L’Esprit donné au Fils par le Père est à la source de sa mission : annoncer à tous les hommes blessés par le péché la Bonne Nouvelle de ce Dieu Amour qui ne cherche et ne poursuit que leur Plénitude. Son premier cadeau sera « le pardon (ἄφεσις, aphésis) des péchés », source chaque jour renouvelée de leur guérison intérieure, profonde…
Lc 4,14-22 : Jésus retourna en Galilée, avec la puissance de l’Esprit,
et une rumeur se répandit par toute la région à son sujet.
(15) Il enseignait dans leurs synagogues, glorifié par tous.
(16) Et il vint à Nazara, où il fut « nourri » (élevé)
A . et il entra, selon son habitude le jour du Sabbat, dans la Synagogue
B . et il se leva pour faire la lecture
C . (17) et on lui présenta le livre du prophète Isaïe
D . et déroulant le livre,
il trouva l’endroit où il était écrit :
E. |
(18) « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a ointpour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres.il m’a envoyé,pour proclamer aux prisonniers la délivrance (ἄφεσις),et aux aveugles le retour à la vue,pour renvoyer les opprimés en liberté (ἄφεσις)(19) et proclamer une année favorable du Seigneur ». |
D’ . (20) Et ayant roulé le livre,
C’ . l’ayant rendu au servant,
B’ . il s’assit.
A’ . et tous les yeux dans la synagogue étaient fixés sur lui.
(21) Alors il se mit à leur dire :
« Aujourd’hui s’est accomplie à vos oreilles cette Ecriture ».
(22) Et tous lui rendaient témoignage
et s’étonnaient des paroles de grâce sortant de sa bouche…
« Jésus retourna en Galilée, avec la puissance de l’Esprit » (Lc 4,14) car « celui que Dieu a envoyé » – et il est « l’envoyé du Père » (cf. Jn 5,23.36-37 ; 6,44.57 ; 8,18.42 ; 10,36 ; 12,49 ; 14,24 ; 17,21.25 ; 20,21) – « dit les Paroles de Dieu » – et Jésus ne fait que nous retransmettre les Paroles qu’il a lui-même reçues de son Père (Jn 3,34 ; 7,16-17 ; 8,26.28.40 ; 12,49-50 ; 14,10.24 ; 15,15 ; 17,7-8) – « qui lui donne l’Esprit sans mesure » (Jn 3,34 (TOB)). Ce dernier verset, traduit ainsi par la TOB, et il est possible de le comprendre autrement, nous le verrons, renvoie à la génération éternelle du Fils par le Père, Lui qui est « né du Père avant tous les siècles » (Crédo), et donc « avant » le temps : son engendrement par le Père est un acte éternel… Et comment le Père engendre-t-il le Fils en « Dieu né de Dieu, Lumière née de la Lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu » (Crédo) ? En se donnant à Lui, gratuitement, par Amour, en tout ce qu’il est, et il « est Esprit » (Jn 4,24) : « le Père aime le Fils et il a tout donné en sa main » (Jn 3,35), « tout ce qu’il a » (Jn 16,15 ; 17,10), tout ce qu’il est… Ainsi, c’est en donnant au Fils la Plénitude de l’Esprit, la Plénitude de la nature divine, qu’il engendre le Fils en « Dieu né de Dieu », « de même nature que le Père » (Crédo)… Et c’est en étant tout simplement Lui‑même, « tourné vers le sein du Père » (Jn 1,18), accueillant le Don éternel de l’Esprit par lequel le Père ne cesse de l’engendrer en Fils, que Jésus retourne en Galilée. Ce Don sera « force » en lui (Ac 1,8) pour témoigner de l’Amour éternel du Père à son égard, un Amour qu’il est venu manifester dans la chair par son Incarnation (Jn 1,14)…
Et lorsque Jésus, en « témoin fidèle » du Père (Ap 1,5), « dit ce qu’il a vu » (Jn 8,38) et « entendu » (Jn 8,40) auprès du Père, ce qui peut se résumer par « Tu es mon Fils Bien aimé » (Mc 1,11 ; 9,7 ; cf. 5,20 ; 17,24), « je t’aime », et donc « je te donne l’Esprit et t’engendre ainsi en Fils », l’Esprit Saint, troisième Personne de la Trinité, joint son témoignage à celui de Jésus (Jn 15,26)… Ainsi, quiconque ouvre son cœur au témoignage que Jésus rend à son Père par sa Parole, et au témoignage que l’Esprit Saint rend au Fils dans les cœurs, perçoit, en le vivant, que « le Père lui même nous aime » (Jn 16,27) « comme » il aime le Fils (Jn 17,23) de toute éternité… Son Amour est donc pour tout homme sur cette terre proposition du Don de l’Esprit. Si nous acceptons de nous repentir, de nous détourner du mal avec l’aide de Dieu Lui-même, ce Don accomplira en chacun d’entre nous ce qu’il accomplit dans le Fils de toute éternité : il nous engendrera à la Plénitude même de Dieu. Nous deviendrons alors pleinement ce que nous sommes déjà aux yeux de notre Dieu et Père : des filles et fils « créés à son image et ressemblance » (Gn 1,26-28), tous appelés à « reproduire l’image du Fils » Unique non créé (Rm 8,28-30) en consentant à recevoir nous aussi ce même Don par lequel le Père l’engendre éternellement en Fils…
Tel est le cœur de la Bonne nouvelle à accueillir dès maintenant, par la foi et dans la foi… Ce Don de l’Esprit commence ainsi dans l’instant présent de notre foi à irriguer nos cœurs blessés et fragiles, leur apportant sa Force, sa Paix, sa Vie en attendant cette création nouvelle où le mal sera définitivement vaincu, anéanti…
« La vie est bien mystérieuse. Nous ne savons rien, nous ne voyons rien, et pourtant, Jésus a déjà découvert à nos âmes ce que l’œil de l’homme n’a pas vu. Oui, notre cœur pressent ce que le cœur ne saurait comprendre, puisque parfois nous sommes sans pensée pour exprimer un « je ne sais quoi » que nous sentons dans notre âme » (Ste Thérèse de Lieux).
Tel est le témoignage que l’Eglise est invitée à donner à l’œuvre de son Seigneur et Sauveur dans son cœur et dans sa vie… Lorsqu’elle agit ainsi, elle est vraiment l’Eglise « Corps du Christ » (1Co 12,27) envoyée dans le monde pour annoncer la Bonne Nouvelle de « l’Amour Inconditionnel » (Pape François, mercredi 14 juin 2017), et donc du « Don gratuit de la vie éternelle » qui est déjà « dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 6,23) en tant que le Père la donne au Fils de toute éternité, l’engendrant ainsi en Fils Unique… « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ », « le Père des Miséricordes » (2Co 1,3), « qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ » (Ep 1,3) et qui nous invite tous à recevoir ces bénédictions déjà données : « À nous donnée avant tous les siècles dans le Christ Jésus, cette grâce a été maintenant manifestée par l’Apparition de notre Sauveur le Christ Jésus, qui a détruit la mort et fait resplendir la vie et l’immortalité par le moyen de l’Évangile » (2Tm 1,9-10). « Recevez donc l’Esprit Saint » (Jn 20,22), « le Don de Dieu » (Ac 8,20)…
Et le Christ le promet, « l’Esprit Saint – Troisième Personne de la Trinité » sera toujours avec l’Eglise, avec chacune et chacun d’entre nous, et cela à sa prière, une prière qui, bien sûr, ne peut qu’être exaucée…
Jn 14,15-17 : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements ;
(16) et je prierai le Père
et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu’il soit avec vous à jamais,
(17) l’Esprit de Vérité, que le monde ne peut pas recevoir,
parce qu’il ne le voit pas ni ne le reconnaît.
Vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure auprès de vous ;
et en vous il sera. »
« Garder les commandements » de Jésus, c’est avant tout, pour son disciple, « garder le Don de sa vie », veiller à marcher à la suite de Jésus sur la chemin de la vie (Jn 14,6), car « son commandement est vie éternelle » (Jn 12,50). Or, puisque « c’est l’Esprit qui vivifie » (Jn 6,63), « l’Esprit qui donne la vie » (Rm 8,2), « la lumière de la vie » (Jn 8,12), l’Esprit étant tout à la fois Lumière (Jn 4,24 et 1Jn 1,5) et vie, « garder la vie » revient à « ne pas éteindre l’Esprit » en nous en « se gardant de toute espèce de mal » (1Th 5,14-22). Nous sommes ainsi renvoyés à notre conversion quotidienne : renoncer, avec l’aide de l’Esprit Saint, à toute convoitise, ce qui, pour nous pécheurs, revient à « renoncer à nous‑mêmes » (Mc 8,34), à tout ce qui nous ramène à nous-mêmes, pour entrer dans la logique de l’Amour qui est « don de soi » et… vie éternelle… Insistons sur le fait que cette conversion est Don de Dieu[1] car « hors de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5) : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau », et notamment le fardeau de notre misère, « et moi je vous soulagerai. Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à mon école » et à ma suite, « car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes » car « souffrance et angoisse pour toute âme humaine qui s’adonne au mal » (Rm 2,8). « Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau léger » (Mt 11,28-30) car c’est la Force même de l’Esprit Saint (Ac 1,8 ; 2Tm 1,6-9) qui est communiquée à notre faiblesse pour nous aider à porter nos croix qui, en tant que renoncements à tout ce qui nous tue, « le salaire du péché c’est la mort » (Rm 6,23), sont des chemins de vie…
La suite est entièrement le fruit de la prière de Jésus à son Père : c’est grâce à elle et à elle seule que l’Esprit Saint nous est « envoyé » (Jn 14,26) et « donné » comme Paraclet : « Je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet », sous entendu que moi‑même, « pour qu’il soit avec vous à jamais »… Cette troisième Personne de la Trinité sera donc « Paraclet » pour toutes celles et ceux qui consentiront à l’accueillir dans le renoncement à eux-mêmes… « Paraclet » vient directement du grec « παράκλητος, paraclêtos », un mot qui vient lui-même du participe présent du verbe « παρακαλέω, parakaléô, appeler auprès de soi ». Le Paraclet est ainsi comme « le médecin » (Lc 5,31) appelé auprès du malade, « l’avocat » (1Jn 2,1 ; seule fois dans le NT où le mot Paraclet est appliqué directement au Christ) auprès de celui qui est accusé (cf. Mt 10,19-20), etc… Nous sommes ici dans le registre de l’Amour qui, inlassablement, ne cesse de travailler à notre bien en se proposant de nous offrir ce dont nous avons besoin au moment où nous en avons besoin : Lumière dans nos ténèbres, Force dans notre faiblesse, Paix dans nos soucis, pardon pour nos péchés, guérison pour nos blessures intérieures, etc… Voilà donc l’œuvre inconditionnellement bienfaisante que l’Esprit Saint se propose d’accomplir dans nos vies… Elle est le Trésor de la Bonne Nouvelle (Mt 13,44-46)…
St Jean évoque ensuite très rapidement deux registres différents dans une même phrase :
-
« Il demeure auprès de vous », et là, c’est l’Esprit Saint « Personne divine », nommé ici « l’Esprit de Vérité », qui demeure auprès de nous, personnes humaines créées, deux personnes ne pouvant qu’être en face à face, ou en côte à côte, toujours « l’une auprès de l’autre » et jamais, en tant que « personnes » « l’une dans l’autre »…
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« Et en vous il sera » : là, par contre, il s’agit du Don de grâce que l’Esprit Saint « Personne divine » propose gratuitement, instant après instant, à nos cœurs, la grâce de « l’Esprit Saint nature divine », c’est-à-dire ce que Dieu est en Lui-même…