à Jésus : « Je suis ».

Au chapitre trois du Livre de l’Exode, Dieu se manifeste à Moïse dans une flamme de feu, au milieu d’un buisson. « Moïse dit à Dieu:

« Voici, je vais trouver les Israélites et je leur dis:

Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous.

Mais s’ils me disent: « Quel est son nom? », que leur dirai-je? »

Dieu dit à Moïse: « JE SUIS CELUI QUI SUIS. »

Et il dit: « Voici ce que tu diras aux Israélites:

JE SUIS m’a envoyé vers vous » (Ex 3,13-14).

                        St Jean reprend très souvent ce Nom divin « JE SUIS » pour l’appliquer à Jésus. Il apparaît notamment quatre fois avec la même force que dans le Livre de l’Exode. En parlant ainsi, Jésus nous révèle qu’Il est Dieu comme son Père est Dieu:

                        j Jn 8,24: « Si vous ne croyez pas que JE SUIS, vous mourrez dans vos péchés« .

                        j Jn 8,28: « Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous saurez que JE SUIS et que je ne fais rien de moi-même, mais je dis ce que le Père m’a enseigné« …

                        j Jn 8,58: « En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham ait existé, JE SUIS. »

                        j Jn 13,19 (annonce de la trahison de Judas): « Je vous le dis dès à présent, avant que la chose n’arrive, pour qu’une fois celle-çi arrivée, vous croyiez que JE SUIS« .

            St Jean applique également ce Nom divin à Jésus en ajoutant juste après telle ou telle précision qui nous permet de découvrir telle ou telle facette de son mystère. Voici quelques exemples:

                        j Jn 6,35 et 6,48: »JE SUIS le pain de vie« .

                        j Jn 6,51 (cf 6,41): « JE SUIS le pain vivant descendu du ciel« .

                        j Jn 8,12: « JE SUIS la lumière du monde« .

                        j Jn 10,9 (cf 10,7): « JE SUIS la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ».

                        j Jn 10,11 (10,14): « JE SUIS le bon pasteur. »

                        j Jn 11,25: « JE SUIS la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra« .

                        j Jn 14,6: « JE SUIS le Chemin, la Vérité et la Vie; personne ne va vers le Père sans passer par moi« .

                        j Jn 15,1: « JE SUIS la vraie vigne, et mon Père est le vigneron« …

                        j Jn 15,5: « JE SUIS la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit, car hors de moi vous ne pouvez rien faire« .

            Enfin, d’autres passages emploient eux aussi un « Je suis » identique au Nom divin, mais le contexte invite à adopter une traduction différente. Néanmoins, St Jean continue dans ces versets à faire allusion à la dignité mystérieuse et incomparable de Jésus:

                        j Jn 4,24-26: La Samaritaine dit à Jésus: « Je sais que le Messie doit venir, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, il nous expliquera tout« . Jésus lui dit: « Je le suis, moi qui te parle« .

            Dans le texte grec, nous lisons littéralement: « JE SUIS CELUI QUI te parle », une expression très proche de « JE SUIS CELUI QUI SUIS ».

                        j Jn 6,20: Jésus marche sur la mer. Ses disciples le voient et prennent peur. Jésus leur dit: « C’est moi. N’ayez pas peur« .

            Littéralement, Jean a écrit: « JE SUIS. N’ayez pas peur« . L’allusion est ici d’autant plus forte que, d’après l’Ancien Testament, Dieu seul est capable de fouler la mer (Job 9,8; Ps 77,20).

                        j Jn 18,5; 18,6 et 18,8: deux fois, Jésus demande à ceux qui viennent l’arrêter dans le jardin de Gethsémani: « Qui cherchez-vous ? ». Ils répondent: « Jésus le Nazôréen« . Et Jésus leur répond à chaque fois: « C’est moi !« .

            Littéralement, il leur dit: « JE SUIS« . Là encore, l’allusion au Nom divin est très forte car St Jean précise que « lorsque Jésus leur eut dit: « C’est moi ! » (JE SUIS!), ils reculèrent et tombèrent à terre ». « Dans la Bible », écrit Xavier Léon Dufour, « le recul et la chute visualisent l’impuissance des méchants face à la toute‑puissance de Dieu ».

Jacques Fournier

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