Permettez-moi de commencer cet entretien par quelques versets de la première épître aux Corinthiens de saint Paul (11, 23-32) :
« Pour moi, en effet, j’ai reçu du Seigneur ce qu’à mon tour je vous ai transmis : le Seigneur Jésus, la nuit où il était livré, prit du pain et, après avoir rendu grâce, le rompit et dit : ‘Ceci est mon corps, qui est pour vous ; faites ceci en mémoire de moi.’ De même, après le repas, il prit la coupe, en disant : ‘Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang ; chaque fois que vous en boirez, faites-le en mémoire de moi.’ Chaque fois en effet que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. Ainsi donc, quiconque mange le pain ou boit la coupe du Seigneur indignement aura à répondre du corps et du sang du Seigneur. Que chacun donc s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe ; car celui qui mange et boit, mange et boit sa propre condamnation, s’il ne discerne le Corps. Voilà pourquoi il y a parmi vous beaucoup de malades et d’infirmes, et que bon nombre sont morts. Si nous nous examinions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés. Mais par ses jugements le Seigneur nous corrige, pour que nous ne soyons point condamnés avec le monde. »
La méditation des sacrements, et plus particulièrement sur l’eucharistie, nous permet de mieux comprendre ce qu’est la vie chrétienne. Le Concile Vatican II déclare que l’eucharistie est « source et sommet de toute la vie chrétienne » (LG 11). « Les autres sacrements ainsi que tous les ministères ecclésiaux et les tâches apostoliques sont tous liés à l’eucharistie et ordonnés à elle. Car la sainte Eucharistie contient tout le trésor spirituel de l’Église, c’est-à-dire le Christ lui-même, notre Pâque » (PO 5). L’eucharistie doit donc être la source, le centre et le sommet de toute vie chrétienne, parce que ce sacrement est le don parfait de l’amour de Dieu pour nous. Tous les sacrements conduisent à l’eucharistie et n’ont de raison que pour l’eucharistie. Le baptême permet à Dieu de régénérer notre âme pour nous permettre de recevoir Jésus dans l’eucharistie. La confirmation nous confère les dons du Saint Esprit pour avoir la force et le courage de vivre en conformité avec l’eucharistie et d’annoncer au monde entier l’amour de Dieu présent dans le sacrement des sacrements. Le sacrement de l’ordre permet de célébrer l’eucharistie pour donner Jésus vrai Dieu et vrai homme à tout le Peuple de Dieu. Le sacrement de réconciliation permet de recevoir la miséricorde de Dieu pour s’approcher de la sainte table de communion après avoir commis un péché grave. Le sacrement de mariage permet à Jésus d’entrer en procession dans le nouveau foyer pour que par l’eucharistie les époux vivent toujours plus chrétiennement selon le projet de Dieu sur leur famille. Enfin, le sacrement des malades permet d’être soutenu dans l’épreuve de la maladie d’une façon toute particulière et de recevoir l’eucharistie pour bien vivre la pâque de notre vie.
On appelle ce sacrement Eucharistie, mais il faut savoir qu’on lui donne aussi d’autres noms signifiant chacun un aspect du sacrement (CEC 1328-1332) :
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« 1328 Eucharistie parce qu’il est action de grâces à Dieu. Les mots eucharistein (Lc 22, 19 ; 1 Co 11, 24) et eulogein (Mt 26, 26 ; Mc 14, 22) rappellent les bénédictions juives qui proclament – surtout pendant le repas – les œuvres de Dieu : la création, la rédemption et la sanctification. »
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« 1329 Repas du Seigneur (cf. 1 Co 11, 20) parce qu’il s’agit de la Cène que le Seigneur a pris avec ses disciples la veille de sa passion et de l’anticipation du repas des noces de l’Agneau (cf. Ap 19, 9) dans la Jérusalem céleste.
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« Fraction du Pain parce que ce rite, propre au repas juif, a été utilisé par Jésus lorsqu’il bénissait et distribuait le pain en maître de table (cf. Mt 14, 19 ; 15, 36 ; Mc 8, 6. 19), surtout lors de la dernière Cène (cf. Mt 26, 26 ; 1 Co 11, 24). C’est à ce geste que les disciples le reconnaîtront après sa résurrection (cf. Lc 24, 13-35), et c’est de cette expression que les premiers chrétiens désigneront leurs assemblées eucharistiques (cf. Ac 2, 42. 46 ; 20, 7. 11). Ils signifient par là que tous ceux qui mangent à l’unique pain rompu, le Christ, entrent en communion avec Lui et ne forment plus qu’un seul corps en Lui (cf. 1 Co 10, 16-17).
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« Assemblée eucharistique (synaxis) parce que l’Eucharistie est célébrée en l’assemblée des fidèles, expression visible de l’Église (cf. 1 Co 11, 17-34).
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« 1330 Mémorial de la passion et de la résurrection du Seigneur.
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« Saint Sacrifice, parce qu’il actualise l’unique sacrifice du Christ Sauveur et qu’il inclut l’offrande de l’Église ; ou encore saint sacrifice de la messe, « sacrifice de louange » (He 13, 15 ; cf. Ps 116, 13. 17), sacrifice spirituel (cf. 1 P 2, 5), sacrifice pur (cf. Ml 1, 11) et saint, puisqu’il achève et dépasse tous les sacrifices de l’Ancienne Alliance.
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« Sainte et divine Liturgie, parce que toute la liturgie de l’Église trouve son centre et son expression la plus dense dans la célébration de ce sacrement ; c’est dans le même sens qu’on l’appelle aussi célébration des Saints Mystères. On parle aussi du Très Saint Sacrement parce qu’il est le sacrement des sacrements. On désigne de ce nom les espèces eucharistiques gardées dans le tabernacle.
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« 1331 Communion, parce que c’est par ce sacrement que nous nous unissons au Christ qui nous rend participants de son Corps et de son Sang pour former un seul corps (cf. 1 Co 10, 16-17) ; on l’appelle encore les choses saintes : ta hagia ; sancta (Const. Ap. 8, 13, 12 ; Didaché 9, 5 ; 10, 6) – c’est le sens premier de la « communion des saints » dont parle le Symbole des Apôtres -, pain des anges, pain du ciel, médicament d’immortalité (S. Ignace d’Antioche, Eph. 20, 2), viatique…
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« 1332 Sainte Messe parce que la liturgie dans laquelle s’est accompli le mystère du salut, se termine par l’envoi des fidèles (« missio ») afin qu’ils accomplissent la volonté de Dieu dans leur vie quotidienne. »